Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Les tradis sans mémoire !

 

Ignorance, naïveté, aveuglement !

 

On ne sait quel terme employer pour nommer l’atonie qui frappe les autorités religieuses et les informateurs religieux devant l’annonce d’une réforme à venir de Summorum Pontificum et celle de la tenue du Synode des évêques de 2013. Nous avons droit à de beaux « lamentos » journalistiques mais rien sur le fond.

Rien, parce que la littérature qui abreuve tout ce monde est dans l’instantané et que l’on oublie qu’il n’y a pas d’effets sans causes et que le pape est un homme pétri de toutes les aberrations théologiques, sociologiques, écologiques.

 Toute la théologie des pires modernistes européens est passées en Amérique Latine. Depuis le Concile c’est une lutte à mort qui se déroule sans que l’on ait la volonté d’en prendre connaissance. Notre conscience n’est pas non plus atteinte car nous sommes submergés par le terrible quotidien. Et tout cela est tellement géographiquement loin et intellectuellement dévoyé qu’il est difficile de s’y retrouver.  

 

Chers lecteurs vous avez cependant entendu parler de Léonardo BOFF. Voici ce qu’il a déclaré à Joachin Frank, le 2 février 2017 : « Il (le pape) a fait de la théologie de la libération le bien commun de l’Eglise et il l’a répandue. François est l’un des nôtres ».

Pour l’avoir rencontré à trois reprises, je peux dire que Léonardo Boff ne recherche pas une publicité mondiale qu’il a déjà. Il ajoute – bien après sa suspension et son mariage - : « Dans une communauté sans prêtre, je baptise, j’enterre et je célèbre la messe ». Il a participé à la rédaction de « Lauda si ».

Le pape François est l’héritier de toutes les théologies de la libération et du peuple

Gustavo Gutierrez,- que le pape a salué personnellement lors de son voyage au Pérou- a déclaré à l’AFP : «  Tout retour aux sources, à la fraîcheur de l’Evangile, renouvelle le visage de l’Eglise. François le fait avec courage et créativité à travers des paroles et des gestes entièrement compréhensibles » (AFP, Voyage du pape à New York). En 1968, il avait publié Lignes pastorales de l’Eglise en Amérique latine.

Dans la préface de son livre La libération par la foi, (1985) le père Chenu écrit : « Commenter ainsi les aspirations d’une autre Eglise que celles de la chrétienté européenne nous procure la double assurance de l’unité du mystère de notre foi et du pluralisme des engagements terrestres dans l’économie de l’incarnation ».

Le père Brunin dans son livre l’Eglise des banlieues, s’interrogeait déjà en 1998 pour savoir comment « proposer la foi dans la société actuelle ». Avec le grand barnum conciliaire la confusion règne et on voudrait faire l’économie d’une mise à plat réelle !

Depuis le Concile et les Assemblées du CELAM  (Conférence des évêques d’Amérique Latine) de 1968 ,Medellin ; 1979, Puebla ; 2007, Aparecida, les latino- américains n’ont cessé de donner des leçons au monde entier.

Impossible de retracer cette épopée, véritable champ de ruines pour l’Eglise catholique et… triomphe pour le modernisme. Parmi les faits déclencheurs, (il faut bien un commencement), nous en retiendrons deux : le synode des évêques de 1974 et un texte de Léonardo Boff de 1981, ( traduction française de 1985).

 

Ce synode présageait déjà celui de 2023. Il était en recherche pour une « Nouvelle Evangélisation ». 209 participants venus du monde entier.

 Monseigneur Eduardo Pironio, évêque argentin, tient la vedette pour l’Amérique latine. Libérationniste il a accueilli dans son diocèse de Rio de La Plata les prêtres révolutionnaires engagés sous la bannière de Helder Camara, contre une note explicite d’interdiction de l’épiscopat argentin. Il a été vice -président, puis président du CELAM. A ce synode il est un des principaux intervenants : « La Evangelizacion del mundo de hoy en America latina. » (Cardinal en 1976, Confesseur de Paul VI, Président du Conseil pour les laïcs 1984-1996 ; représentant de Jean Paul II à Cuba en 1986).

« Selon J.Grootaers ce synode marque « le grand tournant de l’Eglise post conciliaire: les jeunes Églises ont modifié le cours de l'assemblée synodale, programmée pour se pencher sur la sécularisation des Églises occidentales. L'avènement des Églises africaines, latino-américaines et asiatiques représente la face «lumineuse» du synode; (souligné par nous) les dix derniers jours de celui-ci cependant proposent un visage «moins aimable»: l'opposition entre une théologie inductive, élaborée à partir de l'expérience vécue des diverses communautés croyantes (P. D.S. Amalorpavadass, secrétaire spécial), et une théologie de type classique, à caractère déductif et occidental, accentuant l'autorité pontificale contre les forces centrifuges (P. D. Grasso, secrétaire spécial), s'est résorbée au profit de la seconde. En effet, un document final unique fut péniblement mis au point sous la responsabilité des cardinaux Cordeiro (cardinal archevêque de Karachi) et Wojtyla et lu par eux le 22 octobre 1974: déception des jeunes Églises, qui n'y reconnurent pas leur synode dynamique et novateur. Devant l'exigence de deux projets de texte final, distincts jusqu'au 20 octobre (au nom de « l'autorité supérieure»), Mgr Descamps se demandait, a encore rapporté J.G., si l'impasse tellement prévisible (refus de choisir entre les deux projets et synthèse impossible de ceux-ci en un jour et une nuit) était vraiment un effet du hasard ou au contraire celui d'une certaine volonté d'échouer.. »( Persée 29/3/2018)

. De ces deux rapports, le pape Paul VI n’a fait qu’une exhortation apostolique, Evangelii Nuntiandi » en deux parties pour faire plaisir à tout le monde.  Le rouleau compresseur du modernisme version tiers-mondiste a fonctionné à plein !

 Le père jésuite, Dhavamony, professeur d’histoire des religions, de l’hindouisme et de la phénoménologie des religions à la grégorienne a loué cette encyclique pour sa rencontre avec les cultures, les religions et les problèmes socio-économiques de l’Asie. Et pour les latino- américains c’est Guzman Carriquiry Lacour (sous-secrétaire du Conseil Pontifical pour les laïcs vieille connaissance de Mgr Pironio (et déjà informateur romain de Jorge Bergoglio ) qui a apporté son satisfecit, pour le dialogue interreligieux, l’évangélisation des pauvres, l’option préférentielle et « sujets actifs de la libération de la personne intégrale ».

A partir de ce synode auquel il se réfère Paul VI va légitimer, volens nolens, tous les modules idéologiques de la libération dans son Exhortation Apostolique :

 

  • 30 Un message de libération

« On sait en quels termes en ont parlé, au récent Synode, de nombreux Evêques de tous les continents, surtout les Evêques du Tiers-Monde, avec un accent pastoral où vibrait la voix de millions de fils de l’Eglise qui forment ces peuples. Peuples engagés, avec toute leur énergie, dans l’effort et le combat de dépassement de tout ce qui les condamne à rester en marge de la vie : famines, maladies chroniques, analphabétisme, paupérisme, injustices dans les rapports internationaux et spécialement dans les échanges commerciaux, situations de néo-colonialisme économique et culturel parfois aussi cruel que l’ancien colonialisme politique. L’Eglise, ont répété les Evêques, a le devoir d’annoncer la libération de millions d’êtres humains, beaucoup d’entre eux étant ses propres enfants ; le devoir d’aider cette libération à naître, de témoigner pour elle, de faire qu’elle soit totale. Cela n’est pas étranger à l’évangélisation. »

  • 43 la liturgie de la parole … « à un moment où la liturgie renouvelée par le Concile a beaucoup valorisé la « liturgie de la parole, ce serait une erreur de ne pas voir dans l’homélie un instrument valable et très adapté d’évangélisation ». Uoi mais ça c’était avant !
  • 48 La piété populaire Ce paragraphe est l’illustration magistrale de la mauvaise conscience du pontife. Il sait et il dit que l’on désigne cette piété du nom de religiosité populaire et il va commenter l’expression piété populaire. Il termine : « Nous l’appelons volontiers « piété populaire », c’est-à-dire religion du peuple plutôt que religiosité. »

Ramener cela à une question de vocabulaire sans voir la charge idéologique afférente !

  • 58 Les communauté ecclésiales de base : il y a les bonnes et les mauvaises

« La différence est déjà notable : les communautés qui par leur esprit de contestation se coupent de l’Eglise, dont elles lèsent l’unité, peuvent bien s’intituler « communautés de base », mais c’est là une désignation strictement sociologique ».

Quelle innocence ! Nous ne sommes pas dans la sociologie mais dans une structure révolutionnaire !

  • 75 « Sous le souffle de l’Esprit » magnifique!. . Sauf que l’Esprit des théologies de la libération n’est pas celui de l’Eglise catholique.

Léonardo Boff dans son livre « Charisme et pouvoir », au chapitre XII, page 250, Une vision alternative : l’Eglise sacrement de l’Esprit Saint, écrit : 

« L’Eglise doit donc être comprise à partir de l’Esprit-Saint, considéré moins comme la troisième Personne de la Très-Sainte Trinité que comme la force et le mode d’action selon lequel le Seigneur demeure présent dans l’histoire et continue son œuvre d’inauguration d’un monde nouveau. L’Eglise est le sacrement, le signe et l’instrument du Christ vivant maintenant et ressuscité, c’est-à-dire, l’Esprit ».

Il faudrait être particulièrement naïf pour ne pas associer les œuvres successives de Gutierrez, Pironio et Boff. Cela permet de comprendre ce qu’il s’est passé dans l’Eglise et pourquoi on est arrivé à la mystique populaire avec Evangelii Gaudium.  

Si nous rappelons tout cela ce n’est pas par goût de nous appesantir sur la débâcle de ces années de plomb mais parce que c’est la clé de la compréhension de ce que nous voyons aujourd’hui.

Lorsque Rafael Luciani décrit en 2016, L’option théologique et pastorale du pape ,il reprend de façon très complète tous ces éléments !

« Dans E.G. François introduit dans le magistère universel une notion qui provient de la théologie latino-américaine et de façon précise de la théologie argentine du peuple : la mystique populaire. Avec elle il établit l’unité indissoluble entre la réalité populaire- sa culture et son mode de vie- avec les savants et les ouvriers, les chefs d’entreprises et les artistes, avec tous (EG 237). La mystique qui se vit et s’apprend dans la culture populaire (les peuples pauvres) se convertit en un nouveau lieu théologique (EG 126) et en un modèle de mystique pour le théologien et le pastoraliste, la « mystique populaire accueille à sa manière l’Evangile tout entier, et l’incarne sous forme de prière, de fraternité de justice, de lutte et de fête »(EG 237).

Luciani explique : « Toutes ces expressions et manifestations, comme la prière, la fraternité, la justice, la lutte et les fêtes se convertissent en formes (instancias) théologiques nécessaires pour l’évangélisation des cultures et leur connaissance savantes ; ce ne sont pas non plus des pratiques cultuelles, mais des expériences intimes qui débordent en solidarité et nécessité de justice sociale, dans lesquelles s’exprime une façon de vivre une situation particulière remplie de l’espérance qui fait surgir une relation de confiance intime avec Dieu. »…  « En d’autres mots, par l’expérience mystique le pauvre s’identifie à la suite de Jésus dans le Christ souffrant, crucifié et impuissant toujours en chemin vers un avenir meilleur ».

 Que signifie ce jargon ?

1 La culture c’est l’histoire qui s’incarne dans les luttes.

2 La pastorale c’est l’action qui permet d’insérer le peuple dans le déroulement de cette histoire.

3 L’Eglise doit suivre ce chemin car autrement elle est inaudible.

Le Synode et sa préparation universelle pendant plus d’un an, sera l’acte de mise au pas de cette  Eglise catholique qui ne veut pas mourir sous les phantasmes idéologiques du modernisme européen revu et corrigé par les illuminés latino-américains. On relira avec profit le chapitre 2 de E.G. ; tous les poncifs des assemblées préparatoires sont déjà connus…  sauf les affaires sexuelles qui viendront s’ajouter!

Chapitre 2 : Dans la crise de l’engagement communautaire [50-109]

  1. Quelques défis du monde actuel[52-75]

     

    Non à une économie de l’exclusion [53-54]

    Non à la nouvelle idolâtrie de l’argent[55-56]

    Non à l’argent qui gouverne au lieu de servir [57-58]

    Non à la disparité sociale qui engendre la violence [59-60]

    Quelques défis culturels [61-67]

    Défis de l’inculturation de la foi [68-70]

    Défis des cultures urbaines [71-75]

  2. Tentations des agents pastoraux[76-109]

     

    Oui au défi d’une spiritualité missionnaire[78-80]

    Non à l’acédie égoïste [81-83]

    Non au pessimisme stérile [84-86]

    Oui aux relations nouvelles engendrées par Jésus Christ [87-92]

    Non à la mondanité spirituelle [93-97]

    Non à la guerre entre nous [98-101]

    Autres défis ecclésiaux [102-109]

L’attaque frontale contre Summorum Pontificum, en guise de préparation du Synode, n’est pas une erreur de parcours, ni une concession aux évêques italiens et autres « bugninistes », c’est le début d’une lutte féroce. Le pape est un expert il compte bien faire exploser les diocèses sur cette affaire ultra-sensible.

« Le pape François réaffirme que la réforme liturgique est irréversible ».

Voici quelques lignes publiées le 24 août 2017 par radiovaticana.va /news, totalement oubliées par nos « informateurs »…quatre ans après !  A bon entendeur Salut !

Le Concile Vatican II n’arrivait donc pas sur un terrain vierge : votée à la quasi-unanimité par les pères conciliaires, la Constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium répondait «aux besoins réels et à l’espérance concrète d’un renouveau». Son application est «toujours en cours» car «il ne suffit pas de changer les livres liturgiques pour changer la mentalité». Reprenant les propos du bienheureux Paul VI sur le danger des «ferments de désagrégation, également pernicieux dans un sens et dans un autre», François a précisé qu’il ne faut pas faire de la liturgie «des lectures infondées et superficielles, des réceptions partielles et des pratiques qui la défigurent»«Après ce long chemin, nous pouvons affirmer avec sécurité et avec autorité magistérielle que la réforme liturgique est irréversible», a martelé le Saint-Père, vivement applaudi par l'assistance.

François a insisté sur la «présence réelle du mystère du Christ» dans la liturgie, car «tout comme il n’y a pas de vie humaine sans battement cardiaque, de même, sans le cœur battant du Christ, il n’existe pas d’action liturgique». La liturgie est vie pour le peuple de l’Église, sa nature est donc«populaire» et non pas «cléricale». Elle est «l’action que Dieu lui-même accomplit en faveur de son peuple, mais aussi l’action du peuple qui écoute Dieu qui parle, et réagit en le louant, en l’invoquant, en accueillant l’inépuisable source de vie et de miséricorde» qui jaillit des signes et des rites de la liturgie. «L’Église en prière rassemble tous ceux qui ont le cœur à l’écoute de l’Évangile, sans écarter personne : sont convoqués petits et grands, riches et pauvres, jeunes et anciens, personnes en bonne santé et malades, justes et pécheurs.» À l’image de la multitude immense qui célèbre la liturgie dans le sanctuaire du Ciel dans le Livre de l’Apocalypse, «l’assemblée liturgique dépasse, dans le Christ, toute frontière d’âge, de race, de langue et de nation».

La liturgie n’est donc pas la projection intellectuelle ou idéologique d’une certaine idée de l’existence de Dieu, mais une occasion de «sentir que Dieu nous aime, comme nous sommes, ici et maintenant», avec les yeux et les oreilles ouverts pour comprendre notre mission de disciples de Jésus.

Le Pape François a enfin rappelé que la richesse de l’Église en prière en tant que «catholique» va au-delà du rite romain, qui «tout en étant le plus étendu, n’est pas le seul. L’harmonie des traditions rituelles, d’Orient et d’Occident, par le souffle du même Esprit, donne voix à l’unique Église orante par le Christ, avec le Christ et dans le Christ, dans la gloire du Père et pour le salut du monde»

 

 

 

 

 

 



06/06/2021
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