Bilan des manifestations- première partie
BILAN des manifestations - première partie
Après les manifestations de tout un peuple en marche pour sa liberté le temps est venu de dresser un bilan.
Nous partons de deux évidences non discutables : l’introduction du mariage homo dans la législation est un problème politique. Compte tenu de l’atteinte radicale faite à la loi naturelle et divine c’est un problème de civilisation.
Les actions entreprises par les uns et les autres ne peuvent tendre qu’à la restauration du bien commun objet de la politique. Le bien commun ne peut être établi sans une référence explicite à l’ordre naturel et chrétien.
De fait, ce sont les laïcs catholiques qui ont fourni les analyses les plus substantielles sur ce « mariage » et ses dérivés. Quelques rares évêques ont apporté une contribution non négligeable dans cette bataille par leur enseignement et leur courage face au silence généralisé de leurs confrères et à la meute déchaînée des médias.
Ceux qui ont nié ou passé sous silence le caractère politique et la référence à l’ordre naturel et chrétien se sont complètement égarés en acceptant des alliances, dont nous avons dénoncé ici dès le début les manifestations et l’incohérence.
Les faits nous ont donné définitivement raison. Il n’est pas question de porter un jugement sur les intentions des uns et des autres. Les marcheurs, les veilleurs et tous ceux qui ont participé de la manière la plus humble ou la plus éclatante à cet élan national sont dignes d’éloges.
Seulement il y a un problème. Les responsables n’ont jamais été à la hauteur de l’événement et outre les querelles de personnes et de boutiques, ils ont été la proie des manipulations des hommes politiques.
Ils ont oublié que la démocratie telle qu’elle nous est imposée par des modes de scrutins qui ont changé plus de cent fois en plus de deux cents ans de révolution, est le monde du mensonge de la tromperie et de l’escroquerie. Ils ont oublié que la foule des manifestants, que la pétition monstre ne sont rien face au régime totalitaire qui nous gouverne. Ainsi les succès numériques ont masqué une inexpérience pharamineuse qui s’ajoutait à l’absence de colonne vertébrale doctrinale.
On ne pleure pas sur le déni de démocratie. Cela n’a aucun sens. La démocratie révolutionnaire n’a qu’un seul but maintenir la Révolution au pouvoir !
Heureusement la baudruche UMP a éclaté ; le Front National est ailleurs comme le ministre Jobert en son temps. Reste le PCD. Nous traiterons ce cas à part tant son ambigüité est redoutable. Entre le député Poisson vice président de PCD et orateur UMP pour qui la démocratie est une valeur spirituelle, madame Boutin qui n’en finit pas avec ses allers-retours et les tenants de l’écologie humaine, « amoureux de la dignité humaine », ou encore « le catholique libéral conservateur », nous essaierons de cerner le PCD..
Les universités d’été des différents groupes ont permis d’y voir plus clair dans les orientations de chacun.
Le premier compte rendu, par ordre chronologique, est celui de Renaissance Catholique
Compte rendu par Jeanne Smits paru dans Présent du 16 juillet 2013
Faire voisiner amicalement autour d’une seule table ronde Jacques Bompard, Bruno Gollnisch, Xavier Lemoine, Christian Vanneste, puis Xavier Mirabel pour Alliance Vita, Thierry de la Villejégu pour la Fondation Lejeune, Grégor Puppinck du Centre européen pour la Justice et le Droit, et Luc Perrel de Laissez-les-Vivre peut sembler aller de soi, mais c’est en vérité le signe d’une nouvelle attitude qu’il faudra continuer de cultiver. C’est aussi la leçon de la présence de Thierry Aillet, directeur de l’enseignement catholique du diocèse d’Avignon, aux côtés d’Anne Coffinier et de Michel Valadier, directeur de Saint-Dominique du Pecq, sous l’aimable et dynamique conduite de Gabrielle Cluzel...
De même le voisinage public et le débat courtois, sous la conduite de Michel De Jaeghere, de Laurent Dandrieu, de Valeurs actuelles, Michel Janva du Salon beige, Philippe Maxence de L’Homme nouveau et Aymeric Pourbaix de Famille chrétienne, sous l’égide de Renaissance catholique, marque une vraie nouveauté.
Je ne vous dirai pas la qualité ni le thème de toutes les conférences puisque les obligations du quotidien m’ont privé de plusieurs d’entre elles. Mais signalons tout de même l’« improvisation » magistrale de l’abbé Guillaume de Tanoüarn, remplaçant au pied levé Aymeric Chauprade, empêché, sur les autoroutes du nihilisme : « liberté, égalité, fraternité » où la liberté est devenue une fin et non un moyen, l’égalité une tyrannie, et la fraternité une parodie égoïste, puisque la famille des enfants de Dieu a cédé la place à la juxtaposition d’individus dans une société où c’est d’abord la paternité qui est niée.
À l’applaudimètre, c’est l’intervention de François-Xavier Bellamy, « Transmettre la culture chrétienne », qui a remporté la palme, en toute justice. Ce jeune professeur de philosophie a su à la fois nourrir et éblouir son auditoire en montrant le lien indissociable et organique, dans notre Europe, entre christianisme et culture – « Après la Chrétienté, il n’y a pas de culture ». Il n’a que 27 ans, et ce fut brillant. Qu’est-ce que ce sera dans dix ou quinze ans !
Nous n’avons pas de compte rendu de l’université de LMPT
Nous reviendrons sur l’intervention de Tugdual Derville que l’on peut écouter : Tugdual Derville (Alliance VITA et porte-parole) - YouTube
L’analyse de NdF est à retenir. La voici in extenso.
http://www.ndf.fr/poing-de-vue/16-09-2013/manif-decryptage-recentrage
Manif pour Tous : décryptage sur un recentrage
Il y a encore quelques mois encore le scénario était clair : Frigide Barjot, c’était la ligne irénique de la Manif pour tous, désavouée par un mouvement qui ne voulait lâcher ni sur le fond, ni sur la forme ; inversement, la nouvelle direction de la Manif pour tous adoptait une ligne sans équivoque, notamment sur le refus de l’union civile. Tout semblait parfait. La partition semblait impeccable. Le hic, c’est que l’éviction de Christian Vanneste des universités d’été de la Manif pour Tous semble donner une autre musique. Plutôt que de m’arrêter à cette anecdote, je préfère réfléchir sur ce qui pousse à une situation qui a surpris plus d’un observateur.
Tout d’abord, un mouvement, comme la Manif pour Tous ne peut s’affranchir d’un respect du discours médiatique, fût-il contesté et contestable. Cette contestation d’un certain modèle familial doit se faire en respectant certaines lignes. La Manif pour Tous est regardée médiatiquement, donc, d’une certaine manière surveillée (quand on se montre, on s’expose, et réciproquement). Si elle n’a pas l’irénisme de son ancienne égérie, elle n’a pas totalement rompu avec la prudence du « milieu ». Ces lignes, on les connaît : refus de l’homophobie – alors même que le concept et ambigu, admission d’une certaine pluralité des choix de vie, etc. On a reproché à Frigide Barjot de toujours vouloir les respecter. Y compris dans les moments les plus critique où la Manif pour Tous avait l’occasion de réaliser un « coup ». Il n’empêche que ces lignes continuent à exister et que rien n’indique que la direction actuelle de la Manif pour Tous s’en soit affranchie. Le voudrait-elle qu’elle ne le pourrait pas le faire entièrement.
Ainsi, à la différence de la Manif pour Tous, Civitas s’est clairement affranchi de ces pudeurs, quitte à assumer une relégation médiatique et sociologique. Son ampleur est plus limitée, alors que la Manif pour Tous reste un mouvement généraliste. La différence est que, Civitas est apparu dans un cadre (j’entends par là tout ce qui se situe dans la mouvance de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X) qui, intellectuellement et médiatiquement, était déjà en rupture avec le système. Il est beaucoup plus difficile de s’en distancer quand on est né dedans ou quand on l’avoisine. On pouvait clairement le dire pour Frigide Barjot qui, par son itinéraire, baignait dedans. Mais une fois partie, on remarque que cela ne change rien à l’affaire : les dirigeants de la nouvelle équipe ne sont pas affranchis du système. La Manif pour Tous s’est donc recentrée au cours de ces derniers mois, mais pas au point de soutenir un discours aussi ferme que celui de Civitas.
Les lignes rouges à ne pas franchir – l’expression est d’actualité… – sont toujours là. On peut dire que depuis ses propos polémiques et sa non reconduction aux élections législatives, Christian Vanneste sent le souffre. Y compris dans les cercles qu’il fréquente. Dans une société aussi permissive que la nôtre, il reste encore des totems et des tabous. Christian Vanneste est manifestement un de ces tabous. Pour tous les mouvements qu’il a pu approcher, il reste une figure embarrassante. Cela en dit long sur la question du paraître qui demeure la première question que tout groupe bien en vue et ayant pignon sur rue se pose. On comprend aussi pour quelles raisons Jean-François Copé préfère se rallier aux injonctions d’Harlem Désir ou de François Hollande sur l’excommunication du FN. Alors même que les électeurs et les sondés approuvent l’attitude de François Fillon, les contempteurs de ce dernier préfèrent se ranger au discours médiatique ambiant qui pourtant se fissure. Il serait intéressant de savoir qui craquera en premier, car, au rythme où vont les choses, des chapes de plomb sont en train de tomber.
Un autre élément peut expliquer cette délicate position : la logique du recentrage, qui reste inhérente à tous les mouvements qui rencontrent un certain succès. Quand on recueille une adhésion plus large dans une société comme la nôtre, c’est forcément au prix d’une certaine respectabilité. C’est, par exemple, ce qui peut arriver au FN, à moins que ce ne soit déjà le cas. Il faut alors devenir plus présentable et écarter tout ce qui rend suspect. Les figures de la veille finissent par être écartées au profit de personnes plus consensuelles. Ce mouvement est-il inéluctable ? Je ne sais. Mais en revanche, il convient que toute action soit entreprise avec des cadres formés, informés et lucides.
Plus généralement, on a beau dénoncer les nouvelles barbaries, la perte du savoir-vivre : cette observation est juste, mais elle ne résume pas totalement l’étrange société policée qui nous caractérise. On me pardonnera de citer Alain de Benoist, mais il n’est pas exagéré de dire que l’on ne fait pas la révolution avec des gens bien élevés… Nos combattants ont encore des réflexes de petits bourgeois, alors même que le succès des veilleurs et les accueils ministériels démontre que l’on gagne à être un peu plus provoquant. On n’aime pas critiquer et se démarquer pour ne pas choquer. On se rabat sur des démarches plus prudentes, mais bien moins courageuses. Il y a encore beaucoup de respect humain. On sait que lorsqu’on révèle, on fâche… On est trop poli. Les catholiques n’y échappent pas. Pourtant, se démarquer d’un consensus qui devient de plus en plus artificiel est une démarche salutaire et nécessaire. Ces bons esprits se souviennent-ils de cette remarque de Bernanos qui disait que le signe du démon était non la désobéissance, mais la soumission ?
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