Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

On attend Lucky Luck

 

Chère Madame, cher Monsieur,

 

Connaissez-vous les Dalton ?

 

Je ne veux pas parler des quatre hors-la-loi qui sont les faire-valoir de Lucky Luke dans la célèbre bande dessinée.

 

Je veux parler de véritables délinquants qui, depuis des mois, narguent la police et la justice lyonnaise.

 

Les membres de ce groupe de rap, qui arborent des tenues de bagnards rayées de jaune et noir, multiplient les rodéos motorisés en plein cœur de Lyon et jusque sur la place Bellecour.

 

Ils zigzaguent à toute vitesse entre les voitures et les piétons, au risque de tuer quelqu’un, et provoquent les autorités sans que celles-ci parviennent à mettre fin à leurs agissements.

 

Sur les réseaux sociaux, les Dalton relaient régulièrement leurs clips, dans lesquels ils exhibent armes et drogues, ainsi que leurs acrobaties à moto sur roue arrière. Vous savez, ces fameux rodéos urbains.

 

Bien évidemment, malgré leur surnom amusant, les Dalton ne sont pas de gentils plaisantins mais de véritables délinquants de cité, aux parcours déjà bien chargés.

 

Fin août, Mehdi Fiad, 30 ans, alias « Many GT », alors un des leaders de la bande, a été condamné à neuf mois de prison ferme pour avoir organisé une série de rodéos entre février et juin.

 

Au moment de son passage devant le tribunal, Mehdi Fiad comptait déjà quatorze mentions à son casier judiciaire, excusez du peu, et il était sous le coup d’un sursis et d’une condamnation précédente pas encore exécutée !

 

Medhi Fiad est donc parti en détention, ce qui ne l’a manifestement pas beaucoup impressionné : deux semaines plus tard, il apparaît dans une vidéo enregistrée clandestinement à la maison d’arrêt de Lyon-Corbas pour présenter le nouveau clip de ses complices.

 

Et ce n’est pas fini.

 

Le dimanche 7 novembre, un membre du groupe de délinquants s’est introduit dans le périmètre de la prison de Lyon-Corbas aux alentours de 16h30.

 

Vêtu de sa tenue jaune et noire, l'individu a escaladé un grillage puis s'est dirigé vers le mur d'enceinte en béton.

 

Là, il a jeté un colis contenant de la drogue en direction de la zone de détention, probablement à l'attention de Medhi Fiad.

 

En repartant, il a laissé en souvenir le haut de son déguisement. Son complice, qui filmait la scène en direct sur Instagram, dialoguait tranquillement avec les prisonniers qui hurlaient à la gloire des « Dalton ».

 

Après avoir escaladé le grillage dans le sens inverse, l'intrus a rejoint l'une des deux motocross présentes pour prendre tranquillement la fuite.

 

Comme de juste, les délinquants n’ont pas été inquiétés durant leur longue action et ce sont eux qui ont indiqué plus tard sur les réseaux sociaux que la gendarmerie était à leur poursuite mais qu’aucun d’entre eux n’avait été interpellé !

 

Le lendemain, les voyous étaient invités dans l’émission « Touche pas à mon poste » de Cyril Hanouna, sur C8, et paradaient comme de véritables stars. Cette émission, vous le savez sans doute, est une des plus regardées de la télévision, notamment par les jeunes.

 

La réaction du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, n’a pas tardé, et elle a été à la hauteur de la situation : il a demandé à Facebook de fermer le compte Instagram des Dalton !

 

C’est ce qui s’appelle taper du poing sur la table…Quelle sévérité !

 

Bien évidemment, les policiers se désespèrent et s’indignent de cette impunité. Ils savent, eux, que les actions des Dalton achèvent de leur faire perdre toute crédibilité auprès de la population.

 

Comment se faire craindre des voyous et comment obtenir la coopération des habitants des quartiers lorsque ceux-ci voient tous les jours l’impuissance de la police ?

 

Si les Dalton courent toujours, s’ils peuvent parader à la télévision et sur les réseaux sociaux, c’est parce qu’ils savent très bien que les forces de l’ordre ont la consigne de ne pas interpeller sur le fait les auteurs de rodéos urbains.

 

Ils savent aussi que, si finalement la justice finit par agir contre eux, ils ne seront condamnés qu’à des peines dérisoires. En ressortant, au bout de quelques mois, ils seront des stars dans leurs quartiers et pourront reprendre leurs activités de plus belle.

 

Les Dalton de papier étaient amusants, les Dalton lyonnais, eux, ne devraient pas nous faire rire.

 

Ces voyous symbolisent l’impuissance de notre justice et la lâcheté de nos dirigeants.

 

Une lâcheté et une impuissance qui nous mettent tous en danger.

 

Avec tout mon dévouement,

 

 

  Axelle Theillier de l'IPJ
  Axelle Theillier

 

Présidente de l’Institut pour la Justice

 

 

 



18/11/2021
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