Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

La communication du pape décryptée remarquable

 

Comment expliquer la communication pléthorique du pape François ? (2)

 

27 AOÛT, 2022

 

PROVENANCE: FSSPX.NEWS

 

Ces derniers temps, le pape a considérablement multiplié ses entretiens avec les journalistes. C’est ce que relève Andrea Gagliarducci dans Monday Vatican du 11 juillet 2022 : en une dizaine de jours, « le pape François a accordé trois entretiens : un à Reuters, publié en plusieurs épisodes, un à l’agence argentine Telam, et un à Guillermo Marcò, son légendaire porte-parole à Buenos Aires. » (suite)

 

La première partie a tenté de décrypter la stratégie de communication du pape, et de montrer avec quels soins sont triés les journalistes qui la réalisent. Cette deuxième partie considère le contenu.

L’obsession de l’arriérisme

C’est pourquoi le site argentin The Wanderer, sous la plume de Jack Tollers, constatait, dès le 4 juillet, que les entretiens de François, malgré leur multiplication, ont une audience très limitée. Reprenant les propos du pape à l’agence de presse officielle argentine Telam du 1er juillet, Jack Tollers, lui-même argentin, écrivait :

« Ses déclarations sur les Nations unies, ses phrases “clairvoyantes”, telles que : “Parce que si nous ne changeons pas d’attitude vis-à-vis de l’environnement, nous allons tous au fond du puits”, ou encore : “Il est important d’aider les jeunes dans cet engagement sociopolitique et, aussi, de ne pas leur vendre une boîte aux lettres”, indiquent que Bergoglio est vieux. […]

« Ses élucubrations, comme ses obsessions et ses colères, changent au gré des saisons et sont toujours incohérentes. Si, à un moment donné, il s’agissait de prêtres bourgeois et d’évêques itinérants, ou de religieuses célibataires et de fidèles pélagiens, aujourd’hui, il est obsédé par les restaurateurs et l’indietrismo [“arriérisme”]. »

Ainsi le 29 juin, il a imposé le pallium aux nouveaux archevêques, les mettant en garde contre les dangers de l’indietrismo, recourant à un néologisme : « l’Eglise ne doit pas regarder en arrière avec nostalgie pour des temps passés qui auraient été meilleurs et plus lumineux ».

Et Jack Tollers de se demander : « quel est le point historique à partir duquel l’Eglise devrait être considérée ? D’après ces dernières déclarations, il semble que ce soit le concile Vatican II. Nous ne pouvons regarder l’Eglise qu’à partir de ce grand moment, et ne pas regarder vers les temps antérieurs, ce qui fait que François souscrit à la thèse de l’école de Bologne selon laquelle Vatican II est une rupture dans l’Eglise et une refondation de l’Eglise. »

Le compatriote de François souligne ici une contradiction : « le pape affirme que l’indietrismo est très en vogue dans l’Eglise aujourd’hui. C’est-à-dire qu’il y a un grand nombre de catholiques, clergé et fidèles, qui regardent avec nostalgie le passé et cherchent même des restaurations interdites.

« Mais ne vient-il pas de dire dans le même discours, et avec beaucoup d’insistance, qu’il y a de la place pour tout le monde dans l’Eglise ? Ou alors c’est que le pape milite pour que les adultères et les LGBT aient leur place dans l’Eglise, et qu’il déplore que les indietristes les en empêchent ?

« Comment expliquer que le pape de la synodalité, qui exige de “tendre l’oreille au peuple” qui est la source de la révélation et de la manifestation divine, s’obstine à ne pas écouter et, plus encore, à persécuter une bonne partie de ce peuple – il admet lui-même qu’il est nombreux – pour le simple fait de regarder en arrière dans l’histoire de l’Eglise ? »

Actualité de la réforme grégorienne

Sur son blogue Settimo Cielo du 5 juillet, le vaticaniste Sandro Magister cite un extrait du dernier livre du cardinal Robert Sarah, Pour l’éternité (Fayard, 2021), aux antipodes de la dénonciation obsessionnelle de l’arriérisme par François. Le prélat guinéen rappelle, en effet, les bienfaits de l’authentique restauration de l’Eglise que fut la réforme grégorienne au début du second millénaire :

« Cette réforme visait à libérer l’Eglise des griffes des autorités séculières. En interférant dans le gouvernement et dans les nominations ecclésiastiques, le pouvoir politique avait fini par causer une véritable décadence du clergé. Les cas de prêtres vivant en concubinage, engagés dans des activités commerciales ou dans des affaires politiques s’étaient multipliés.

« La réforme grégorienne se caractérisait par la volonté de redécouvrir l’Eglise de l’époque des Actes des Apôtres. Les principes d’un tel mouvement ne se fondaient pas d’abord sur des réformes institutionnelles, mais sur le renouveau de la sainteté des prêtres. N’y a-t-il pas besoin aujourd’hui d’une réforme semblable à celle-là ?

« De fait, le pouvoir séculier a repris pied dans l’Eglise. Cette fois, il ne s’agit pas d’un pouvoir politique, mais culturel. On assiste à une nouvelle lutte entre sacerdoce et empire. Mais l’empire est désormais la culture relativiste, hédoniste et consumériste qui s’infiltre partout. C’est le moment de la rejeter, parce qu’elle est inconciliable avec l’Evangile. »

Et Sandro Magister d’espérer contre toute espérance humaine : « De quoi s’agit-il là, sinon du programme d’un nouveau pontificat, à discuter dans le futur conclave ? »

Sources : The Wanderer/Settimo cielo – Trad. à partir de diakonos et benoitetmoi/DICI n°423 – FSSPX.Actualités)

Illustration : Benhur Arcayan, Domaine public, via Wikimedia Commons

 

 

 

 



29/08/2022
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