Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Sans archives, sans mémoire, sans rien !

Sans archives, sans mémoire , sans rien !

 

 

 

Mon jugement est sévère ! J'en suis conscient ! Tout ce que je lis sur le motu proprio est excellent. Dans Valeurs Actuelles «  Qui veut la peau des tradis ? de Charlotte d'Ornellas ; ou l'entretien avec le professeur Shaw de la lettre de OREMUS.

L'annonce du pape était sans surprise et on devrait enseigner dans les écoles de communiquant l'adage latin : «  Felix qui potuit rerum cognoscere causas »

 

 

 

La reprise d'un texte publié par nous, le 16 septembre 2017, contient deux remarques que nous reproduisons.

Rappelant l'expression employée par le pape François le 24 août 2017 : « ...nous pouvons affirmer avec certitude et autorité magistérielle que la réforme liturgique est irréversible » . Nous ajoutions que c'était la pensée du cardinal Kasper, de Leonardo Boff et de Gustavo Gutierrez, associant à la déclaration pontificale, trois des champions de l'établissement d'une Eglise nouvelle.Nous pouvons ajouter celui qui s'est félicité du motu proprio Magnum Principuim du 1er octobre 2017 ( qui annonçait Traditionis custodes), le nouveau patron du culte divin, Arthur Roche !

 

 

 

Pour être encore plus clair nous associions l'irréversibilité à la formule révolutionnaire par excellence : «  Du passé faisons table rase ».

 

 

 

La volonté pontificale, en 2017, indiquait sans possible doute que cette réforme était destinée au peuple «  Le grand principe, établi par le Concile Oecuménique Vatican II, selon lequel la prière liturgique doit être adaptée à la compréhension du peuple pour qu'elle soit comprise.. » ( Lettre apostolique en forme de Motu proprio «  Magnum principium » du 9 septembre 2017).

 

 

 

Dans son allocution citée plus haut, il précise : «  La liturgie est vie pour le peuple tout entier de l'Eglise. Par sa nature , la liturgie est, en effet, « populaire » et non cléricale, étant – comme l'enseigne l'étymologie – une action pour le peuple mais aussi du peuple. Comme le rappellent de nombreuses prièrs liturgiques, c'est l'action que Dieu lui-même accomplit en faveur de son peuple, mais aussi l'action du peuple qui écoute Dieu qui parle qui réagit en le louant, en l'évoquant, en accueillant l'inépuisable source de vie et de miséricorde qui coule des signes sacrés ».

 

 

 

Le pape détourne le sujet de la réforme de l'ordo missae en le noyant dans des considérations générales sur la « liturgie » le 14 août 2017. Il a d'ailleurs au paragraphe 4 de son intervention situé la réforme de l'ordo dans le sillage des réformes de Saint Pie X. En réalité cela n'a rien à voir : pour saint Pie X, il s'agit de la réforme du bréviaire !

 

 

 

Alors pourquoi ce masque ?

 

 

 

Parce que pour la théologie de la libération et sa forme argentine la théologie du peuple, le peuple est un lieu théologique où s'élabore la nouvelle Eglise et par conséquent la nouvelle liturgie. Le peuple crée sa liturgie en fonction de l'expression de ses besoin de justice et de solidarité, de ses joie et de ses peines.

En Amérique Latine depuis les années 70-80 il y a eu une très forte influence des groupes charismatiques et pentecôtistes.

 

 

 

Mais c'est surtout les luttes sociales et politiques qui changent « les liturgies ». Nous les avons connues en direct dans plusieurs pays.

 

 

 

Nous avons le souvenir d'une de ces messes célébrées dans la guérilla du massif du Morazan au Salvador.  Célébrée par le prêtre belge Georges Poncel, la messe conservait encore quelque chose de sacré par la consécration qui était faite selon le canon en usage. En revanche les interventions, prises de paroles et « homélie » étaient des engagements au combat. L'hymne final qui ne manquait pas de grandeur, était l'hymne du parti communiste salvadorien ! 

Toutes les messes étaient en espagnol... sans latin

Même chose à Managua la clôture de la messe était l'hymne sandiniste.

 

 

 

J'ai assisté au Nicaragua à la messe en mémoire d'un prêtre américain qui avait abandonné le sacerdoce et s'était marié. Sa femme était là avec ses enfants et nous avons eu droit à un sermon sur l'engagement au service du président Ortega. Ces messes utilisaient d'ailleurs toujours le même évangile de Saint Luc 4, 18 : le Christ lit la prophétie d’Isaïe « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a oint pour annoncer la bonne nouvelle aux pauvres, il m’a envoyé proclamer aux captifs la délivrance… ».

 

 

 

Au Brésil, le fond idéologique était le même mais l’ambiance était moins dramatique surtout avec l’évêque Casaldaliga, poète révolutionnaire. Les acclamations et les trémoussements étaient permanents. A Rio de Janeiro

dans des salles aménagées, on assistait à de vrais « shows » évangéliques où ce qui restait du sacrifice disparaissait complétement dans une joyeuse anarchie.

Dans ces « liturgies » il y a une instrumentalisation de la foi et des sacrements. On distribuait dans les années 80, dans les communautés de base une brochure intitulée : «  L’Eucharistie dans les communautés de base ». On lit page 25, 26 et 27 : 

 

 

 

«  La chrétienté est le fruit d'une union entre l'Eglise et l'Etat. … L'empereur Constantin se résolut à faire une alliance avec l'Eglise. Avec cette union les choses devinrent pires. Avec la construction de grands temples les réunions de communauté furent interdites. Elles devaient se faire dans les temples.

L'eucharistie devint alors une cérémonie rituelle perdant ainsi de sa force . »

 

 

 

« Le formalisme et le légalisme ont atteint des extrêmes. L’Eucharistie est célébrée dans une langue que personne ne comprend. Le prêtre fait une série de gestes que pareillement personne ne comprend »....

« Il a été nécessaire au Concile Vatican II de repenser cette situation absurde qui était arrivée avec le christianisme ».

« Célébrer l’Espérance … les luttes d’aujourd’hui sont signes que le règne approche et que demain les hommes seront véritablement des frères ».

Ou encore : « répartir le pain c'est répartir la libération. »

 

 

 

Dans certain cas pour imiter les premières communautés chrétiennes on se réunit pour célébrer la Fraction du pain en souvenir de la dernière Cène.

 

En Afrique du Sud, les enterrements étaient utilisés pour initier des manifestations de la non-violence active.

 

L’impact de la théologie du peuple en Argentine a été déterminant avec la création du Mouvement des prêtres pour le Tiers-Monde ( MSTM) sous l’égide de Don Helder Camara. Ce sont eux qui interpellent les évêques à l’Assemblée de Medellin en 1968 et qui sont à l’avant-garde du « réformisme ». La « conscience religieuse critique », ne peut admettre une liturgie qui appartient aux puissances politico-militaires liées à l’épiscopat et pour protester une paroisse engagée supprime la messe de minuit le 25 décembre 1968 en Argentine!

 

Chaque pays, chaque peuple avec son « inculturation » et donc sa propre messe protestataire qui allie la revendication sociale à la liturgie de la messe. Une étude en a recensé quatorze :

 

Misa panamerica, Misa Andina de Altiplano,Misa Pimpa, Misa a la chilena, Misa peruana, misa tepozteca, Misa Criolla, misa campesina nicaraguënse, Misa popular salvadoreña, misa cubana, Misa dos quilombos, Misa Mesoamericana, Misa de Chiapas et Misa del Tercer Mundo .

 

Chacune a sa musique propre. Si le credo est peu respecté, le Gloria est très fantaisiste : « Gloire à Dieu au ciel et sur la terre qui est si maltraitée… ». Quant aux liturgies de la parole et aux intentions c’est selon le degré de conscientisation révolutionnaire ad libitum

A titre d’exemple la messe composée - et jamais interdite par le cardinal Bergoglio- par le père Mugica, prêtre des bidonvilles de Buenos Aires, membre de MSTM, assassiné en 1974. Ce texte est compréhensible et on y retrouvera tous les messages politiques dont ce genre de messe est porteur. Toute la liturgie est réécrite en fonction de la communauté qui lutte. C’est l’inculturation liturgique ! Comme il y a une théologie contextuelle il y a une liturgie contextuelle. Leonardo Boff a écrit des pages sur le sujet , voir Eglise : charisme et pouvoir.

 

 

 

Le pape pour arriver à l'interdiction de la messe tridentine se conforme à un contexte historique.

Voici comment il présente la réforme qui est déjà irréversible dans l'entretien avec la Civilta catolica en septembre 2013 :

 

 

 

 

Le Concile Vatican II

« Qu’est-ce qu’a réalisé le Concile Vatican ii ? Que s’est-il passé ?  », lui demandé-je à la lumière des déclarations précédentes, imaginant une réponse longue et articulée. J’ai plutôt eu l’impression que le Pape considère le Concile comme un fait si indiscutable qu’il n’est pas nécessaire d’en parler trop longuement, sous peine d’en réduire l’importance. (père Spadaro)

Le pape :« Vatican ii fut une relecture de l’Evangile à la lumière de la culture contemporaine. Il a produit un mouvement de rénovation qui vient simplement de l’Evangile lui-même. Les fruits sont considérables. Il suffit de rappeler la liturgie. Le travail de la réforme liturgique fut un service du peuple en tant que relecture de l’Evangile à partir d’une situation historique concrète. Il y a certes des lignes herméneutiques de continuité ou de discontinuité, pourtant une chose est claire : la manière de lire l’Evangile en l’actualisant, qui fut propre au Concile, est absolument irréversible. Il y a ensuite des questions particulières comme la liturgie selon le Vetus Ordo. Je pense que le choix du Pape Benoît fut prudentiel, lié à l’aide de personnes qui avaient cette sensibilité particulière. Ce qui est préoccupant, c’est le risque d’idéologisation du Vetus Ordo, son instrumentalisation ».

Le pape n'ose pas encore parler de « schisme »et il emploie un vocabulaire de journaliste qui ne veut pas appeler les tradis par leur nom !

Lorsque le pape rencontre les jésuites du Chili le 15 février 2018 il déclare qu'il aime dialoguer avec les opposants chez lesquels il y a un brin de vérité mais la véritable résistance lui déplaît . «  Par exemple, nous l'avons tous vécue dans la période post conciliaire. Les résistances apparues après le concile Vatican II qui sont toujours présentes, ont cette signification : relativiser le Concile , diluer le Concile […] Quand je ne trouve pas de bonté spirituelle chez ces personnes, à cause de ce qu'elles disent ou écrivent, je prie simplement pour elles. J'éprouve de la peine, mais je ne m'arrête pas sur ce sentiment, par hygiène mentale ».

 

 

 

 

La réduction ad populum , ainsi qu'une répulsion naturelle pour certaine catégorie de chrétiens, populistes, fondamentalistes, idéologues et futurs schismatiques, conduisent le pape à décréter au nom de l'inculturation l'usage des langues de tous les peuples de la terre pour la célébration de la messe !

Quand on voit le niveau intellectuel de l'épiscopat français qui a mis cinquante ans pour se rendre compte que nature et substance ce n'était pas la même chose... cela laisse augurer de la catastrophe à venir !

 

 

 

 

Non seulement nous ne nous rangeons pas à la théologie du peuple mais nous invoquons contre elle et contre son propagateur le jugement de Saint François de Sales.

Face aux protestants de tout poil qui multipliaient les traductions de l'Ecriture, il y avait déjà des Bergoglio qui voulaient la messe en français et en d'autres langue comme l'allemande et la polonaise : il leur répond avec une pertinence et une sagesse qui devrait confondre le pontife, ses laquais romains et tous les synodaux de la terre !

«  Catholiques, nous ne devons en aucune façon réduire nos offices sacrés aux langages particuliers, mais plutôt, comme notre Eglise est universelle en temps et en lieux, elle doit aussi faire des services publics en un langage qui soit de même universel en temps et en lieux, tel qu'est le Latin en Occident et le Grec en Orient . Autrement nos prêtres ne sauraient dire la messe ni les autres l'entendre hors de leur contrée. L'unité et la grande étendue de nos frères requiert que nous disions nos publiques prières en langage qui soit un à toutes les nations en cette façon nos prières sont universelles par le moyens de tant de gens qui en chaque province peuvent entendre le latin ». ( Controverses : Seconde Partie : Les règles de la Foi :Article 6, 7 ( de la profanation des versions en langues vulgaire ) ; 8, (de la profanation qui se fait en employant la langue vulgaire aux offices publiques) page 182.

Saint François donne d'autres arguments ; tout cela est au tome 1 des œuvres complètes !

Dans le motu proprio du 1er octobre 2017 le pape écrivait : «... les langues vernaculaires elles-mêmes, souvent seulement de manière progressive, pourraient devenir des langues liturgiques, se distinguant d'une manière proche du latin liturgique par l'élégance de leur style et la profondeur de leurs concepts dans le but de nourrir la foi. »

Visiblement il ne sait pas de quoi il parle mais l'effet « inculturation » est réussi ! Nous sommes en plein dans la théologie du peuple !

Nous attendons que les défenseurs du Vetus Ordo fassent entendre des arguments anciens et récents qui confondent les prétentions de l'idéologie du pape Bergoglio et ses pseudo-connaissances linguistiques et liturgiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



21/08/2021
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