Pape François président Poutine 2015
Le pape François demande à Vladimir Poutine un « effort sincère de paix » en Ukraine
Plus encore que lors de leur première entrevue le 25 novembre 2013, le président russe Vladimir Poutine est arrivé au Vatican mercredi 10 juin avec retard. Le Saint-Siège y a fait allusion, commençant son communiqué en indiquant que l’audience du chef de l’État russe avec le pape François avait débuté « vers 18 h 15 ». Elle était initialement fixée à 17 heures. Le pape a été vu comme n’étant guère souriant en accueillant son hôte, une expression qu’il prend toutefois souvent en ces occasions.
L’entretien entre les deux hommes, accompagnés d’interprètes, a duré environ 50 minutes, soit nettement plus que la dernière fois où il en avait duré 35 mn. Si en 2013 il n’avait été question que de la Syrie, cette fois, l’Ukraine s’est imposée dans la conversation.
Application des accords de Minsk
« Le Saint-Père a affirmé qu’il faut s’engager dans un effort important et sincère pour réaliser la paix », indique le Saint-Siège dans un communiqué inhabituellement long : « Il a été convenu de l’importance de reconstruire un climat de dialogue, et que toutes les parties s’engagent à mettre en application les accords de Minsk », qui ont été conclus dans la capitale biélorusse le 12 février pour établir un processus de résolution de crise. Pour rappel, le Saint-Siège est membre de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), signataire de ces accords.
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Le compte rendu de l’entretien fait également mention de la « grave situation humanitaire » dans le pays et le besoin d’y assurer un « accès aux agents humanitaires ».
Minorités religieuses
Le président russe et le pape François ont abordé aussi les conflits au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie, où sévit le groupe islamiste terroriste Daech. Ils demandent que soient assurées « les conditions nécessaires pour la vie de toutes les composantes de la société, y compris les minorités religieuses et en particulier les chrétiens ». La Russie et le Patriarcat orthodoxe de Moscou, en particulier, se posent en défenseur des chrétiens d’Orient.
Leur sort devrait être discuté la semaine prochaine à l’occasion de la visite au Vatican du métropolite Hilarion, chargé des relations extérieures du Patriarcat de Moscou.
Comme la dernière fois, Vladimir Poutine s’est abstenu de toute invitation au pape à venir en Russie. Il lui a offert une broderie, cousue au fil d’or, représentant la cathédrale du Saint-Sauveur de Moscou, haut lieu du Patriarcat orthodoxe russe : « C’est l’église du Saint-Sauveur qui a été détruite pendant la période soviétique et a été reconstruite », a observé le chef du Kremlin.
Un ton jugé trop conciliant
En retour, le pape a offert au président un médaillon, qu’il offre souvent à ses invités officiels, représentant « l’Ange de la paix » : « Ceci est le médaillon de l’Ange de la paix, exécuté par un artiste du siècle dernier. C’est l’Ange qui vainc toutes les guerres et parle de solidarité entre tous les peuples », a-t-il expliqué au chef du Kremlin, selon des journalistes présents. Comme à son habitude, il a aussi remis un exemplaire de son exhortation, Evangelii gaudium.
Arrivant de l’Expo de Milan, Vladimir Poutine était accompagné de son ministre des affaires étrangères, Serge Lavrov, qui s’est entretenu avec son homologue à la Secrétairerie d’État, Mgr Paul Gallagher. Washington a fait savoir en amont de ces rendez-vous qu’il attendait que le Vatican se montre plus affirmatif envers Moscou à propos de l’Ukraine. Plusieurs chancelleries européennes regrettent un ton jugé trop conciliant du Saint-Siège à l’égard des Russes.
Le pape François pourrait de nouveau discuter de la situation en Ukraine, le 12 juin, quand il recevra en audience Ewa Kopacz, chef du gouvernement de Pologne, où il est attendu l’été 2016 pour les JMJ.
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