Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Le Nicaragua sous la botte révolutionnaire

 

 

YVES CHIRON récidive dans L'HOMME NOUVEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous avons montré précédemment les lacunes invraisemblables de Y.C. Sur la théologie de la libération / du peuple. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi il persiste à écrire à partir d'informations sans valeurs.

 

 

 

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Sous le titre, NICARAGUA : UNE « REVOLUTION CHRETIENNE », QUI PERSECUTE L'EGLISE », l'historien nous raconte une histoire qui sort tout droit des meilleurs documents du progressisme et des libérationnistes français.

 

 

 

D'abord deux remarques préliminaires

 

1- Le titre met entre guillemets « Révolution chrétienne ». Une réelle ambiguïté ?

Depuis 1979 la révolution au Nicaragua a un nom : sandinisme... . Cela donne à penser que la « révolution chrétienne » n'est pas profonde puisque la persécution de l'Eglise vient d'une « révolution sandiniste...chrétienne ».

 

 

 

2 – La légende sous la photo du président Ortega prolonge la confusion. « Le président Ortega, élu pour « une révolution socialiste chrétienne et solidaire » mais persuadé que l'Eglise conspire contre lui ».

 

Nous apprenons au milieu de l'article que la formule est d'Ortega, en 2006.! Pourquoi cette déclaration en 2006 ? Parce que pour arriver au pouvoir il faut ratisser large.

Ortega pratique ce racolage catho dès 1978 et le poursuivra jusqu'au voyage de Jean-Paul II en mars 1983. Il recommencera après sa deuxième arrivée au pouvoir lorsque l'étoile sandiniste pâlira de nouveau !

 

 

Contexte International

 

.Toute l'Amérique Centrale est concernée par cette révolution initiée à la fois par Cuba et ses complices européens mais aussi et principalement par le clergé au premier rang duquel on trouve les jésuites de toute l'Amérique centrale surtout du Salvador et du Nicaragua....et toute l'intelligentsia « catho » d'Europe et des Etats-Unis. Le ministre Cheysson lors de sa visite au Nicaragua le 4 mai 1981, a promis une nouvelle aide supplémentaire après les 10,5 millions de dollars offers pour la construction d'une usine de textile. Toute la sociale-démocratie européenne s'est mobilisée : Willy Brandt, Bruno Kreisky, Olof Palme, etc...

 

 

 

Contexte local

 

En 1976 on compte 900 délégués de la parole au Nicaragua.

 

Le bloc intercommunautaire pour le bien-être chrétien- BIP-BCD ( El Bloque) et le mouvement des délégués de la parole (D'PD), donnent l'impulsion initiale de 1970 à 1975. Cette action se déploie en milieu rural avec, Education et promotion agraire (CEPA), L'Equipe Nationale de pastorale (1974-1975) el le journal Cristo campesino. La pastorale implique une dimension socio-politique. Qui dénonce l'exploitation, la répression et la corruption de la dynastie somoziste. La répression entraîne la création d'une certaine clandestinité jusqu'au saut qualitatif avec des objectifs politico- militaires. Chaque chrétien engagé dans la libération des pauvres du Nicaragua se transforme en collaborateur permanent de la révolution sandiniste.

 

Tout cela est documenté d'une façon irréfutable dont nous avons les preuves. Ce n'est pas l'Eglise catholique qui, à ce moment, « baptise » la révolution du parti sandiniste. Le père Francou jésuite au Nicaragua à trois reprises se trompe en déclarant que l'épiscopat adresse une première lettre au peuple le 17 novembre1979. La première lettre date du 2 juin 1979.

On lit :

 

  § 2 Notre magistère

« Depuis 1971 nous avons vu surgir des changements radicaux dans les structures de cohabitation socio-politique. »

 

§ 4 La légitime insurrection

« ….en cas de tyrannie prolongée qui porte atteinte gravement aux droits fondamentaux de la personne ou porte atteinte au bien commun du pays. »

 

§ 5 Devant les agissements contraire à l'ordre civique.

 

« Dans cette perspective, nous invitons les Autorités de la Nation à constater une série d'agissements contraires à l'ordre civique qui constituent maintenant des actes habituels : disparitions de personnes, incarcérations sans cause, amendes exorbitantes, tortures, assassinats d 'innocents ; exécution de prisonniers, profanation de cadavres, occupations d'habitations, d''hôpitaux, d'églises, de collèges. ; fermetures arbitraires de stations radio, persécution et diffamation contre le évêques, les prêtres, religieux et laïcs. »

 

§ 6 La révolution doit signifier un ordre nouveau au service du peuple.

 

§ 7 Jamais une révolution ne peut être celle du peuple si le peuple ne la soutient pas.

Si les évêques appellent au droit à l'insurrection révolutionnaire c'est au nom de la fidélité à l'Evangile et selon la doctrine traditionnelle de l'Eglise.

Inutile de continuer ! N'importe quel connaisseur du sujet comprend que la Conférence épiscopale n'est pas du côté des sandinistes !

 

 

 

Quant à la lettre pastorale du 17 novembre 1979 après la prise du pouvoir total par les sandinistes, il est impossible de la résumer ici .

Elle expose ce qu' il est possible d'accepter et de faire pour un chrétien : « trouver un compromis qui aide à discerner l'oeuvre de l'Esprit Saint dans le processus révolutionnaire » ; citation de Paul VI de Octogesima Adveniens : « dialogue avec tous les frères chrétiens et tous les hommes de bonne volonté, pour les options et les comprormis qui conviennent pour assumer et réaliser les transformations sociales, politiques et économiques qui sont considérées comme urgentes.. ».

 

 

 

Les évêques demandent la liberté d'organisation politique, dénoncent le faux socialisme . « Il est inacceptable que soit nié le droit des parents à éduquer leur enfants selon leur convictions ».

Jamais L'Eglise du Nicaragua n'a apporté son soutien au gouvernement et au projet socialiste des sandinistes !

Ce sont les ministres, les prêtres sandinistes et les populations endoctrinées par l'alphabétisation révolutionnaire dirigée par le jésuite Fernando Cardenal qui ont accrédité cette ignoble tromperie. ( Le nouveau Visage du Christ dans la croisade d'alphabétisation) !

La raison doit être dite pour que le lecteur qui ne sait rien comprenne. Le futur cardinal Obando y Bravo pourra déclarer qu'en 18 ans d'épiscopat il n'a jamais connu pareille persécution !

 

 

 

Intervention de Jean-Paul II

 

.Dans la lettre du pape Jean-Paul II aux évêques du Nicaragua le 2 juin 1982, on lit :

« Je n'ignore pas qu'à cette appellation -(Eglise populaire)- synonyme d' « Eglise qui vient du peuple »- on peut donner une signification acceptable ».

 

 

La suite de la lettre ne laisse aucune échappatoire !

 

« Eglise populaire...elle signifie une Eglise qui se réduit à l'autonomie de ce qu'on appelle la base, sans référence aux pasteurs ou aux maîtres légitimes ; ou au moins en superposant les « droits » de la première autorité et aux charismes que la foi fait percevoir chez les seconds. Elle signifie - puisqu'on donne facilement au terme peuple un contenu nettement sociologique et politique – une Eglise incarnée dans les organisations populaires, marquées par des idéologies populaires, marquées par des idéologies mises au service de leurs revendications , de leurs programmes et par l'exclusion de groupes considérés comme n'appartenant pas au peuple ».

 

 

(Nous sommes au cœur de la grande bataille qui se poursuit avec l'Eglise synodale d'aujourd'hui !Selon nous, l'Eglise qui naît dans les synodes multiformes est l'héritière de « l'Eglise qui vient du peuple ».)

 

 

 

C'est ce rappel d'une Eglise populaire qui va déclencher la violence des sandinistes lors de la messe du pape Jean-Paul II à Managua le 3 mars 1983 :

 

«  Une Eglise divisée, en effet, comme je l'ai déjà dit dans ma lettre à vos évêques, ne pourra pas accomplir sa mission de « sacrement » , c'est à dire, de « signe » et d'instrument de l'unité, dans le pays. Pour cela j'alertais sur «  l'absurde et dangereux »qui consiste à imaginer une Eglise « à côté », - pour ne pas dire contre-,

l'Eglise bâtie autour de l'évêque, une autre Eglise conçue seulement charismatique et non institutionnelle, « neuve «  et non traditionnelle, alternative et comme préconisée dernièrement, une Eglise populaire. Je veux aujourd'hui réaffirmer ces paroles ici devant vous. L'Eglise doit se maintenir unie pour repousser les diverses formes directes ou indirectes, pour assurer sa mission dans le monde ».

 

Qui peut oser parler de « révolution socialiste chrétienne » lorsque l'invité d'honneur pour l'anniversaire de la révolution le 19 juillet 1980 est Fidel Castro qui sera décoré de l'ordre de Augusto César Sandino au grade le plus élevé, celui de la bataille de San Jacinto à Managua.

 

Jusqu'à la mort de Fidel Castro, Ortega entretiendra des relations très amicales avec Castro. Pour les 90 ans de celui-ci, il sera à La Havane avec sa femme Rosario.

 

L'aide de Cuba sera considérable au plan idéologique et matériel : plus de 2000 enseignants cubains vont arriver. Comme j'interrogeais en 1986 une personne au Nicaragua sur ce sujet , elle me répondit que les Cubains étaient repérables à leur accent ainsi que les « nica » qui allaient se former chez Castro !

En 2006 Ortega dédie encore sa victoire à Fidel Castro. En même temps il va recommencer à chercher le soutien de l'Eglise. Il sait que c'est elle qui lui a fait perdre le pouvoir .Les mascarades religieuses n'ont servi à rien mais il recommence.

 

Pour ceux qui auraient perdu leur documentation voici quelques rappels tirés de la presse sandinistes  :

« EL Tayacan, semaine du 3 au 9 août 1985 : « Journée de jeûne et de prière dans l'insurrection évangélique ». Sur la page de couverture, avec sa photo, Monseigneur Pedro Casaldaliga déclare : «  Le Dieu de la vie leur donne la vie nouvelle ». Cet évêque du Brésil a écrit un livre à la gloire de la révolution sandiniste, Nicaragua – Combate e profecia. (en portuguais) . Il me l'a dédicacé le 24 juillet 1986 : « ...union dans la Pâque du Christ du peuple ».

Sur le journal sandiniste officiel « Barricada » le 7 décembre 1986 : Le Nicaragua célèbre la Purisima (la Vierge), pour la paix. En page 4, cinq grandes photos sur deux d'entre elles Ortega est au milieu de la foule en fête. Sur le haut de page : « A cantar a Maria » en bas de page : on t'invite « à crier pour la paix ».

 

En FRANCE, Témoignage chrétien n'est pas en reste : dans son numéro du lundi 10 au 16 mars 1986, page 14 : « Une marche de carême au Nicaragua ; un chemin de croix pour la paix et la vie ».

« Miguel d'Escoto l'avait annoncé sans en préciser la date lors de son passage à Paris ( TC n°2159) : une marche pour la paix parcourra le Nicaragua pendant tout le temps du Carême ». En note T.C. ajoute «  Nous avons entre les mains le numéro spécial de « El Tayacan » qui commente chacune des quatorze stations du chemin de croix ».

 

Faut-il ajouter le chemin de croix révolutionnaire du père Ernesto Cardenal où Judas est Somoza ...imprimé en Allemagne de l'Est ! Nous en avons publié la première station dans notre livre Terrorisme pastoral.

 

 

 

2006

 

Vingt ans après, Ortega a tenté une nouvelle approche de l'Eglise catholique parce qu'il sait très bien que c'est elle qui l'a abattu.

 

Sa femme Rosario Murillo va tenter l'opération !

Elle est la petite nièce de Sandino. Elle intègre le mouvement révolutionnaire en 1969 et retrouve en 1977, en exil, Ortega. Elle a parfaitement compris quel avenir a cet homme brillant . Elle a déjà 3 enfants de quatre mariages ».Ortega en reconnaîtra deux qui s'ajouteront aux 7 (sept ) qu'elle lui donnera.

Ses tentatives de séduction de l'Eglise, dont son mariage en 2005 par le cardinal Obando y Bravo, ne servent à rien.

De par sa mère, Rosario appartient au courant ésotérique. Ses surnoms cités par Y.C. ne sont pas anodins. Une chaîne télé du Nicaragua a produit une émission en deux parties sur cette addiction. La diablesse et la sorcière s'inscrivent dans ses vêtements et les amulettes qui chargent ses doigts. Elle est appelée aussi la Chayo du nom d'une plante que l'on cultive et qui envahit tout l'espace ! Elle sera couronnée vice -présidente en 2018 ! Elle fera planter des « arbres de vie » sur un boulevard de Managua. La chaîne de télévision Nicaragua Investiga a fait deux émissions révélatrices et … elle n'a jamais été interdite !

 

En 2023, elle soutient son mari lors des 222 expulsions qui verront l'acte héroïque de Monseigneur Rolando Alvarez qui refuse de prendre l'avion pour les Etats-Unis ! Il est illico condamné à 26 ans et 4 mois de prison ! Il y restera jusqu'au 13 avril 2049 !

 

La semaine suivante Ortega ordonne l'expulsion de 94 opposants pour haute trahison. Tout cela n'a rien à voir avec l'Eglise Catholique !

 

Mais il faut éliminer les opposants avant les prochaines élections et terroriser l'opposition. La formule employée par Ortega, le 10 février 2023, est sans réplique : « La dignité de la patries ne se négocie pas ». Le même jour il envoie une lettre au pape à l'occasion de l'anniversaire des Accords de Latran !

Le 21 il ajoute : «  L'Eglise de Rome et les évêques sont une mafia ». La violence contre l'Eglise catholique est confirmée par Rosario qui déclare : « Sandino a été pour notre Nicaragua un instrument de la justice divine ».

 

Y.C n'a pas eu le temps de vérifier pourquoi elle s'est opposée à l'avortement en 2006.

Pour être élu, Ortega doit impérativement capter les voix des catholiques.

Je ne commenterai pas son mariage en 2005.

Il a en face de lui un candidat ...sandiniste !

Edmundo Jarquin est le président du Mouvement Rénovateur Sandiniste qui est pour l'avortement thérapeutique permis par les lois du pays depuis plus de 100 ans !

 

Rosario va se lancer dans une campagne effrénée : «  No al aborto, si a la vida » ! Si a las creencias religiosas. Oui aux croyances religieuses ! Oui à la foi !Oui à la recherche de Dieu, c'est ce qui nous fortifie tous les jours pour reprendre le chemin » !

« Oui, à la foi, à la religion, à la vision que nous ont donné les guides pastoraux et spirituels de notre peuple, comme son Eminence le cardinal qui a fait cadeau aux nicaraguayiens du drapeau de la réconciliation... ».

 

La flagornerie de la future vice-présidente est sans mesure ! Et malgré ses talents de comédienne elle n'a rien obtenu : le cardinal et l'Eglise sont toujours catholiques et le gouvernement sandiniste est toujours révolutionnaire et totalitaire. Alors il faut trouver un bouc émissaire et éliminer les opposants ou mieux ceux qui sont l'âme de la contre révolution car les curés sandinistes, les ministres pro-Cuba, les gros bataillons internationaux des tiers-mondistes ne sont plus là !

Ce n'est plus « al paredon » c'est à dire au poteau ! Les temps ont changé ont retire la nationalité et on envoie hors frontières les « nouveaux étrangers ».

 

A la mort d'Ortega on peut espérer une accalmie.

 

Telle est la vérité !

 

Si Y.C. avait lu l'HOMME NOUVEAU du 6 mars 1988, il aurait eu en mémoire ce jugement de Ortega : «  J'admire Christ en tant que combattant du peuple, en tant qu'instrument de libération. Mais je ne veux pas entendre parler des évêques qui ont accepté de travailler avec Somoza ». ( page 13). Somoza est mort l'idéologie reste !

 

 

Cet article n'est pas digne de l'Homme Nouveau, ni de Marcel Clément, l'auteur de « Le Christ et la Révolution » (1972).

Dans le numéro hors -série de L'HOMME NOUVEAU -1916 Des catholiques pendant la Grande Guerre , Yves Chiron a écrit un excellent papier : Des combattants inattendus

 

 

 

 

 

 

à suivre : Les réactions du pape FRANCOIS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



28/02/2023
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