Le Terrorisme pastoral

2 Le Sillon, le modernisme, le néo-modernisme

Dans ce chapitre nous traiterons du Sillon. Pour ce qui concerne le modernisme nous renvoyons aux textes Pontificaux qu'il faut impérativement lire. Le néo-modernisme est composé d'officines philosophiques et politiques et , après 1927, des œuvres de Maritain, et d'Emmanuel Mounier et des associations qui vont les diffuser .

« Dans la filiation des premiers démocrates chrétiens – la pensée de Lamennais et de Lacordaire – Sangnier en fondant le Sillon en 1901 avait tenté d'abord par l'éducation populaire, puis par des voies plus politiques , de mettre un terme au divorce persistant entre les catholiques et la République. Fort de l'enseignement de Léon XIII, qu avait engagé les catholiques français dans le ralliement aux institution républicaines, il posait les jalons d'une réconciliation dans la cité entre croyant et incroyant. Mais son mouvement, qui avait réussi à gagner peu à peu une influence certaine, souffrait des défauts de son fondateur : le cœur y dominait la tête, les structure étaient inexistantes... Surtout le Sillon attirait sur son drapeau un double refus : celui de la société catholique massivement conservatrice, celui de la société laïque et républicaine massivement anticléricale. Sangnier avait eu le mérite de poser la question de cette coopération morale et civique entre catholiques et incroyants ; il n'avait pas eu la fermeté intellectuelle suffisante pour la formuler sans équivoque , donnant ainsi prise à la condamnation de Pie X en 1910 » (page 33-34 )

Excellente analyse qui se réjouit à la page suivante de la Condamnation de l'Action Française le 9 décembre 1926 et de 7 livres de Maurras mis à l'index ainsi que le Journal l'Action Française(page 37)

Histoire Politique de la revue Esprit 1930-1950.

Ce qu'il faut bien comprendre c'est cette filiation ininterrompue entre Lamennais – Sangnier et la démocratie chrétienne et le MRP :

Dans l'avant propos de son livre sur le Sillon , Jean de Fabrègue, écrit : «  Les fondateurs du M.R.P. le déclarent très haut :... Aux obsèques nationales de celui-ci ( Marc Sanglier), le 1er juin 1950, le président du Conseil d'alors ,Georges Bidault, le proclame et François Mauriac écrit de Florence , au Figaro : « Tout ce qui est venu de Marc Sanglier, du mouvement social catholique lui doit en parti la vie ».. Le M.R.P est son fils spirituel direct . »( page 9)

Pourtant c'est le Sillon qui a marqué, duré dans les esprits et dans les faits, fait image et symbole, réuni les hommes les plus célèbres. C'est lui qui a eu une postérité. Il est le tronc vers lequel étaient montées les racines, sans lesquelles certes il n'aurait pu naître, mais c'est le tronc qui le dit le mieux l 'essence et c'est lui qui porte les branches et donne son ordre à la nature (page 10).

L'entrée en scène de Blondel renouvelle une « approche philosophique » qui fait bien défaut à tous ces démocrates. C'est en 1893 que Blondel a soutenu sa thèse sur «  L'Action », «  essai critique de la vie et d'une science de la pratique »... Dans l'effervescence qui suit tant de manifestations des nouvelles orientations de la pensée, le Sillon choisit sa place sans ambiguïté : il marche derrière Blondel et avec Ollé-La prune qui par son influence à l'Ecole Normale et alentour , aura marqué les meilleures têtes du Sillon.

Le 17 août 1910 paraît le premier numéro du quotidien la Démocratie.

L'expansion du Sillon se situe entre deux chiffres : 5161 abonnements au journal La Démocratie et 500 000 sympathisants Sillonistes en France.

Lors de élections en avril 1910 dans le XVII arrondissement à Paris, Sangnier obtient 2300 voix, le radical 4500, le républicain 4000.

Le 25 août le Pape Pie X publie la Lettre sur le Sillon «  une fausse notion de la dignité et de la liberté de l'homme »

Cette lettre est à lire absolument : toutes les erreurs, celles d'hier et d'aujourd'hui, sont répertoriées : aujourd'hui elles sont masquées par un jargon wokiste et conciliaire.

Les abbés démocrates SIX, DABRY, NAUDET,  LEMIRE etc...vont ravager la vigne du Seigneur ! Les nouveaux clercs du Concile et du pontificat de Bergoglio ont fait bien pire !

Fabrègues passe rapidement sur la condamnation du Sillon. Toute sa vie il a louvoyer entre Maurras et cette droite qui n'en fini pas d'attendre la conversion de la république.

Sangnier essaiera en 1911 avec un Congrès National de la Démocratie et le 1er juillet 1912 avec la Ligue de la Jeune République de relancer un mouvement à la dérive surtout à l'approche de la guerre.

Il retrouvera un succès avec la création des Auberges de la Jeunesse . Il sera battu aux élections législative en Vendée en 1932. Son héritage est le MRP.

IL meurt en 1950 à l'âge de 77ans : funérailles nationales à Notre-Dame de Paris :Herriot le salue à la tribune de l'Assemblée Nationale ; pour Georges Bidault il est « l'infatigable semeur », et pour Maurice Lacroix « l'homme de toutes les réconciliations ».

La conclusion de Fabrègues nous introduit directement au cœur de notre prochain épisode :

« ...au soir du Congrès de la Jeunesse ouvrière chrétienne de 1937, quand les corps de métiers apportaient sous les projecteur les pierres et le bois qui feraient l'autel de la messe, le cardinal Gerlier s'est tourné vers Sangnier et il lui a dit : » Marc soyez heureux ce soir, car vous êtes l'un des grands ouvriers de la merveille que nous venons de voir »  ( page 284 - Le Sillon de Marc Sanglier ).

Puis le Sillon trouvera Maritain avec son « Humanisme Intégral » , puis avec le MRP, il continuera un parcours pour trouver le Mouvement Européen avec Robert Schumann.... après avoir commencé avec Lamennais en 1837.