Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

A QUEL CONTEXTE SE RATTACHE LA REFORME LITURGIQUE

A quel contexte se rattache la réforme liturgique ? 1

 

Les gens savants avec juste raison comparent ce nouvel « aménagement » aux bouleversements qui se sont succédés depuis le Concile Vatican II.

 

Et j'ai lu que ces nouvelles dispositions nous ramenaient à l'esprit de Vatican II. Pourquoi pas ?

 

Je pense qu'on oublie un peu vite que, lorsque le pape a été élu, on nous a expliqué sur tous les tons que l'Eglise allait recevoir un élan nouveau, une théologie nouvelle, une pastorale régénérée dont le modèle était précisément latino-américain. … Alors pourquoi ne pas aller voir s'il n'existerait pas un modèle latino-américain de la liturgie que le pape serait en train de mettre en œuvre pour l'Eglise universelle.

 

Le grand élan post-conciliaire a eu des répercussions significatives dans toute l'Amérique Latine. Il était – et il est toujours porté – par les courants libérationnistes qui disposaient de la messe comme d'un vecteur idéal pour faire la promotion de la révolution sociale. A cette époque toutes les ONG des Etats Unis, du Canada et d'Europe dont le CCFD, financent tous les mouvements ; nous avons publié il y cinq ou six ans le tableau d'honneur de ces œuvres charitables exposé à Managua. Après CCFD, on peut y lire CGT !

 

La liturgie est également très influencée par tous les groupes charismatiques et pentecôtistes qui pullulent à la suite du recul du catholicisme. Les sectes américaines sont présentent partout.

 

Nous avons le souvenir d'une de ces messes célébrées dans la guérilla du massif du Morazan au Salvador.  Célébrée par le prêtre belge Georges Poncel, la messe conservait quelque chose de sacré car la consécration était faite selon le canon en usage. En revanche les interventions, prises de paroles et « homélie » étaient des engagements au combat. L'hymne final qui ne manquait pas de grandeur était l'hymne du parti communiste salvadorien !

 

Même chose à Managua la clôture de la messe était l'hymne sandiniste.

J'ai assisté à la messe en mémoire d'un prêtre américain qui avait abandonné le sacerdoce et s'était marié. Sa femme était là avec ses enfants et nous avons eu droit à un sermon sur l'engagement au service du président Ortega. Ces messes utilisaient d'ailleurs toujours le même évangile de Saint Luc 4, 18 : le Christ lit la prophétie d’Isaïe « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé proclamer aux captifs la délivrance… ».

Au Brésil, le fond idéologique était le même mais l’ambiance était moins dramatique surtout avec l’évêque Casaldaliga, poète révolutionnaire. Les acclamations et les trémoussements étaient permanents.

Dans des salles aménagées ont assistait à de vrais « shows » évangéliques où ce qui restait du sacrifice disparaissait complétement dans une joyeuse anarchie.

Il y a en même temps instrumentalisation de la foi et des sacrements. On distribue dans les communautés de base une brochure intitulée : «  L’Eucharistie dans les communautés de base ». On lit page 26 et 27 : « Le formalisme et le légalisme ont atteint des extrêmes. L’Eucharistie est célébrée dans une langue que personne ne comprend. Le prêtre fait une série de gestes que pareillement personne ne comprend ».

« Il a été nécessaire au Concile Vatican II de repenser cette situation absurde qui était arrivée au christianisme ».

« Célébrer l’Espérance … les luttes d’aujourd’hui sont signes que le règne approche et que demain les hommes seront véritablement des frères ».

 

En Afrique du Sud, les enterrements étaient utilisés pour initier des manifestations de la non-violence active.

 

L’impact de la théologie du peuple en Argentine a été déterminant avec la création du Mouvement des prêtres pour le Tiers-Monde sous l’égide de Don Helder Camara. Ce sont eux qui interpellent les évêques à l’Assemblée de Medellin et qui sont à l’avant-garde du « réformisme ». La « conscience religieuse critique », ne peut admettre une liturgie qui appartient aux puissances politico-militaire liée à l’épiscopat et pour protester une paroisse engagée supprime la messe de minuit le 25 décembre 1968 !

 

Chaque pays, chaque peuple avec son « inculturation » propre, a sa messe protestataire qui allie la revendication sociale à la liturgie de la messe. Une étude en a recensé quatorze :

 

Misa panamerica, Misa Andina de Altiplano,Misa Pimpa, Misa a la chilena, Misa peruana, misa tepozteca, Misa Criolla, misa campesina nicaraguënse, Misa popular salvadoreña, misa cubana, Misa dos quilombos, Misa Mesoamericana, misa de Chiapas et misa del Tercer Mundo .

 

Chacune a sa musique propre. Si le credo est peu respecté, le Gloria est très fantaisiste : « Gloire à Dieu au ciel et sur la terre qui est si maltraitée… ». Quant aux liturgies de la parole et aux intentions c’est selon le degré de conscientisation révolutionnaire ad libitum…

A titre d’exemple voici la messe composée - et toujours autorisée par le cardinal Bergoglio- par le père Mugica, prêtre des bidonvilles, membre de MSPTM, assassiné en 1974. Ce texte est compréhensible et on y retrouvera tous les messages politiques dont ce genre de messe est porteur. Toute la liturgie est réécrite en fonction de la communauté qui lutte. C’est l’inculturation liturgique ! Comme il y a une théologie contextuelle il y a une liturgie contextuelle.

 

La révision des textes  crée de nouveaux lieux d’autorités qui verront s’étendre leur compétence comme cela a été le cas dans toute l’Amérique Latine. 

 

 

Texto de la Misa para el Tercer Mundo.

 

Señor ten piedad de nosotros Señor ten piedad de nosotros

Tú que has nacido pobre y has vivido siempre junto a los pobres para traer a los hombres la liberación. Tú que estás a nuestro lado fuerte y resucitado para empujarnos en la lucha contra la injusticia y la explotación Señor, piedad, Señor. 

Tú que vendrás por fin al final de los tiempos para llenar, nuestro corazón de alegría y plenitud.

 

 

Gloria a Dios que es el amor y en la tierra paz a los hombres que luchan por la justicia.

Te alabamos, porque luchamos para que nuestros niños hambrientos coman. Te glorificamos, porque queremos destruir ya los instrumentos de tortura. Te damos gracias, porque hay hombres que dan su vida en la revolución. Te damos gracias Señor, porque no sos un Dios espectador, sino un Dios hecho hombre que padece el padecimiento de los hombres. Te damos gracias Señor, Tú que nos arrancas del egoísmo impulsándonos a luchar contra la explotación, ten piedad de nosotros. Tú que estás con el padre viviendo la plenitud del amor, ten piedad de nosotros. Tú que estás donde vamos a estar todos, ten piedad de nosotros.

Señor Dios, cordero de Dios, que sigues desangrándote, en los hacheros de Norte, desangrándote. En los mineros Bolivianos, desangrándote. En las favelas del morro, desangrándote. En el frío de los pobres, desangrándote. La carne del torturado, desangrándote. Señor. Porque Tú solo eres el Santo; Señor. Tú solo eres el amor. Señor. Tú sólo el totalmente otro. El que rescata para siempre la creatividad humana. En unión con el padre fuente de la vida, de la energía, del amor. Amén, para siempre, Amén

 

. Credo Viva Dios, que crea al hombre creador. Viva Dios, que todo lo hizo bien. Y viva Jesús, su único hijo nuestro hermano y Señor, que fue concebido por obra y gracia del Espíritu Santo. La humilde María, lo parió en un establo. Padeció mucho bajo Poncio Pilatos porque su causa era la de los pobres. Lo clavaron en una cruz y murió con la muerte de los bandidos y bajó a lo hondo del hombre. Resucitó, volvió a la vida y se puso la piel del hombre nuevo. Resucitó, subió a la vida y está junto al padre que todo lo puede porque es el amor. Volverá, y todos los hombres se presentarán ante él, y al atardecer de la vida, serán juzgados en el amor. Creo en el Espíritu Santo que es la fuerza de Dios, el amor de Cristo, la inspiración creadora. Creo en la iglesia de todos, Que es santa porque es de Dios. En la comunión de los hombres que hacen la verdad porque aman. Creo en el perdón de los pecados. Creo en el perdón de los insensibles, de los tibios y prudentes. Creo en perdón de los indiferentes, de los que traicionan el amor. Creo en el surgimiento del hombre nuevo, del hombre lleno de Dios. Creo en la expansión de la vida plena... Para siempre, amén.

 

Sanctus Santo. Es el Señor de todas las cosas. Hay fiesta en el cielo. Santo. Bendito Jesús que viene de Dios. Hay fiesta en el cielo. Santo. Todo lo creado está lleno de tu amor. Santo. Hay fiesta en el cielo.

 

Agnus Dei Cordero de Dios que quitas maldad del hombre, acercate a nosotros con tu amor, acercate a nosotros. Cordero de Dios que haces nuevo al corazón, Acercate a nosotros con tu amor, Acercate a nosotros. Con tu amor, con tu paz... acercate Señor. Cordero de Dios que quitas la maldad del hombre, Acercate a nosotros con tu amor, acercate a nosotros. Cordero de Dios, danos la paz.  

 

 

 

 

Les auteurs de la théologie de la libération et du peuple ont peu écrit sur la liturgie ou la messe. Celui dont nous retiendrons un texte est Leonardo Boff. Il donne la tonalité de la réflexion dont s’inspirent tous les libérationnistes dans « EGLISE : CHARISME ET POUVOIR.

 

« La communauté est aussi le lieu où se déploie la créativité liturgique. Le peuple apprécie bien sûr la liturgie canonique officielle ; mais il crée ses propres rites, il met en scène la parole de Dieu avec une réelle spontanéité, il sait organiser de grandes célébrations, en utilisant la Bible et les objets caractéristiques de la région ou ses nourritures typiques. C’est dans ces moments-là que la foi trouve sa meilleure expression ? Un peuple qui sait célébrer est un peuple dont le salut est possible ; tout n’est pas opprimé en lui ; c’est un peuple en marche vers sa libération ». (Page 221)

«  La liturgie est l’expression de la foi et non la réalisation d’un rite sacré ; la Parole n’y est plus la propriété privée du prêtre, mais le peuple y participe ; la dime devient l’expression de l’engagement pour la communauté.

Les sacrements y sont des concrétisations du sacrement source (Eglise) pour les situations concrètes de la vie : à l’image de la main (l’Eglise), qui possède sept doigts (les sacrements), il est impossible de vouloir les doigts sans vouloir et supposer aussi la main (227).

 

Pour les théologies de la libération l’Ecclesia docens et l’Ecclesia discens ne sont plus distinctes.

 

« Vatican II au bon moment, a été rééquilibré cette perspective, retrouvant ainsi la santé théologique menacée. L’Eglise est fondamentalement le peuple de Dieu ; tous ont part à l’office magistériel du Christ, laïcs compris ; la hiérarchie à l’intérieur de ce peuple est investie d’un office spécial, mais toujours comme un service rendu à toute la communauté chrétienne » (239).

 

Le processus est engagé pour l’Eglise universelle. La hiérarchie de chaque peuple, de chaque pays va choisir sa liturgie

 

 



29/09/2017
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