Evêque, c‘est par toi que je meurs – 3 – Le diocèse de Rouen
Relire les volets 1 et 2 de l'affaire
Le bienveillant lecteur voudra bien excuser la longueur de cet article mais l’affaire est d’importance !
Achever la lecture des 81 pages des Orientations Synodales du diocèse de Rouen et les 72 pages des Fondements et perspectives de la Commission théologique préparatoire au Synode, est une pénitence que je n’infligerai à personne.
Ces deux documents ont institutionnalisé la destruction du diocèse. La réunion du synode diocésain n’étant qu’une formalité pour donner accroire au peuple de Dieu que c’est lui qui a décidé.
Cela se passe dans de nombreux diocèses de France. A l’occasion, trop réelle, du manque de prêtres, on ne recompose pas seulement la géographie des paroisses, on forme de nouveaux ensembles ou bassins d’évangélisation. Ces dispositions à caractère structurel, cachent en réalité une nouvelle manière de faire Eglise…selon leur jargon.
Le cas du diocèse de Rouen est particulièrement emblématique car il a réuni une commission théologique qui a fixé les assises de la nouvelle Eglise de Rouen. Grâce à ce premier travail nous allons voir la mécréance et l’idéologie véritable qui ont présidé aux orientations synodales. Perepiscopus a donné du 12 au 18 novembre l’excellente analyse des Orientations, parue dans Daoudal hebdo.
Le document de la Commission théologique ( http://s1.e-monsite.com ,)comprend quatre parties, une introduction (8 pages) et une conclusion de une page.
Première partie - Le diocèse de Rouen (19 pages). C’est l’équivalent d’un document préfectoral avec cartes en couleur : géographie, économie, chômage, mentalité, richesse, pauvreté, etc …C’est la partie la plus longue.
Aucun commentaire ne s’impose sinon que la réorganisation a une base essentiellement géographique et sociologique. Les Orientations Synodales y font constamment référence pour prendre en compte les besoins des femmes et des hommes de notre temps ! Bla bla bla habituel de ce genre de document diocésain.
Deuxième partie : Paroisses et communautés chrétiennes (11pages) ; c’est le cœur du document. Cette partie est un exposé idéologique qui prétend fonder la réorganisation sur « l’intuition rouennaise » et sur les élucubrations des experts bien connus : le père Congar et le Père Jean Rigal.
Le père Congar n’a pas besoin d’être présenté. Il a été le gourou du Concile et de l’ère post-conciliaire. On pouvait même croire que compte tenu des travaux qui surgissent sur le Concile Vatican II, ce « spécialiste » n’était plus une référence sinon pour les Réseaux des Parvis, Mgr Gaillot et consorts… Eh bien non, à cette brochette de prétendus réseaux novateurs, Il faut ajouter le diocèse de Rouen !
Le texte de la promulgation des Orientations par Mgr DESCUBES commence par la NOTE 1 :
« Afin de lever toute ambiguïté dans leur interprétation, sont retenus pour caractériser une communauté ecclésiale les critères définis par le Père Y.- M. Congar et rappelés dans le document Fondements et perspectives de la Commission théologique :… »
Jean Rigal a publié trois livres importants sur les changements de structures de l’Eglise : 1999, Horizons nouveaux pour l’Eglise ; 2003, L’Eglise en quête d’avenir ; 2007, l’Eglise à l’épreuve de ce temps. A la suite de Congar, c’est un grand réformateur !
Congar était en 1973, l’oracle des évêques qui n’avaient pas hésité à le faire venir à Lourdes pour : qu’il présentât : Le ministère presbytéral dans l’Eglise tout entière ministérielle.
Congar était un homme habile et affirmait la distinction entre de sacerdoce sacramentel des prêtres et le sacerdoce commun des laïcs. Mais il agissait pour que pratiquement cette différence s’effaçât. Les Rigal et autres émules rouennais continuent selon des pratiques semblables. Beaucoup de belles citations du Concile, de Jean-Paul II et de Benoît XVI et derrière cet écran, la mise en place d’une autre Eglise.
Troisième partie : Autres modèles d’organisation chrétienne (13 pages). En réalité se sont les modèles que copie le synode et qui révèlent la nouvelle religion du diocèse de Rouen. Là comme ailleurs, la commission théologique fait de l’esbroufe en citant des expériences du tiers monde. Pas de chance. Il y avait une possibilité sur 40 millions pour que cette tromperie soit découverte. Il se trouve que nous sommes l’un des rares Français à connaitre Lumko Institute et à pouvoir produire les documents y compris la bande dessinée sur les petites communautés qu’imite sans le savoir le synode car il serait surprenant que les pères signataires de cette commission : Benoît Andrillon, Henri Delaveine, Sébastien Savarin, Geoffroy de la Touche sachent quelque chose des modèles exotiques qu’ils décrivent ! Grand quatuor de baladeurs devant l’Eternel !
Non seulement les jeux sont déjà faits lorsque le peuple de Dieu vote mais les quatre membres de la commission théologique ne connaissent pas les références qu’ils citent. La question est de savoir d’où ils sortent ces « modèles » et qui leur a donné. Ce synode sent mauvais. C’est une double imposture.
Quatrième partie : Eucharistie- Assemblée – Dimanche
La commission s’interroge pour savoir qui va présider les assemblées.
« Si ce n’est pas la mission ordinaire des laïcs, le Code de Droit Canonique prévoit néanmoins, que des laïcs puissent animer les célébrations de prières, en particulier exercer le ministère de la parole et présider les prières liturgiques. Il convient toutefois de ne pas introduire de confusions dans l’esprit des fidèles entre ministère ordonné et ministères de laïcs ou entre sacerdoce commun et sacerdoce ministériel.
P. Prétot estime à ce titre souhaitable que « les personnes engagées pour ce service soient reconnues comme des ‘responsables de la prière communautaire. » C’est pourquoi, un véritable discernement personnel, et dont il faudra déterminer les critères, doit être opéré pour éviter toute méprise quant à la mission attribuée, repérer les qualités spirituelles nécessaires et la discrétion liturgique requise. Une fois ce discernement opéré, la formation de ces responsables doit être une priorité sous peine d’échec ou de confusions dommageables pour l’Église diocésaine. Ce dernier point
sera traité plus loin. Il appartient à l’évêque de juger bon si, selon les cas, cette responsabilité peut être reconnue au titre d’un ministère institué ou d’une lettre de mission. »
Aucune explication n’est donnée « sur les critères pour éviter toute méprise … ». Nous sommes donc suspendus au jugement du bénédictin (quelle abbaye ?), Patrick Prétot, oracle de l’épiscopat en matière de liturgie, directeur de la rédaction de « La Maison Dieu » et rédacteur de « Transverticalités ».
Comment, mon cher, vous n’êtes pas « transvertical » ? Comment pouvez-vous prétendre pouvoir évangéliser et organiser l’évangélisation si vous n’êtes pas « transvertical » ! Le père Pérot a écrit en 2006 un article dans les Etudes, qui a exactement pour titre celui de cette quatrième partie.
Mais Congar demeure la référence suprême pour « caractériser les communautés ecclésiales »
« Une confession de la foi qui implique que cette communauté est rassemblée
au nom de Jésus Christ.
« Une Communion avec les autres communautés qui confessent la même foi
« Une communauté où tous ont le souci de faire exister
« Une reconnaissance du ministère ordonné car c’est à cette condition que la communauté signifie le mystère de l’Église.
Nous avons là, la clé de tout le synode.
Le texte des Orientations s’y réfère plusieurs fois, page 11 et 19, et il est répété in extenso page 58. Un bandeau enfonce le clou :
« Les communautés sont dites d’Eglise lorsqu’on peut les reconnaître comme telles selon ces critères ».
Vous avez dit soviet ?
La dérive du diocèse de Rouen, commence avec ces aberrations.
Après cette « théologie-là », que devient la paroisse ?
« LA PAROISSE, « COMMUNION DE COMMUNAUTÉS » ?
Si l’on s’en tient à la définition du Code de Droit canonique de 1983, la paroisse est une « communauté précise de fidèles qui est constituée d’une manière stable dans l’Église particulière, et dont la charge pastorale est confiée au curé, comme à son pasteur propre, sous l’autorité de l’Évêque diocésain ». Or, la question fondamentale actuellement posée par le synode, reprenant une expression qui remonte à Horizon 2005, est la suivante : « Que ferons-nous pour que, dans le diocèse de Rouen, nos paroisses soient des communions de communautés de disciples du Christ qui vivent et témoignent de l’Évangile ? ». Ces deux approches sont-elles bien compatibles ? Comment
l’intuition rouennaise peut-elle s’insérer dans la définition canonique (SIC)?
SYNODE DE ROUEN
Il convient tout d’abord de rappeler que l’expression « communion de communautés » est liée à la création des EAP( équipe d’animation pastorale,ndrl) et des EAL (équipe d’animation liturgique,ndrl), dans le diocèse de Rouen. Elle apparaît donc dans le contexte de la réorganisation et du regroupement des paroisses, avec le souci pastoral de rassembler les chrétiens en communautés, et pas seulement de réunir des territoires. Selon le principe énoncé dans le droit, il s’agit bien de constituer une « communauté précise de fidèles ». Mais il faut reconnaître que l’extension territoriale des nouvelles paroisses, tout comme la mobilité des populations, la dispersion des lieux de vie, la multiplicité des types d’apostolat et des associations de fidèles, rend difficile la délimitation exacte de la communauté paroissiale, de même que le rassemblement effectif des chrétiens qui la constituent.
Tenant compte de cette évolution, il reste nécessaire que les « groupes territoriaux » qui subsistent (dans tel espace, tel village, tel quartier), tout comme les différents « réseaux de vie chrétienne » (mouvements d’apostolat et de spiritualité, aumônerie hospitalière, établissement d’enseignement catholique, etc.), constituant en quelque sorte autant de « communautés », non territoriales, présentes sur la paroisse mais débordant largement ses limites, trouvent dans la paroisse le signe et le moyen de leur communion avec l’Église diocésaine.
La paroisse peut donc ainsi être entendue comme « communion de communautés », elle est le rassemblement incontournable de ces différents groupes et réseaux de chrétiens, qui trouvent en elle le sens même de leur existence en tant que tels. Si le mot « communauté » décrit la dimension sociale, organisationnelle, le mot « communion» exprime la réalité spirituelle, le lien constitutif à l’Église diocésaine et au ministère de l’évêque, et la nature sacramentelle de ce lien : dans la paroisse est donné le baptême, dans la paroisse les chrétiens se rassemblent pour célébrer l’Eucharistie.
Encore faut-il exercer un discernement. Tout groupe, tout réseau où se retrouvent des chrétiens n’est pas forcément une « communauté ». Il convient donc de définir et d’appliquer des critères qui permettent d’identifier la communauté dans sa spécificité ecclésiale (souligné par nous). Gardant cette perspective, le synode de Rouen aura pour tâche de préciser l’articulation entre « communauté » et « communion », en « qualifiant » les communautés chrétiennes insérées dans la communion ecclésiale grâce au lien avec la paroisse. Parler de communautés « locales » risque d’enfermer dans le territoire ; communautés « priantes » insiste sur une dimension essentielle, mais non exclusive, de la vie chrétienne ; communautés « baptismales », communautés « de fidèles du Christ », communautés « qui vivent et témoignent de l’Évangile » semblerait préférable. »
Nous sommes arrivés à la grande trouvaille du Synode de Rouen : la paroisse est une communion de communautés.
Il est très remarquable qu’à ce point, la commission dite théologique n’évoque aucune autorité hiérarchique, la paroisse étant réduite à donner son label (CONGAR), aux communautés sous le contrôle des apparatchiks locaux !
Voici l’enseignement de Jean-Paul II dans l’exhortation apostolique, Christifideles, § 30. L’emploi du mot « association » par Jean-Paul II est à prendre au sens large. Il englobe les communautés rouennaises.
« Critères d'ecclésialité pour les associations de laïcs
30. C'est toujours dans cette perspective de la communion et de la mission de l'Eglise, et non pas en opposition avec la liberté d'association, qu'il faut comprendre la nécessité de critères bien clairs et précis de discernement et de reconnaissance des associations de laïcs, qu'on nomme aussi «critères d'ecclésialité».
Comme critères fondamentaux pour le discernement de toute association de fidèles laïcs dans l'Eglise on peut retenir, en les prenant ensemble, les critères suivants:
_ Le primat donné à la vocation de tout chrétien à la sainteté, manifesté «par les fruits de grâce que l'Esprit produit dans les fidèles»(109), comme croissance vers la plénitude de la vie chrétienne et la perfection de la charité(110).
En ce sens toute association de fidèles laïcs est appelée à être toujours davantage un moyen de sanctification dans l'Eglise, un moyen qui favorise et encourage «une union plus intime entre la vie concrète de leurs membres et leur foi»(111).
_ L'engagement à professer la foi catholique en accueillant et proclamant la vérité sur le Christ, sur l'Eglise et sur l'homme, en conformité avec l'enseignement de l'Eglise, qui l'interprète de façon authentique. Toute association de fidèles laïcs devra donc être un lieu d'annonce et de proposition de la foi et d'éducation à cette même foi dans son contenu intégral.
_ Le témoignage d'une communion solide et forte dans sa conviction, en relation filiale avec le Pape, centre perpétuel et visible de l'unité de l'Eglise universelle(112), et avec l'Evêque, «principe visible et fondement de l'unité»(113) de l'Eglise particulière, et dans «l'estime mutuelle de toutes les formes apostoliques de l'Eglise»(114).
La communion avec le Pape et avec l'Evêque doit s'exprimer dans une disponibilité loyale à recevoir leurs enseignements doctrinaux et leurs directives pastorales. La communion ecclésiale exige, de plus, la reconnaissance du légitime pluralisme des fidèles laïcs dans l'Eglise et, en même temps, la disponibilité à une mutuelle collaboration.
_ L'accord et la coopération avec le but apostolique de l'Eglise, qui est «l'évangélisation et la sanctification des hommes, et la formation chrétienne de leur conscience, afin qu'ils soient en mesure de pénétrer de l'esprit de l'Evangile les diverses communautés et les divers milieux»(115).
Les notes chiffrées renvoient à la fin du document de Jean-Paul II.
Chacun pourra se reporter au texte complet de Jean-Paul II et comparer avec le label CONGAR. Nous avons bien deux religions. Celle du Synode de Rouen et celle de l’Eglise catholique.
En remplaçant les critères d’ecclésialité par ses propres élucubrations, le synode de Rouen s’est écarté délibérément de l’Eglise Catholique. Le plus terrifiant de cette pratique c’est que le synode et la commission théologique citent « Christifideles » mais pas sur la question essentielle. Cela veut dire que les quatre signataires de la commission théologique ont soit volontairement omis ce texte capital qui ruinait leurs prétentions, soit ils n’ont pas véritablement lu l’exhortation apostolique ce qui était pour eux une obligation élémentaire.
Il nous semble que si des catholiques déterminés du diocèse de Rouen voulaient s’en donner la peine ils pourraient faire annuler ce synode au seul regard ce changement des critères d’écclesialité opéré par la prétendue commission théologique et le prétendu synode.
La prétendue « intuition rouennaise » a l’apparence d’une grande réflexion et d’un brillant accouchement alors qu’il s’agit de vieilles outres percées.
A suivre…
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