Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Les rats quittent le navire socialiste- 2 - Emmanuel Mounier

 

Les rats quittent le navire socialiste - 2  Emmanuel Mounier

                      

 

 

La présentation d’ESPRIT CIVIQUE par LA VIE-LEMONDE, montre l’importance du rôle politique que ce club entend jouer :  « S’inscrivant dans la tradition du christianisme social, ce laboratoire d’idées se veut une force de proposition aux côtés des pouvoirs publics et des élus, au Parlement et dans les territoires. » (LA VIE-LE MONDE, 11 avril 2013)

Sans rire, l’article poursuit : « En dehors des partis et de tout esprit partisan », précise l’un de ses fondateurs, Jérôme Vignon, Président des Semaines sociales et de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale …».

L’aveuglement intellectuel est si inhérent à cette société de pensée qu’elle ne voit pas  que les références dont elle se réclame sont le sommet de l’esprit partisan.

«  Pour mener ce travail de fond, (souligné dans le texte), les fondateurs du club veulent s’inscrire dans le sillage philosophique de trois géants de la pensée morale et politique au XXe siècle : le catholique Emmanuel Mounier (1905-1950), fondateur de la revue Esprit et du courant personnaliste, le juif Emmanuel Levinas (1906-1995) et le protestant Paul Ricoeur (1913-2005), tous deux philosophes de l’éthique ».

Qu’on nous permette  un sourire olympien devant ce choix !

C’est tout ce qu’ils ont trouvé pour ce qu’ils osent appeler le retour des chrétiens en politique.

 

EMMANUEL MOUNIER

Dans son histoire de la revue Esprit, pages 292 et 293 Michel Winock écrit :

« Avec le recul, on doit constater que le philocommunisme de la revue de Mounier est contemporain de l’une des plus terribles vagues de la répression stalinienne. A sa décharge on ne peut alléguer le défaut d’information…Mais cette occultation à l’égard du PC n’était pas seulement volontaire et tactique : à la lettre, on n’entendait pas ceux qui colportaient les nouvelles de la terreur stalinienne ; le procès de Nuremberg avait eu lieu, le monstre nazi avait été jugé et condamné de concert par les Occidentaux et les Soviétiques, il n’était pas pensable que ceux-ci fussent la proie d’une autre « bête immonde. Sur ce point, la correspondance de Victor Serge avec Mounier témoigne du dissentiment entre les deux amis, celui qui est au Mexique et celui qui est en France. Serge bien informé des réalités soviétiques, communique à Mounier des renseignements précis, en 1945 et 1946, sur les millions de victimes de la déportation et des camps sibériens »

Ce témoignage d’un aveuglement rare n’est pas le seul.

Dans le numéro de décembre 1950 pour la mort de Mounier, Pierre-Aimé Touchard écrit  (page 783-784) « : A cette époque, il y avait chez beaucoup de résistants dont j’étais, une très forte impulsion vers le communisme, et je m’agaçais de voir sans cesse Emmanuel aller jusqu’au bord de l’engagement, jusqu’à laisser croire qu’il était prêt à s’y risquer, puis brusquement opposer une fermeture, un verrouillage catégorique et impénétrable ». Sur cette attitude Mounier lui écrit : « Je ne crois pas qu’on puisse être plus disponible que je le suis à l’égard du communisme, plus totalement prêt à toutes les possibilités d’engagement , et donc d’engagé en elles ».

La phrase suivante est un chef-d’œuvre de la dialectique de Mounier : « Si je me suis particulièrement irrité et bloqué quand tu m’as parlé de fermeture, c’est précisément parce que je me sens à ce point ouvert, et que ma seule répulsion sentimentale à l’égard du communisme( je ne parle pas de quelques réserves réfléchies), est cette fermeture, ce ligaturé qu’il donne à certains, cette assurance courte, si peu semblable à la foi qu’il anime par ailleurs, et dont je crois qu’elle tout de même quelques racines métaphysiques »

En fait Mounier n’a rien compris au communisme et veut un christianisme plébéien et il écrira : « On ne saurait opposer au communisme une forme de restauration quelconque ou bien l’exemple de la civilisation capitaliste et bourgeoise des XIX et XX siècles ».

Et encore : «  Tout l’avenir des sociétés chrétiennes dépend du fait de savoir si le christianisme, ou plus exactement les chrétiens, repousseront l’appui du capitalisme et d’une société injuste : si l’humanité chrétienne essaiera enfin de réaliser au nom de Dieu et du Christ la vérité que les communistes réalisent au nom d’une collectivité athées, au nom du paradis sur terre ».

Lorsque le Saint-Office publie la condamnation du communisme en 1949 Mounier déclare qu’il s’agit : « d’une erreur historique massive » !

On pourrait multiplier les citations. Mounier adhère au mythe du progrès de l’histoire et après avoir prononcé l’oraison funèbre de la Chrétienté, lui et ses successeurs resterons collés à ce mythe ; après le communisme, ils serviront le socialisme mondialisé. Une internationale chasse l’autre.

Cette analyse nous conduit directement a mieux comprendre la déclaration de Mgr Vingt-Trois commentée par Jean-Madiran dans Présent du 19 avril et rapportée par Perepiscopus le 22 avril.

C’est au moins la deuxième fois que Jean Madiran réfute le sophisme grossier répété par l’archevêque de Paris qui consiste à opposé un « christianisme sociologique » à un christianisme de choix ».

Or d’où sort cette dialectique erronée qui pourrit depuis plus de quatre-vingts ans l’intelligence catholique ? Qui en est l’inventeur ? Qui a stigmatisé le premier le dix-neuvième siècle catholique ?

C’est Emmanuel Mounier.

C’est lui, avec son « personnaliste et communautaire », qui mit dans la cervelle de génération entière de clercs, la lutte des classes appliquées à l’histoire du catholicisme.

Il faut savoir que ce « philosophe » du personnalisme n’a jamais donné de définition de la personne ! En revanche il a abondé dans la littérature sur le sujet : « La personne est un mouvement vers le transpersonnel qu’annoncent à la fois l’expérience de la communion et de la valorisation ».

C’est beau comme du Teilhard !

Lucien Guissard,  un de ses biographes écrit : «  Le Blondélien qu’étaient Mounier acquiesçait entièrement à la dignité foncière de l’action dans une existence personnelle ; ce qui n’agit pas n’est pas ».

Cette fois la référence philosophique c’est Hernani, le héros de Victor Hugo : « Je suis une force qui va ».

N’importe qui peut vérifier cette filiation entre les élucubrations de Mounier et la pensée de l’archevêque de Paris en lisant deux des ouvrages du penseur de l’établissement épiscopal et clérical régnant : L’Affrontement chrétien et Feue la Chrétienté.

C’est avec ça que l’action catholique a été façonnée. Les quelques extraits qui suivent donneront une idée exacte du désastre intellectuel qui sévit encore chez le clergé français.

« L’inventaire sociologique du christianisme nous donne sur cette décadence une première clarté.  Elle est alarmante. Le christianisme devient rapidement dans nos pays une religion de femmes, de vieillards et de petits bourgeois. Il est à peu près éliminé de l’élément dur de nos populations modernes : l’élément  ouvrier ».

« Mais la cause de ce déplacement de gravité sociologique ? Elle réside en grande partie dans l’accaparement progressif du christianisme occidental par la classe bourgeoise »

« La foi, l’espérance et la charité cèdent le pas, dans le cœur du pratiquant –trafiquant, un goût de la sécurité, de l’économie, de la petite vie, de l’immobilité sociale »

« Plus âprement la bourgeoisie faisait ainsi sa chose du christianisme, plus largement les masses chrétiennes étaient gagnées par cette corruption »

« Un christianisme plébéien, à l’ère des masses, est la première condition d’un christianisme viril ».

On comprend que cette  dialectique aussi  sommaire qu’infâme ait conduit au communisme et aujourd’hui au socialisme mondialisé.

Voilà pourquoi Civitas, les cathos réacs, toute défense d’un ordre social chrétien insupportent  le cardinal de Paris et tous ceux qui se réfèrent à l’idéologie mouniériste.

 

Le modèle de l’idéologie évangélisatrice était pour le mounierisme, les prêtres ouvriers. On sait ce qui est arrivé.

Hier comme aujourd’hui, le matérialisme dialectique et historique conduit  Esprit Civique. 

Redisons avec L Guissard : « Mounier ne disait-il pas qu’il voulait renouer « le lien entre les grandes traditions révolutionnaire françaises et les grandes traditions spirituelles ».

La dénonciation d’un christianisme sociologique consiste à faire table rase du passé et de la chrétienté.

Nous ne pouvons ici tout reprendre. Mounier n’a pas agit seul. Il a eu comme complice Jacques Maritain (et son « humanisme intégral ») qui a déclaré à juste titre qu’il était le plus grand révolutionnaire du vingtième siècle.

Le « christianisme de choix » de Mr Vingt-Trois c’est le « christianisme viril » de Mounier. On sait ce que ça a donné.

Aujourd’hui le christianisme viril est dans la rue. Les masses ouvrières étaient un mythe. La génération Jean-Paul II et Benoît XVI mérite d’être bien formée et pas seulement par des discours universitaires car les adversaires sont des politiciens et des idéologues retors. Oui, l’épiscopat est définitivement dépassé par la rue.

Conclusion de l’article de J. Madiran

« Le propos du Cardinal se termine par cette monition :

« Le projet de l’Eglise du XXIe siècle ne peut pas être de reconstituer l’Eglise du XIXe siècle. »

L’Eglise du XIXe siècle ne mérite pas ce mépris. C’est l’Eglise qui envoyait des missionnaires français dans le monde entier, alors que celle du XXIe siècle aurait plutôt besoin d’en recevoir. Ce qui nous importe, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas ce qui d’un siècle à l’autre change dans l’Eglise, mais ce qui à travers les siècles n’a pas changé et ne changera pas, malgré toutes les tentatives de nous aider à évoluer, non merci Eminence, vers le passage à un autre christianisme. »

 

 

A suivre… les rats quittent le navire socialiste 3 Lévinas et Ricoeur

 



06/05/2013
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