Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Le synode a été préparé depuis longtemps en Argentine II

 

 

Le synode a été préparé depuis bien longtemps - II

 

Je suis atterré par les commentaires qui accompagnent la fin du synode même sur les sites les plus cathos !

Si l’on avait instruit les fidèles sur l’origine de cette catastrophe au lieu de rabâcher l’affaire des statuettes qui, il est vrai, est un acte d’une idolâtrie phénoménale, on aurait donné, me semble-t-il, une d’information simple et utile. Il fallait dépasser le synode spectacle qui était seulement la traduction visible d’un désordre abyssal. « A cause de vous, le nom de Dieu est blasphémé parmi les gentils » (Rom, II,24). François a finalement renoncé à mettre les statues à Saint Pierre pour la messe de clôture. On a aussi trop insisté sur un synode amazonien, annonciateur d’un schisme allemand.

Or, voici plus de six ans que nous avons un pape argentin et dans une affaire comme celle du synode, personne ne cherche à savoir si, par hasard, il n’y aurait pas de « l’Argentine » là-dessous. Mieux encore, on a oublié que le cardinal de Buenos Aires a été le rédacteur principal du texte final de l’Assemblée du CELAM (Conférence des Evêques d’Amérique latine et des Caraïbes), de 2007 et que ce texte constitue le programme d’action du pape. Et cela,… après qu’il a renoncé, face au cardinal Ratzinger, de prétendre au pontificat lors de l’élection de 2005.

On veut des explications simplistes. C’est la faute des Allemands et de leurs financements ; c’est la faute des Allemands et de leurs évêques. C’est la faute de Helder Camara, « prélat courageux mais ouvertement marxiste donc apostat ». C’est la faute de Jean Paul II et de Benoît XVI. C’est la faute de Leonardo Boff, de Obama et Angela Merckel. La liste est encore longue si l’on cite tous les cardinaux aujourd’hui installés à Rome, les jésuites et tout l’appareil de gouvernement mis en place depuis 2013.

Il faut donc chercher, compte tenu de l’effet, « synode amazonien », une ou des causes en rapport avec l’accouchement synodal.

 

 Les vaticinations du Cardinal Hummes lors d’une messe aux Catacombes Sainte Domitille, le 25 octobre dernier, donnent une première indication :

« Assumer, face à l’extrême menace du réchauffement climatique et de l’épuisement des ressources naturelles, l’engagement de défendre la forêt amazonienne sur nos territoires et par nos attitudes. C’est d’elle que proviennent les dons de l’eau pour une grande partie de l’Amérique du Sud, la contribution au cycle du carbone et à la régulation du climat mondial, une biodiversité incalculable et une riche diversité sociale pour l’humanité et pour la Terre entière. »

 « Célébrons cette Eucharistie du Pacte comme un pacte d’amour cosmique ».

En 1965, Mgr Helder Camara (Brésil) et Mgr Larrain (Chili), signèrent avec une quarantaine d’autres évêques le « pacte » qui donnait naissance à l’Eglise révolutionnaire d’Amérique latine et lançait le slogan de l’Eglise des pauvres. Mgr Hummes a voulu inscrire le synode amazonien comme la suite logique du pacte de 1965.  Au cours de cette célébration, il a même déclaré que le synode était un « beau fruit » du Concile. Soulignant qu’il était en cela d’accord avec la FFSPX .

 

 Le synode est donc la conséquence d’une révolution antérieure et non pas seulement une cause occasionnelle de l’anarchie actuelle. Cela implique la recherche de la filiation entre le synode et le Concile.

 

 Nous ramènerons à quatre les vecteurs de l’idéologie régnante au Vatican en général et plus particulièrement au synode : moderniste, argentine, globaliste et les maillages ONG. Ces vecteurs sont irrigués par les réseaux intellectuels, des réseaux éditoriaux, des réseaux cléricaux, des réseaux opérationnels et des réseaux financiers qui ne se limitent pas à l’Allemagne. A Managua le nom des associations, suédoises et suisses comprises, qui ont financé la révolution sandiniste et tout le continent, figure sur un tableau d’honneur. Pour la France, le CCFD est suivi de CGT !

On verra que l‘Eglise catholique, c’est-à -dire universelle, est passée en mode mondialiste révolutionnaire.

 

 

I- Causes modernistes et conciliaires

 

Nous ne pouvons pas retracer en quelques lignes plus de cent ans de crise de l’Eglise. La crise moderniste, avec la Nouvelle Chrétienté de Maritain, avec Feue la Chrétienté d’Emmanuel Mounier et Teilhard de Chardin. Cette crise reçoit une première consécration avec Congar, de Lubac et Rahner, experts au Concile. A quoi, il faut ajouter l’armée des jésuites avec à leur tête le seul véritable Grand Réformateur, reconnu comme le Refondateur de la Compagnie, le père Arrupe.

Contrairement à ce qui traîne dans la majorité des analyses, ce n’est pas Marx et la lutte des classes qui ont bouleversé le continent latino-américain.

Le modernisme et son sens de l’histoire est l’origine de l’ébranlement et de la ruine qui se déroulent sous nos yeux. La chute du mur de Berlin et de l’URSS n’a en rien ralenti la marche de l’histoire du continent qui ne connaît que les fantasmes de Cuba et la pédagogie révolutionnaire de Paolo Freire (pédagogue qui enseigne l’alphabétisation à partir de mots empruntés au vocabulaire révolutionnaire). Tout le reste vient essentiellement de l’Europe moderniste. Tous les leaders de la théologie de la libération ont fait leurs classes en Europe, Louvain, Paris, Lyon et l’Allemagne !

A cette origine, il faut ajouter le puissant modernisme des Etats Unis.

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 II - Cause argentine.

 

  1. L’art de la manipulation d’une assemblée modèle Medellin 1968

Les grands débats postconciliaires ont pris en Argentine une densité idéologique que les autres pays comme le Pérou ou le Brésil ne pouvaient se permettre. L’activité « théologique » qui suit la réunion du CELAM à Medellin (Colombie) en 1968, place les Argentins en première ligne. Cela est parfaitement raconté par Sebastian Politi dans son œuvre majeure, « Teologia del Pueblo » (Théologie du peuple), publiée en 1992.

L’Assemblée de Medellin a été préparée par une première réunion à Mar del Plata en Argentine du 11 au 16 octobre 1966, où deux jésuites de premier plan, le français Pierre Bigo et un chilien Renato Poblete ont donné le ton. Le thème central des études « Présence active de l’Eglise dans le développement et l’intégration de l’Amérique Latine » était sous la direction de Dom Helder Camara.

Une deuxième assemblée a lieu à Lima au Pérou, du 19 au 26 novembre 1967. La vedette revient à Gustavo Gutierrez avec « Du développement à la libération ». Enfin, en avril 1968, une rencontre Pastorale Missionnaire à Melgar en Colombie a pour thème : unité de l’histoire sacrée et profane, utilisation des sciences sociales au service de l’action missionnaire de l’Eglise.

L’affaire est donc parfaitement réglée avant l’ouverture par Paul VI. L’Assemblée générale se déroule du 26 août au 6 septembre 1968. Les coordinateurs nommés sont Pironio (argentin), Gutierrez (péruvien), Lucio Gera (argentin, maître à penser de Bergoglio), Poblete (chilien) et Bigo (français).

Comme pour le synode amazonien, rien n’a été laissé au hasard.

Les deux assemblées du CELAM de Puebla (Mexique) en 1979, (Lucio Gera joue un rôle primordial) et Aparecida (Brésil) en 2007 (Cardinal Bergoglio, maître d’œuvre), auront la même préparation systématique. Dans tous les cas l’opposition n’a pas voix au chapitre, elle est éliminée avant, pendant ou après la réunion. Tout ce qui pourrait entraver la marche de l’Eglise libérationniste est réduit au silence. Comme en France à la même époque ! On se souvient du mouvement des « Silencieux de l’Eglise ». Rien n’a changé aujourd’hui !

Laurent Dandrieu, de Valeurs Actuelles, le dit sans fard à propos du synode : « On a l’impression que tout était joué d’avance, pré-mâché, pré-digéré ».

 

 

2 -Réception de Medellin en Argentine

 

En 1969, l’épiscopat argentin publie la « Déclaration de San Miguel » sur l’adaptation à la réalité actuelle du pays des conclusions de Medellin. Quarante-deux pages dans lesquelles l’épiscopat encore catholique va tenter de résister en lâchant du lest avant d’être submergé par un pamphlet du même Lucio Gera édité en Uruguay l’année suivante. 

C’est le début de la déroute des structures ecclésiales argentines avec les thèmes récurrents de l’Eglise des pauvres, (les pauvres sont le sacrement du Christ !) et de la promotion intégrale de l’homme grâce à l’Education des consciences, la rénovation mentale, la dénonciation prophétique. L’Eglise doit comprendre son action libératrice à partir du Peuple et de ses intérêts car il est sujet et agent de l’histoire humaine laquelle est intimement liée à l’histoire du salut.

 Il ne s’agit pas d’une « théologie spéculative » celle qui est enseignée par l’Eglise, mais d’une « théologie » qui part de la réalité concrète, historique de l’Eglise et du monde pour résoudre les problèmes de justice, de développement, etc.  

Pour cette nouvelle théologie dite « de la libération », l’Eglise est d’abord une « Communion de vie, de charité et de vérité ». La foi au Christ implique une série de valeurs telles que l’égale dignité de tous les hommes, la justice, la liberté et la fraternité et la solidarité humaine, la grandeur d’âme pour affronter les entreprises communes et les défis de l’histoire. Cette foi-communion, est présente naturellement dans le Peuple : elle est insérée dans l’histoire par la prédication évangélique et imprégnée, dès l’origine, d’une marque nationale, qui donne à l’Eglise elle-même une dimension « mystique ». Ce courant argentin s’inspire directement du « péronisme ».

Il ne s’agit plus du « Peuple de Dieu » au sens élargi et conciliaire, il s’agit d’un peuple particulier qui a pris conscience de son destin commun et de la volonté de le réaliser.   

Le Peuple s’identifie grâce à la communion en certaines valeurs. Le Peuple se reconnaît spécialement dans les pauvres, les opprimés et les nécessiteux.

« En reconnaissant les valeurs évangéliques du Peuple et en se mettant à leur service selon ses propres méthodes opératoires, l’Eglise trouvera son mode d’insertion dans le temporel. Il ne s’agit pas d’une identification pleine et entière de l’Eglise avec la Nation – ou de l’Etat – encore moins d’une autonomie du temporel comprise comme une séparation. ». Le Peuple fait Eglise et la mission spécifique de l’Eglise-Institution, selon son mandat, est d’accompagner la promotion de cette réalité. Il s’agit « de reconnaître le Peuple comme « lieu théologique » dans lequel on lit les signes de Dieu » dont le sens doit servir à diriger l’action pastorale ». (Opus cit, page203).

 

« Tout cela signifie une localisation de l’Eglise totalement nouvelle sur le plan théorique ». (Opus cit, page 204). La communauté ecclésiale est au service du peuple ce qui signifie qu’elle doit partir des aspirations du peuple pour exercer sa véritable fonction de libération de tout l’homme.La véritable Eglise n’est pas l’Eglise institutionnelle qui ne connaît qu’une promotion spirituelle de l’homme mais une Eglise totale de la justice et de la libération des structures de péché. L’Eglise libératrice des peuples comprend enfin que le sens de l’histoire est à la fois sacré et profane et que les deux composantes ne peuvent être séparées. Certains libérationnistes trouveront une nouvelle interprétation du concile de Chalcédoine (Le Christ, une personne et deux natures) pour justifier cela. Le cardinal Ratzinger dénoncera cette interprétation dans sa lettre sur la théologie de la libération. Sans aucun effet ! (Libertatis nuntius, 6 août 1984 – « Certes on conserve la littéralité des formules de la foi, et notamment celle de Chalcédoine, mais on leur attribue une signification nouvelle, qui est une négation de la foi de l’Eglise. D’un côté on rejette la doctrine christologique portée par la Tradition, au nom d’un critère de classe ; d’un autre on prétend rejoindre le « Christ de l’histoire » à partir de l’expérience révolutionnaire de la lutte des pauvres pour leur libération. » (Libertatis nuntius - chap X, §9).

Cette nouvelle Eglise revendique pour elle le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel.

 

3 - Leonardo Boff annonce le synode.

 

Il s’agit d’une conquête de pouvoir que Leonardo Boff a clairement présentée en 2000 dans, Quelle Eglise voulons-nous ? Les communautés de base étant une alternative au pouvoir ecclésial, son analyse est illustrée par un tableau où les pouvoirs cléricaux anciens sont remplacés par les nouveaux pouvoirs issus du Peuple de Dieu. Les communautés de base ont acquis une autonomie idéologique encore fragile mais elles élaborent un nouveau mode d’être Eglise en réseau. « C’est encore fragile mais les racines très délicates extraient la sève profonde qui alimente le majestueux marronnier de l’Amazonie. Les Communautés sont grosses de promesse et d’espérance qui montrent qu’une alternative au pouvoir ecclésial n’est pas impossible ». Selon Boff, les mouvements millénaristes et protestants du XVI siècle ont su eux aussi, saisir les opportunités historiques pour contester le pouvoir romain. Si l’on rapporte ces propos à l’action de l’Esprit Saint, auteur véritable du synode, la filiation est claire !

 

Mais Boff va plus loin dans son analyse. Il ne veut pas d’un clergé soumis aux règles canoniques qui l’identifierait avec l’ancien. Il s’agit, « non seulement d’une nouvelle configuration du pouvoir et d’une autre manière d’être l’Eglise, mais aussi de constituer un esprit de ‘communion’ (comunional) et participatif qui traversera tous les espaces ecclésiaux et sociaux ». Sûr de lui, il annonce que cette réforme est appuyée par des cardinaux, des évêques, des prêtres, des religieux, etc …

 

Rapportées au synode ces paroles signifient que les réclamations pour un sacerdoce nouvelle formule n’a pas pour fonction de pallier au manque de prêtres ou pour flatter les féministes, mais pour instaurer le nouveau clergé de la nouvelle Eglise !

 

Nous ne pouvons que déplorer une fois de plus que nos évêques soient complètement ignares des réalités qu’ils ont à juger.

 

Conclusion

 

Le synode sur l’Amazonie, derrière une façade humanitariste et écologique, a sa source dans le Concile et la « théologie » argentine de 1969 ! L’Amazonie a été déclarée « lieu théologique ». Soixante ans après, on voit le chemin parcouru ; cela fait exactement soixante ans que le père Bergoglio était ordonné prêtre, le 13 décembre prochain !

 

Le Professeur Matteo d’Amico a cité dans le Courrier de Rome du 10 octobre 2019, un passage reliant de façon définitive le synode à la théologie argentine de 1969 :

 

« De plus, nous pouvons dire que l’Amazonie – comme tout autre espace territorial autochtone ou communautaire – n’est pas seulement un ubi (un espace géographique), mais également un quid, c’est-a?-dire un lieu qui a un sens pour la foi ou l’expérience de Dieu dans l’histoire. Le territoire est un lieu the?ologique (souligné par nous) a? partir duquel la foi est vécue ; il est aussi une source particulière de la révélation de Dieu. Ces espaces sont des lieux épiphaniques ou? se manifeste la réserve de vie et de sagesse pour la planète, une vie et une sagesse qui parlent de Dieu. En Amazonie se manifestent les “caresses de Dieu” qui s’incarne dans l’histoire » (Instrumentum laboris, p. 48).

 

REMARQUES

Les Assemblées de Medellin, de Puebla et d’Aparecida ont été présidées par Paul VI, Jean-Paul II et Benoît XVI leur discours sont évidemment d’une orthodoxie parfaite, presque inattendue, dans le contexte libérationniste. Cependant, il semble qu’à aucun moment, ils n’ont véritablement évalué la situation véritable. Il faut dire qu’à Rome il y avait non seulement des cardinaux comme Silvestrini mais aussi une puissante équipe de libérationnistes avec des hommes comme le cardinal Pironio ou le père Arrupe, présent à tous les niveaux de gouvernement et d’influence de l’Eglise. Dans la suite de notre enquête, nous parlerons d’un autre agent actif depuis 1972 !

 

A suivre

 

 

 

 



07/11/2019
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