Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Comment Benoît XVI a censuré son successeur III

 

 

 

 Le « Peuple mystère » du pape Bergoglio.

 

Le parti moderniste comme tout parti vise à la conquête du pouvoir.

Avant le Concile il forme ses cadres qui occupent des espaces dans l’Eglise catholique : directement dans les ordres et congrégations de religieux : principalement les jésuites et les dominicains. Ils sont soutenus par certains appareils de l’Action catholique, leur littérature et par des prolongements dans la démocratie chrétienne, spécialement en Italie.

Après la guerre, la partie du clergé, toute catégorie confondue, qui a milité contre le fascisme et le nazisme se retrouve à l’avant-garde de la transformation démocratique de l’Eglise. On remarque en France, la naissance de la revue Esprit (1930), le livre de l’abbé Joseph Comblin (belge), « Echec de l’Action Catholique ? », (1961). Il s’illustrera au Brésil et aux côtés de Helder Camara de 1958 à sa mort en 2011 A cela il convient d’ajouter la formidable expansion des vecteurs médiatiques des jésuites.

A l’autre extrémité de l’éventail, lorsque Jean Madiran lancera, en 1956, la revue ITINERAIRES, il enverra un exemplaire à tous les évêques de France : un seul lui répondra amicalement, Mgr Le Couédic, évêque de Troyes.

L’annonce du Concile en janvier 1959 déclenche la plus vaste structuration du parti moderniste qui va arriver au Concile en ordre de bataille et laminer les défenseurs de l’orthodoxie catholique. Le Concile n’est que la mise en application de tout le modernisme concocté depuis plus de cinquante ans en Europe.

L’idéologie conciliaire, victorieuse au Concile, a besoin de piétaille pour rayonner dans le monde spécialement en Amérique Latine dont tous les ténors ont étudié en Europe. Après les luttes de décolonisation, la lutte des classes et la révolution dans l’Eglise sont marquées par un marxisme trop voyant.

Or pour prendre le pouvoir le parti moderniste a besoin de troupes pour diffuser une idéologie selon laquelle le pouvoir spirituel et le pouvoir temporel ne sont pas distincts mais appartiennent au clergé et aux laïcs puisqu’il s’agit d’un combat pour la justice et les pauvres. Dans les partis politiques porteurs de « justice sociale » le prolétariat est la masse de manœuvre entièrement soumise au parti.

Les idéologues argentins vont inventer à partir de leur expérience nationale un « prolétariat » qu’ils vont baptiser peuple de Dieu. Ils se réclament du Concile et constituent ce « peuple » comme l’avant-garde de la nouvelle Eglise. Ce peuple sera décrété infaillible in credendum et porteur d’un sens de la justice sociale et politique au-dessus de toute autre institution.

Ainsi le clergé latino-américains, financé par les mouvements caritatifs d’Europe des Etats-Unis et du Canada va, grâce aux Assemblées des évêques du continent (CELAM), de 1968 à 2007, établir une Eglise nouvelle qui sera au pouvoir avec l’élection du pape Bergoglio en 2013.

 

Le pape Bergoglio, dès l’Exhortation Apostolique, Evangelii Gaudium du 24 novembre 2013, va annoncer ce passage de l’Eglise Une, Sainte, Catholique et Apostolique à l’Eglise du Peuple. Nous n’avons pas trouvé de commentaires qui reliaient ce texte pontifical à la religion de la théologie du peuple. On a glosé sur « les revendications des droits légitimes des femmes » (§ 104), mais pas sur l’essentiel !

Le paragraphe 111 méritait cependant une attention décisive !

« Tout le peuple de Dieu annonce l’Evangile.

« L’évangélisation est la tâche de l’Eglise. Mais ce sujet de l’évangélisation est bien plus qu’une institution organique et hiérarchique, car avant tout c’est un peuple qui est en marche vers Dieu. Il s’agit certainement d’un mystère qui plonge ses racines dans la Trinité, mais qui a son caractère concret historique dans un peuple pèlerin et évangélisateur, qui transcende toujours toute expression institutionnelle même nécessaire ».

Ce paragraphe est un chef-d’œuvre !

1 L’évangélisation est un peuple qui marche vers Dieu. Ce peuple est au-delà de l’Eglise, Institution organique et hiérarchique. Donc ce peuple est conquérant face à une Eglise statique. Il s’agit d’un cliché de la théologie de la libération et du peuple.

2 « Il s’agit certainement d’un mystère qui plonge ses racines dans la Trinité, mais qui a son caractère concret historique…qui transcende toujours toute expression institutionnelle même nécessaire.

Un mystère…dans la Trinité : on attend encore le développement théologique de ce mystère. Après une pareille affirmation, on ne craint plus rien !

Caractère concret historique : Il s’agit du démarquage de la formule de Maritain « idéal historique concret » dans Humanisme Intégral (page 140). Maritain a créé cette formule pour que son système échappe à l’utopie socialisante. Il explique : « Ce que nous appelons un idéal historique concret est non pas un être de raison mais une essence idéale réalisable… une essence capable d’existence et appelant l’existence pour un climat historique donné, répondant par suite, à un maximum relatif de perfection sociale et politique…etc »

Qui transcende…rejet répété de l’institution, c’est-à-dire de l’Eglise.

La logomachie atteint des sommets !

Mais le paragraphe suivant réserve un autre type de surprise. On lit dans le cours de l’article 112 :

« L’Eglise est envoyée par Jésus Christ comme sacrement de salut offert par Dieu.  Par ses actions évangélisatrices, elle collabore comme instrument de la grâce divine qui opère sans cesse au-delà de toute supervision ».

L’Eglise, épouse du Christ « collabore ». On est loin des déclarations de Jeanne d’Arc à son procès ou de la formule de Bossuet ! Mais la grâce divine ne peut supporter d’être supervisée ainsi le peuple reçoit la grâce divine au-delà de la supervision de l’Eglise.

Dieu est libre de ses dons et il peut donner la grâce hors de l’Eglise mais c’est pour que le sujet qui reçoit une grâce prévenante soit finalement accueilli dans l’Eglise pour y être baptisé. Disons que là encore, le pape a lu Humanisme Intégral car cette thèse (sans la conclusion) figure page 71 et 72.

Mais là où la surprise est à son comble c’est lorsque le pape cite un texte de Benoît XVI à l’appui de sa thèse du peuple mystère !

L’exhortation est truffée de citations qui valorisent un texte intellectuellement très pauvre. Et ayant remarqué, une citation de Benoît XVI au paragraphe 14, fondée sur un détournement de sens (qui donne à penser que Benoît XVI s’oppose au prosélytisme dans l’Eglise), nous avons vérifié cette « approbation ». Elle est tirée d’une méditation de Benoît XVI lors de l’Assemblée du synode des évêques le lundi 8 octobre 2012.

Le pape Benoît XVI explique que l’Evangélisation a pour origine la prière des Apôtres attendant le Saint Esprit. A la Pentecôte Dieu crée l’Eglise : « … Ils ont prié, ils ont attendu, car ils savaient que seul Dieu lui-même peut créer son Eglise et que Dieu est le premier agent… La Pentecôte est la condition de la naissance de l’Eglise …c’est seulement grâce à l’initiative de Dieu que pouvait naître l’Eglise… ainsi aujourd’hui aussi c’est seulement Dieu qui peut commencer, nous ne pouvons que coopérer et le début doit venir de Dieu. »

 En aucun cas il n’y a l’idée d’une action de Dieu « hors contrôle » de l’Eglise. La phrase qui suit immédiatement la citation du texte du pape Benoît XVI (cité par François) est décisive : « Dieu est toujours le début, et c’est toujours seulement lui qui peut faire Pentecôte, qui peut créer l’Eglise qui peut montrer la réalité de sa présence parmi nous ».

La dérive de François se poursuit au paragraphe 113 : « Ce peuple que Dieu s’est choisi et qu’il a convoqué, est l’Eglise. Jésus ne dit aux Apôtres de former un groupe exclusif, un groupe d’élite ».

114 « Etre Eglise c’est être Peuple de Dieu en accord avec le grand projet d’amour du Père. »

115 « Ce peuple de Dieu s’incarne dans les peuples de la terre, chacun de ses membres a sa propre culture ».

237 « A nous chrétiens, ce principe nous parle aussi de la totalité ou de l’intégralité de l’Evangile que l’Eglise nous transmet et nous envoie prêcher. La plénitude de sa richesse incorpore les académiciens et les ouvriers, les chefs d’entreprise et les artistes, tous. La mystique populaire accueille à sa manière l’Evangile tout entier, et l’incarne sous forme de prière, de fraternité, de justice de lutte et de fête ».

« ce principe » un des quatre principes développés dans Evangelii Gaudium.., dont le pape ne connaît plus l’origine, est en réalité une formidable escroquerie !

Ici « mystique populaire » désigne le peuple qui est le seul à accueillir l’Evangile en entier, un accueil qui surpasse celui de L’Eglise !

Il n’y a pas de peuple infaillible ni in credendum, ni en rien !

Ni celui du temps de Noé, ni celui qui sort d’Egypte, ni celui des Rameaux, ni celui qu’instruit Pierre après la résurrection.

Le 20 octobre 2012, le synode des évêques déclarait : « Ce message s’adresse au « Peuple de Dieu ». Ce peuple y est « décrit comme souvent distrait et confus et comparé à la Samaritaine qui se rend au puits dans l’Evangile de Saint Jean avec une amphore vide. »

Lorsque l’Ecclésiaste fait l’éloge des Pères il écrit : « C’étaient des souverains dans leurs royaumes, des guides du peuple par leurs conseils et leur prudence, des docteurs du peuple qui l’instruisaient par de sages discours ». (ECCl, XLIV, 3-4)

Celui qui a canonisé Jean XXIII a oublié le titre de « Mater et Magistra »

Que devient le peuple qui applaudit le roi à la fête de la Fédération en 1790 ?

L’invention du Peuple de Dieu, hors du Corps Mystique, cache une envie de pouvoir irrépressible, sous couvert de religion et de justice sociale, celui d’une cléricature dévoyée comme celle qui a condamné le Christ à mort, « Nous n’avons d’autre Roi que César ».

L’épiscopat conciliaire à quelques exceptions près était incapable de comprendre ce qu’il se passait. Celui d’aujourd’hui n’a aucune culture approfondie de l’histoire de l’Eglise de la première moitié du XXème siècle et ignore encore plus ce qu’il s’est passé en Amérique latine dès les années soixante : alors comment reconnaître le poison qui vient du Sud ?

Une dernière remarque pour comprendre le pape Bergoglio et son « enseignement ». Ces écrits majeurs sont toujours assortis de citations « rassurantes » et un peu « curieuses ». Celles que nous signalons ne sont pas les seules. Comme pour les innombrables photos qui accompagnent ses faits et gestes, il sait se vendre. Un de ses biographes véridiques a inventé un mot pour caractériser cette pratique qu’il avait déjà à Buenos Aires. Il l’a appelé : un papa marketinero. Le suffixe ero désignant, l’activité professionnelle : zapatero, cordonnier ; cartonero, ramasseur de cartons dans les rues de la capitale argentine.

Le pape est un expert en publicité commerciale. Dans certain cas il pourrait être pris pour un marionnettiste !

 

A suivre : Benoît XVI a censuré son successeur

 

 

 



17/04/2020
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