Mgr. STENGER - episode 3 - une religion sans dogme - suite
Relire les precedents episodes sur Mgr Stenger (1, 2)
Dans le diocèse de Troyes nous en sommes aux fumées asphyxiantes et paralysantes. Comment l’évêque de Troyes a-t-il pu choisir, pour donner une formation sur la célébration eucharistique aux responsables de l’animation, une personne qui ignore le caractère sacrificielle et propitiatoire de la messe qui ne parle ni de l’Eglise, ni du péché, ni du prêtre ? Connaissait-il l’intervenant ? Comme celui-ci avait une responsabilité dans le diocèse on peut penser que c’était le cas. Mais alors, comment ayant été le témoin auriculaire ou le lecteur de la prestation lamentable de cette « irresponsable », n’a-t-il pas immédiatement remis de l’ordre comme sa fonction l’y oblige ?
L’auteur de cette « déformation » n’est pas seulement ignorant, il se livre à des pratiques qui nous ont surpris, spécialement dans la deuxième partie parue dans le numéro de février 2006 de l’Eglise dans l’Aube.
Après avoir précisé que le témoignage le plus ancien de la célébration eucharistique était celui de la première Epître aux Corinthiens, l’auteur cite la lettre apostolique de Jean-Paul II « Mane nobiscum Domine » au paragraphe 15. Cette citation ne comporte pas de guillemets, « la dimension la plus évidente de l’Eucharistie est sans doute celle du repas ». (II, 12, 1). Cette présentation ne nous semble pas respectueuse du lecteur. Peut-être l’était-elle de l’auditeur ?
Outre l’absence de guillemets, elle donne à penser au lecteur que Jean-Paul II ne dit pas autre chose et que par conséquent le repas étant la dimension la plus évidente, c’est la dimension première de l’Eucharistie. Le reste du texte de notre auteur est fait pour convaincre le lecteur dans ce sens : « Parole de Dieu et Pain partagé constituent le cœur de la célébration »
Or, tel n’est pas le propos de Jean-Paul II.
Cinq lignes après dans le même paragraphe de l’encyclique, il écrit : « On ne peut toutefois oublier que le repas eucharistique, a aussi et c’est primordial, un sens profondément et avant tout sacrificiel. Le Christ nous y présente à nouveau le sacrifice accompli une fois pour toute sur le Golgotha ».
Sur la signification du ‘repas’ on peut se reporter au Catéchisme Catholique, n°1382.
Toute cette présentation de l’auteur est réductionniste. Le commentaire du récit des pèlerins d’Emmaüs est traité de la même façon.
Jean-Paul II dans Mane nobiscum Domine précise au paragraphe 3 : « La ‘fraction du pain’—comme était appelée l’Eucharistie à l’origine --… ».
Les disciples n’ont pas reconnu le Christ à sa manière de manger ! Pour la deuxième célébration de son sacrifice le Christ établit les fondements de toute la liturgie à savoir : la parole de Dieu qui augmente notre foi pour participer au Sacrifice, la consécration et la communion eucharistique qui est la manducation de l’offrande sacrificielle. Or que conclut l’auteur : « Parole et repas sont également liés »
« La Messe est à la fois et inséparablement le mémorial sacrificiel dans lequel se perpétue le sacrifice de la Croix, et le banquet sacré de la communion au Corps et au Sang du Seigneur ». (Ecclesia de Eucharistia, § 12)
Le Catéchisme Catholique commente ainsi ce passage, n° 1346 : « Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique constituent ensemble « un seul et même acte de culte » ; en effet, la table dressée pour nous dans l’Eucharistie est à la fois celle de la Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur. »
L’auteur conclut, lui, selon sa conception : « Parole de Dieu et Pain partagé constituent le cœur de la célébration. » (II, 13, 1).. Là encore la consécration est omise.
4. Le texte du Concile
Après cette sollicitation des textes et leur mutilation l’auteur se livre à une partie dialectique très subtile et à une nouvelle falsification de texte cette fois beaucoup plus audacieuse.
Nous citons le texte in extenso (II, 13,1). Il fait suite immédiatement à la conception de l’auteur que nous venons de citer. (Parole de Dieu et Pain partagé…)
« Il s’agit là de deux modes de présence du Christ au milieu de nous. Comme nous le rappelle Vatican II, « Le Christ est présent dans sa Parole car c’est lui qui parle tandis qu’on lit les Saintes Ecritures et il est présent au plus haut point sous les espèces eucharistiques » (SC n°7).
Vous chercherez en vain cette phrase à la référence indiquée ; elle n’existe pas. Cette phrase est un montage.
Voici le montage :
Le membre de phrase, « Le Christ est présent dans sa Parole car c’est lui qui parle tandis qu’on lit les Saintes Ecritures » appartient à la quatrième phrase du paragraphe 7, mais elle a été modifiée.
Le texte original du Concile est : « Il (le Christ), est là dans sa parole car c’est lui qui parle tandis qu’on lit dans l’Eglise les Saintes Ecritures. »
Comme on peut le constater l’auteur a ajouté une majuscule au mot parole pour donner du poids à sa thèse. Et il a supprimé l’expression « dans l’Eglise ». Nous avons vu précédemment que l’assemblée était, pour l’auteur, antérieure à l’Eglise ; aussi, le mot était gênant.
J’ai vérifié dans les textes anglais, espagnol, italien et portugais que les mots word, palabra, parola et palavra n’avaient pas de majuscule et que l’expression « dans l’Eglise » figurait dans toutes les traductions indiquées.
Pour ce qui concerne la deuxième partie de la phrase elle appartient à la fin de la deuxième phrase du paragraphe 7. (Et il est présent…)
Voici la phrase originale du texte du Concile,paragraphe 7 : « Il (le Christ) est là présent dans le sacrifice de la Messe, et dans la personne du ministre, « le même offrant maintenant par le ministère des prêtres, qui s’offrit alors lui-même sur la croix » et, au plus haut point, sous les espèces eucharistiques ».
Comme pour le mot « Eglise » bien encombrant, « le sacrifice de la Messe », « prêtres » et « croix » doivent disparaître pour mettre sur un pied d’égalité la Parole majuscule avec l’Eucharistie et induire une similitude de présence du Christ dans la Parole et dans l’Eucharistie.
Ce montage est une vraie falsification qui a pour but de donner au texte conciliaire un sens qu’il n’a pas et de le faire accroire.
On comprend que le pape Benoît XVI se soit élevé contre ceux qui faisaient dire au Concile Vatican II n’importe quoi ! La suite du texte de notre auteur ne fait que développer cette thèse.
Avec le paragraphe suivant, on revient à un langage plus catholique.
« Comme les disciples d’Emmaüs, c’est la même expérience de la Rencontre du Christ que nous sommes appelés à vivre dans l’unité et le dynamisme des deux tables : celle de la Parole et celle de l’Eucharistie ».(II, 13, 2).
Ces deux « tables », appartiennent à l’enseignement des Pères de l’Eglise repris dans un texte du Concile, Constitution Dogmatique DEI VERBUM n°21 que voici : « L’Eglise a toujours vénéré les divines Ecritures, comme elle l’a toujours fait pour le Corps même du Seigneur, elle qui ne cesse pas, surtout dans la sainte liturgie, de prendre le pain de vie sur la table de la Parole de Dieu et sur celle du Corps du Christ, pour l’offrir aux fidèles ». Droit Canon n°276 §2 « ils (les prêtres ) nourriront leur vie spirituelle à la double table de la Sainte Ecriture et de l’Eucharistie ».
Jean-Paul II a développé magnifiquement la théologie de deux Tables dans Dominicae Cenae aux paragraphes 10 et 11. Il est clair qu’il n’y a aucune dialectique entre ces deux Tables.
Le Catéchisme Catholique, n° 1346, indique précisément :
« Liturgie de la Parole et liturgie eucharistique constituent ensemble (souligné par nous) ‘un seul et même acte de culte’ ; en effet la table (souligné par nous) dressée pour nous dans l’Eucharistie est à la fois (souligné par nous) celle de la Parole de Dieu et celle du Corps du Seigneur ».
Jean-Paul II dans l’encyclique Ecclesia de Eucharistia (n° 10) avait fortement déploré une ‘compréhension très réductrice’ :
« Parfois se fait jour une compréhension très réductrice du Mystère eucharistique. Privé de sa valeur sacrificielle, il est vécu comme s’il n’allait pas au-delà du sens et de la valeur d’une rencontre conviviale et fraternelle. De plus, la nécessité du Sacerdoce ministériel, qui s’appuie sur la succession apostolique est parfois obscurcie et le caractère sacramentel de l’Eucharistie est réduit à la seule efficacité de l’annonce ».
Notons que dans cette encyclique le pape expose la théologie de l’Eucharistie sans une seule fois aborder le problème de la « Parole ».
Paul VI, dans Mysterium Fidei, a enseigné très clairement, à partir du sacrifice de la messe, les divers modes ‘de présence du Christ à son Eglise’ (paragraphes 32 à 39). Aucune confusion possible :
« Cette présence (du Christ dans l’Eucharistie), on la nomme ‘réelle’, non à titre exclusif, comme si les autres présences (y compris celle de la Parole proclamée) n’étaient pas ’réelles’, mais par excellence ou ‘antonomase’, parce quelle est substantielle, et que par elle le Christ, Homme-Dieu, se rend présent tout entier ». (italique dans le texte original)
Que dit le Catéchisme Catholique au n° 1367 :
« Le sacrifice du Christ et le sacrifice de l’Eucharistie sont un unique sacrifice : « C’est une seule et même victime, c’est le même qui offre maintenant par le ministère des prêtres, qui s’est offert Lui-même alors sur la Croix. Seule la manière d’offrir diffère » : « Dans ce divin sacrifice qui s’accomplit à la messe, ce même Christ, qui s’est offert Lui-même une fois de manière sanglante sur l’autel de la Croix, est contenu et immolé de manière non sanglante »
CONCLUSION
Nous pourrions développer encore longuement d’autres aspects de cette « formation », à nos yeux désastreuse. Elle procède d’un état d’esprit qui consiste à déplacer le centre de gravité de l’Eucharistie et oblitérer l’enseignement de l’Eglise.
Cette formation n’a soulevé aucune remarque. Rien n’est venu corriger dans la revue diocésaine ces tripatouillages sur le mystère central de notre foi.
Mgr Stenger n’a, à notre connaissance, rien rectifié. Et la personne (Elle travaille maintenant dans le diocèse de Nevers.), qui a donné cet exposé a été formée à l’Institut Catholique de Paris ! Donner à une personne laïque une responsabilité dévolue au clergé sans même corriger les erreurs les plus grossières est inconcevable chez un évêque qui a reçu le pouvoir d’enseigner. Nous sommes bien en présence d’une religion sans dogme et sans doctrine.
Je suggère à la pastorale de Troyes de faire une distribution gratuite de l’encyclique de Paul VI, Mysterium fidei et pour rétablir la vérité chez ceux qui n’ont pas l’habitude de lire les encycliques, une distribution également gratuite du mini livret de Saint Léonard de Port Maurice sur la messe.
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