Détours par LYON -2
Nous donnons ci-après la suite de la lettre pour que le lecteur suive plus aisément nos commentaires. Les passages importants sont soulignés par nous.
« Vous ne donnez aucune explication de votre décision, comme si vos motivations ne regardaient personne. C’est un autre point qui fait problème. La synodalité est le mode de gouvernement dans l’Église catholique et a en outre des implications profondément œcuméniques. On ne peut vouloir qu’ils soient uns sans permettre institutionnellement au plus grand nombre de donner son avis, où alors on manipule les personnes et les institutions. En outre, plusieurs fois, comme à... en novembre 2010 et dans la lettre que j’envoyais alors au CP, j’ai interrogé votre interprétation minimaliste du droit qui réduit l’avis consultatif des conseils à un avis facultatif ou optionnel. Ignorer la synodalité est non seulement particulièrement inopportun en une époque de fort sentiment démocratique mais surtout contraire à une saine ecclésiologie.
Certains font remarquer que le CDP fonctionnait mal (perte de temps et absentéisme). En supprimant le conseil, vous supprimez évidemment les dysfonctionnements. Mais ces derniers ne mettent-ils pas plutôt en évidence les carences de votre gouvernement ? Votre décision ne vous met-elle pas au-dessus du droit ? L’institution du CDP par Vatican II exige un vrai changement dans le gouvernement de l’Église, une véritable conversion ecclésiologique. La monarchie épiscopale ne désigne nullement une autocratie. Que vous refusiez cette conversion à titre personnel empêche la réforme voulue par le Concile pour votre diocèse. Que signifie dans ces conditions une fête à l’occasion des cinquante années de l’ouverture du dernier concile alors que de facto, sur ce point du moins, vous lui tournez le dos ?
Certains font remarquer que la journée inter-conseil du mois de décembre a été plus performante que le CDP. Votre lettre le laisse entendre également. L’efficacité ne saurait être le seul critère en théologie et en pastorale. Les symboles, le sens, ne peuvent être ignorés. Cette initiative de décembre, aussi bonne soit-elle, n’a cependant aucune existence canonique ; ce n’est pas en soi un problème. Mais importe d’abord le respect des institutions prévues pas le droit sous peine que l’Église voie se multiplier les abus de pouvoirs. Il me semble que les choses sont suffisamment graves pour que je me permette de vous interpeller de la sorte, demandant que vous sursoyez votre décision. Un avis canonique s’impose sur la validité d’une telle décision. L’ancien CDP devrait tout de même être consulté et de toute façon le conseil du presbyterium, sans lequel, de façon habituelle, vous ne pouvez pas gouverner. Outre votre diocèse, c’est vous-même qui devenez victime de votre gouvernement. De fait, vous vous isolez, ne pouvant plus trouver, ni parmi les prêtres, ni parmi les laïcs, d’autre soutien, que celui, versatile, de courtisans. Vous ne pouvez pas ignorer ce que m’ont confirmé mes consultations à propos de cette lettre : la majorité des confrères est blessée dans la confiance qu’elle se doit de porter à l’évêque, s’estimant méprisée dans sa charge.
Je me permets pour finir de vous communiquer de nouveau quelques lignes de Cyprien de Carthage, évêque dont on ne peut pas dire qu’il avait une petite conception de son pouvoir et de ses prérogatives. « Je n’ai pas pu répondre tout seul [à la question de certains], m’étant fait une règle, dès le début de mon épiscopat, de ne rien décider selon mon opinion personnelle sans votre conseil [à vous les prêtres] et sans le suffrage du peuple. » (Lettre XIV)
1 – On retrouve dans le corps de la lettre la même accusation que dans les deux paragraphes qui précèdent. Le cardinal se moque du droit et cela lui est signifié d’une façon insolente : « un avis canonique s’impose sur la validité d’une telle décision». Si le cardinal a commis un déni de justice en méprisant le canon, pourquoi ne pas le reprendre en privé et lui montrer son erreur APRES consultation par le demandeur. Ce serait trop charitable. Or nous ne sommes pas dans l’ordre de la charité mais dans celui du combat idéologique.
Comme dans toute guerre subversive il faut que le monde soit dialectisé. Ici nous avons les tenants du droit et de l’autre les courtisans.
2- Mais derrière cette revendication de prêtres et de laïcs blessés par le soi-disant autoritarisme du cardinal que trouvons-nous ? Le Concile !
Celui-ci fait couler beaucoup d’encre. Mais là nous avons « in vivo », une affaire de gouvernement d’un diocèse où s’affronte deux conceptions : celle du cardinal qui, à mon humble avis, est parfaitement dans son droit, et celle de l’anonyme en chef et de ses séides qui prétendent affirmer le droit sans en être véritablement certains et qui sortent l’artillerie du Concile ou plus précisément de l’esprit du Concile.
Nous l’avons vu dès la fin du premier paragraphe « Etes- vous certain que votre décision soit canoniquement valide et conforme à l’esprit et du Concile et du canon » ?
La référence au droit canon est là pour impressionner. Elle est creuse. Reste l’esprit du Concile qui affirme solennellement : « La synodalité est le mode de gouvernement dans l’Eglise catholique… » « Ignorer la synodalité est non seulement particulièrement inopportun en une époque de fort sentiment démocratique mais surtout contraire à une saine ecclésiologie » ; « L’institution du CDP par Vatican II exige un vrai changement dans le gouvernement de l’Eglise, une véritable conversion ecclésiologique ».
(Pour ne choquer personne je ne fais pas de commentaires et je renvoie aux théologiens préférés de l’esprit du Concile).
Le Concile évoque une fois « le conseil pastoral ». Décret Christus Dominus, III B n°27 §5. On lit : « Il est tout à fait souhaitable que, dans chaque diocèse, soit établi un conseil pastoral particulier, présidé par l’évêque diocésain lui-même et auquel participent des clercs, des religieux, et des laïcs spécialement choisis. A ce conseil il appartiendra de rechercher ce qui se rapporte au travail pastoral de l’examiner et de formules à son sujet des conclusions pratiques ».
Les conclusions de l’anonyme en chef sont ahurissantes. Synodalité, ecclésiologie et le reste … voilà le Concile instrumentalisé qui s’impose dans la quasi-totalité des diocèses avec l’accord des évêques et leur complicité. Le cardinal de Lyon, on peut le supposer, a pensé jouer finement en ménageant tout le monde. Mais il arrive un moment où ce n’est plus possible. Son CDP était comme dans de nombreux cas un gouvernement parallèle. Mais le cardinal a hérité de son père un caractère fort et reçu de l’Eglise la charge de son diocèse. Fatalement le clash devait arriver
L’anonyme en chef essaie, comme tous les apparatchiks, de ranger dans son camp Saint Cyprien de Carthage. Ah ! Qu'elle était belle la démocratie des premiers âges de l’Eglise !
C’est aussi grotesque que le reste.
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