Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Synode et révolution : Journal de l'ACO

Un montage photographique représentant l'exécution des otages, le 26 mai 1871 à Paris.Un montage photographique représentant l'exécution des otages, le 26 mai 1871 à Paris. 

Cinq martyrs de la Commune seront prochainement béatifiés

Ce jeudi 25 novembre, le Pape François a reçu le cardinal Semeraro, préfet de la Congrégation pour les Causes des Saints. Il a autorisé son dicastère à promulguer plusieurs décrets, parmi lesquels celui reconnaissant le martyre de cinq prêtres français assassinés en 1871 par les communards.

 

 

Cyprien Viet – Cité du Vatican

Le décret rendu public aujourd’hui reconnaît le martyre des Serviteurs de Dieu Henri Planchat, prêtre profès de l'Institut des Religieux de Saint Vincent de Paul, et Ladislas Radigue et 3 Compagnons, prêtres profès de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, et de l'Adoration perpétuelle du Saint Sacrement (communément appelés les pères de Picpus), tués en haine de la foi le 26 mai 1871 à Paris.

Henri Planchat, né à Bourbon-Vendée le 8 novembre 1823, a fait ses études de théologie à Paris, où il rencontre le Serviteur de Dieu Jean-Léon Le Prevost, fondateur des Frères de St Vincent de Paul. Il devient prêtre le 21 décembre 1850. Trois jours plus tard, il entre dans la nouvelle congrégation vincentienne et est envoyé en Italie pour y terminer ses études. De retour en France, après avoir exercé son ministère pastoral dans diverses villes françaises, il est transféré à Paris en 1863 où il poursuit son assistance spirituelle populaire, se consacrant au soin des malades, des soldats employés sur le champ de bataille, des familles et à la catéchèse des enfants. Arrêté le 6 avril 1871 au patronage de Sainte Anne, il est fusillé le 26 mai de la même année.

Ladislas Radigue, né le 8 mai 1823 à Saint Patrice-du Désert (France), il est entré dans la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie et de l'Adoration Perpétuelle du Saint Sacrement en 1843, et a été ordonné prêtre le 22 avril 1848. Il fut d'abord Maître des Novices, de 1863 à 1869, année où il remplaça le défunt Supérieur Général de la Congrégation, puis devint Supérieur de la Maison Mère dans le district de Picpus. Il est arrêté le 12 avril 1871, puis transféré à la prison de Mazas, puis à celle de la Roquette, et enfin fusillé le 26 mai, avec ses confrères et d'autres ecclésiastiques.

Les autres pères de Picpus dont le martyre, le même jour, est officiellement reconnu, sont:

Polycarpe Tuffier, né le 14 mars 1807 à Malzieu (France), a fait sa profession religieuse en 1823 dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs. Ordonné prêtre en 1830, après une courte période où il s'occupe d'activités paroissiales, il est transféré à Paris où il travaille comme aumônier pendant quelque temps. De 1847 à 1858, il est également Supérieur du collège, avant de devenir Procureur du siège principal de la Congrégation en 1862.

Marcellin Rouchouze, né le 14 décembre 1810 à Saint-Julien-en-Jarez (France), il entre dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs a fait sa profession religieuse en 1837. Professeur de latin, de mathématiques et de philosophie, il est envoyé en Belgique pour travailler dans les collèges de la Congrégation et est ordonné prêtre en 1852.

Frézal Tardieu, né le 18 novembre 1814 à Chasseradès a fait sa profession religieuse dans la Congrégation des Sacrés-Cœurs en 1839. Ordonné prêtre en 1840, il a été maître des novices à Vaugirard, à Louvain (Belgique) et Issy. En 1860, nommé Conseiller général de la Congrégation, il s'était installé à Paris où il enseignait la théologie dogmatique.

Victimes du chaos politique

Leur martyre s’inscrit dans un contexte historique très complexe. Après la défaite de la France dans la guerre franco-prussienne, le 4 septembre 1870, un groupe de députés républicains déclare la fin de l'empire de Napoléon III et proclame le retour de la République. En opposition au nouveau gouvernement républicain de Versailles, du 18 mars au 28 mai 1871, la "Commune de Paris" nouvellement formée met en place une administration dissidente, inspirée par des idéaux socialistes libertaires.

L'armée régulière française assiège Paris pour mettre fin à la Commune et entre dans la ville le 21 mai 1871. La bataille dans les rues de la ville est violente et sanglante et dure une semaine, avec des milliers de morts, des incendies et des destructions. Les communards s’attaquent aux soldats, aux membres du clergé et à des citoyens considérés comme opposés à la Commune.

Un régime hostile à l’Église

La Commune avait des implications antireligieuses évidentes: pour surmonter l'ancien régime et promouvoir de nouvelles formes d’organisation de la société, certains Communards considéraient la religion chrétienne et ses représentants comme un obstacle à éliminer. Ces serviteurs de Dieu ont été arrêtés simplement parce qu'ils étaient prêtres. Le critère de «haine de la foi», nécessaire pour la reconnaissance formelle du martyre, est également confirmé par la férocité perpétrée contre les religieux par la foule en colère et le pillage des lieux et du mobilier servant au culte. Dans la Maison Mère de la Congrégation des Sacrés Cœurs de Jésus et de Marie, les espèces eucharistiques et les objets sacrés ont été profanés.

Les Serviteurs de Dieu étaient conscients des risques qu'ils couraient. Ils auraient pu quitter Paris, mais ont préféré rester et exercer leur service ministériel. Par exemple, le futur bienheureux Henri Planchat, averti de la possibilité d'une arrestation, est resté à son poste pour confesser les fidèles en vue de Pâques. Pendant leur emprisonnement, les serviteurs de Dieu ont prié et confessé les autres prisonniers.

La renommée de leur martyre et des signes s'est répandue immédiatement après leur assassinat et s'est poursuivie au fil des ans jusqu'à nos jours. Ces décrets ouvrent donc la voie à leur béatification, qui sera probablement organisée à Paris dans les prochains mois.

 

 

 



18/01/2022
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