Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Dissimulation des sources de la théologie du pape- 4 Le peuple mystique remplace le Corps mystique du Christ

La dissimulation des origines de la théologie du Pape – 4

 

Le peuple mystique remplace le Corps mystique du Christ

 

 

Nous avons vu la charge émotionnelle du mot « PUEBLO » dans la vie politique, sociale, syndicale  des Argentins. Le registre « affectif » de la vie et de l'oeuvre d'Evita Peron  domine de façon définitive l'inconscient collectif civique du peuple argentin.

La démonstration que nous avons faite avec  la lecture de « La Razon de mi Vida » nous aurions pu la faire en lisant l'oeuvre de Juan Domingo Peron. Il a prononcé des centaines de discours des dizaines de publications péronistes sont remplies d’invocations au peuple ainsi que les cours de formation qu’il a donné pendant des années.

 

La relation pape François-Juan Peron nous apparaît essentielle. Septimo Cielo vient de publier un article très intéressant qui montre que le populisme de la Civilta Catolica n’est pas celui du pape. Sous ce rapport l’analyse est très pertinente. Mais là où elle est complètement défaillante c’est l’omission des liens définitifs qui existent entre les deux hommes, non seulement ceux d’hier mais aussi ceux d’AUJOURD’HUI !

 

Un autre article paru sur Le Salon Beige, a également attiré notre attention. Il est fort sympathique de  citer l’exemple de Saint Robert Bellarmin quittant Rome pour ne pas s’opposer au Pape. Mais cela n’a rien à voir avec la situation présente et détourne de la vérité de l’heure.

 

 Qui est Juan Peron ?

 

Nous ne pouvons ici qu’être brefs.

 

Il est né en 1895 d’un père agriculteur. Il entre à l’école militaire à l’âge de 10 ans puis au collège et devient lieutenant à vingt ans. En 1916 le suffrage universel établi, il vote pour le parti radical de Hipolito Yrigoyen ce qui est rare dans le milieu militaire.

 

En 1919, il est envoyé en Patagonie avec son régiment où les ouvriers se révoltent contre leurs patrons étrangers spécialement anglais. Peron obtient un accord entre les deux partis et la grève cesse : salaires plus élevés, repos suffisants, limite des heures de travail. Cette situation de paix relative ne dure pas. La répression fait 1500 morts, les Anglais règlent le problème comme ils ont l’habitude notamment en Inde et en Afrique du Sud. (Peron ne participe pas à ce massacre.)

 

En 1930, il est envoyé au Chili puis en Italie comme observateur militaire. Il suit alors les cours de formation du parti fasciste : au programme, corporatisme, antilibéralisme et nationalisme ; anti-impérialisme et pratique syndicale.

 

Il complète ainsi une formation classique avec tous les grands « conducteurs », les philosophies diverses. Admirateur de la Révolution française et de Napoléon qu’il citera dans ses cours pour les cadres du parti. Il est beaucoup plus cultivé que Hitler et Mussolini ce qui lui permettra toujours de prendre du recul par rapport à sa fonction et à son parti. Sa relation avec le peuple n’a pas la violence de ces deux dictateurs et il refusera toujours le nom de « caudillo ». Il y a chez lui l’attitude d’un Moïse à la tête du peuple élu. Il communique avec l’âme de son peuple, « el alma de mi pueblo ».

 

 

DIGRESSION

 

Lorsque le pape François commente Romano Guardini dans son discours du 13 novembre 2015 pour les participants à la « Romano Guardini Stiftung », (Fondation Romano Guardini), il va bien au-delà des mots du théologien allemand : « Nous pouvons reconnaître dans le peuple, comme dans un miroir, le « champ de la force de l’action divine ». « Le  peuple – poursuit Romano Guardini- « sent celle-ci partout à l’œuvre et en perçoit le mystère, la présence inquiétante ».

« C’est pourquoi, continue le pape, j’aime à dire –et j’en suis convaincu- que le  « peuple » n’est pas une catégorie logique, c’est une catégorie mystique. Telle est la raison de l’affirmation de Romano Guardini ».

 

Le pape a déjà employé cette formule lors de son voyage en Equateur et nous l’avions commentée sans avoir connu le lien Peron- François.

 

Notre surprise est immense en découvrant le lien que le pape établit entre «  le peuple catégorie mystique » et Romano Guardini. (texte, vatican.va, 13 novembre 2015).

Il s’agit d’un commentaire de Romano Guardini par le pape, sur un épisode des « Frères Karamazov ». La glose  du pape n’engage que lui. Et ce n’est pas la première fois que François nous joue un air de Romano Guardini. Il avait fait cela lorsqu’on l’interrogeait sur ses quatre principes !

 

Nous ne connaissons pas suffisamment l’œuvre de Romano Guardini mais nous espérons qu’un bienveillant lecteur pourra éclairer notre lanterne. Romano Guardini était-il un théologien « du peuple mystique » ? Et un auteur des quatre principes ?

 

 

Mais  nous devons absolument nous interroger sur cette formule qui n’est pas du tout anodine.

 

Une des revendications de la théologie de la libération qu’elle soit argentine ou non, est l’abandon de la notion essentielle de « Corps mystique du Christ » au profit de peuple de Dieu et de …peuple mystique ».

 

Voici ce qu’écrit Maurice Vidal, pss, qui résume parfaitement la thèse moderniste adoptée par le pape. (Chapitre 5, Cette église que je cherche à comprendre, pages 109 et suivantes)

 

« Dans la perspective délibérée, chez la plupart des pères, d’un engagement plus grand dans le dialogue œcuménique, le Concile devait voir l’appartenance à l’Eglise autrement que ne l’avait vue et enseignée Pie XII par deux fois : en 1943 dans « Mystici Corporis » et en 1950 dans « Humanum generis ». Pour être sincère, un dialogue œcuménique suppose de n’être pas simplement tactique en attendant que l’autre vienne à nous pour nous rejoindre là où nous sommes et d’où nous n’avons pas bougé. Mais Pie XII avait d’une certaine manière, bloqué le chemin parce qu’il avait identifié d’une manière très nette, l’Eglise catholique avec le Corps mystique du Christ : fait partie du Corps mystique en ce monde celui qui fait partie de l’Eglise catholique romaine, soumis au pape, tête visible du Corps dont le Christ est la tête invisible.

Cette vision ecclésiologique de l’Eglise s’était peu à peu imposée dans l’Eglise latine, dans l’Eglise d’Occident, à partir du deuxième millénaire, avec cette conséquence étonnante que le point de vue canonique de la soumission au pontife romain prend le pas sur le point  de vue sacramentel du baptême et de l’eucharistie ! On a du mal à en accepter les conséquences théologiques. Prenons le meilleur des cas, celui d’un bon orthodoxe, qui non seulement est baptisé mais qui participe à l’eucharistie, qui communie et qui selon l’Eglise catholique romaine communie vraiment, sacramentellement au corps du Christ : un tel homme n’est pas membre du Corps du Christ ! C’est en contradiction flagrante et avec saint Paul et avec toute la tradition théologique des Pères de l’Eglise comme du Moyen Age. Comment avait-on pu en venir à un tel enseignement ? Je m’en étonne toujours ! Comment un homme tel que Pie XII, dont j’admire tant l’intelligence, avait-il pu voir cela d’une manière aussi étroite ? Il fallait donc se démarquer de Pie XII. On l’a fait en refusant d’identifier, comme il l’avait fait, l’Eglise catholique romaine et le Corps mystique du Christ.

 

Comme Pie XII avait défini l’appartennce au Corps mystique, on a trouvé un moyen habile, évitant une opposition frontale, théologiquement élégant de le contredire, en ne parlant plus de l’appartenance au Corps mystique mais en parlant du peuple de Dieu. Cette notion avait l’avantage de ne pas avoir été employée par Pie XII »

 

Tout est à lire !

 

Le Corps mystique du Christ est remplacé par le peuple mystique ! Telle la nouvelle religion !

 

 

Nous traiterons du « peuple mystique » chez Juan Peron prochainement.

 

 

 

 



13/02/2017
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