Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Après Riposte Catholique ... Monsieur l'abbé Barthe analyse la situation

Paru dans Corripondenza Romana, cette étude est essentielle. C'est un large panorama des catastrophes qui ont inondé l'Eglise catholique depuis le modernisme ! 

 

Des évêques qui rejettent l’Église synodale

 

 

 

 

 

 

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Par Don Claude Barthe

Chacun constate, pour se réjouir ou pour être horrifié, combien le projet d'Église synodale, qui sera examiné par la XVIe assemblée du Synode des Évêques, implique un changement dans la constitution divine de l'Église dans un sens démocratique. Mais cette innovation vient de loin. Le changement dans la manière d'être du magistère, opéré lors du dernier concile, c'est-à-dire le pastoralisme, était déjà gros de la démocratisation proposée aujourd'hui sous le nom de synodalité. Le  faible enseignement  du Concile pourrait, en effet, devenir tout naturellement un  enseignement synodal , compris comme une sorte d'auto-enseignement par les fidèles du Christ.

Qu’est-ce que la synodalité ?

L'adjectif synodal, comme l'adjectif pastoral, fait référence aux réalités ecclésiales traditionnelles, celles, comme pour le terme synodal, des réunions d'évêques, les synodes, destinées à traiter de la doctrine, de la discipline ou encore de l'harmonisation du gouvernement d'un groupe d'évêques. Églises particulières. C'est la pratique en Orient, où il existe une organisation synodale de l'épiscopat, dans le cadre de laquelle a lieu l'élection de nouveaux évêques, qui sont ensuite confirmés par le Pape.

Mais au cours du pontificat actuel, ce terme a reçu un sens nouveau, très spécifique : celui d'une amplification du thème de la collégialité présent dans Vatican II. Le terme  synodalité s'est forgé, en utilisant le nom de la principale manifestation de cette collégialité, le Synode des évêques, institué par Paul VI, synode dont les assemblées se réunissent régulièrement à Rome. Il s’agit donc de passer d’une collégialité conciliaire, qui concernait uniquement les évêques, à une synodalité, qui concernera plutôt l’ensemble du peuple chrétien. La collégialité a voulu imiter, de loin (les assemblées sont simplement consultatives) et sans l'avouer, le parlementarisme de la démocratie libérale. La synodalité, en revanche, veut en quelque sorte imiter, même de loin et sans l'admettre, une sorte de suffrage universel pour le Peuple de Dieu.

La publication du document préparatoire de la première session (il y en aura deux) de la XVIe Assemblée générale du Synode, qui traitera de la synodalité, appelé  Instrumentum laboris  ( « Instrumentum laboris » de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques ( vatican.va) ) a révélé de manière crue en quoi consiste la réalité du projet de l’Église synodale.

Afin d'aider les membres de la hiérarchie à réagir en conséquence, nous avons isolé, au sein de l'  Instrumentum laboris , cinq propositions, comme on le faisait autrefois pour identifier clairement l'hétérodoxie d'un document :

  1. Sur l'ordination des hommes mariés -  Est-il possible, comme le proposent certains continents, d'ouvrir une réflexion sur la possibilité de revoir, au moins dans certains domaines, la discipline d'accès au Presbytérat des hommes mariés ?  ( IL, B 2.4 question 9 ).

     

    Dans l'Église latine, les hommes mariés n'auraient ainsi accès au sacerdoce qu'à de rares exceptions, ce qui constitue l'abandon d'une des disciplines les plus saintes de l'Église, fondée sur l'enseignement du Christ concernant le célibat.

  2. Magistère des laïcs -  Comment faire de l'écoute du Peuple de Dieu la manière habituelle de mener à bien les processus de décision dans l'Église à tous les niveaux de sa vie ?  ( IL B 3.4 question 1 a ).

     

    La consultation des fidèles d'une Église particulière ou de l'Église universelle doit donc habituellement précéder les actes de gouvernement ou de magistère des pasteurs de l'Église.

  3. Sécularisation de l'Église -  Est-il possible que, notamment dans les endroits où le nombre de ministres ordonnés est très faible, des laïcs puissent assumer le rôle de leaders de la communauté ?  ( IL B 2.4 question 8 ).

     

    En raison du manque de prêtres, les laïcs pouvaient donc exercer à leur place des fonctions gouvernementales et pédagogiques.

  4. Diaconat féminin –  La plupart des Assemblées continentales et les résumés de nombreuses conférences épiscopales demandent de reconsidérer la question de l'accès des femmes au diaconat. Est-il possible de prédire cela et comment ?  ( IL B 2.3 question 4 ).

     

    Le diaconat, qui fait partie du sacrement de l'Ordre, pourrait être conféré aux femmes.

  5. Soumission du Pape au consensus des Eglises -  Dans quelle mesure la convergence de multiples groupes d'Eglises locales (Conciles particuliers, Conférences épiscopales, etc.) sur une même question engage-t-elle l'évêque de Rome à l'assumer pour l'Eglise universelle ?  ( IL B 3.4 question 4c ).

     

    Les décisions juridiques ou doctrinales prises par les unions d'Églises locales pourraient dans une certaine mesure contraindre le pape à les adopter.

Toutes ces propositions font scandale. Les deux derniers au moins sont clairement non catholiques.

La clé pour comprendre ces propositions et, de fait, du projet synodal réside précisément dans la démocratisation de la constitution de l'Église [1] : décléricalisation, « magistère » de consultation et de consensus.

Soyons cependant clairs : cette démocratisation, sous le pape François, prend la forme d'un despotisme éclairé, puisque le pouvoir papal n'a jamais été exercé de manière aussi autoritaire. Des évêques, par exemple, contraints de démissionner à l'âge de 75 ans, souvent mutés, recevant, à l'occasion de leurs nominations, des nonces du Pape d'authentiques « fiches de voyage » à exécuter, révoquées s'ils ne suivent pas une bonne conduite, ils ressemblent de plus en plus à des fonctionnaires du pape.

Par ailleurs, cette démocratisation de l’Église ne signifie pas que l’on s’achemine vers l’élection des évêques et du Pape au suffrage universel. En réalité, il y aurait bien des surprises si le vote était donné au peuple chrétien ! Ce système synodal, qui relève du catholicisme libéral, comme nous l'expliquerons plus loin, conserve nécessairement une certaine apparence catholique, notamment celle d'une organisation hiérarchique. Pour utiliser une image vraiment assez imparfaite, on peut dire que l’Église post-conciliaire est entrée dans la démocratie comme la Chine communiste est entrée dans l’économie de marché, tout en restant intrinsèquement autoritaire. La démocratisation de l'Église se trouve, en réalité, dans le fait que sa doctrine est adaptée, généralement, avec beaucoup de retard et une grande prudence, à une sorte de « volonté générale », un relativisme largement partagé par les chrétiens (d'où l'œcuménisme ou l'assouplissement de la moralité du mariage, par exemple). Bref, l'Église d'aujourd'hui préserve l'essence du fonctionnement de la démocratie moderne - encore une fois au loin - et c'est l'inspiration du gouvernement par des laboratoires idéologiques, chargés de traduire ou de fabriquer des idées dans l'air du temps, le " volonté générale".

Un  enseignement faible

Nous devons toujours garder à l’esprit ce qu’est le catholicisme libéral, dont dérive Vatican II. Depuis la Révolution, dans l'espoir de donner à l'Église une place reconnue dans la société post-révolutionnaire, elle a voulu adapter en partie le catholicisme au monde moderne, non pas dans l'intention de détruire l'Église, mais plutôt pour que, avec une nouvelle, pourrait trouver un contexte accepté au sein de la société moderne et pourrait ici poursuivre sa mission sur un ton mineur (prétendant lui donner un « supplément d'âme »). Cet espoir de reconnaissance a toujours été déçu, en tout cas finalement.

De nombreux catholiques sincères, a priori non libéraux, n’ont pas ressenti le même rejet à l’égard des innovations conciliaires qu’à l’égard des innovations du pontificat actuel. Ces innovations conciliaires ont en effet été modérées et encadrées sous Jean-Paul II et Benoît XVI par ce que ce dernier avait défini comme « l'herméneutique du renouveau dans la continuité ». En revanche, l'enseignement moral, pratiquement en continuité avec le magistère précédent, qui s'était poursuivi après  Humanæ vitæ , compensait ces innovations ecclésiologiques (liberté religieuse, œcuménisme, principes de dialogue avec les religions).

Au contraire, ce qui se passe aujourd’hui, de manière beaucoup plus violente, les choque. Mais le pontificat actuel n'est rien d'autre qu'une apocalypse au sens littéral, c'est-à-dire une  révélation , précisément une révélation du grand tournant que   les Pères de Vatican II avaient volontairement opéré. Le pape François porte au plus haut degré cet événement absolument unique ou, dans tous les cas, en rend la nature beaucoup plus tangible.

Quand on lit l'histoire des premiers jours de Vatican II en octobre 1962, on peut faire la comparaison, certes lointaine mais éclairante, avec le renversement d'un ancien vers un nouveau régime, décrit par Emmanuel de Waresquiel, dans Sept Jours  . 17-23 juin 1789. La France entre en révolution [2]  [Sept jours. 17-23 juin 1789. La France entre dans la révolution] : un nouvel état-major, inspiré par une nouvelle idéologie, prend les rênes. De même, avec Vatican II, en l'espace de quelques jours ou quelques semaines, le pouvoir magistral a changé de mains et les textes préparés pour la Curie dans le sens de Pie XII ont été balayés.

En effet, contrairement aux manifestations précédentes du catholicisme libéral, lors de Vatican II, il n’a pris ni plus ni moins le contrôle du pouvoir magistral. Il s’agissait essentiellement d’un nouvel avatar, plus perfectionné théologiquement, si l’on veut, que le catholicisme libéral, la « nouvelle théologie » des années 1950. Bien entendu, la nouvelle théologie, comme le libéralisme de Montalembert et de Lamennais, mais aussi le modernisme, etc., a entraîné en même temps, outre ses propres affaiblissements doctrinaux (pour Vatican II, la liberté religieuse, par exemple), également une série de vraies questions et de réflexions intéressantes (sur les rapports entre Écriture et tradition, par exemple). Dans ses aspects néfastes, la nouvelle théologie a été condamnée par l'encyclique  Humani generis de Pie XII en 1950. Ainsi douze ans plus tard, les membres des nouveaux courants qui la composaient, notamment en France l'école dominicaine du Saulchoir ou l'école jésuite dite de Fourvière, en vinrent à en être les inspirateurs au Concile. Pour le dire brutalement, après avoir été condamné pendant deux siècles par le magistère, le catholicisme libéral est devenu le « magistère » avec Vatican II. « Magistère » nouveau dans le contenu et dans la forme.

  • Nouveau dans le contenu. Pour donner quel contenu ? Un contenu essentiellement ecclésiologique, puisque la nouveauté de Vatican II consistait à affaiblir le besoin d'appartenance à l'Église pour parvenir au salut. L'œcuménisme, avec sa « communion imparfaite » des séparés, avec son dialogue interreligieux, avec son « respect sincère » envers les autres religions, la liberté religieuse, qui rend désuète l'État catholique en tant que défenseur de l'Église, a posé comme principe que tout homme est censé avancer sur le chemin du salut. Ce qui revenait à dire qu’une certaine forme d’appartenance à l’Église était présumée exister chez tout être humain.
  • Et de forme nouvelle. C’est la raison pour laquelle nous mettons entre guillemets magistère, car cet ensemble d’innovations relativistes (un relativisme qui se veut modéré) ne peut pas l’être à proprement parler. Cela signifiait que cette innovation dans le contenu de l'enseignement était soutenue par une innovation également dans le contenu, innovation qui consiste en ceci : cet enseignement du Pape ou des évêques en communion avec le Pape, bien qu'il soit donné en public l'enseignement et non comme enseignement de théologiens privés, qui expriment une opinion, ne possède donc pas de force définitive ( Lumen Gentium , n. 25 § 1). Contrairement à ce que  dit Humani generis , qui voulait que le magistère du pape reste constamment ouvert à l'infaillibilité [3], cet enseignement est toujours resté en soi (respectueusement) discutable. Il peut ainsi être dispensé d'une stricte continuité avec le magistère précédent. On peut en dire autant des ambiguïtés ecclésiologiques de Vatican II et des ambiguïtés morales d' Amoris lætitia .

L'innovation dans le contenu et dans le contenant sont donc intrinsèquement liées, mais la seconde, exigée par la première (pour énoncer ce qui est peu orthodoxe, s'exprime  pastoralement ), est bien plus radicale. C'est pourquoi il précise que le dernier concile est un  concile pastoral , le distinguant ainsi de tous les conciles du passé ou en tout cas des conciles qui se sont exprimés pour clarifier le Credo.

D'où l'incertitude intrinsèque, qui génère une guerre d'interprétations, comme en témoigne le célèbre discours de Benoît XVI à la Curie romaine, sans pour autant que la « bonne » interprétation défendue par le Pape, celle de la « réforme dans la continuité », ne le veuille pas. elle-même s'impose comme un magistère, ce qui serait pourtant le véritable moyen de liquider le débat. On pourrait parler d'un  magistère faible , en faisant allusion à la  pensée faible  de la modernité selon Gianni Vattimo, en l'occurrence un  magistère faible  dans la mesure où il ne revendique pas pour lui-même une autorité magistrale en tant que telle,  faible  également en raison du contenu relativiste qu'il apporte, pour ceux qui sont vraiment  faibles .

Du pastoralisme à la synodalité

Vatican II, un concile qui n'enseigne pas à proprement parler. C'est le concept que Christoph Theobald du Centre de Sèvres à Paris ne cesse de développer dans ses écrits. Il le fait sous un autre angle, qui a l’avantage de relier encore plus étroitement le contenu et les contenus de Vatican II. La théologie de Theobald est une sorte de quintessence du catholicisme libéral dans ses développements les plus actuels. Il fait partie du groupe de théologiens jésuites soutenu par le pape François, et participera aux travaux de la prochaine assemblée du Synode des évêques. Pour lui, le  caractère pastoral  de Vatican II est intimement lié au fait qu'il s'agissait d'un concile qui, plutôt que d'enseigner à l'ancienne, s'est mis à l'école du monde, un monde qui a aujourd'hui cette particularité d'être irrémédiablement diversifié.[4] . Le domaine pastoral n'est donc plus un message donné avec autorité par l'Église aux hommes, mais plutôt un message ajusté selon ce que les hommes d'aujourd'hui apprennent de l'Église : l'autorité « magistrale » a changé de domaine. C'est ce que développe Christoph Theobald dans un article récent, « L'Église au sein de l'histoire messianique de l'humanité. Pour une vision polyédrique de la  Communio Ecclesiarum  à l’âge de l’anthropocène» [5]. Il y explique comment le pastoralisme introduit par Jean XXIII à Vatican II continue toujours à développer son propre potentiel : il permet de mieux unir les hommes d'un monde aujourd'hui intrinsèquement et profondément différencié et de continuer, pour pouvoir leur parler de manière adéquate, pour apprendre d'eux (c'est-à-dire aussi apprendre des chrétiens, qui sont une partie intéressée du monde moderne) et surtout pour apprendre de leur diversité.

Nous arrivons ainsi à un degré extrême de catholicisme libéral, degré où les concessions faites à la modernité deviennent les plus grandes. Cependant, on suppose qu’ils sont encore capables de donner aux chrétiens (aux chrétiens plutôt qu’à l’Église) la possibilité de délivrer un message, qui à son tour devient minime. La mission des chrétiens, selon Christoph Theobald, se résume à donner au monde une « vision messianique ». Cette « vision messianique », qui, après Vatican II, constitue l'Église comme « peuple messianique » au sein du réseau œcuménique du judaïsme, de l'islam, des autres religions et des composantes spirituelles de l'humanité, pousse l'Église à accepter sa manière de prophétiser, d'exprimer son message, avec le monde avec lequel il entend le partager. Cette manière de prophétiser est indissociable du message lui-même, dans la mesure où une telle prophétie représente une interprétation des Écritures. En fin de compte, il s'agit pour le christianisme de faire prendre conscience au monde de ce qu'il est, grâce à cette clé herméneutique qu'est le message de paix du Christ. En un mot : les chrétiens doivent soutenir la prise de conscience chez les hommes qu’ils sont faits pour la paix.

Prophétie répandue par les chrétiens, hommes parmi les hommes, en commun. C'est pourquoi il faut « donner au  modus pastoralis  la place qu'il mérite en tant qu'interprétation des Écritures  vécue par tous ». [nous soulignons]", c'est-à-dire "adapter la forme interne de l'Église" à sa présence dans le monde. Les chrétiens peuvent le faire parce qu’ils sont comme eux, des hommes qui s’expriment sur un pied d’égalité. Et c’est pour cette raison que, dans l’Église elle-même, pour être crédibles, les chrétiens doivent aussi vivre et s’exprimer sur un pied d’égalité. Ils doivent en effet proposer aux hommes une présence « hospitalière et fraternelle », fondée sur l'égalité entre tous les êtres humains. Cette égalité doit donc être « le principe fondamental de l'existence ecclésiale ». Il est donc important qu'au sein d'une « Église constitutionnellement synodale », les ministères retrouvent leur « identité diaconale » et leurs « racines charismatiques », qu'ils ont perdues parce qu'elles ont été indûment sacralisées. La synodalité va donc de pair avec la décléricalisation.

À la fin du pastoralisme conciliaire, il y a donc une synodalité démocratique. En fait, à bien y réfléchir, l’enseignement de la typologie pastorale, que l’on qualifie de magistère faible, n’a pas besoin, en soi, d’être hiérarchique. En effet, il cherche à établir une sorte de condition actuelle de consensus concernant l’héritage chrétien.

Mais il faut insister sur ce point, comme nous l'avons fait plus haut, cette démocratisation de la constitution de l'Église ne peut être que virtuelle, si l'on ne veut pas que tout le cadre institutionnel explose, comme cela s'est produit chez les protestants. C’est pourquoi l’information ne doit pas être trop violente, ce que le pape François a parfaitement compris. Nous pouvons être sûrs, par exemple, que les propositions radicales de la Voie synodale de l'Église allemande feront l'objet de négociations modérées : que, plutôt que d'adopter le sacerdoce féminin, nous nous dirigerons vers une voie médiane comme la présence à l'autel. , prédication; et ainsi de suite.

Des évêques pour un retour dogmatique

Le contenu particulièrement choquant de l’ Instrumentum laboris  a déjà provoqué des réactions de rejet de la part des évêques. Par exemple:

  • du Cardinal Müller ( Le Cardinal Müller accuse le Synode de vouloir détruire l'Église – FSSPX.Actualités / FSSPX.News ) : « Cela donne l'impression qu'il est bien possible que l'Église puisse changer et que l'Esprit Saint n'est qu'une fonction pour les organisateurs du synode. C'est une façon de saper la foi catholique et l'Église catholique. »
  • de Mgr. Strickland, évêque de Tyler, aux États-Unis, dans une lettre pastorale du 22 août 2023 ( Lettre pastorale de Mgr Strickland, août 2023 – Observatoire Cardinal Van Thuân (vanthuanobservatory.com) ) : « La base la plus sûre que nous puissions trouver est de rester fermement sur les enseignements éternels de la foi. Malheureusement, certains pourraient qualifier de schismatiques ceux qui ne sont pas d’accord avec les changements proposés. Soyez toutefois assurés que quiconque se tient fermement au fil à plomb de notre foi catholique n’est pas un schismatique. Nous devons rester sans vergogne et véritablement catholiques, peu importe ce qui peut être avancé. »
  • par le Cardinal Burke : « La synodalité et son adjectif correspondant, synodal, sont devenus des slogans derrière lesquels se cache une révolution pour changer radicalement la compréhension qu'a l'Église d'elle-même [6] ».
  • ou même de Mgr. Schneider ( MiL – Messainlatino.it : Mgr Athanasius Schneider : une nouvelle « Église synodale » mine l'Église catholique ) : « Ce document de travail semble porter atteinte à la constitution divine et au caractère apostolique de la vie et de la mission de l'Église catholique, en lui substituant une « Église synodale » inventée, principalement inspirée des catégories protestantes, sociales et anthropocentriques ».

D'autres suivront. Face aux dangers qui menacent le peuple des fidèles, seule compte en effet la réaction des membres de la hiérarchie. À cet égard, l' Instrumentum laboris  constitue une opportunité providentielle pour provoquer une réponse adéquate (voir notre article sur l' Homme nouveau :  https://hommenouveau.fr/document-preparation-synode-sur-la-synodalite/  ).

Adéquat à la manière d'agir contre , allant dans la direction opposée au  magistère faible , dont dépend l'entreprise synodale. Ils doivent forcer un débat dogmatique, pour enfin solliciter aussi un retour dogmatique. Intervention indispensable, pour revenir à notre distinction précédemment utilisée :

  • Sur le fond, en isolant précisément les propositions doctrinales répréhensibles concernant la doctrine catholique dans le texte de l' Instrumentum  et dans d'autres similaires, comme cela se faisait autrefois en présence de documents, qui se distanciaient de la foi catholique, comme nous l'avons suggéré plus haut avec nos cinq propositions.

En particulier le quatrième, qui envisage la possibilité de conférer aux femmes un degré du sacrement de l'Ordre, le diaconat, et le cinquième, qui recommande l'utilisation du consensus de type gallican Ecclesiæ   pour l'élaboration des actes du Souverain Pontife Ils semblent particulièrement aptes à opposer la tradition de l’Église et le magistère antérieur. La quatrième, ayant surtout l'avantage, si l'on peut dire, de contredire la Lettre apostolique  Ordinatio sacerdotalis de Jean-Paul II du 22 mai 1995, dans la mesure où ce qui vaut pour une partie du sacrement de l'Ordre, le presbyterium, vaut également pour cette autre partie du sacrement, qu'est le diaconat. Si cette Lettre de 1995 ne représentait pas un acte infaillible du Pape, comme semble curieusement l'indiquer la réponse de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi du 28 octobre 1995 [7], il y aurait une occasion de demander qu'elle soit élevée au rang le statut d'un acte en soi définitif.

  • Et parlant de forme, je milite pour le retour à un magistère à l'ancienne, c'est-à-dire à un magistère infaillible ou fondé sur l'infaillibilité.

Même si nous n'étions pas suivis dans nos arguments concernant l'état non-magistral actuel, rien ne nous empêcherait d'exiger une solution à la crise synodale actuelle par une intervention magistrale.

Et même si cette intervention n'est pas jugée possible ou inappropriée pour le moment, il resterait hautement souhaitable, sans attendre les réunions synodales d'octobre 2023 et octobre 2024, que les cardinaux et les évêques, qui n'acceptent pas la synodalité telle qu'elle est, présentés pour réflexion dans l' Instrumentum laboris , sont intervenus pour exprimer leur non-acceptation de cette synodalité. Ce serait en outre un rendez-vous pour l’avenir, c’est-à-dire en vue du prochain conclave et compte tenu des enjeux.

[1]  Le cardinal Raymond Leo Burke parle de « rhétorique populiste »  https://acnmex.com/retorica-populista-dentro-de-la-iglesia-disrtorsiona-la-doctrina-y-confunde-a-los-fieles- cardinal -burke/ .

[2]  Tallandier, 2020.

[3]  « Si donc les Souverains Pontifes, dans leurs actes, prononcent délibérément une sentence sur une question jusqu'à présent controversée, il est évident pour tous que cette question, selon l'intention et la volonté des Pontifes eux-mêmes, ne peut plus être résolue. constituent l'objet d'une libre discussion entre les théologiens."

[4]  « La « pastoralité » de l'enseignement du Concile Vatican II. Bilan d'une réception controversée. La « pastoralité » de l'enseignement du Concile Vatican II. Bilan d'un accueil controversé"], dans Angelo Maffeis (dir.),  Une Église "Expert en humanité". Paul VI interprète de Vatican II. Colloque international d'études,  Brescia, Edizioni Studium, Rome, 2019, pp. 73-85 ; et « Le Concile et la forme « pastorale » de la doctrine », dans Bernard Sesbouë (dir.), Histoire des dogmes,    . IV, DDB, 1996, p. 471-510.

[5]  [«L'Église dans l'histoire messianique de l'humanité. Pour une vision multiforme de la  Communio Ecclesiarum  à l'ère de l'anthropocène»],  Recherches de Science Religieuse,  juillet-septembre 2023, pp. 405-419.

[6]  Préface de Julio Loredo, José Antonio Ureta,  Processus synodal : une boîte de Pandore  (Association Tradition Propriété Familiale, 2023).

[7]  Il précisait qu'il s'agissait « d'un acte du magistère pontifical ordinaire,  en soi non infaillible , [qui] atteste du caractère infaillible de l'enseignement d'une doctrine déjà possédée par l'Église ».

 



13/09/2023
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