Le pape en Mongolie : le délire mondialiste
Nous reproduisons cet excellent article de Jeanne Smits.
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Voyage du pape François en Mongolie : confusion politique et religieuse
« Soyez de bons citoyens ! », a lancé le pape François aux catholiques de Chine depuis la Mongolie, où il était en voyage apostolique pendant les premiers jours de septembre. Les mots ont choqué, alors que la Chine accentue encore sa persécution à l’égard des chrétiens et de tous ceux qui apparaissent comme un obstacle au parti communiste, jetant la suspicion sur la foi et la pratique religieuse et mettant la main sur la hiérarchie catholique à travers la nomination des évêques et la « sinisation » de l’Evangile et de son message. C’est un signe de plus de la confusion qui règne avec François : confusion politique et surtout confusion religieuse, comme l’ont montré d’autres interventions du pape dans ce pays qui ne compte qu’une poignée de catholiques – 1.500 sur une population d’environ 3,5 millions d’âmes.
C’est alors qu’il venait de célébrer la messe dominicale au Théâtre Hun à Oulan Bator que le pape François a appelé à ses côtés l’évêque émérite et l’évêque actuel de Hong Kong, le cardinal John Tong Hon et le cardinal élu Stephen Chow, et lancé cet appel aux catholiques chinois sous forme de « salutation chaleureuse au noble peuple de Chine » : « A tous, je souhaite le meilleur. Allez de l’avant, avancez toujours. Je demande aux catholiques chinois d’être de bons chrétiens et de bons citoyens. »
Le pape François encourage les catholiques de Chine à être de bons citoyens
Il se trouve que le père jésuite Stephen Show, bientôt cardinal, s’est justement montré des plus prudents à l’égard de Pékin, refusant de critiquer le pouvoir communiste et même de prendre la défense des manifestants pour la démocratie à Hong Kong en 2021. Il a au contraire, selon Thomas Williams de Breitbart News, abondé dans le sens des autorités quant à la « sinisation », en assurant que les principes communistes du Parti étaient largement en accord avec l’enseignement catholique.
En Chine, un évêque de l’Eglise patriotique sous contrôle du parti communiste avait lui-même déclaré que l’allégeance à l’Etat avait priorité sur la foi : « En tant que citoyens, nous devons d’abord être citoyens, et ensuite seulement avoir une religion et une foi », avait déclaré Mgr Peter Fang Jianping, affirmant un devoir de fidélité au président Xi Jinping. Sacré évêque sans l’accord du Vatican en 2000, il avait été plus tard « légitimé » par Rome.
Les paroles du pape se situent fatalement dans la même veine : être un bon citoyen en Chine, c’est reconnaître l’autorité du parti communiste et se soumettre à son diktat – il ne s’agit pas simplement d’être honnête et de s’acquitter de ses devoirs normaux à l’égard de la communauté nationale ou du pouvoir légitime, ce qui est en effet demandé à tout chrétien. Mettre le respect du pouvoir au-dessus de sa foi, c’est tout à fait différent, et en Chine c’est bien de cela qu’il s’agit. Or, faut-il le rappeler, le communisme – intrinsèquement pervers – est incompatible avec la foi !
Confusion autour du régime communiste chinois
Dans l’avion du retour, le pape François devait remettre ça en assurant que les rapports du Vatican avec la Chine communiste sont « très respectueux ». Affirmation d’autant plus malvenue que les autorités de Pékin avaient interdit aux Chinois de se rendre en Mongolie pour assister au voyage papal. Ceux qui ont osé braver l’interdit portaient masques, lunettes et chapeaux pour dissimuler leur identité aux caméras de reconnaissance faciale en particulier.
François n’en a dit mot, préférant dire son admiration pour le peuple chinois (ce qui n’a rien de répréhensible) mais aussi que les « canaux » sont aujourd’hui « très ouverts ». Il a notamment souligné qu’une commission pour la nomination des évêques « travaille avec le gouvernement chinois depuis longtemps », et que « de nombreux », ou plutôt « quelques » (a-t-il dit en rectifiant) prêtres et intellectuels catholiques sont souvent invités dans des universités chinoises pour faire des cours ».
Il a également assuré que tandis que le Vatican travaille à ce que les Chinois ne pensent pas que l’Eglise « n’accepte pas leur culture et leurs valeurs », et qu’elle serait « dépendante à l’égard d’une autres puissance étrangère », et s’est réjoui du travail du cardinal Parolin en vue de construire un « chemin amical » alors que « même du côté chinois, les relations vont de l’avant ».
De fait, l’avion pontifical a eu l’autorisation d’entrer par deux fois dans l’espace aérien chinois : pour l’aller vers la Mongolie, et pour le retour. Les traditionnels messages du pape envoyés à cette occasion au chef de l’Etat chinois se gardaient bien de mentionner la religion catholique, mettant au contraire l’accent sur l’« unité » selon le registre habituel des autorités communistes. François a quand même assuré Xi Jinping de ses prières demandant « l’abondance de bénédictions divines » pour lui et pour le peuple chinois – Xi n’en demandait sans doute pas tant ! Mais gagnant de l’accord secret entre le Vatican et la Chine mis en place sous l’autorité du pape François, il est peu probable que le président chinois s’en plaigne ; il lui suffit d’avoir pris le contrôle.
La confusion inter-religieuse et environnementaliste
La reconnaissance politique offerte à la Chine communiste qui peut considérer avoir vassalisé l’Eglise catholique n’est pourtant rien à côté de la nouvelle manifestation de syncrétisme du pape, qui s’est exprimé lors d’une « rencontre œcuménique et inter-religieuse ». A cette occasion, des responsables bouddhistes, musulmans, shintoistes, juifs, chamanes et chrétiens invités à la rencontre ont pu entendre le pape louer leur qualité de continuateurs « d’anciennes écoles de sagesse ».
Tous « pèlerins » de même valeur ? Le pape a déclaré : « Frères, sœurs, la valeur sociale de notre religiosité se mesure à la manière dont nous parvenons à nous harmoniser avec les autres pèlerins sur terre, et à la manière dont nous parvenons à répandre l’harmonie là où nous vivons », en citant… Bouddha : « Le sage se réjouit dans le don, et c’est par là seulement qu’il devient heureux. » Et Gandhi : « La vraie beauté, après tout, réside dans la pureté du cœur. »
Ce n’est évidemment pas faux parce qu’ils l’ont dit, mais au vicaire du Christ revient le devoir et l’honneur de faire connaître le Christ.
Le pape a enchaîné :
« Sœurs et frères, nous sommes ici aujourd’hui en tant qu’humbles héritiers d’anciennes écoles de sagesse. En nous rencontrant, nous nous engageons à partager tout le bien que nous avons reçu, afin d’enrichir une humanité qui, dans son cheminement, est souvent désorientée par des recherches à court terme du profit et du bien-être. Elle est souvent incapable de trouver le fil conducteur : tournée uniquement vers les intérêts terrestres, elle finit par ruiner la terre elle-même, confondant progrès et régression, comme le montrent tant d’injustices, tant de conflits, tant de dévastations environnementales, tant de persécutions, tant de rejet de la vie humaine. »
Ainsi, toutes les religions seraient au même niveau pour assurer le bien de l’humanité (et de l’environnement !).
L’Asie dévastée par des années de communisme était ainsi montrée en exemple :
« L’Asie a beaucoup à offrir à cet égard et la Mongolie, qui se trouve au cœur de ce continent, conserve un grand patrimoine de sagesse, que les religions répandues ici ont contribué à créer et que je voudrais inviter chacun à découvrir et à valoriser. Je ne ferai qu’évoquer, sans les approfondir, dix aspects de cet héritage de sagesse. Dix aspects : le bon rapport avec la tradition, malgré les tentations consuméristes ; le respect des anciens et des ancêtres – combien avons-nous besoin aujourd’hui d’une alliance générationnelle entre eux et les plus jeunes, de dialogue entre les grands-parents et les petits-enfants ! Et puis, le respect de l’environnement, notre maison commune, une autre nécessité d’une actualité brûlante : nous sommes en danger. Et encore : la valeur du silence et de la vie intérieure, antidote spirituel à tant de maux du monde d’aujourd’hui. Ensuite, un sens sain de la sobriété ; la valeur de l’accueil ; la capacité de résister à l’attachement aux choses ; la solidarité, qui découle de la culture des liens entre les personnes ; l’appréciation de la simplicité. Et, enfin, un certain pragmatisme existentiel, qui tend à rechercher avec ténacité le bien de l’individu et de la communauté. Ces dix aspects sont là quelques éléments du patrimoine de sagesse que ce pays peut offrir au monde. »
Outre que la première mission du pape est de prêcher l’Evangile du Christ qui seul ouvre les portes du ciel, on s’étonne devant cette image toute rose de l’Asie dans son ensemble dont on sait qu’elle est frappée par un lourd matérialisme après des années de misère communiste.
En Mongolie, le pape François rêve d’une « humanité réconciliée et prospère »
Pas question de vérité dans le discours pontifical. Après de jolies envolées sur le sens humain et spirituel de l’habitat mongol, le pape a ajouté :
« L’humanité réconciliée et prospère, que nous contribuons à promouvoir en tant que représentants de différentes religions, est symboliquement représentée par cette convivialité harmonieuse ouverte à la transcendance, où l’engagement pour la justice et la paix trouve inspiration et fondement dans la relation avec le divin. Ici, chers sœurs et frères, notre responsabilité est grande, surtout en cette heure de l’histoire, car notre comportement est appelé à confirmer dans les faits les enseignements que nous professons ; il ne peut pas les contredire, en devenant un motif de scandale. Aucune confusion donc entre croyance et violence, entre sacré et imposition, entre parcours religieux et sectarisme. Que la mémoire des souffrances endurées dans le passé – je pense en particulier aux communautés bouddhistes – donne la force de transformer les sombres blessures en sources de lumière, l’absurdité de la violence en sagesse de vie, le mal qui détruit en bien qui construit. Qu’il en soit ainsi pour nous, disciples enthousiastes de nos maîtres spirituels respectifs et serviteurs consciencieux de leurs enseignements, disposés à offrir la beauté à ceux que nous accompagnons, en compagnons de route amicaux. »
C’est presque avec surprise que l’on constate que le pape a parlé de Jésus-Christ présenté, bizarrement, comme l’incarnation du « dialogue éternel entre Dieu et l’humanité ». Le dialogue, a-t-il ajouté, « n’est pas antithétique à l’annonce : il n’aplatit pas les différences, mais aide à les comprendre, les préserve dans leur originalité et leur permet de se confronter pour un enrichissement franc et réciproque. Ainsi, on peut trouver dans l’humanité bénie par le Ciel la clé pour marcher sur la terre. Frères et sœurs, nous avons une origine commune, qui confère à tous la même dignité, et nous avons un chemin commun, que nous ne pouvons parcourir qu’ensemble, en demeurant sous le même ciel qui nous enveloppe et nous illumine. »
Et de citer une nouvelle fois Bouddha, puis Kierkegaard, pour conclure :
« Que les prières que nous élevons vers le ciel et la fraternité que nous vivons sur la terre nourrissent l’espérance ; qu’elles soient le témoignage simple et crédible de notre religiosité, de notre marche ensemble avec le regard fixé vers le haut, de notre façon d’habiter le monde en harmonie – n’oublions pas le mot “harmonie” – en tant que pèlerins appelés à garder l’atmosphère de la maison, pour tous. »
Quelle place là-dedans pour le salut éternel à prêcher, à temps et à contre-temps, à toutes les nations ?
Jeanne Smits
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