Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

L'Homme Nouveau, n° 1447, samedi 6 juin 2009, "Le billet de François Foucart"

L'Homme Nouveau, n° 1447, samedi 6 juin 2009

Le billet de François Foucart

La longue dérive du CCFD

Le titre d'un ouvrage récemment paru m'avait intrigué : Le terrorisme pastoral (1). En fait, il s'agit d'un sujet qui fit quelques bruits dans les années 1980 : le Comité catholique contre la Faim et pour le Développement (CCFD), association humanitaire très officiellement soutenue par l'épiscopat. À l'époque, plusieurs articles retentissants avaient paru dénonçant, preuves à l'appui, l'usage parfois scandaleux des fonds versés par les braves gens, notamment au moment du Carême : financement de mouvements révolutionnaires en Amérique du Sud, d'une radio communiste au Vietnam, d'une revue anti-Pinochet au Chili (La Bicycletta), participation à la défense armée du Front Sarahoui alors qu'il était question de lait en poudre, etc. À Lourdes, lors de l'Assemblée plénière de l'épiscopat, je me souviens avoir vu, Mgr Vilnet, alors Président, dire après avoir lu le titre mais pas l'enquête : « Nous nous élèverons toujours contre la calomnie. » Mgr Vilnet, grand ami du CCFD, se trompait cependant. Le CCFD fit un procès qu'il perdit,contrairement à ses dires (en faisant l'amalgame avec une autre procédure contre l'UNI), et le substitut Philippe Bilger avait dit que les faits étaient établis : «J'ai le sentiment ici que le religieux se dévoie dans le politique et que le politique pour se justifier est ressourcé dans le religieux. »

Vingt-cinq ans après qu'en est-il et l'épiscopat a-t-il fait amende honorable ? Guillaume Maury, auteur de l'article en 1985, et d'un premier ouvrage (L'Église et la subversion), et qui signe aujourd'hui de son vrai nom Jean-Pierre Moreau, affirme et démontre que non.

Rien ne semble avoir changé si ce n'est que l'on en parle moins dans les églises, mais plus dans les instances internationales (qui drainent beaucoup d'argent). Certains évêques, piégés par une lecture oblique de l'Évangile, par le politiquement correct et le désir de paraître dans le vent humanitaire, continuent à refuser de voir les choses en face. C'est pourtant simple. Oui, il faut d'abord que les gens aient le ventre plein avant de leur présenter l'Évangile. Oui, l'action humanitaire est nécessaire et signe de chrétienté. Oui, les 15 000 bénévoles du CCFD sont de braves gens, généreux. Mais ils sont désinformés : ils ignorent qu'une manipulation idéologique de la religion, le retour obstiné d'une certaine théologie de la libération, sont catalyseurs de tensions et même de violence dans le tiers-monde. On verra avec bien des détails que le CCFD est moteur dans le fameux Forum social du Brésil comme on verra l'affiliation au groupe « Paroles » très anti-Vatican. On verra enfin que les évêques français ne veulent pas se convertir à la vérité. Le dossier, pourtant, est là, à nouveau.



01/09/2009
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