Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

François le grand communicant - 5

François le grand communicant – 5

(suite de notre analyse du discours du pape à la Curie. Noël 2020)

Après cette énumération de crises le pape poursuit :

« Nous pourrions prolonger la liste des personnages bibliques et chacun de nous pourrait y trouver sa place. Ils sont nombreux.

Mais la crise la plus éloquente est celle de Jésus. Les Evangiles synoptiques soulignent qu’il a inauguré sa vie publique par l’expérience de la crise qu’il a vécue dans les tentations. Bien qu’il semble que le protagoniste de cette situation soit le diable avec ses fausses propositions, le véritable protagoniste est en réalité l’Esprit Saint. C’est lui qui conduit en effet Jésus en ce moment décisif de sa vie : « Jésus fut conduit au désert par l’Esprit pour être tenté par le diable » (Mt 4, 1).

Les évangélistes soulignent que les quarante jours vécus par Jésus au désert sont marqués par l’expérience de la faim et de la faiblesse (cf. Mt 4, 2 ; Lc 4, 2). Et c’est précisément au plus profond de cette faim et de cette faiblesse que le Malin cherche à jouer sa carte maîtresse en s’appuyant sur l’humanité fatiguée de Jésus. Mais le tentateur, chez cet homme éprouvé par le jeûne, fait l’expérience de la présence du Fils de Dieu qui sait vaincre la tentation par la Parole de Dieu, non par la sienne propre. Jésus ne dialogue jamais avec le diable, jamais, et nous devons apprendre cela. Avec le diable on ne dialogue jamais. Jésus, ou bien il le chasse au loin, ou bien il l’oblige à manifester son nom ; mais avec le diable, on ne dialogue jamais »

L’expérience de la crise qu’il a vécue dans les tentations !

Voilà ce que le successeur de Pierre, écrit ! C’est tellement pitoyable que pas un Père de l’Eglise n’a écrit semblable sottise.

« Parce que l’homme est soumis à la faim, le Seigneur voulut sentir la faim, sachant qu’elle n’est point péché; lorsqu’il le voulut, il permit à sa nature humaine de ressentir et de produire ce qui est sa condition ; d’où il suit : « Lorsque ces jours furent passés, il eut faim ». Il n’est pas pressé par la nécessité qui asservit la nature, mais, pour ainsi dire, il provoque le diable à un duel » (Saint Basile).

« Il daigna se soumettre extérieurement à la tentation, mais seulement de telle sorte qu’intérieurement son âme demeura inébranlablement attachée à la divinité » (Saint Ambroise)

« Le diable, que la deuxième réponse du Sauveur a laissé dans toute son incertitude, passe à une troisième tentation et le Christ lui ayant brisé les filets de la gourmandise qu’il lui avait tendus, et ayant passé par-dessus ceux de la vaine gloire ; il lui tend ceux de l’avarice… (Saint Chrysostome).

« Ce n’est pas par la puissance divine, mais en apportant en réponse le témoignage de l’Ecriture, qu’Il triomphe de son adversaire ; l’humanité s’en trouve honorée, et le diable plus couvert de confusion, car cet ennemi du genre humain se trouve non seulement vaincu par Dieu, mais encore par l’homme » (Saint Léon)

Où est cette « crise » inventée de toute pièce par François ? On voit très bien que l’intention du pape n’a rien à voir avec la réalité de l’Evangile enseignée par les Pères de l’Eglise. Il s’agit bien d’une manipulation grossière pour justifier une conclusion qui sera d’un art consommé !

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Le pape atteint le sommet de sa « démonstration » avec les nouvelles « crises » de Jésus.

« Jésus affronte ensuite une indescriptible crise à Gethsémani : solitude, peur, angoisse, la trahison de Juda et l’abandon des Apôtres (cf. Mt 26, 36-50). Vient enfin la crise extrême sur la croix : la solidarité avec les pécheurs au point de se sentir abandonné du Père (cf. Mt 27, 46). Malgré cela, en pleine confiance, il remet son esprit entre les mains du Père (cf. Luc 23, 46). Et son abandon, plein et confiant, ouvre la voie à la Résurrection (cf. He 5, 7).

La Passion de Notre Seigneur Jésus-Christ réduite à deux crises !

A-t-on jamais écrit quelque chose d’aussi insipide, de plus réducteur ?

1 – Sur la solitude : « Voici venir l’heure - et elle est venue - où vous serez dispersés chacun chez soi, et me laisserez seul ; mais je ne suis jamais seul, parce que le Père est avec moi » (Jean XVI, 33).

Jésus, à l’entrée du domaine de Gethsémani ne prend avec lui que trois apôtres, ceux qui étaient au Thabor ; ils invitent les autres à s’asseoir.

Selon Saint Marc il est envahi par l’effroi et l’abattement, et selon Saint Mathieu par la tristesse et l’abattement. Puis, ces deux apôtres emploient la même expression pour rapporter les paroles de Jésus : « Mon âme est triste jusqu’à la mort » (Tristis est anima mea usque ad mortem). Jésus s’éloigne pour prier son père, revient vers Pierre ; les disciples se sont endormis et Pierre et l’objet d’un conseil pressant qui a traversé les siècles « Veillez et priez pour ne pas entrer en tentation ».

Jésus reprend la même prière adressée à son Père qu’il adressera une troisième fois (Mat XXVI, 44) : « Mon père si c’est possible, que ce calice passe loin de moi ! Cependant qu’il en soit non comme je veux mais comme tu veux ».

2 - Comme Jésus l’a clairement affirmé, il n’est pas seul ; il n’a pas peur ; sa tristesse ne lui vient pas de ce qu’il s’apitoierait sur son sort ! Il a annoncé à ses disciples : « J’ai désiré d’un grand désir manger cette pâque avec vous avant de souffrir » (Luc ,22-15).

 Il déclarera aux filles de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi ! Pleurez plutôt sur vous-mêmes et sur vos enfants, car voici venir le jour où l’on dira : « Heureuses les femmes stériles ! Et les entrailles qui n’ont point enfanté ! et les mamelles qui n’ont point nourri ! « Alors, on se mettra à dire aux montagnes : « Tombez sur nous ! et aux collines cachez-nous ! « Car si l’on traite ainsi le bois vert, qu’en sera-t-il du bois sec ».

Dès son agonie, s’il s’adresse à son Père ce n’est pas pour rompre la décision éternelle de la Sainte Trinité de sauver le genre humain, c’est pour nous faire comprendre, autant qu’il est possible, l’insondable abomination du péché à travers sa déréliction absolue. Il a porté le poids de nos iniquités !

« II en est, je présume, qui pensent qu’il a été poussé à la crainte par d’autres motifs que par les approches de sa passion et de sa mort. Mais je leur demande, à ceux qui ont cette pensée, si la raison peut admettre qu’il ait craint la mort celui qui, bannissant toute crainte du coeur des apôtres, a pu les porter jusqu’à la gloire du Martyr ? D’ailleurs quelle est la douleur de la mort qu’il ait pu craindre, celui qui allait mourir par le libre choix de sa puissance ? Et si sa passion devait le glorifier, comment la crainte de sa passion avait-elle pu le rendre triste ? »  (Saint Hilaire).

« Le Seigneur s’est laissé attrister non par la crainte de souffrir, puisqu’il était venu pour souffrir et qu’il avait reproché à Pierre son effroi, mais en pensant à l’infortuné Judas et au scandale de tous les apôtres, et à tout le peuple juif qui devait le rejeter et le repousser, et à la ruine de la malheureuse Jérusalem » (Saint Augustin).

Nombreux sont les saints qui ont commenté la tristesse du Christ :  représentation de tous les péchés du monde, considération du peu de fruit qu’un grand nombre d’hommes recevront de son Incarnation, de sa Passion et de sa Mort ; la connaissance des afflictions et des persécutions que souffriront ses élus à cause de Lui.

Lorsque le Christ sera cloué sur la croix, Il s’exclamera avec force : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ».

Voici le commentaire de Saint François de Sales qui ne laisse aucun doute sur la signification de ces paroles :

« Il ne faut néanmoins pas entendre que le Père céleste l’a abandonné d’un abandon tel qu’il eût retiré sa protection paternelle à un fils si aimable, car cela ne se peut, puisqu’il était joint et uni à la divinité. Mais quand au sentiment de cette très sainte protection et union, il était retiré de tout entièrement en la pointe de son esprit, le reste de l’âme étant délaissé à la merci de toutes sortes de peines et d’afflictions, si bien qu’il vient à dire : Pourquoi m’avez-vous abandonné ?  Durant le cours de sa vie il avait toujours ou habituellement, reçu des consolations ; il témoigna plus d’une fois ressentir de la joie dans la conversion des pécheurs comme il le dit aux Apôtres ; mais en sa Mort et Passion, il n’en avait aucune, tout lui servait d’affliction, de tourment et d’amertume. Grande donc fut sa pauvreté intérieure et grand l’acte d’humilité qu’il fit en nous la faisant connaître » (Œuvres de Saint François de Sales, tome IX volume III, page 380). Voir également, (Saint Thomas d’Aquin, tertia pars, quest, 46-6 et 47-1).

Notre Seigneur dit à Sainte Gertrude : « Si vous croyez que je n’ai été offert sur la Croix à Dieu mon Père que parce que j’ai bien voulu m’y offrir de la sorte, croyez de même que je désire encore maintenant m’offrir pour chaque pécheur au même Dieu mon Père, aussi affectueusement que je me suis offert alors pour le salut de tous les hommes en général. »

Saint Alphonse de Liguori, dans « Considérations sur la passion de Jésus Christ » au chapitre V, « Peines intérieures de notre Sauveur », écrit :

 « …qui pourra jamais expliquer, ou seulement concevoir, l’étendue de ses souffrances intérieures qui furent mille fois plus grandes que les premières ? La douleur de son âme fut si violente que, dans le jardin de Gethsémani, elle lui causa un sueur de sang partout le corps et lui fit dire qu’elle suffisait pour lui donner la mort (Mt26,58). Mais, puisque cette tristesse ne suffisait pas pour le faire mourir, pourquoi ne mourut-il pas ? C’est, répond Saint Thomas, parce qu’il retarda lui-même sa mort , voulant se conserver en vie pour la sacrifier bientôt après sur la croix.. Remarquons en outre que cette tristesse mortelle ne fit qu’affliger plus sensiblement Notre Sauveur ; car elle fut le tourment de toute sa vie : dès le premier moment de son existence, il eut devant les yeux les causes de sa douleur intérieure ; et de toutes les causes, celle qui l’affligea le plus, ce fut de voir l’ingratitude des hommes après l’amour qu’il leur témoignait dans sa passion ».

La « solidarité avec les pécheurs » rapportée dans le discours du pape n’est évoquée par aucun père de l’Eglise ou théologien que nous avons lu sur ce sujet.

L’intrusion populacière, idéologique et démagogique de la solidarité qui sent bon le syndicat, ne fait partie d’aucun commentaire catholique !

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  Mais pourquoi le pape adresse-t-il un tel factum à la Curie ? Quelle est sa véritable intention ?  Quelle réalité se cache derrière ce montage indigne autour du mot « crise » ?

 

Nous pouvons déjà analyser cet invraisemblable discours sous trois aspects :

 

1 L’utilisation du mot « crise » comme le montre le reste du discours est entendu selon un mode essentiellement profane et parfaitement inconvenant pour être rapporté à quelque épisode que ce soit de la vie du Christ. Il y a, de fait, une désacralisation qui oblitère radicalement le sens des paroles du Christ. Cela induit de facto dans l’esprit des fidèles un doute sur cette souffrance spécifique du Christ, donnant à penser qu’il a eu une peur quasi « renonciatoire » !

2 Le même mot «crise» » est utilisé ensuite pour introduire la transformation radicale de l’Eglise, au contenu totalement inconnu, à laquelle chacun doit se soumettre… et obéir sans barguigner au Concile Vatican II !

3 La sacralisation de ce projet, ignoré de l’auditoire, est obtenue par l’analogie implicite entre la « crise » du Christ, (lequel surmonte son angoisse), et la « crise » devant le projet de nouvelle Eglise qui implique de surmonter une légitime répulsion, voire un sacrifice, pour entrer dans une nouvelle ère de la Rédemption.

 

A suivre…

 

 

 

 



25/02/2021
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