Semaine noire au Vatican
Semaine noire au Vatican
Depuis de nombreuses semaines nous avons attiré l'attention sur l'imprégnation de la théologie de la libération dans le gouvernement et les déclarations du pape François.
Nous avons donné des faits qui relient cette activité à l'Assemblée du CELAM de 2007 à Aparecida et à la théologie du peuple, version argentine de la théologie de la libération.
Nous avons donné les noms d'acteurs de ces changements.
Notre étude de ce courant (qui n'en est qu'à ses débuts), inconnu des informateurs religieux progressistes ou non, montre à quel point les jugements et les appréciations sur ce pontificat sont à des années lumières de la réalité et de ce que le pape François veut mettre en oeuvre.
Le plus grand silence règne dans les médias sur les aveux des libérationnistes eux-mêmes de Scanonne à Boff sur l'orientation du nouveau pontificat, totalement inédite en 2000 ans de christianisme.
L'importance capitale du synode sur la famille a heureusement mobilisé toutes les forces catholiques pour que la tentative de la bande à Kasper, échoue. L'offensive allemande est beaucoup plus radicale que celles conjuguées du Concile Vatican II. Mais elle a trouvé en face d'elle une unité combattante très forte et très déterminée.
Le sujet lui-même était, si j'ose écrire, couvert par l'assistance que Notre Seigneur Jésus-Christ a garantie à son Eglise et au pape ; nous savons que sur ce sujet il n'y aura pas d'errance : non prevalebunt !
Les hommes de perdition ont, un temps, imaginé qu'ils pourraient l'emporter. Aujourd'hui ils ont compris que sur le sacrement et la morale du mariage, sur l’homosexualité ainsi que sur la famille, ils ne pouvaient l'emporter. Ils ont donc anticipé leur échec en déclanchant une manoeuvre beaucoup plus large et beaucoup plus dangereuse à base de pauvreté et d’écologie.
L'éclatement du gouvernement pontifical.
On savait que l'on voulait donner aux conférences épiscopales nationales une autorité doctrinale. C'était une grossière opposition à l'enseignement répété des
pontifes précédents.
Dans un article du 12 mai 2015, l’excellent corripondenzaromana rapporte des éléments déterminants sur le gouvernement pontifical. L’auteur de ces propos n’est pas n’importe qui, c’est même LE théologien du pape : Victor Manuel Fernandez.
Il est l’homme lige du pontife. Après avoir été son assistant N°1, j’oserais dire son complice, dans la rédaction des textes de l’Assemblée du CELAM en 2007 à Aparecida, il est devenu le recteur de l’Université de Buenos Aires. Il a joué un rôle déterminant au Synode de la famille. L’article indique même le titre et la présentation d’un livre de ce théologien : « Saname con tu boca. El arte de besar ».
Ce spécialiste se confie au Corriere della Sera : « La curie vaticane n’est pas une structure essentielle. Le pape peut très bien aller habiter hors de Rome, avoir un dicastère à Rome et un autre à Bogota… ».
L’auteur de l’article pense que cette déclaration va coûter sa place de théologien N°1. Je n’en crois rien. Le désir depuis longtemps exprimé et diffusé par tout le continent libérationniste, est la reconnaissance comme telle, d’une Eglise latino-américaine.
Le pape vient de déclarer à l’Assemblée Générale de Caritas Internationalis : « Nous demandons au Seigneur la grâce de comprendre la vraie dimension de la CARITAS ; la grâce de ne pas tomber dans l’erreur de croire qu’un centralisme bien organisé soit la voie à suivre ; la grâce de comprendre que CARITAS est toujours dans la périphérie, dans chaque Eglise particulière ; et la grâce de croire que CARITAS–Centre est seulement une aide, un service et une expérience de communion mais non la tête de toutes les caritas (nationales) ».
La sainteté n’est plus ce qu’elle était
Oui, volens nolens, l’Eglise catholique, a changé. C’est l’invité spécial de l’Assemblée de Caritas, Gustavo Gutierrez, qui l’affirme.. Comme nous n’avons pas encore le texte complet officiel de sa déclaration nous reproduisons celle de Zénit en français. Sachant que nous avons constaté et montré les variantes de traduction d’un Zénit à l’autre.
« Une conception enrichie du « martyre ».
A une question sur la prochaine béatification de Mgr Oscar Romero, assassiné le 24 mars 1980, et du procès de béatification de dom Helder Camara, mort au Brésil en 1999, le théologien péruvien répond que la notion de « martyre » a été enrichie par l’expérience des martyrs d’Amérique latine, comme le révèle le document d’Aparecida qu’il cite de mémoire.
Il mentionne Mgr Enrique Angelelli, premier évêque assassiné en Argentine en 1976, pour son engagement social en faveur des opprimés.
Il rappelle l’expression technique « classique » selon laquelle est martyr qui est tué « en haine de la foi », « in odium fidei », mais cette définition ne convient « pas exactement » pour Romero et Angelelli : ils ont été assassinés « par des baptisés » des « chrétiens qui se disaient chrétiens ».
Il souligne que le document du CELAM, approuvé par l’assemblée d’Aparecida (le grand sanctuaire marial du Brésil) précise que les martyrs d’Amérique Latine ont été assassinés à la fois « pour Dieu, pour l’Eglise et pour le peuple ». C’est une notion qui n’était pas connue jusqu’ici par la tradition : les martyrs d’Amérique latine ont donc « ajouté quelque chose » du fait d’être morts « pour la justice, pour l’amour du peuple ». Les évêques l’avaient déjà dit à l’assemblée du CELAM de Puebla.
Le passage du document d’Aparecida auquel le théologien fait allusion est le suivant : « Nous voulons nous souvenir du témoignage courageux de nos saints et de nos saintes et de ceux, non canonisés qui ont vécu l’Evangile dans sa radicalité et donné leur vie pour le Christ, pour l’Eglise et pour le peuple ».(n°98).
C’est « très intéressant commente le théologien du Pérou, pour comprendre ce que signifie le martyr, « le témoin » : « témoin pour procurer la justice, respecter la dignité humaine », en cela « quelque chose a changé » dans la compréhension du martyre.
Le P. Gustavo Gutierrez ajoute immédiatement que « le peuple » ne peut pas être séparé de Dieu ni de l’Eglise et que cette conception de la notion de martyre lui « semble très intéressante et très riche ».
Ajoutons que le document d’Aparecida dit aussi que cet engagement des évêques d’Amérique latine : « Nous nous engageons à travailler pour que notre Eglise latino-américaine et des caraïbes continue à être avec plus de véhémence, compagne de route de nos frères les plus pauvres, y compris jusqu’au martyre » (n°396).
Nos commentaires
1) La participation de Gustavo Gutierrez à l’Assemblée n’a pu se faire qu’avec l’assentiment du pape François. Ils se connaissent (et aussi avec le cardinal Maradiaga), et se sont déjà rencontrés à Rome. Le pape savait ce que Gutierrez allait dire.
2) Nous avons, déjà depuis plusieurs mois, annoncé que le programme du pontificat était celui d’Aparecida. Nous savons que ce programme est porté par le plus radical des théologiens de la libération à l’oeuvre depuis 1964. Son premier ouvrage capital date de 1971.
3) A nouvelle Eglise nouveau martyre. Nous avons la fiche sur papier glacé de 90 d’entre eux, éditée au Brésil. A Aparecida il y avait la tente des martyrs. Toutes les officines caritatives libérationnistes y compris les « caritas » s’y retrouvaient pour écouter les témoignages et manifester leur soutien à la théologie de la libération.
4) On a compris qu’il n’est plus question d’Eglise hiérarchique qui enseigne mais que la nouvelle Eglise ne fait qu’un avec le peuple de Dieu qui est celui des pauvres
5) La référence constante à l’Assemblée d’Aparecida marque d’une façon absolue que l’Eglise particulière d’Amérique latine enseigne à toutes les Eglises du monde une autre façon d’être l’Eglise. Cette revendication est explicite dans toutes les composantes de la théologie de la libération.
6) La contre-attaque sera difficile il faudra faire comprendre que les miséricordes temporelles sont orientées et commandées par la charité sacramentelles. Pour le synode sur la famille, les médias se sont engagés d’une façon modérée rares sont ceux qui ont maintenu un continuum réel. Il n’en sera pas de même lorsque Caritas Internationalis va se lancer dans la lutte contre la pauvreté et pour l’écologie. Le formidable appareil mondial de la théologie de la libération qui tourne déjà à plein régime s’emparera de tous les moyens possibles et imaginables.
7) Le président de Caritas Internationalis a changé. C’est le cardinal philippin Luis Antonio Tagle qui succède au cardinal Maradiaga ; il a obtenu 91 voix sur 133 contre 40à l’archevêque maronite Mgr Youssef Soueif; le nouveau trésorier est un autrichien, Alexander Boddman. Seul reste en poste le secrétaire général, Michel Roy, pur produit du progressisme français.
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