Le Terrorisme pastoral

Le pape en Irak : le vrai visage du voyage

Pour ne pas nous égarer nous commencerons par rapporter les propos de Mgr Gollnisch au JDD le 28 février :

« Pour le pape, il s’agit d’apporter un soutien à la nation irakienne. Il n’y va pas pour conforter les chrétiens face aux musulmans ou contre eux Il se rend sur place au contraire pour rendre au peuple irakien sa dignité, alors que sa dignité a été bafouée pendant des années par les violences et les intrusions étrangères. C’est dans l’espérance et la confiance d’un avenir meilleur que les chrétiens d’Irak peuvent trouver leur place et construire leur avenir avec les musulmans ».

Il est clair, et le voyage, les paroles et les rencontres du pape ne sont en rien un acte évangélisateur. La puissance qui commande encore en Irak sont les Etats-Unis et ce voyage n’a été possible qu’avec leur autorisation. Les USA préparent la guerre contre l’Iran et ils ont besoin que l’Irak à majorité chiite soit sous contrôle. Au cœur de Bagdad la zone de l’ambassade américaine est plus grande que l’état du Vatican. Les troupes officielles américaines ont été réduites de façon significative mais pas les contractors (environ dix mille), organisations militaires privées.  Ont assassinés en même temps le 3 janvier 2020, en Irak, le chef d’Etat-Major des gardiens de la révolution iranienne, Gassem Soleimani, et son lieutenant en Irak Abou Mahdi Al-Mohandis… héros de la victoire sur DAESH.

L’Irak visité par le pape entre encore dans la catégorie des démocraties fréquentables face à l’Iran. Le 20 août 2020, le Premier Ministre irakien, Moustafa al Kazimi, a été reçu par le Président Trump. La stabilité de l’Irak est essentielle pour les Etats Unis face à l’Iran.

Les chrétiens, toutes confessions confondues représentent moins de 1% des 37 millions d’habitants. Ils sont soumis à la constitution de 2005 qui stipule :

• « L'Islam est la religion d'État et un fondement essentiel de la législation du pays, et aucune loi ne peut être contraire aux dispositions établies de l'Islam.
• La Constitution est la loi suprême du pays⁹. Aucune loi ne peut être adoptée que contredit la constitution.
• Le 6 mars dernier lors d’une émission d’Eric Brunet sur LCI, le professeur Del Valle a expliqué ce qu’était la condition des chrétiens dans un pays islamique tel que l’Irak. « Quand la charia est source officielle du droit ce n’est jamais bon pour les chrétiens… Elle stipule que juifs et chrétiens sont inférieurs aux musulmans ». Tout le monde sait cela ! Et Del Valle espérait que le pape dirait au moins un mot sur cette inégalité fondamentale. Evidemment il n’en a rien été !
• Les chrétiens d’Irak sont soumis notamment en matière de mariage à la Charia et une musulmane ne peut pas épouser un chrétien.
• La dignité du peuple irakien est garantie dans la constitution par sa relation fondamentale à l’islam.

Les commentateurs ont avec juste raison souligné les paroles de réconfort du pape aux communautés chrétiennes ; mais s’il a encouragé les chrétiens à revenir dans le pays. Il n’a pu le faire qu’avec l’assentiment des autorités qui savent pertinemment  ce que cela signifie. Le pape n’a pas dit la vérité : il a demandé à des chrétiens de revenir sous la loi de l’Islam ! Et personne ne s’en est offusqué. Je ne crois pas non plus que MGR Gollnisch n’ait été précis sur la chose en souhaitant le retour des chrétiens. Le pape a au nom des grands principes qu’il proclame, masqué la REALITE !

Pire encore le directeur éditorial du dicastère pour la Communication du Vatican Andrea Tornielli, qui n’a pas peur des mots, parle des discours programmatiques du pape François à Bakou, au Caire et à Ur. Il noie le sort des chrétiens dans une rhétorique de « religiosité authentique ». Tout le texte est à lire sur ZENIT (10 mars 2021) : engagement pour la cause de la paix, réponse aux problèmes et aux besoins concrets des derniers, des pauvres et personnes sans défense ! La conclusion renferme toute la philosophie de l’illuminisme mondialiste :

« Le « fil rouge » qui relie les trois interventions importantes du pape François, résume Tornielli, concerne « le dialogue interreligieux, et en particulier celui avec l’islam ». « C’est un magistère, poursuit-il, qui indique une feuille de route avec trois points de référence fondamentaux : le rôle de la religion dans nos sociétés, le critère de religiosité authentique et la manière concrète d’avancer en frères et de construire la paix ».

Les chrétiens sous domination islamique sont livrés aux bêtes comme les chrétiens chinois au parti communiste ! FRATELLI TUTTI !

Qu’a dit le pape ?

Il faut suivre très attentivement tous ses discours officiels.

« Je suis heureux de l’opportunité qui m’est offerte de faire cette visite, longtemps attendue et désirée, en République d’Irak, de venir sur cette terre, berceau de la civilisation, étroitement liée, à travers le Patriarche Abraham et de nombreux prophètes, à l’histoire du salut et aux grandes traditions religieuses du judaïsme, du christianisme et de l’islam.

«… » 

« Je salue affectueusement les évêques et les prêtres, les religieux et les religieuses et tous les fidèles de l’Eglise catholique. Je viens en pèlerin pour les encourager dans leur témoignage de foi, d’espérance et de charité dans la société irakienne. Je salue aussi les membres des autres Eglises et Communautés ecclésiales chrétiennes, les musulmans et les représentants des autres traditions religieuses. Que Dieu nous accorde de marcher ensemble, comme des frères et des sœurs, dans «la forte conviction que les vrais enseignements des religions invitent à demeurer ancrés dans les valeurs de la paix […] de la connaissance réciproque, de la fraternité humaine et de la coexistence commune » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019).

« Ma visite a lieu au moment où le monde entier cherche à sortir de la crise de la pandémie de la Covid-19 qui non seulement a touché la santé de nombreuses personnes, mais qui a aussi provoqué la détérioration de conditions sociales et économiques déjà marquées par la fragilité et l’instabilité. Cette crise exige des efforts communs de la part de chacun pour faire les nombreux pas nécessaires, parmi lesquels une distribution équitable des vaccins pour tous. Mais cela ne suffit pas: cette crise est surtout un appel à «repenser nos modes de vie, […] le sens de notre existence » (Enc. Fratelli tutti, n. 33). Il s’agit de sortir de ce temps d’épreuve meilleurs que nous étions avant, de construire un avenir fondé davantage sur ce qui nous unit que sur ce qui nous divise. » (souligné en rouge par nos soins)

« La religion, de par sa nature, doit être au service de la paix et de la fraternité. Le nom de Dieu ne peut être utilisé pour « des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression » (Document sur la fraternité humaine, Abu Dhabi, 4 février 2019)

Ces paroles ont été prononcées le 5 mars devant le Président, les membres du Gouvernement du Corps diplomatique. Elles constituent le thème qui sera décliné sous diverses formes durant tout le séjour pontifical.

Aux fidèles réunis avec le Patriarche Ignace Youssif Younan et le cardinal Louis Sako, le pape réserve ses lieux communs « construire des ponts », répandre des semences de réconciliations et de coexistence », partout les jeunes sont porteurs d’espérance », « construire un avenir nouveau ». etc…

L’homélie à Bagdad échappe à l’idéologie.

La rencontre avec le grand ayatollah Al-Sistani chef spirituel des chiites irakiens, iranien de naissance est un chef d’œuvre !

Si on peut mettre à son crédit la mobilisation des chiites contre Daesh (sunnites) il n’en reste pas moins qu’il a déclaré que « les homosexuels hommes ou femmes devaient être tués de la pire manière qu’il soit ».

Mais cela n’interfère en rien avec l’admiration du pape pour le grand ayatollah : « Je me suis senti honoré »

« Je crois que cela a été un message universel, j’ai senti le devoir de faire ce pèlerinage de foi et de pénitence et d’aller trouver un grand, un sage, un homme de Dieu, cela se percevait simplement en l’écoutant », a ajouté François.

« C’est une personne qui a cette sagesse mais aussi la prudence. Il m’a dit que depuis 10 ans, il ne recevait pas de visiteurs avec des objectifs politiques ou culturels, seulement ceux ayant des motifs religieux. Il a été très respectueux pendant notre rencontre et je me suis senti honoré. Il ne se lève jamais pour saluer un visiteur, mais il s’est levé pour me saluer par deux fois », a-t-il raconté

: »

Plus encore : « C’est un homme humble et sage ; cela m’a fait du bien à l’âme ».

Comme l’écrit une commentatrice patentée : « Une étape décisive dans le dialogue interreligieux, avec cette inclusion, au plus haut niveau, et pas seulement sur le terrain, de l’islam chiite dans les rencontres avec l’Eglises catholique » !

L’INCLUSION VOUS-DIS JE !

Dans la ville d’Abraham l’idéalisme culmine : « Ce lieu béni nous reporte aux origines, aux sources de l’œuvre de Dieu, à la naissance de nos religions. Ici, où  vécu Abraham, notre père, il nous semble revenir à la maison. C’est ici qu’il entendit l’appel de Dieu, d’ici il partit pour un voyage qui devait changer l’histoire. Nous sommes le fruit de cet appel et de ce voyage. Dieu demanda à Abraham de lever les yeux vers le ciel et d’y compter les étoiles (cf. Gn 15, 5). Dans ces étoiles, il vit la promesse de sa postérité, il nous vit. Et aujourd’hui, nous, juifs, chrétiens et musulmans, avec nos frères et sœurs d’autres religions, nous honorons notre père Abraham en faisant comme lui : nous regardons le ciel et nous marchons sur la terre. »

 Nous ne dirons rien de cette exégèse de comptoir !

Et encore « : Nous croyants, nous ne pouvons nous taire lorsque le terrorisme abuse de la religion »

« Il nous revient, humanité d’aujourd’hui, et surtout à nous croyants de toute religion, de convertir les instruments de haine en instruments de paix ».

La prière des enfants d’Abraham reflète de façon définitive l’illuminisme pontificale que rien ne peut étonner.

« Dieu Tout-Puissant, notre Créateur qui aime la famille humaine et tout ce que tes mains ont accompli, nous, fils et filles d’Abraham appartenant au judaïsme, au christianisme et à l’islam, avec les autres croyants et toutes les personnes de bonne volonté, nous te remercions de nous avoir donné comme père commun dans la foi, Abraham, fils éminent de cette noble et bien-aimée terre. »

Sauf que les juifs n’étaient pas représentés… Il en reste une poignée. Ils ont été exterminés et ceux qui restaient ont rejoint Israël lors de la création de l’Etat juif !

A cette rencontre un prêtre a chanté un passage du livre de la Genèse, deux  chantres une sourate en arabe. Boulevard Voltaire a rapporté le 9 mars, sous la plume de Philippe Kerlouan  :  « En Irak, le pape François s’est-il fait rouler dans la farine ».

Un incident serait passé inaperçu si un journaliste de L’Invisible, mensuel d’information catholique, ne l’avait pas relevé. Lors d’une cérémonie, un extrait du Coran a été chanté en présence du pape : quelques versets de la sourate Ibrahim, un choix apparemment opportun en cette terre d’Abraham. Le verset 42 est généralement traduit ainsi : « Et ne pense point qu’Allāh soit inattentif à ce que font les injustes. Il leur accordera un délai jusqu’au jour où leurs regards se figeront. » Autrement dit, les « injustes » ne perdent rien pour attendre. Ils subiront, tôt ou tard, la punition d’Allah.

Comme le fait remarquer le journaliste, « les injustes faisaient amplement l’affaire ». Mais les termes arabes signifient « les oppresseurs » et « les polythéistes » ou « idolâtres » ou encore « associateurs », ce dernier terme visant les personnes qui donnent à Dieu des associés, notamment les chrétiens. Ce sont ces mots qui ont été repris dans la traduction anglaise, ce qui ne peut être imputé au hasard. Associer des créatures au Créateur, c’est un péché impardonnable, si le coupable ne se repent pas. Le Coran condamne les associateurs et appelle, à défaut de leur conversion, à leur éradication. Voilà, sans doute, une belle leçon de tolérance et de liberté religieuse. »

( Notre précision: les musulmans donnent le nom d’associateurs aux chrétiens car ils associent à Dieu , le Fils et le Saint-Esprit. Ce qui évidemment est puni de mort).

Triste voyage qui marque au fer l’idéologie du pape : de la Déclaration d’Abou Dhabi à Fratelli tutti, l’Eglise catholique est entraînée dans un tourbillon philantropique planétaire inconnu jusqu’à ce jour !

L’inénarrable Mgr Gollnisch ose : « La question est donc posée aux théologiens musulmans de savoir si cette violence, (Mais cela ne veut pas dire que l’islam est violent par nature), est légitime ou pas ou s’il ne faudrait pas réfléchir à une nouvelle rédaction du Coran, comme il y a eu une méthode historico-critique des Evangiles au XXe siècle. Pour le Coran, c’est ce que demandent certains chercheurs musulmans, même s’ils sont peu nombreux et peu audibles ». (JDD28 février 2021).

« Il (le pape), renforce le camp de la paix : il y a le camp de la lumière et celui des ténèbres, les forces de vie et les forces de mort, le pape vient de renforcer le camp de vie et de lumière. C’est un moment aussi très important pour l’Irak qui doit de nouveau élire de nouveaux dirigeants en juin ». (7 mars 2021).

Ce voyage est un massacre de l’Ecriture Sainte et de la vérité historique et politique ; c’est aussi une mascarade digne de Chamberlain et de Daladier !

C’est aussi la débâcle de l’information religieuse !

Au risque de scandaliser les lecteurs, il est nécessaire de préciser un dernier point.

Ce voyage est une nouvelle consécration du pape dans le rôle de chef mondial de la fraternité. Il change l’Eglise millénaire et la transforme par la parole, par les textes, par les déclarations, les voyages, et la création de journées mondiales en une ONU multiconfessionnelle. Une super Eglise qui aura bientôt son temple. Oui, il y a bien un pape mais est-il le successeur de Pierre ? Ce qui est certain c’est qu’il est devenu « un politique » au niveau mondial (la planète retentit de son exploit) et delà il prétend apporter la paix au monde.