Mise au point sur la pédophilie transmise par le SALON BEIGE
D’André Perrin sur Causeur :
Dans la première partie de l’émission consacrée à la pédophilie dans l’Église catholique, le dimanche 3 mars à 11h sur France Culture, la philosophe Monique Canto-Sperber évoque à deux reprises « l’ampleur » du phénomène. L’essayiste Thierry Pech et l’ancien ministre de la Culture, Aurélie Filippetti, tiennent des propos mesurés, celle-ci rappelant que la plupart des violences sexuelles à l’égard des enfants ont lieu au sein des familles. Le politologue Bertrand Badie fait pour sa part observer qu’on doit trouver de semblables affaires du côté du protestantisme ou de l’islam. Tout cela ne satisfait manifestement pas le présentateur de l’émission, Gérard Courtois, directeur éditorial du journal Le Monde, qui s’émeut de ce qu’on ne dise pas un mot d’une singularité du catholicisme, le célibat des prêtres, qu’il qualifie successivement de « dogme » et de « tabou », et qui pourrait bien être en cause ici car, poursuit-il, il n’a pas connaissance que de tels scandales aient lieu chez les protestants. […]
Selon l’OMS, en Inde, pays qui compte moins de 2% de catholiques, 40% des enfants sont victimes d’abus sexuels. Aux États-Unis, la plupart des cas recensés chaque année ont lieu au sein des familles. En France, selon le SNATEM (Service national téléphonique d’accueil de l’enfance maltraitée), il s’agit d’inceste dans 75% des cas. Selon le Réseau irlandais de crise sur les viols, dans 50,8% des cas les agresseurs sont des parents et dans 34% des proches, voisins ou amis de la famille. Dans 6,3% des cas seulement les prédateurs sont des figures d’autorité telles que instituteurs, moniteurs de colonie ou prêtres. Cela concorde avec le constat de l’Unicef en 2016 selon lequel 94% des auteurs d’actes pédophiles seraient des proches. Il en résulte donc, pour le dire en termes durkheimiens, que le célibat ecclésiastique constituerait plutôt un « coefficient de préservation » par rapport à la pédophilie. Dans ces conditions, plutôt que de marier les prêtres, ne serait-il pas plus raisonnable d’ordonner les laïcs ?
Il serait intéressant de pouvoir comparer le nombre de cas de pédophilie avérés chez les prêtres catholiques et orthodoxes, les pasteurs protestants, les imams et les rabbins, mais aucune étude scientifique n’est disponible à ce sujet. La rumeur, invérifiable, veut qu’ils soient particulièrement nombreux chez les imams. Ce qui est avéré, en revanche, c’est que certains d’entre eux n’hésitent pas à en faire l’apologie. Ainsi Chems Eddine, l’Imam vedette de la chaîne algérienne Ennahar, a justifié dans les termes suivants, sur les ondes de la radio Jil FM, le 8 avril 2013, le viol d’une fillette de 12 ans par un homme de 37 ans : « Lui, il a 37 ans dans le corps, mais dans l’esprit il a le même âge que la fille […] il se peut qu’il soit adulte même dans son esprit et que cette fille de 12 ans soit mûre. 12 ans, mais c’est une femme ! ». En France également, l’Imam Khattabi de la mosquée Aïcha de Montpellier aurait procédé à une semblable apologie, assortie d’une justification coranique, dans un prêche du 31 mai 2013 à la Grande Mosquée de Montpellier : « Aïcha, le prophète l’a demandée en mariage à 7 ans et il a consommé son mariage avec elle à 9 ans ». Et il est vrai que Mahomet est, dans la religion musulmane, le « bel exemple » à suivre. L’Imam Khattabi aurait poursuivi son prêche de la façon suivante : « Dans l’Islam, la question, ce n’est pas une question d’âge, c’est une question pubère ou non pubère, prêt ou non prêt, prête ou non prête. »
À ma connaissance, aucun curé n’a jamais tenu de propos justifiant la pédophilie dans son sermon dominical, mais si cela avait été le cas, on peut présumer que les médias s’en seraient émus davantage que dans le cas de l’imam Khattabi. Leur discrétion ici tient sans doute à ce que l’islam est seulement la « deuxième religion de France », négligeable à ce titre.
Gérard Courtois nous disait n’avoir pas eu connaissance de scandales pédophiliques « depuis une ou deux décennies » chez les protestants. C’est étonnant. En effet, le 20 juillet 2010, son journal Le Monde publiait un article titré « L’Église protestante allemande décapitée par les scandales » et sous-titré « Les révélations en série de cas d’abus sexuels sur mineurs touchent à présent l’Église protestante ». On y apprenait que ces scandales avaient contraint Maria Jepsen, évêque de Hambourg, à démissionner de son poste pour avoir protégé un pasteur pédophile. Et beaucoup plus récemment, le 13 février dernier, le même journal Le Monde publiait un article titré « Aux États-Unis la principale Église protestante rattrapée par le scandale des abus sexuels ». On y apprenait que 400 pasteurs baptistes de la Southern Baptist Convention (SBC) étaient impliqués dans des abus sexuels concernant plus de 700 victimes, la plupart mineures.
On conseillera donc à M. Courtois de lire les articles publiés par le journal qu’il dirige.
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