Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

George Bergoglio en voyage

 

 

 Bergoglio et la messe en latin

 

 

 

Pour qu'il n'y ait aucune équivoque sur le texte cité nous reproduisons exactement la traduction donnée par la Civilta Cattolica -organe international des jésuites- sous le nom de son directeur Antonio Spadaro, le 9 mai 2023.

La question est posée par l'un des jésuites présents lors de l'entretien qui leur a été réservé lors du séjour de « François » à Budapest.

 

 

 

« Le Concile Vatican II parle de la relation entre l'Église et le monde moderne. Comment concilier l'Église et la réalité qui est déjà au-delà de la modernité ? Comment trouver la voix de Dieu tout en aimant notre temps ?

 

Je ne saurais pas répondre à cela théoriquement, mais je sais certainement que le Concile est toujours appliqué. Il faut un siècle pour qu'un Concile soit assimilé, disent-ils. Et je sais que la résistance à ses décrets est terrible. Il y a un restaurationnisme incroyable, ce que j'appelle « indietrismo » ( arriération ), comme le dit la Lettre aux Hébreux (10, 39) : « Mais nous n'appartenons pas à ceux qui reculent ». Le flux de l'histoire et de la grâce va des racines vers le haut comme la sève d'un arbre qui porte des fruits. Mais sans ce flux tu restes une momie. Revenir en arrière ne préserve pas la vie, jamais. Il faut changer, comme l'écrivait saint Vincent de Lérins dans son Histoire commune lorsqu'il remarquait que même le dogme de la religion chrétienne progresse, se consolide avec les années, se développe avec le temps, s'approfondit avec l'âge. Mais c'est un changement de bas en haut. Le danger aujourd'hui est l'indietrismo , la réaction contre le moderne. C'est une maladie nostalgique. C'est pourquoi j'ai décidé que désormais la permission de célébrer selon le Missel romain de 1962 est obligatoire pour tous les prêtres nouvellement consacrés. Après toutes les consultations nécessaires, j'ai décidé cela parce que j'ai vu que les bonnes mesures pastorales mises en place par Jean-Paul II et Benoît XVI étaient utilisées de manière idéologique, pour revenir en arrière. Il fallait arrêter cet indietrismo , qui n'était pas dans la vision pastorale de mes prédécesseurs. »

 

 

 

 

 

 

L'argumentation de « François » se développe selon une pratique rigoureuse.

 

 

 

I - Selon « François » les Conciles ont été assimilés très lentement : un siècle..., donc les lenteurs, les refus, sont normaux. La résistance aux décrets des Conciles y compris Vatican II, est terrible. C'est la norme.

 

 

 

II – François quitte le général pour le particulier en étiquetant la résistance actuelle au Concile Vatican II. C'est une pratique habituelle chez lui. Il en a hérité volontairement ou non, du général Péron et du discours politique en général : étiqueter l'adversaire. Cette pratique évite les longues argumentations mais elle est à la fois vague et facile à retenir ce qui, ainsi, permet de capter l'esprit d'un auditoire acquis.

 

Les deux termes retenus sont restaurationnisme et indietrismo.

Le premier évoque directement une autre formule chère à « François » : « c'était mieux avant ». Il l'utilise de façon courante avec le plus grand mépris pour ceux qui sont visés. Cela une annonce d'atrophie mentale ou de paresse d'esprit méprisable.

« indietrismo », est un néologisme de sa fabrication. Il est encore plus radical que le premier car il ne renvoie à aucun concept formulé et désigne un être qui a peur de l'avenir et se réfugie dans le passé sans raison. Une sorte d'arriéré mental, « retrasado ». Le mot « indietrismo » est employé trois fois. La répétition n'est pas innocente, elle vise à inscrire dans la mémoire asservie des membres de l'auditoire non pas une idée, une justification mais une formule qui tient lieu de concept mais qui est en réalité un phonème « repoussoir ». On a l'équivalent dans le discours médiatique avec « faciste », « nazi »...La victime est un intouchable, un incurable. La formule finale « il fallait l'arrêter » est le signe très fort d'un clinicien qui met fin à une épidémie anti-pastorale.

 

 

 

III – Difficile pour « François » de continuer sur ce registre familier voire ouvertement méprisant. Il a alors le génie naturel de « balancer » une citation de l'Epître aux Hébreux . Cette citation reçoit une interprétation personnelle de « François ». Elle n'a rien à voir avec le sens de l'histoire pastorale moderne mais avec l'attachement à la foi reçue du Christ : « Mas nosotros no somos de los que desertan para perderse... »(texte de la Sagrada Biblia du père José Miguel Petisco de la Compagnie de Jésus. (1964).

 

 

 

Traduction de Dom DelatteCommentaires des Epîtres de Saint Paul , tome 2, page 422: « ..nous ne sommes pas nous , de ceux qui s'éloignent de Dieu pour s 'en aller à leur perte, mais de ceux qui s'attachent à lui par la foi pour sauver et conquérir leur âme ». 

Le commentaire de François sur le flux de l'histoire et de la grâce prolongé par la sève et les fruits associe Teilhard de Chardin à l'écologie ambiante.

 

« François » patauge et va tenter de se ressaisir en se tournant vers Saint Vincent de Lérins et son apophtegme qui a traversé les siècles.

 

« Dans l’Église catholique elle-même, il faut veiller soigneusement à s’en tenir à ce qui a été cru partout, toujours, et par tous, car est véritablement et proprement catholique, comme le montrent la force et l’étymologie du mot lui-même, l’universalité des choses. Et il en sera ainsi si nous suivons l’universalité, l’antiquité, le consentement général.

Nous suivrons l’universalité, si nous confessons comme uniquement vraie la foi que confesse l’Église entière répandue dans l’univers ; — antiquité, si nous ne nous écartons en aucun point des sentiments manifestement partagés par nos saints aïeux et par nos pères ; — le consentement enfin si, dans cette antiquité même, nous adoptons les définitions et les doctrines de tous, ou du moins de presque tous les évêques et les docteurs. »

 

Il faut un sacré toupet pour ranger Saint Vincent de Lérins (5ème siècle) parmi les partisans de la suppression la messe tridentine au ...21ème siècle.

Est-ce un nouveau dogme qui a progressé avec Vatican II ? La suppression de la messe de Saint Pie V est-elle un acte dogmatique ? Quel dogme progresse avec cette suppression ? C'est du grand n'importe quoi ! « François » devient un bateleur de foire. Un politicien qui veut impressionner son auditoire par une fausse science. Nous avons montré dans notre livre, François -La conquête du pouvoir, plusieurs de ses fausses citations et des détournement de sens !

 

En 1988, le pape Jean-Paul II a publié la lettre apostolique « Ecclesia Dei ».

 

« A tous ces fidèles catholiques qui se sentent attachés à certaines formes liturgiques et disciplinaires antérieures de la tradition latine, je désire aussi manifester ma volonté – à laquelle je demande que s’associent les évêques et tous ceux qui ont un ministère pastoral dans l’Eglise – de leur faciliter la communion ecclésiale grâce à des mesures nécessaires pour garantir le respect de leurs aspirations.

6. Compte tenu de l’importance et de la complexité des problèmes évoqués dans ce document, je décrète:

a) Une Commision est instituée, qui aura pour mission de collaborer avec les évêques, les dicastères de la Curie romaine et les milieux intéressés, dans le but de faciliter la pleine communion ecclésiale des prêtres, des séminaristes, des communautés religieuses ou des religieux individuels ayant eu jusqu’à présent des liens avec la Fraternité fondée par Mgr. Lefebvre et qui désirent rester unis au successeur de Pierre dans l’Eglise catholique en conservant leurs traditions spirituelles et liturgiques, à la lumière du protocole signé le 5 mai par le cardinal Ratzinger et Mgr. Lefebvre.

b) Cette Commission et composée d’un cardinal président et d’autres membres de la Curie romaine dont le nombre sera fixé selon les circonstances.

  1. On devra partout respecter les dispositions intérieures de tous ceux qui se sentent liés à la tradition liturgique latine, et cela par une application large et généreuse des directives données en leur temps par le Siège apostolique pour l’usage du missel romain selon l’édition typique de 1962.

 

Summorum pontificum - Benoît XVI, 2007

 

Art. 1. Le Missel romain promulgué par Paul VI est l’expression ordinaire de la « lex orandi » de l’Église catholique de rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B. Jean XXIII doit être considéré comme l’expression extraordinaire de la même « lex orandi » de l’Église et, en raison de son usage vénérable et antique, doit jouir de l’honneur qui lui est dû. Ces deux expressions de la « lex orandi » de l’Église n’induisent aucune division de la « lex credendi » de l’Église ; ce sont en effet deux usages de l’unique rite romain. Il est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l’édition typique du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l’Église. Mais les conditions établies par les documents précédents Quattuor abhinc annos et Ecclesia Dei pour l’usage de ce Missel sont remplacées par ce qui suit : (voir le texte)

 

article 9 (pour mémoire)

 

Art. 9 § 1. De même, le curé, tout bien considéré, peut concéder la permission d’utiliser le rituel ancien pour l’administration des sacrements du Baptême, du Mariage, de la Pénitence et de l’Onction des Malades, si le bien des âmes le recommande.

§ 2. Quant aux Ordinaires, il leur est accordée la faculté de célébrer le sacrement de la Confirmation en utilisant l’ancien Pontifical romain, si le bien des âmes le recommande.

 

Olivier Figueras rapporte le 21 juillet 2007 les propos de Mgr Fellay :

« Il faut bien voir que Benoît XVI entend affirmer la continuité entre Vatican II et le passé. Jusqu'ici, il était habituel de dire qu'il y avait un changement. Aujourd'hui, on nous dit qu'il y a continuité, tout en affirmant un changement certain quand même. Si bien que l'on ne sait plus trop quoi penser […]

Il est donc nécessaire de continuer à prier, tout en reconnaissant que nous allons dans le sens du bien de l'Eglise. ».

 

Dans l'avion qui le ramène du Portugal au Vatican le 13 mai 2017,  « François »répond à une question de Nicolas Senèze correspondant de La Croix à Rome :

 

« Question : La Fraternité Saint Pie X a une grande dévotion pour Fatima. Un accord est-il pour bientôt ? Ce serait le retour triomphal de fidèles qui montrent ce que signifie être vraiment Catholiques ?

 

Réponse : J'écarterais toute forme de triomphalisme. Complètement. Il y a quelques jours, la feria quarta de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi – on l'appelle feria quarta, car elle se réunit le mercredi- a étudié un document. Et le document ne m'est pas encore parvenu. Je l'étudierai.

Deuxièmement, les rapports actuels sont fraternels. L'année dernière, je leur ai donné à tous la permission pour la confession, et aussi une forme de juridiction pour les mariages[...] Avec Mgr Fellay, j'ai de bons rapports. Nous avons parlé quelques fois. Je ne veux pas brusquer les choses. Cheminer, cheminer, cheminer, et après on verra. Pour moi, ce n'est pas un problèmes de gagnants ou de perdants, mais des frères, qui doivent cheminer ensemble en cherchant la formule pour faire des pas en avant. »

 

 

 

BILAN

 

Depuis 2017, et avant, la Fraternité Saint Pie X chemine avec François. Nous nous en réjouissons !

Dans le même temps un groupe indéterminé de restaurationnistes, d'indrietistes, en réaction contre le monde moderne, frappés de maladie nostalgique ; d'utilisateur selon une manière idéologique de la messe tridentine pour revenir en arrière », mérite d'être frappé d'interdit pour la raison que « cette manière idéologique » est contraire à la vision pastorale de Jean Pau II et de Benoît XVI...qui avaient rendu à tous les fidèles, prêtres et religieux la possibilité de célébrer le rite tridentin multiséculaire.

 

Le 26 mars 2022, la FSSPX de Belgique a publié un communiqué sur la rencontre de l'abbé David Pagliarani , Supérieur de la Fraternité Saint Pie X avec le le pape « François ».

 

Après Traditionis Custodes, le rescrit du 21 février 2023 renforce les mesures de contrôle romain sur toutes les messes « tradi ».

Nous voyons en cela, à nos risques et périls, une vérification de la remarque de Omar Bello commentant l'élection du pape François : « Rome venait de couronner un roi qui aurait fait l'admiration de Machiavel » (El verdadero Francisco, page 18).

 

Les seuls qui ne soient pas atteints par la persécution bergoglienne sont les prêtres de la Fraternité Saint Pie X. Le pape ne pense-t-il pas se débarrasser des indietristes en les poussant vers la FSSPX ? Cela peut paraître excessif. Mais « François » révèle chaque jour davantage sa volonté de créer une Eglise multipolaire où tous les rites , toutes les religions se rassembleraient dans une grande fraternité mondiale, un monde polyèdrique où chacun trouverait la place de son choix. L'Eglise de « François » synodalisée qui a son siège à Rome serait ainsi purgée de ses éléments indociles « momifiés » ?

 

 

 

Précision apportée par le Salon Beige ce jour 24/05/2023

 

 

 

Dans une tribune publiée sur Aleteia, le père Luc de Bellescize, prêtre du diocèse de Paris, évoque les degrés d’autorité du Magistère. Extrait :

[…] La grâce spéciale qui l’aide à accomplir son devoir d’état ne consacre pas tout ce qu’il dit comme une parole sainte à laquelle nous sommes priés d’acquiescer aveuglément comme au sergent Hartman dans Full Metal Jacket, même si nous lui devons amour filial et respect – ce qui s’accorde plus ou moins à notre « ressenti » affectif, lequel n’a qu’une importance très relative – et obéissance quand il enseigne la doctrine de l’Église.
Un propos de table ou la réponse évasive à un journaliste d’un homme âgé et fatigué par un voyage épuisant, quel que soit le pape, n’a aucunement l’autorité d’une exhortation apostolique, encore moins d’une encyclique, moins encore celle d’un concile œcuménique où tous les évêques du monde sont représentés… Sans cette prudence dans l’accueil de la parole pontificale et si toutes ses paroles se valent du moment qu’il les prononce, cela devient le jeu du « Jacques a dit » où celui qui n’obéit pas immédiatement est éliminé. Il suffit de remplacer Jacques par « le Pape », isoler une petite phrase, capter un mouvement d’humeur ou un battement de cil, et on peut faire dire n’importe quoi au successeur de Pierre comme s’il était la Sibylle de Delphes, jusqu’à la chanson d’Eddy Mitchell : « Le Pape a dit : Ne faites pas le boogie woogie avant vos prières du soir. » Ce qu’aucun pape n’a jamais dit, en tout cas en ce qui concerne l’expression boogie woogie, qui n’appartient pas spécialement au champ sémantique de la parole pontificale, même si tous ont certainement exhorté à bien faire la prière du soir. Méditons sur la fragilité intrinsèque à la grandeur du pouvoir, si facilement récupéré et instrumentalisé…
Il nous faut reconnaître, pour ma génération des JMJ de Rome en 2000, qui avait une vénération pour saint Jean-Paul II et Benoît XVI – lesquels étaient aussi détestés par l’esprit du monde qu’aimés par leurs fidèles les plus fervents -, que nous avons parfois manqué de mesure et trop oublié qu’ils étaient aussi des hommes simples et faillibles. La canonisation d’un homme ne signifie pas son impeccabilité, ni la sacralisation de toutes ses paroles, encore moins la justesse sans faille de son discernement. […]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



24/05/2023
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