L'idéologie de la culture de la rencontre 8
CULTURE DE LA RENCONTRE 8
L'analyse exceptionnelle de l'ambassadeur d'Argentine près le Saint Siège, Vicente Espeche Gil, mérite la plus grande attention. (cf suite de l'article précédent Culture de la rencontre 7).
C'est à ma connaissance la seule analyse qui existe – sur la culture de la rencontre- rapportée à la vie diplomatique du défunt pape et à sa politique internationale.
L'ambassadeur introduit son propos par une citation du pape adressée aux participants à la rencontre internationale pour la paix organisée par la communauté de Sant'Egidio le 30 septembre 2013, soit 6 mois après son élection.
Ce n'est pas un hasard. Outre sa volonté politique affirmée en Argentine, Sant'Egidio est un vecteur privilégié de l'action du pape à l'international. Cette association suivant ce que l'on dit est financée en partie par USAID. A titre d'information il faut savoir que le président Macron a été invité à Rome par Sant' Egidio ; il s'adresse le 23 octobre 2022 pour La rencontre interreligieuse pour la paix. A 17 heures, il prononce une conférence intitulée : LE CRI DE LA PAIX. Il y avait comme intervenant le... Cardinal Aveline.
Introduction de l'Ambassadeur
« Chacun de nous est appelé à être un artisan de la paix, unissant et non divisant, éteignant la haine et ne l'alimentant pas, ouvrant les chemins du dialogue et n'élevant pas de nouveaux murs. Dialoguer, se rencontrer pour instaurer dans le monde la culture du dialogue, la culture de la rencontre ».
L'abondance des références de rencontres avec le corps diplomatiques est également des plus importantes et des plus significatives : « La vision humaniste de François, à la lumière de ces signes (les horreurs de la guerre , de l'avortement, de l'esclavage moderne), surgit la nécessité de générer une culture alternative de la rencontre capable de promouvoir la justice et la paix dans les relations humaines selon une continuité sociale ininterrompue qui va depuis les relation interpersonnelle de la société familiale jusqu'à la haute politique des relations internationales englobant à la fois tous les relais intermédiaires ».
« Dés la première année de son pontificat, François a associé la diplomatie à la culture de la rencontre ».
Dès le mois de décembre 2013 le pape promeut la culture de la rencontre : diplomates italiens, à Lampedusa, au Brésil, aux Etats-Unis, aux Nations Unies, en Amérique du Sud. « Dans l'ordre international, le pape en tant que chef du Saint Siège », est investi d'un pouvoir reconnu comme celui d'un chef d'Etat. « Un tel caractère lui permet d'être un agent personnel, littéralement unique pour la promotion de la culture de la rencontre ».
Alors que la doctrine social de l’Église a pour agents la hiérarchie et les laïcs qui agissent dans la vie sociale et politique , « la doctrine de l' Eglise concernant les relations internationales, a pour agent la personne du pape et ses agents diplomatiques dirigés par la Secrétairerie d'Etat ».
L'ambassadeur précise que François a voulu faire connaître sa vision du monde et des relations internationales. « Parmi toutes les sources il y en deux qui illustrent particulièrement la vision que François a du monde : le document final de Aparecida, que dans les premier temps de son pontificat , François avait l'habitude d'offrir aux chefs d'Etat et de Gouvernement qui lui rendaient visite, et l'encyclique Lauda Si. ».
« Si la globalisation est une sphère où chaque point est égal et équidistant du centre ce n'est pas bon. Si la globalisation est comme un polyèdre où tous sont unis, chacun conserve sa propre identité, c'est bien et fait croître chaque peuple et donne la dignité à tous les hommes et leur donne des droits ». (mensaje jornada Mundial de la Paz 2015)
« Les pères synodaux ont rappelé l'importance du respect de la liberté religieuse, considérée comme une droit humain fondamental. Elle comprend « la liberté de choisir la religion que l'on estime vraie et de manifester publiquement sa propre croyance. Un sain pluralisme qui dans la vérité respecte les différences et les valeurs comme telles, n'implique pas une privatisations des religions, avec la prétention de les réduire au silence, à l'obscurité de la conscience de chacun, ou à la marginalité de l'enclos fermé des église , des synagogues et des mosquées. Il s'agirait en définitive d'une nouvelle forme de discrimination et d'autoritarisme. » ( EG §255).
L'ambassadeur conclut : « le processus de changement culturel que François propose est volontaire pour être dialogué, raisonnable , consensuel, convaincant, accepté et orienté vers la pratique ».
« L'Eglise en premier lieu, et les chrétiens sont appelés à un changement... qu'on appelle la conversion. La rencontre du cœur des personnes, des familles des sociétés et des pays vers un ordre global dans la justice et la paix la solidarité et la miséricorde. »
Il est clair que la culture de la rencontre globale ou polyèdrique s'apparente à une utopie jamais égalée - ( nous étudierons celle de Jules Michelet : L'Humanité) - qui vise à une paix universelle difficilement réalisable....que l'humanité ignore depuis le péché d'Adam et Eve !
Comment pareil programme a-t-il pu germé dans la tête de Jorge Bergoglio depuis les quatre faux principes inventés par les jésuites argentins ?
A la quatrième page de son analyse, l'ambassadeur indique une voie.
« Pour le Pape François, une véritable globalisation devrait respecter l'idiosyncrasie des peuples et conserver chaque identité et particularité, pour les unir harmonieusement pour la recherche du bien commun ».
Ce mot rarement employé, figure dans le titre du livre d'un auteur argentin : Littérature argentine et idiosyncrasie ( Literatura argentina e idiosincrasia- 2002). C' est une remarquable analyse des origines littéraires de l'homme argentin.
Nous n'avons jamais trouvé le mot « idiosyncrasie » (réaction individuelle propre à chaque homme) chez les auteurs jésuites ni chez Jorge Bergoglio, jésuite puis pape.
Dans son livre de 500 pages, Paul Verdevoye, analyse en détail toute la littérature argentine et consacre au Martin Fierro une vingtaine de pages que l'évêque de Buenos Aires a sans doute lues ! Il est un « fan » du Martin Fierro modèle humain de l'appartenance au peuple argentin. Il cite fréquemment ce
poème gaucho.
Le travail exceptionnel de Paul Verdevoye est justement présenté comme « fondamentalement celui d'un humaniste pour le bien de notre culture, un humaniste intéressé aux aspects essentiels de l'histoire et de la littérature argentine ». (pages XXII).
Humaniste c'est à dire hors de toute religion comme le souhaite le pape Bergoglio !
A l'autre extrémité,non plus humaniste mais religieuse nous avons aussi une explication plus directe de ce souci du pape François d'atteindre le « graal » de la culture de la rencontre.
Très étonnamment , après la réunion des Centres d'Investigation et d'Action Sociale (C.I.A.S .) d'Amérique Latine du 25 au 29 juin 1966, le général Arrupe mobilise ses troupes. Le plan de conquête du continent sud américain est établi.
Au chapitre III d'une lettre du 12 décembre 1966, la main du général n'a pas tremblé :
« A tous les pères membres des CIAS d'Amérique latine . L e devoir de la compagnie : humaniser la société ».- page 63- ( La carta del Padre Arrupe : requiem por el constantinismo - Editorial nova terra -1968 ).
« C'est mon intention de manifester à tous, en commençant par vous-mêmes, ma décision pour que la Compagnie s'efforce, à la tâche d'humaniser la société, (souligné par nous) grâce à une détermination renouvelée. Je dis nouvelle détermination parce que c'est la stratégie même du gouvernement de la Compagnie d'essayer d'acquérir une plus grande adaptation : on espère que votre coopération à travers le nouveau CLACIAS, dans le traitement de la coordination de l'action des divers CIAS, aidera à atteindre plus de souplesse, plus d'efficacité. »
« Je veux vous presser personnellement de prendre la résolution inébranlable de réajuster non seulement vos programmes et vos moyens d'action, mais de vous réajuster vous-mêmes et de vous transformer – un par un et en équipe- en hommes -saturados- (remplis) de Dieu. ; hommes qui pénétreront plus avant les injustes déséquilibres socio-économiques, qui auront vu de leurs propres yeux cet autre « déséquilibre plus fondamental qui plonge ses racines dans le plus profond de l'homme « ( Gaudium et spes n. 10).
Il souhaite à ses confrères jésuites de recevoir les dons du Seigneur : le don de sagesse, le don de compréhension, le don de conseil, le don de science, le don de force, le don de piété et le don de la crainte de Dieu. ( pages 64 et 65).
Cette "humanisation" est présentée à travers la vie et la mort de Camillo Torres, le témoignage du père Houtart, le père Ivan D. Illich. Etc.
Le Concile a été un aboutissement et la mise en oeuvre de rapports nouveaux avec le monde au nom d'une fraternité humaine très large, une fraternité humaine idéalisée pour résoudre les conflits à tous les niveaux. La référence évangélique n'est plus nécessaire car elle est trop sous le « contrôle hiérarchique », constantinien, comme le précise le titre du livre que nous citons.
Tout ce programme va se dérouler et restera sous contrôle jésuite comme nous le verrons en reprenant la synthèse du père Juan Carlos Scannone et la théologie du peuple mise « au point » par les jésuites argentins et leurs élèves dont le pape François avec la synodalité diocésaine et universelle.
Nous sommes en 1966, le général des jésuites demande à ses frères avec une rare arrogance et une insistance troublante , d'HUMANISER La SOCIETE !
Pas de l'évangéliser, pas de la catéchiser NON ! Comme si l'humain pouvait s'exempter du divin pour être !
Le programme des CIAS est une copie de la JOC :faire du social pour convertir, avec reprise du Voir Juger Agir que le père Scannone va développer en religiosité populaire , en insertion de l’Église dans le parcours historique des peuples etc...ou encore en un courant à l'intérieur de la théologie de la libération !
Voilà ce qui, en 1966, préfigure ce que le maître à penser de Bergoglio déclarera : « Comme toute la théologie de la libération, le courant argentin emploie la méthode « voir , juger agir »-in, La théologie du peuple, racines théologiques du pape François page 37!(2012).
Il faut « mesurer » l'insondable crasse intellectuelle de nos clercs et de nos journalistes accrédités pour comprendre l'effondrement de l’Église catholique !
On pourra lire Movimiento de sacerdotes para el tercer mundo , la otra iglesia ( Républica Argentina 1967-1976). thèse présentée par Maria Lujan de Paz sous la direction de Ruben DRI à l'Université Nationale de LA PLATA. ( Licence de sociologie.)
À suivre...
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