Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

La dissimulation des sources de la théologie du pape - 2

La dissimulation des sources de la théologie du pape François - 2

 

Nous avons vu que les « héritiers » de Lucio Gera avaient édulcoré son message et oblitéré sa vraie vie de libérationniste. Lorsque nous aborderons en détail les textes omis et que nous décrirons l'envers du décor, nous verrons que la devise « larvatus prodeo » n'est pas vaine dans ce monde du mensonge porté à la perfection.

 

La soi-disant théologie du peuple a fait l'objet d'une véritable mise en scène dont le maître d'oeuvre est sans conteste le jésuite professeur du père Bergoglio, Juan Carlos Scannone. L’archevêque de Buenos Aires d’abord devenu ensuite le pape François, en est l’exécuteur revendiqué. 

 

  I -  Mais revenons au témoignage de Eduardo de la Serna.

 

Il publie le texte d'une conférence qu'il a donnée chez les jésuites à Bogota, le 19 septembre 2016. C'est une démonstration théologique sur un thème libérationniste du « peuple de Dieu » qui se substitue aujourd'hui au Corps Mystique du Christ. Il déclare  que dans sa jeunesse le pape François a toujours été proche de « La Garde de Fer », de Juan Peron et qu’à cause de cette proximité on a pu le qualifier de populiste. Evidemment ce mot n'a pas le sens que lui donne la politique française. Il s'agit simplement d'une attention particulière portée au peuple.

 

Mais là n'est pas le plus important !

Le plus exceptionnel, et c'est ce qui rend Eduardo de la Serna éminemment sympathique, c'est qu'il est un esprit indépendant et qu'il ne se contente pas d'affirmer un fait mais il en donne la preuve. Et ça change tout !

 

Les biographes du pape François se recopient et attestent d’une certaine appartenance du pape aux idées péronistes. Mais il s'agit d'allusions et on insiste pour souligner qu'il n'a pas adhéré au mouvement ou… qu’il était jeune !

 

Voici le texte de la note n° 11 publiée à la suite du texte de la conférence.

 

«  Ses (celles du pape François), affirmations sur le temps et l’espace, la réalité et l’idée, l’unité et le conflit, sont caractéristiques de groupes comme la Garde de Fer. En tant qu’archevêque de Buenos Aires, il les a répétées dans chaque conférence en 2005 (VIIIème Journée de la Pastorale sociale, 25 juin) et en 2010 (« bicentenaire de la justice et de la solidarité 2010-2016. Nous comme citoyens, nous comme peuple »).

 

Cher lecteur, cela vous semble peut-être étrange, mais c’est cette note, ce bas de page qui m’a ouvert la porte derrière laquelle se dissimulait la source de la « théologie » du pape François. Je mets des guillemets car il ne s’agit pas de théologie. Mais d’une armature plaquée sur un discours emprunté à un parti politique pour conquérir l’Argentine, le monde, changer l’Eglise, changer d’EGLISE.

 

Evidemment, personne ne s’est arrêté à cette note clé de la symphonie pontificale. Personne, même ceux qui, sur place, en Argentine aurait pu nous éclairer.

 

 

 

II - Avant d’exposer ce que nous avons trouvé, il faut entrer dans la mentalité argentine, dans l’esprit de la nation argentine et de sa vie avec Juan Peron vivant et mort.

 

 Le caractère argentin est si exceptionnel que l’on ne le retrouve, mutadis mutandi, dans aucun autre pays d’Amérique Latine. Les Argentins sont reconnus de ce fait comme une exception parmi les autres nations latino-américaines. Leur façon de prononcer la langue espagnole est aussi unique !

 

Je suis allé en Argentine pour la première fois en 1966. Etudiant pas très riche, j’ai voyagé en stop. A bord du camion qui m’avait embarqué, une fois la surprise passée de la rencontre avec un français, nous avons eu le temps de parler. Et j’ai encore dans la mémoire cette confession : «  Avec Peron les ouvriers étaient des rois » (Con Peron los obreros estaban reyes). Je ne connaissais pas trop la politique du pays. Peron avait été renversé en 1955 et onze après l’évocation d’un âge d’or a eu dans ma mémoire un retentissement singulier.

 

A une autre époque, j’étais à l’opéra, Teatro de Colon, au cœur de Buenos Aires, pour la fête nationale. Magnifique édifice dans le style italien, 2500 places assises et 500 debout. C’était plein à craquer. Après les discours vint l’hymne national. Je n’ai jamais entendu la Marseillaise à l’Opéra de Paris. Mais là ce fut prodigieux d’autant que la paix civile était mise à rude épreuve. Hymne révolutionnaire qui brise les chaînes et salue le trône de l’égalité ; composé en 1813 l’Argentine accueille les provinces du Sud ;  l’Argentine est unie pour la première fois : « Al gran pueblo argentino salud ! » Bienvenue dans le grand peuple argentin ! L’Opéra tremblait ; oui le peuple argentin est grand et il s’est toujours jugé au-dessus des autres !

 

Plus récemment en 2002, il n’était pas rare de voir les Argentins pleurer au souvenir d’Evita Peron : « No llores per mi Argentina, mi alma esta siempre contigo » ; « Ne pleure pas pour moi Argentine, mon âme est toujours avec toi… ».

 

Fier et tendre, l’Argentin eet porté par le rêve du justicialisme de Peron et de celle qui l’incarnait encore cinquante ans après sa mort, Evita Peron !

 

Je dirais que le péronisme est consubstantiel aux Argentins et que les discours du « conductor » (pas conducator) et ceux de sa femme les ont enchantés, au sens magique. Au mot de « peuple » c’est toute la gloire passée qui resurgit. Le péronisme est à la fois anti marxiste et anti capitaliste ; il est révolutionnaire et socialiste puis justicialiste.

Les agents de la subversion dans l’Eglise argentine n’ont eu qu’à puiser dans ce corps de doctrine politique pour adapter la théologie de la libération… aux « pauvres » argentins.

 

Il n’est pas possible de présenter dans un court article, le péronisme. Nous voulons seulement le situer dans l’histoire de l’Argentine contemporaine.

 

L’Institut  National Juan Domingo Peron a recensé plus de 11 000 livres sur le sujet.

 

Nous nous contenterons de citations prises dans une thèse de doctorat présentée en 2011 par Alicia Podesti : Peron, la construction d’un mythe politique, 1943-1955, à l’Université nationale de La Plata.

 

« …les trouvailles sémantiques de ses discours (de Peron), ont rejailli dans la sphère du symbole, avec un vocabulaire et des images qui pourront difficilement être arrachés de la mémoire des argentins »

 

Ailleurs elle parle de « la métamorphose idéologique des mots ». Cette charge émotionnelle est si forte que, lorsque Peron est chassé du pouvoir en 1955, le nouveau gouvernement prend des lois et décrets pour interdire l’usage de certains mots, images etc…qui punissent les contrevenants. Le père du jeune Bergoglio lui interdisait de porter les insignes de Peron !

 

La substance sociale, populaire, culturelle, syndicale du péronisme sera entièrement reprise par la « théologie du peuple ». Peron invente la culture populaire face à la culture officielle grâce à des lois comme celles du Front Populaire en France.

 

« La grande différence entre l’Argentine que nous avons reçue et celle que nous allons remettre aux générations futures est très simple et aussi très profonde, dans la Nouvelle Argentine le peuple décidera de son propre destin » (discours du 1er mai 1951). Il invente « la patrie heureuse » présente encore dans toutes les mémoires !

 

Evita  compare son mari à Jésus.

 

« Pourquoi les hommes humbles de mon pays, les ouvriers de mon pays, ne réagissent pas comme les hommes ordinaires, eux ils ont compris et cru Péron ? L’explication est simple, il suffit de voir Péron, pour croire en lui, en sa sincérité, en sa loyauté, en sa franchise. Ils le virent et ils crurent. Ainsi se renouvelle ce qui s’est passé à Bethléem il y a 2000 ans. Les premiers à croire furent les humbles, pas les riches, ni les sages, ni les puissants ».

Ce langage est compris par tous : Cada uno en su casa y Dios en la de todos » Chacun dans sa maison et Dieu dans celle de tous.

 

On se tromperait lourdement si on imaginait un parti chrétien ! Il est socialiste et révolutionnaire pour la redistribution des richesses.

Il est anti marxiste et anti impérialiste ; il est un humanisme en action, il s’adresse plus au cœur qu’à la tête. Les sans-chemises « descamisados » sont ses électeurs ! Il donne le droit de vote aux femmes !

 

Cet idéal est servi par une multitude d’écrivains, de journalistes et de cadres moyens et supérieurs et quelques militaires.

 

Lorsque le pape François rappelle qu’il a fait venir dans son collège Jorge Luis Borgès, il oublie de dire que celui-ci est un péroniste public ! Lorsqu’il dit qu’il aime les œuvres de Leopoldo Maréchal il oublie de dire que cet écrivain est l’intellectuel clé du péronisme !

 

La jeunesse chrétienne argentine de Lucio Gera, a les mêmes penchants socialistes et révolutionnaires que celle d’Europe. Même si les évêques sont plus que réservés sur le péronisme anti catholique des années 1954 -1955. Les « descamisados » de Peron sont les pauvres dont va s’emparer la théologie de la libération revue et corrigée en « théologie du peuple ».

 

Les autres pays latino-américains n’ont pas eu de Péron. La greffe révolutionnaire des luttes anti impérialistes s’est insérée dans des conflits nourris par une opposition aux gouvernements en place comme au Brésil. On va rêver de nouveaux Cuba à partir de 1959.

 

A l’âge de 15/16 ans j’ai lu Charles Maurras, il ne m’a jamais quitté. Que lisait le jeune collégien Jorge Bergoglio à cet âge ?

 

A suivre : L’initiation au péronisme.



25/01/2017
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