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Première homélie du pape Léon XIV : transcription intégrale
Appelant à l'humilité dans la gouvernance, le pape Léon XIV a exhorté les dirigeants de l'Église à « s'écarter pour que le Christ puisse demeurer », invoquant le martyre de saint Ignace comme modèle dans sa première homélie en tant que pape.
Le nouveau pontife élu, le pape Léon XIV, est vu pour la première fois depuis le balcon du Vatican le 8 mai 2025Photo par Antonio Masiello/Getty Images
Note de l'éditeur : Le texte suivant est la traduction officielle intégrale en anglais de l'homélie prononcée par le pape Léon XIV lors de la Sainte Messe avec les cardinaux dans la Chapelle Sixtine le 9 mai 2025.
( LifeSiteNews ) — « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » ( Mt 16, 16). Par ces mots, Pierre, interrogé par le Maître, avec les autres disciples, sur sa foi en Lui, exprimait le patrimoine que l'Église, par la succession apostolique, a préservé, approfondi et transmis depuis deux mille ans.
Jésus est le Christ, le Fils du Dieu vivant : l’unique Sauveur, qui seul révèle le visage du Père.
En lui, Dieu, pour se rendre proche et accessible aux hommes, s'est révélé à nous dans le regard confiant d'un enfant, dans l'esprit vif d'un jeune et dans les traits mûrs d'un homme (cf. Gaudium et spes , n. 22), apparaissant enfin à ses disciples après la résurrection avec son corps glorieux. Il nous a ainsi montré un modèle de sainteté humaine que nous pouvons tous imiter, ainsi que la promesse d'un destin éternel qui transcende toutes nos limites et nos capacités.
Pierre, dans sa réponse, comprend ces deux choses : le don de Dieu et le chemin à suivre pour se laisser transformer par ce don. Ce sont deux aspects inséparables du salut confiés à l'Église pour être annoncés pour le bien du genre humain. En effet, ils nous sont confiés, à nous qui avons été choisis par lui avant d'être formés dans le sein de notre mère (cf. Jr 1, 5), régénérés dans les eaux du baptême et, dépassant nos limites et sans mérite propre, amenés ici-bas et envoyés d'ici, afin que l'Évangile soit annoncé à toute créature (cf. Mc 16, 15).
D'une manière particulière, Dieu m'a appelé par votre élection à succéder au Prince des Apôtres, et il m'a confié ce trésor afin que, avec son aide, j'en sois le fidèle administrateur (cf. 1 Co 4, 2) pour le bien de tout le Corps mystique de l'Église. Il l'a fait afin qu'elle soit toujours plus une cité perchée sur une colline (cf. Ap 21, 10), une arche de salut naviguant sur les eaux de l'histoire et un phare qui illumine les nuits obscures de ce monde. Et cela, non pas tant par la magnificence de ses structures ou la grandeur de ses édifices – comme les monuments parmi lesquels nous nous trouvons – mais plutôt par la sainteté de ses membres. Car nous sommes le peuple que Dieu a choisi pour être sien, afin que nous annoncions les merveilles de celui qui nous a appelés des ténèbres à son admirable lumière (cf. 1 P 2, 9).
Pierre, cependant, fait sa profession de foi en réponse à une question précise : « Qui dit-on qu'est le Fils de l'homme ? » ( Mt 16, 13). La question n'est pas anodine. Elle concerne un aspect essentiel de notre ministère, à savoir le monde dans lequel nous vivons, avec ses limites et ses potentialités, ses interrogations et ses convictions.
« Qui dit-on qu’est le Fils de l’homme ? » Si nous réfléchissons à la scène que nous considérons, nous pourrions trouver deux réponses possibles, qui caractérisent deux attitudes différentes.
Premièrement, il y a la réaction du monde. Matthieu nous raconte que cette conversation entre Jésus et ses disciples se déroule dans la belle ville de Césarée de Philippe, peuplée de palais luxueux, nichée dans un paysage naturel magnifique au pied du mont Hermon, mais aussi lieu de cruels jeux de pouvoir et théâtre de trahisons et d'infidélités. Ce contexte nous parle d'un monde qui considère Jésus comme une personne totalement insignifiante, au mieux quelqu'un doté d'une façon de parler et d'agir inhabituelle et frappante. Ainsi, dès que sa présence devient gênante en raison de ses exigences d'honnêteté et de ses exigences morales sévères, ce « monde » n'hésitera pas à le rejeter et à l'éliminer.
Il y a ensuite l'autre réponse possible à la question de Jésus : celle des gens ordinaires. Pour eux, le Nazaréen n'est pas un charlatan, mais un homme droit, courageux, qui parle bien et dit les choses justes, comme d'autres grands prophètes de l'histoire d'Israël. C'est pourquoi ils le suivent, du moins aussi longtemps qu'ils le peuvent sans trop de risques ni d'inconvénients. Pourtant, pour eux, il n'est qu'un homme, et c'est pourquoi, au moment du danger, pendant sa passion, eux aussi l'abandonnent et partent déçus.
Ce qui frappe dans ces deux attitudes, c'est leur pertinence aujourd'hui. Elles incarnent des notions que l'on retrouve aisément dans les lèvres de nombreux hommes et femmes de notre époque, même si, bien qu'essentiellement identiques, elles sont exprimées dans un langage différent.
Aujourd'hui encore, dans de nombreux contextes, la foi chrétienne est considérée comme absurde, réservée aux faibles et aux inintelligents. Dans ces contextes, d'autres valeurs, comme la technologie, l'argent, le succès, le pouvoir ou le plaisir, sont privilégiées.
Ce sont des contextes où il est difficile d'annoncer l'Évangile et d'en témoigner, où les croyants sont moqués, combattus, méprisés ou, au mieux, tolérés et plaints. Pourtant, c'est précisément pour cette raison que notre action missionnaire est indispensable. Le manque de foi s'accompagne souvent tragiquement de la perte du sens de la vie, du manque de miséricorde, de violations flagrantes de la dignité humaine, de la crise de la famille et de tant d'autres blessures qui affligent notre société.
Aujourd'hui encore, nombreux sont les contextes où Jésus, bien qu'apprécié comme un homme, est réduit à une sorte de leader charismatique ou de surhomme. Cela est vrai non seulement parmi les non-croyants, mais aussi parmi de nombreux chrétiens baptisés, qui finissent ainsi par vivre, à ce niveau, dans un état d'athéisme pratique.
Tel est le monde qui nous a été confié, un monde dans lequel, comme le pape François nous l'a enseigné à maintes reprises, nous sommes appelés à témoigner de notre foi joyeuse en Jésus Sauveur. Il est donc essentiel que nous aussi, nous répétions, avec Pierre : « Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant » ( Mt 16, 16).
Il est essentiel de le faire, d'abord dans notre relation personnelle avec le Seigneur, dans notre engagement quotidien dans un chemin de conversion. Ensuite, de le faire en Église, en faisant l'expérience commune de notre fidélité au Seigneur et en apportant la Bonne Nouvelle à tous (cf. Lumen Gentium , 1).
Je dis cela avant tout à moi-même, en tant que Successeur de Pierre, alors que je commence ma mission d’Évêque de Rome et que, selon l’expression bien connue de saint Ignace d’Antioche, je suis appelé à présider dans la charité l’Église universelle (cf. Lettre aux Romains , Prologue).
Saint Ignace, conduit enchaîné dans cette ville, lieu de son sacrifice imminent, écrivait aux chrétiens : « Alors je serai vraiment disciple de Jésus-Christ, lorsque le monde ne verra plus mon corps » ( Lettre aux Romains , IV, 1). Ignace parlait d'être dévoré par les bêtes sauvages dans l'arène – et c'est ce qui est arrivé –, mais ses paroles s'appliquent plus généralement à un engagement indispensable pour tous ceux qui, dans l'Église, exercent un ministère d'autorité. Il s'agit de s'effacer pour que le Christ demeure, de se faire petit pour qu'il soit connu et glorifié (cf. Jn 3, 30), de se dépenser au maximum pour que tous aient la possibilité de le connaître et de l'aimer.
Que Dieu m’accorde cette grâce, aujourd’hui et toujours, par l’intercession aimante de Marie, Mère de l’Église.
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