Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Mgr. STENGER - episode 2 - Une religion sans dogme

 

Relire le 1er episode sur Mgr Stenger

 

Nous avons attiré l’attention des lecteurs sur la curieuse religion de Mgr Stenger, évêque de Troyes. Ses affirmations identiques sur le fond à dix ans d’intervalle, méritent que l’on s’arrête plus amplement sur ce qu’il a fait et sur ce qu’il a écrit pour savoir si ces déclarations correspondent bien à ces actes. Pour comprendre notre démarche, il nous faut d’abord aller à l’essentiel, c’est-à-dire à l’encyclique de Saint Pie X sur le modernisme, Pascendi Dominici Gregis du 8 septembre 1907.

Cela pour plusieurs raisons:

  1. Le modernisme n’est pas la négation des dogmes, le modernisme refuse  l’existence des dogmes. Ce qui est exactement  ce qu’à dit Mgr Stenger en 2000.
  2. L’Eglise a toujours connu des évêques en délicatesse avec la doctrine et la discipline. Certains furent hérétiques. Un évêque de Troyes devint même protestant. Pour quoi notre époque ferait-elle exception à la règle ? Ceux qui ont des archives de l’Eglise de France pourraient publier un florilège étonnant sur les cinquante dernières années.
  3. Le refus d’enseigner la foi, l’oubli des fins dernières, l’obscurcissement de la loi divine, entraînent la méconnaissance de la loi naturelle avec les conséquences politiques et sociales que nous connaissons aujourd’hui. Un laïc a donc l’obligation de savoir où est la foi de son évêque à raison des conséquences de celle-ci sur le temporel dont il a, en propre, la charge.
  4. Pourquoi un laïc du rang se mêle-t-il de juger son évêque ? Je ne juge pas mon évêque. Je conteste certains de ses faits et gestes. N’importe quel fidèle se doit de défendre sa foi menacée. Et Il apparaît que cette défense n’est exercée par personne, dans notre diocèse. Le silence des prêtres est ici assourdissant. Nous en donneront des exemples répétés.  A un niveau plus élevé, nous ne savons pas si on a bien connaissance  des affirmations de Mgr Stenger. Ce qui est pour nous une grande source d’inquiétude.
  5. Certains blogs catholiques  ont rapporté les carences doctrinales d’autres évêques. Nous n’avons pas entendu ni lu que les évêques concernés aient corrigé leur ignorance. Jamais, jamais, jamais, notre pays ne serait tombé dans l’état où nous le voyons aujourd’hui si depuis cinquante ans on n’avait pas nommé une majorité d’évêques qui… n’étaient pas à la hauteur. La preuve évidente c’est que là où il y a un évêque qui a la foi et le courage de la foi, la religion catholique renaît. C’est visible à l’œil nu.

 

Une religion sans dogme.

Pendant l’année de l’Eucharistie en 2006, « l’Eglise dans l’Aube »la Revue Catholique du diocèse a publié sur trois numéros, janvier, février, mars, le texte d’une conférence « Sens et dynamique de l’Eucharistie » prononcée devant 145 personnes, 20 animateurs, une rédactrice de revue, le tout présidé par  Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes. L’exposé, « Sens et dynamique de l’Eucharistie », a été  le point d’orgue d’une importante manifestation au niveau du diocèse.

Il s’agissait de répondre à une demande de formation pour les personnes qui préparent et animent la liturgie dominicale dans les paroisses du diocèse. Cette réflexion- formation a été réalisée à la demande de l’évêque lui-même.  L’auteur de cette conférence était à cette date responsable du Service diocésain de la pastorale liturgique et sacramentelle.

 

(La présentation du texte de la revue du diocèse précise qu’il s’agit de larges extraits donc que tout ce qui a été dit n’est pas reproduit.)

 

Nos remarques sur la conférence

 

 (Les références sont données  de la manière suivante : les chiffres romains indiquent les mois I, II , III, suivis du numéro de la page et du chiffre 1 ou 2 pour la colonne.)

 

Ce qui frappe le lecteur le moins avisé qui connaît son catéchisme élémentaire, c’est l’absence du mot sacrifice ‘ à l’exception d’une expression, employée deux fois « lieu du sacrifice » (III,11,2) pour désigner l’autel  et de « aspect sacrificiel » (II, 14,1 et II,14,2).

Sur un sujet pareil c’est étonnant car la notion de sacrifice est inhérente à l’Eucharistie même. L’abrégé du catéchisme à la question (271) : Qu’est-ce que l’Eucharistie, répond : « L’Eucharistie est le sacrifice même du Corps et du Sang du Seigneur Jésus qu’il a instituée pour perpétuer…etc. »

Cet aspect essentiel figure d’ailleurs dans la définition de l’eucharistie du « Petit Robert ». C’est la marque absolue qui différencie l’eucharistie catholique de toutes les cènes des autres religions. Le rédacteur du dictionnaire ne pouvait pas faire l’impasse ; il écrit : «  sacrement essentiel du christianisme qui commémore et perpétue le sacrifice du Christ. »

Connexe à cette absence regrettable le mot péché ne figure pas non plus, ce qui rend évidemment difficile une juste appréciation du sacrifice propitiatoire.

Le troisième mot manquant est le mot ‘Eglise’. Il figure deux fois. Sous le vocable ‘elle fait l’Eglise’ (I,13,2) et dans la formule nous nous inscrivons dans la Tradition du Seigneur et dans celle de l’Eglise’(II,15,1). Cela est d’autant plus regrettable que l’admirable définition du sacrement de l’Eucharistie donnée par le Concile Vatican II  manifeste et impose cet élément essentiel dans tout discours sur l’Eucharistie :

« Notre Sauveur, à la dernière Cène, la nuit où il était livré, institua le sacrifice eucharistique de son Corps et de son Sang pour perpétuer le sacrifice de la Croix au long des siècles, jusqu’à ce qu’Il vienne, et pour confier à l’Eglise (souligné par nous), son Epouse bien –aimée, le mémorial de sa mort et de sa résurrection : sacrement de l’amour, signe de l’unité, lien de la charité, banquet Pascal dans lequel le Christ est reçu en nourriture, l’âme est comblée et le gage de la gloire future nous est donné. »

Enfin quatrième ommission , «le  prêtre », n’est mentionné que dans un contexte qui ne dit rien de sa fonction essentielle sinon comme président de l’assemblée.

 « Il n’existe pas d’Eucharistie sans Sacerdoce, de même qu’il n’existe pas de Sacerdoce sans Eucharistie » (Jean-Paul II in « Ma vocation, Dont et Mystère. Paris  1996.)

« Le Mystère de la Foi est l’Eucharistie, de la même manière le mystère de la foi est aussi le Sacerdoce lui-même. …Il existe donc une réciprocité spécifique entre l’Eucharistie et le Sacerdoce, réciprocité qui remonte au Cénacle ; il s’agit de deux sacrements nés ensemble, dont le sort est indissolublement lié jusqu’à la fin du monde. » (Lettre du Pape Jean-Paul II aux Prêtres – Jeudi Saint 2004.)

En se privant d’un enseignement rigoureux,  absolument indispensable, sur ces trois éléments inséparables de l’Eucharistie, (Sacrifice, Eglise et Sacerdoce), il semble que ce soit une gageure que de prétendre donner une formation sur le sens et la dynamique de l’Eucharistie.

Ce vide initial n’a suscité de la part des assistants prêtres et laïcs aucune observation ou remarque.

 

  I «  La célébration eucharistique comme action symbolique »

 

C’est sous ce titre que la première partie nous surprend : « Au cœur de la célébration de l’Eucharistie il y a le pain et le vin qui, par les paroles du Christ et par l’invocation de l’Esprit Saint, deviennent le Corps et le Sang du Christ. »

La définition du code de droit canonique de 1983 écarte toute ambiguïté. C’est la loi de l’Eglise, elle doit être reçue par tous.

Can. 899 – § 1. La célébration eucharistique est action du Christ lui-même et de l’Église, dans laquelle le Christ Seigneur, présent substantiellement sous les espèces du pain et du vin, s’offre lui-même par le ministère du prêtre à Dieu le Père, et se donne en nourriture spirituelle aux fidèles unis à son offrande.

Vient ensuite :  « elle (la célébration eucharistique) est une action symbolique. (I, 15, 2) » Cette affirmation est soutenue par la présentation de « trois aspects caractéristiques du symbole. (I,13,1)»

Mais alors, qu’est-ce que cette célébration eucharistique symbolique à trois têtes ?

 

1.  « aspect de ‘mise ensemble’ (I,13, 1)»,  Rencontre de Dieu et de l’assemblée.

 

  Oui, à la Messe il y a une rencontre entre Dieu et les fidèles mais elle n’est pas symbolique, elle est réelle !

La présence de Dieu le Père, Dieu le Fils et  Dieu le Saint Esprit est réelle comme elle l’était à la Première Cène. Quant aux fidèles qui forment l’assemblée c’est le troupeau des brebis souvent perdues et, elles aussi, bien réelles !

Lors d’une audience générale le 8 novembre 2000, Jean-Paul II a donné l’enseignement qu’il convient de retenir sur le « symbolisme eucharistique » :

«  Au IIIe siècle, faisant écho à ces paroles, saint Cyprien, évêque de Carthage, affirme: " Les sacrifices du Seigneur eux-mêmes mettent en lumière l’unanimité des chrétiens, cimentée par une solide et indivisible charité. Car, lorsque le Seigneur appelle son corps le pain composé de l’union de nombreux grains, il indique notre peuple rassemblé, qu’il nourrit; et, lorsqu’il appelle son sang le vin pressé à partir de nombreuses grappes et de nombreux grains, et qui ne fait plus qu’un, Il indique de même notre troupeau, composé d’une multitude rassemblée dans l’unité " (Ep. ad Magnum, 6). Ce symbolisme eucharistique en rapport avec l’unité de l’Église revient fréquemment chez les Pères et les théologiens scolastiques. Le Concile de Trente en a synthétisé la doctrine en enseignant que notre Sauveur a laissé l’Eucharistie à son Eglise " comme symbole de son unité et de la charité par lesquelles il a voulu que tous les chrétiens soient intimement unis entre eux ". Aussi est-elle " le symbole de cet unique corps, dont il est la tête " (Paul VI, Mystertum fidei; cf. Concile de Trente, Decr. de SS. Eucharistia, préambule et ch. 2).

Le Catéchisme de l’Église catholique résume de manière efficace: " Ceux qui reçoivent l’Eucharistie sont unis plus étroitement au Christ. Par là même, le Christ les unit à tous les fidèles en un seul corps: l’Église " (CEC, n. 1396).

Paul VI dans l’Encyclique « Mysterium Fidei »  dit également :

« Ce serait donc une mauvaise explication de cette sorte de présence que de prêter au corps du Christ glorieux une nature spirituelle (‘pneumatique’) omniprésente ; ou de réduire la présence eucharistique aux limites d’un symbolisme, comme si ce sacrement si vénérable ne consistait en rien d’autre qu’en un signe efficace « de la présence spirituelle du Christ et de son union intime avec les fidèles, membres du Corps mystique.»

Le Concile de Trente ne méconnaît pas davantage le symbolisme des rites.

« Le saint concile avertit aussi que l'Église a ordonné aux prêtres de mêler de l'eau au vin qui doit être offert dans le calice, tant parce qu'il est à croire que Notre-Seigneur Jésus-Christ en a usé de la sorte, que parce qu'il sortit de son côté de l'eau avec le sang ; et que par le mélange que l'on fait dans le calice, on renouvelle la mémoire de ce mystère ; outre que par là même on représente encore l'union du peuple fidèle avec Jésus-Christ qui en est le chef, les peuples étant signifiés par les eaux dans l'Apocalypse de saint Jean. »S’il y a présence de symboles dans la célébration eucharistique il convient d’en situer avec précision la place et le sens.

« La mise ensemble », pour reprendre l’expression de l’auteur, n’est concevable que grâce  au sacrifice, elle n’existe que parce qu’il y a sacrifice.

Et l’action de la célébration eucharistique étant essentiellement le sacrifice qui transubstantie le pain et le vin. Il est donc radicalement impossible de dire que la célébration eucharistique est une action symbolique’.

 

2 « aspect identitaire » (I, 13, 1).


Dans son encyclique « Dies Domini », Jean-Paul II, une fois de plus, donne l’enseignement qui convient dans un langage simple et adapté à une bonne formation sur l’identité de l’assemblée.

Que dit le pape au § 31 de son encyclique ?

« En effet, ceux qui ont reçu la grâce du baptême n’ont pas été sauvés seulement à titre individuel, mais comme membres du Corps Mystique  qui font partie du peuple de Dieu. Il est donc important qu’ils se réunissent pour exprimer pleinement l’identité même de l’Eglise, l’ekklesia, l’assemblée convoquée par le Seigneur ressuscité, Lui qui a offert sa vie « afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (Jean, 11,52). »

Nous voyons que l’assemblée est convoquée par le Seigneur, c’est-à-dire par les responsables de son Eglise, que cette identité n’est pas celle d’une quelconque assemblée mais celle de l’Eglise et que cette identité préexiste à la communauté locale qui se réunit. On pourra se reporter aussi à l’article du Catéchisme Catholique n°1396. Oui, l’Eucharistie fait l’Eglise mais il n’y a rien de symbolique là-dedans.

 Nous sommes dans le réel spirituel et surnaturel celui du Corps Mystique mais pas dans le symbole.

 

3 « aspect à consonance juridique »


« Le symbole revêt un troisième aspect qui, dans la société civile, a une consonance juridique. Ceci se manifeste par une sorte d’adhésion à un code ;… »(I, 13, 2).

 

Les normes liturgiques édictées par l’Eglise n’ont rien de symbolique, même si le rituel utilise des symboles.

Pour de telles interventions qui sont sensées instruire les fidèles, on aurait dû s’en tenir aux avis impératifs énoncés par  Paul VI dans son encyclique Mysterium Fidei n° 20 :

« L’intégrité de la foi étant sauve, il faut de plus observer l’exactitude dans la façon de s’exprimer, de peur que l’emploi peu circonspect de certains termes ne suggère, ce qu’à Dieu ne plaise, des opinions fausses affectant la foi par laquelle nous connaissons les mystères les plus élevés. C’est le lieu de rappeler l’avertissement formulé par Saint Augustin à propos de la différence qui sépare, pour la manière de dire, les chrétiens des philosophes : « Les philosophes, dit-il, parlent en toute liberté, sans redouter de blesser l’auditeur religieux en des choses très difficiles à saisir. Mais nous sommes tenus de régler nos paroles sur une forme déterminée, pour éviter que la liberté d’expression ne donne lieu à telle ou telle opinion impie au plan même du sens des paroles ». (De Civit. Dei X .23 ; Migne P.L. 41, 300).

 

II La célébration eucharistique comme assemblée des croyants

 

Avec « l’originalité de la célébration eucharistique » (I, 14, 1)nous entrons dans le cœur de la démonstration de l’auteur.

 Sur cette question,  celui qui est aujourd’hui le pape Benoît XVI,  a donné un enseignement décisif qui anéantit «la mise ensemble »  et « l’aspect à consonance juridique »:

« Le point de départ de la liturgie  --nous dit-on – se trouve dans la réunion de deux ou trois, qui se retrouvent au nom du Christ. Cette référence à la promesse du Seigneur en Mt 18,20 apparaît à première vue anodine et traditionnelle. Mais le fait d’isoler ce texte biblique et de souligner le contraste qui l’opposerait à toute la tradition liturgique lui confère une charge proprement révolutionnaire. Ces deux ou trois, en effet, se trouvent mis en opposition avec une institution, qui comportent ses rôles institutionnels, et avec, tout un « programme codifié ». Cette définition en vient ainsi à signifier : ce n’est pas l’Eglise qui précède le groupe mais le groupe qui précède l’Eglise. Ce n’est pas l’Eglise, à titre d’entité globale, qui porte la liturgie du groupe ou de la communauté, mais c’est le groupe lui-même qui donne naissance, à chaque fois, à la liturgie. La liturgie ne se développe donc pas non plus à partir d’un pré-donné commun, d’un « rite » (programme codifié, il devient ici l’image négative de la non liberté). Elle naît sur place de la créativité de ceux qui se trouvent réunis….[…] Dans une telle perspective tout préalable proposé par l’Eglise dans sa totalité ne peut être qu’une entrave contre laquelle il faut se défendre au nom de la nouveauté et de la célébration liturgique »

 (Cardinal Ratzinger. Un chant nouveau pour le Seigneur ; pages, 150 et 152).

 

Le cardinal résume sa pensée page 157 : « A la vérité, loin d’être la valeur fondamentale de la liturgie, l’activité communautaire comme telle n’est pas une valeur du tout ».

 

Dans la suite de l’analyse de cette conférence nous découvrirons la manipulation des textes de Jean-Paul II et du Concile qui, en opérant des glissements de sens, estompe complètement le sacrifice propitiatoire



11/05/2012
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