Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Le pape qui vient de loin - 4

Le pape qui vient de loin – 4

 

Nous continuons ici de présenter à nos lecteurs une information inédite qui montre de façon irréfutable que le Mouvement des Prêtres pour le Tiers-Monde (MPTM), ne regroupait pas du tout des prêtres « à l’écoute du peuple » pas plus qu’ils n’étaient épris de justice.

 

Il est bien dommage que le Pape François se soit laissé aller à une déclaration en leur faveur, sans rapport avec la vérité des faits. Il était en Argentine au cœur de l’affrontement tragique. Et il n’a pas discerné que derrière une apparence de combat pour la justice il y avait un discours politique et idéologique et que la phraséologie chrétienne était un habillage.

 

Dans notre article précédent, nous avons donné la parole aux amis du père Carlos Mugica, membre du MPTM. Aujourd’hui nous apportons le témoignage du Professeur Carlos Sacheri. Ce témoin a été, lui, assassiné le 22 décembre 1974 par les montoneros devant sa femme et ses sept enfants pour avoir dénoncé l’imposture du MPTM.

 

Son témoignage a fait l’objet d’un livre, jamais traduit en français, « La Iglesia Clandestina ». Cet ouvrage a eu au moins quatre éditions.

 

Ce témoin n’est pas n’importe qui ; c’est un homme jeune (il a 36 ans lorsqu’il écrit ce livre), docteur en philosophie, professeur entre autre à l’université catholique de Laval à Québec. Catholique attaché à la Tradition il professe une interprétation du Concile Vatican II dans le sens de la Tradition et cela dès l’après Concile.

Son livre de 183 pages ne rapporte pas seulement la stricte vérité sur le MPTM mais comporte 90 pages d’explication sur les causes de la dérive révolutionnaire aboutissant au MPTM.

 

Il donne en premier lieu plus de dix citations du bienheureux Paul VI qui montrent les exigences de la foi catholique en matière de connaissance dogmatique, morale et historique.

Nous ne donnons ici que les titres des chapitres : Crise de l’unité, crise de la foi ; La guerre psychologique dans l’Eglise ; Du modernisme au néo-modernisme progressiste ; Organisation clandestine de groupes modernistes ; hérésie immanente et progressisme ; Un exemple illustre : Teilhard de Chardin ; Constitution de l’ Eglise souterraine post conciliaire ; Les groupes prophétiques et l’l église charismatique  ; L’IDOC-C ; Un cléricalisme inversé ; Préambule « tiers-mondiste » ; le manifeste ; Le mouvement des prêtres du Tiers Monde en Argentine.

 

Il est évident que le professeur Sacheri n’est pas un militant politique excité. C’est un homme de réflexion qui veut connaître les choses par les causes qui va chercher les faits réels, pas les émotions ou les mots que les auditeurs veulent entendre. Pour une situation si nouvelle et si douloureuse pour l’Eglise d’Argentine, il donne le meilleur de qu’il sait être la vérité.

 

Dans le « Préambule tiers-mondiste », il analyse le texte phare des évêques  dits « tiers mondistes » initié par l’évêque Helder Camara, que nous avons présenté dans notre dernier article.

 

Avec une aussi grande rigueur il rapporte les faits. Nous donnons seulement  quelques commentaires et précisions.

 

La thématique idéologique est toujours la même : le pays est en proie à une multitude de malheurs engendrés par les structures capitalistes. Il faut donc changer les structures, établir le socialisme et proposer une violence organisée contre les structures injustes. (Quelques années plus tard on dira structures de péchés ; ce qui n’est pas encore dit c’est que l’Eglise ayant partie liée avec les dites structures, elle doit elle aussi changer  sa manière de gouverner. Nous analyserons cela dans les chapitres prochains).

 

1 - La première remarque de CS (Carlos Sacheri)  est de s’interroger sur la licéité d’un tel mouvement clérical. Selon le droit canonique un tel mouvement de type exceptionnel n’est pas prohibé. Mais de soi il entraîne la constitution d’une autorité parallèle qui peut être préjudiciable à l’Eglise à la fois parce que ses buts ne sont pas spécifiquement sacerdotaux et que ses méthodes sont critiquables. En tout état de cause l’autorisation d’exister revient à l’autorité épiscopale compétente. Il cite à l’appui de cette affirmation le Cardinal Daniélou à propos d’erreurs du progressisme post- conciliaire.

 

2 – CS constate que le mouvement en Argentine est anonyme. Seul un nom apparaît celui du Père Miguel Ramondetti, secrétaire général du mouvement. Les évêques et les archevêques argentins interrogés ne savent pas qui dirige ; l’un d’eux signale cependant le P. Ramondetti. Comme dans tous les organismes clandestins la maçonnerie ou le Parti communiste ce ne sont pas ceux qui apparaissent qui commandent. Cependant il est important de savoir qui est ce secrétaire général. (C’est lui qui a reçu le document des évêques du Tiers-Monde).

 

3 - Et là, surprise ! La paroisse de Tous Les Saints (CHACARITA) du père Ramondetti, a accueilli au début 1960 un prêtre ouvrier français de la Mission de France, Gilbert Ruffenach. Il a fui la France après avoir aidé le FLN en Algérie. (Il est né en 1926, ordonné en 1951 pour le diocèse de Paris, il part au séminaire de la mission de France à Lisieux pour y être incardiné en 1955. Il réside à Gennevilliers. En 1958 cinq prêtres de la Mission de France sont appelés à servir en Algérie. Ils refusent de servirent. Deux sont finalement envoyés : Nicolas Obermayer et Gilbert Ruffenach (GR) le 30 août 1958. GR a le grade de lieutenant et suit les cours de formation à la guerre psychologique à Constantine. Il écrit son journal qu’il envoie clandestinement en France pour dénoncer les exactions de l’armée. Il revient en janvier 1959 en France où il intègre les réseaux d’aide au FLN qu’il avait déjà aidé sur place pendant son séjour. Nous avons noté au moins douze membres de la Mission de France membres de réseaux d’aide au FLN à cette époque. C’est l’institut le plus révolutionnaire et le plus politisé à cette époque).

 

On retrouve cet expert en clandestinité à Buenos Aires où il va former Ramondetti et le père Garcia Morro (il quittera le sacerdoce) qui avaient commencé un genre d’apostolat ouvrier en 1956. Le curé, le père Trusso, s’aperçoit de l’activité peu catholique de ses vicaires. Ruffenach qui connaît très bien l’avantage des prêtres de la Mission de France de vivre entre eux, convainc  Ramondetti de demander au curé le dédoublement de la paroisse pour être plus tranquille. Le 5 mars 1961 la paroisse Incarnation du Seigneur est créée où nos deux compères vont entreprendre une action subversive de grande envergure initiée dans un Institut lié à la paroisse. Ruffenach entreprend de nombreux et fréquents contacts avec les communistes de la cellule de Villa Crespo. Des réunions ont lieu à la nouvelle paroisse. Les noms des membres sont connus dont un chargé de la campagne d’aide à Cuba et un autre, ami personnel de Fidel Castro, Perelman, «  CHICHE » qui se chargera de Ruffenach lorsqu’il quittera l’Argentine en catastrophe en 1961 via le Mexique où il rencontrera Ivan Illich et Mgr Mendez Arceo. Ce dernier ayant séjourné clandestinement en Argentine pour y rencontrer l’Eglise progressiste. Puis file à Cuba.

(De retour en France en 1962, il reprend ses activités, soutient au tribunal son confrère porteur de valise, le Père Davezies. Selon des informations sûres il héberge le collecteur de fonds pour le FLN Sâad Abbsi. En  1971, il est chauffeur-livreur ; il meurt en 1995) 

 

Ramondetti a de nombreux contacts avec le parti communiste. Il organise une coopérative de construction et reçoit comme curé de la nouvelle paroisse des prêtres qui viennent de tout le pays. Professeur au Séminaire de Villa Devoto il endoctrine les séminaristes. L’un d’eux s’en ouvre au Supérieur : c’est  le séminariste qui est renvoyé !

Esther Borzani, sert de contact entre la paroisse et le Parti Communiste. En 1962 elle est invitée au Congrès Mondial pour le désarmement général et la Paix et devient le bras droit de Ramondetti.

En 1964, il voyage en France et en Algérie et participe à un congrés du PC rapporté dans les journaux argentins.

En 1967, il laisse sa paroisse et dépend alors de Mgr Devoto (voir article précédent), un des piliers de la subversion cléricale en Argentine. Ce curriculum est suffisamment éloquent pour comprendre quelle fut l’activité réelle du MPTM.

 

Deux autres personnages retiennent encore l’attention comme actifs soutiens du MPTM.

 

 4 - Le père Milan Viscovitch et le père Arturo Paoli.

 

Le premier est argentin. C’est un militant cripto-marxiste. Il a officiellement étudié à Louvain pour compléter sa formation. En fait il est devenu comme le prêtre guérillero Camillo Torres, un adepte de la religion catholique marxisée enseignée par le Chanoine Houtard (voir Terrorisme Pastoral pages 33-38). Lorsqu’il revient en 1954, il nie, entre autre, que l’indissolubilité du mariage soit de droit naturel. Dix ans plus tard il lancera un slogan qui installera un ferment dialectique puissant dans l’Eglise d’Argentine : « Je suis avec l’Eglise de la CGT et contre l’Eglise de la Bourse du Commerce ». D’autres prises de position l’obligeront à quitter l’Université Catholique de Cordoba où il assurait les fonctions de…doyen ! En 1969 il a participé activement à la révolte étudiante de Cordoba et à la campagne de presse qui obligera l’archevêque de Rosario à quitter son diocèse. Il fréquente les intellectuels marxistes et finit par être arrêté. Il fait alors une déclaration de catholicisme social digne des meilleurs auteurs pour être relâché !  Rappelé à l’ordre par son nouvel évêque, il devient alors « expert en relations économiques dans le contexte d’un état socialiste !

 

Le père Arturo Paoli est italien. Né en 1912, il est docteur en philosophie de l’Université de Padoue. Enseignant il participe à la résistance en Italie (sauve des juifs et aura la médaille d’or du mérite civil)). Il entre en 1954  chez les Petits Frères de Jésus. Il se lance dans les oeuvres politico-religieuses et participe directement à l’action du FLN en Algérie. Il arrive à Buenos Aires en même temps que le Père Ruffenach et dirige un centre d’entraide fraternelle « Fortin Olmos ». Avec la camionnette du Centre il diffuse des tracts et livrets du parti communiste. Il écrira en 1967 un livre qui préfigure les thèses du MSTM, « Persona, mundo y Dios ». (A cette époque on ne parle pas encore de la théologie de la libération mais de la « théologie engagée ») et participe activement aux réunions de MTSM. En 1974 il se sauve précipitamment au Vénézuela puis passe au Brésil où il collabore à toute l’œuvre de la théologie de la libération à partir de 1985.

(Hébergé un temps chez les jésuites de Buenos Aires en 1969, il rencontre le père Bergoglio qui le recevra… le 18 janvier 2014 au Vatican. Il a été auparavant déclaré « juste parmi les nations »).

 

En Argentine tout ce clergé passé à la révolution agit secrètement. Nous avons signalé l’existence du bulletin « ENLACE ». Celui-ci répercute les informations du père Jorge Vernazza.

En 1969, le journal « La Prensa » a publié un document du Comité central Révolutionnaire Castro- Comunista-Maoista qui fait référence à la situation en Argentine dont les consignes ont été appliquées notamment durant l’affrontement sanglant de 1969 à Cordoba. La satisfaction du Comité est totale : « L’union des étudiants, des ouvriers et des paysans représentera la force la plus puissante pour la libération de l’Amérique » ;

Le MSTM a été un des moteurs de ce combat.

Parmi les consignes on lit : « L’image du Christ doit présider les grands actes de transformation pour s’assurer de la coopération de l’Eglise révolutionnaire ».

Ces consignes figurent en partie dans les conclusions de la Rencontre Nationale du MSTM de COLONIA CAROYA.

 

Nous ne pouvons pas retracer toute cette page d’histoire.

 

 Celui qui ose déclarer l’innocence des prêtres du MSTM et dire qu’ils ne sont pas communistes, oublie cette déclaration du Père Ramondetti du 27-6-1969 : « Nous considérons nécessaire d’éradiquer de façon définitive et totale la propriété privée des

moyens de production » !

 

 

Voici un dernier témoignage qui concerne directement le père Carlos Mugica, soi-disant à l’écoute du peuple, paru dans La Razon (journal qui lui est favorable), le 19 juin 1970 : «  Le père Mugica a montré  l’assimilation du courant marxiste comme une forme plus chrétienne pour accomplir les demandes de l’Eglise… Il a étendu sa condamnation du capitalisme au régime soviétique, où à son avis le système marxiste a été déformé et ne peut exprimer l’essence ‘revendicatrice’ et égalitaire de l’authentique socialisme ». La réunion s’est terminée par l’hymne péroniste.

 

 

Les autorités ecclésiastiques à quelques exceptions près, resteront muettes ou impuissantes malgré les appels au secours des laïcs et des prêtres devant « ce qui est sans aucun doute le mouvement le plus subversif et le plus dangereux en Argentine ».

 

………..

 

Entre autres souvenirs de cette période, nous gardons le souvenir d’une conférence du Père jésuite Guillermo Furlong, en 1964, à Buenos Aires, sur l’admirable évangélisation de L’Argentine. Il a fondé le Conseil National pour l’Histoire Ecclésiastique de l’Argentine.

 

 

 

A suivre …Autre marquage. Le pape qui vient de loin – 5 .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



26/01/2015
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