La sainteté n'est plus ce qu'elle était !
La curieuse exhortation apostolique sur la sainteté
Le lecteur de cette exhortation ne manquera pas d'être surpris par une introduction à l'humilité ostentatoire qui est contredite par l'avalanche de citations tirées des auteurs les plus remarquables et du Concile de Trente. Saint Augustin, Saint Thomas d'Aquin, Saint Jean de la Croix et d'autres plus récents comme Saint Jean-Paul II et Mère Térésa etc...
« Insérer l'appel à la sainteté dans le contexte actuel » quel bel objectif !
Notre surprise s’accroît encore davantage au deuxième chapitre !
« Deux ennemis subtils de la sainteté », vise le gnosticisme et le pélagianisme. C'est une reprise du document de la Doctrine de la Foi qui présentait la théologie du pape. L'avantage est que les informateurs religieux ont dû se replonger dans une encyclopédie, internet ou pour les plus studieux dans le dictionnaire de la foi catholique.
Ces deux hérésies seraient aux dires du pape les erreurs majeures de la société contemporaine et les obstacles à la sainteté. On pourrait le croire si nous ne savions pas qu’il s’agit là d’une grosse ficelle bergoglienne pour attaquer sans les nommer les fidèles respectueux de la Tradition.
Aller chercher deux hérésies du fond des âges pour nous parler de la sainteté dans le monde actuel, c’est une pirouette de dialecticien madré qui craint d’être découvert en disant les choses droitement . La crise théologique spirituelle et intellectuelle d’aujourd’hui n’a nul besoin de ces vieux oripeaux pour être intelligible à nos contemporains
Et ils ne sont pas nombreux ceux qui ont fait le détour par les premiers siècles de l’Eglise pour être actuels ! En bref si les hérésies ne se renouvellent guère cela permet à notre jésuite de se souvenir d’un débat cher à la Compagnie sur la nature et la grâce !
L’erreur actuelle est connue : c’est le relativisme, stigmatisé et décrit par Benoit XVI. On peut aussi se reporter à la formule du cardinal Siri, « La désagrégation pluraliste ».
C’est l’histoire et la disponibilité à l’Esprit Saint « qui rendent disponibles pour accueillir un appel qui brise les sécurités » (172)
« Une telle attitude d’écoute implique, c’est certain, l’obéissance à l’Evangile comme ultime critère, mais aussi au Magistère qui le garde en cherchant à trouver dans le trésor de l’Eglise ce qui est le plus fécond pour l’aujourd’hui du salut. Il ne s’agit pas d’appliquer des recettes ni de répéter le passé, puisque les mêmes solutions ne sont pas valables en toutes circonstances, et ce qui serait utile dans un certain contexte peut ne pas l’être dans un autre ». (173).
Le trésor de l’Eglise est-il dans les vieilles recettes et le psittacisme ? De quelles recettes s’agit-il ?
On reste stupéfait devant ces balivernes car une seule société s’est maintenue depuis deux mille ans, c’est l’Eglise catholique ! Alors question adaptation elle est vraiment Mater et Magistra et ne connaît pas les recettes mais les paroles de la vie éternelle !!
Obéir à l’Evangile n’est pas l’ultime critère ! Mais l’obéissance au Magistère. L’inversion pontificale est significative.
Le pape donne lui-même un exemple de ce changement historique dans le monde actuel :
« On entend fréquemment que face au relativisme et aux défaillances du monde actuel, la situation des migrants, par exemple, serait un problème mineur. Certains catholiques affirment que c’est un sujet secondaire à côté des questions « sérieuses » de la bioéthique. Qu’un homme politique préoccupé par ses succès dise une telle chose, on peut arriver à la comprendre mais pas un chrétien… » (102)
On remarquera la présentation parfaitement injuste et tendancieuse : récupération du mot « relativisme », « problème mineur » « sujet secondaire » et enfin les guillemets pour sérieuses !
Migrants contre bioéthique
Cette dialectique est tout simplement monstrueuse !
1 L’accueil ou non de migrants dans un pays relève de l’autorité politique – pouvoir temporel- qui doit garantir la paix civile et le respect des lois à l’intérieur de ses frontières. Il n’appartient pas à l’autorité spirituelle de stigmatiser l’autorité temporelle ni quelque fidèle que ce soit pour défendre et faire respecter la paix c’est-à-dire la tranquillité de l’ordre.
2 Le terme de bioéthique recouvre divers sujets fondamentaux pas seulement pour un Etat mais pour toutes les sociétés et en dernière analyse la bioéthique relève de la loi naturelle et divine. Cet objet est supérieur en soi à l’acceptation ou non des migrants, il est premier dans l’ordre absolu des priorités pour la survie de toute société.
Le pape ne pouvait donner un meilleur exemple de ces calembredaines du monde actuel ! Les fidèles ne veulent pas de ce qu’il nomme avec mépris l’ « autoréférentialité » derrière laquelle se cacherait Satan (165). Il s’agit des lois éternelles !
Le pape ne brise pas les sécurités, il abolit d’un coup les commandements de Dieu !
Comme l’a déclaré Mgr AILLET « le projet de loi sur la bioéthique aggrave l’atteinte à la vie » !
Désolé, Saint Père François (nom dans le titre de l’exhortation), nous ne vous obéirons pas …il faut revoir votre copie !
PS – Nous ajoutons à notre analyse une partie de celle publiée par Media-Press- Info.
Particulièrement pertinente elle montre une fois de plus l’approximation des références pontificale pour ne pas dire leur sollicitation.
Si le pape rappelle que les Béatitudes sont la voie de la sainteté, il en donne là-aussi une lecture progressiste. Car tout en soulignant que nous serons juger sur la charité (Mt 25, 36) il ne discerne cette charité que dans les œuvres de miséricorde, qui plus est considérées sous leur aspect d’engagement social :
« il ne s’agit pas seulement d’accomplir quelques bonnes œuvres mais de rechercher un changement social. » (§99)
dont il fait le va-tout de la sainteté. Tout engagement humaniste est bon, de la défense de la vie à l’accueil du migrant :
« Est également préjudiciable et idéologique l’erreur de ceux qui vivent en suspectant l’engagement social des autres, le considérant comme quelque chose de superficiel, de mondain, de laïcisant, d’immanentiste, de communiste, de populiste. (…) La défense de l’innocent qui n’est pas encore né, par exemple, doit être sans équivoque, ferme et passionnée (…). Mais est également sacrée la vie des pauvres qui sont déjà nés, de ceux qui se débattent dans la misère, l’abandon, le mépris, la traite des personnes, l’euthanasie cachée des malades et des personnes âgées privées d’attention, dans les nouvelles formes d’esclavage, et dans tout genre de marginalisation. Nous ne pouvons pas envisager un idéal de sainteté qui ignore l’injustice de ce monde où certains festoient, dépensent allègrement et réduisent leur vie aux nouveautés de la consommation, alors que, dans le même temps, d’autres regardent seulement du dehors, pendant que leur vie s’écoule et finit misérablement. » (§101)
Il ne faut donc pas être étonné, après la lecture de ce quelques lignes qui assimilent la sainteté au volontariat social, qu’il n’y ait aucune mention de la vertu de religion comme moyen premier pour accéder à la sainteté. Saint Thomas d’Aquin l’explique cependant clairement : la vertu de religion est supérieure à toutes les autres vertus morales, est spécialement liée à la charité et s’identifie avec la sainteté (II-II q. 81) : « la sainteté est une vertu spéciale, et l’on peut alors d’une certaine façon l’identifier à la religion. » ; « c’est la religion qui touche de plus près à Dieu: elle nous fait accomplir des actes directement et immédiatement ordonnés à son honneur » tels le sacrifice et l’adoration. Mais la vertu de religion commande également les actes propres de la miséricorde telle la visite des orphelins et des veuves puisque « toute œuvre vertueuse est appelée sacrifice en tant qu’on l’ordonne à l’honneur de Dieu ».
Mais pour le pape actuel, aucune mention de cette vertu de religion, ordonnée à la Gloire de Dieu, pour se sanctifier, mais uniquement de la miséricorde :
« Celui qui veut vraiment rendre gloire à Dieu par sa vie, celui qui désire réellement se sanctifier pour que son existence glorifie le Saint, est appelé à se consacrer, à s’employer, et à s’évertuer à essayer de vivre les œuvres de miséricorde. » (§107)
parce que, écrit-il au paragraphe 106, en travestissant Saint Thomas (Cf. Somme Théologique, II-II, 30, a. 4.) : « nos actions les plus grandes », celles « qui manifestent le mieux notre amour de Dieu » « sont les œuvres de miséricorde envers le prochain, plus que les actes de culte ». Or Saint Thomas, dans la même question, s’il note que « parmi les vertus relatives au prochain, la miséricorde est la plus excellente », affirme pourtant que « la miséricorde n’est pas la plus grande des vertus » parce que « chez l’homme, qui a Dieu au-dessus de lui, la charité qui l’unit à Dieu vaut mieux que la miséricorde, qui lui fait secourir le prochain » :
« le sentiment intérieur de charité qui nous unit à Dieu l’emporte sur l’amour et la miséricorde envers le prochain. La charité nous rend semblables à Dieu en tant que nous unissant à lui par affection. Elle est donc préférable à la miséricorde, qui nous rend semblables à lui seulement par la similitude des œuvres. »
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 205 autres membres