Le Terrorisme pastoral

FRANCOIS VERSUS MARINE – 2

L’agence Zenit donne un label aux invités du pape : « Le pape reçoit des jeunes activistes engagés dans l’économie sociale ».

Cyril Dion : jeune de 43 ans, écrivain (amazon vend C. Dion à petits prix), réalisateur, poète et militant écologiste, vidéaste. Il aurait inspiré Macron avant de le critiquer. Histrion, vibrion d’une nébuleuse indéfinissable à l’œil nu ! Gardien de la Convention citoyenne pour le climat. Il est directeur de COLIBRIS, mouvement pour la terre et l’humanisme.

Eva Sadoun : 31 ans, financière citoyenne, porte drapeau du monde de demain ; entrepreneuse et militante pour une autre finance. Présidente de LITA. Co, plate forme d’investissement en ligne. ; co-présidente de Tech For  Good France ; soucieuse de changer le monde de la finance ; etc…

Samuel Grybowski : 29 ans ; il coche toutes les cases. Fils d’un journaliste de LA VIE. Avec une licence d’histoire et de Sciences politiques il suit une formation en entreprenariat social et médiation interculturelle à la Cambridge Judge Business School dans le cadre d’un programme de « fellowship » financé par la Fondation Edmond de Rothschild.

Octobre 2011, il crée l’association YOUCOUN avec lancement officiel lors de la Conférence des évêques à Lourdes en 2012 : célébration, compréhension, promotion du concile Vatican II auprès des jeunes.

Sortie d’un hors-série de Prions en Eglise : VATICAN 2. 0 ( 190 pages) Préface du cardinal Etchegaray à S.G. : «  Le Concile est entre nos mains pour un meilleur service de la Bonne Nouvelle tu n’es pas seul » (op.cit. page 3).  

Parmi les rédacteurs on compte 7 jésuites ; Guy Aurenche qui s’illustrera au CCFD ; un frère de Taizé ; Christophe ROUCOU de la Mission de France directeur du service national de la Conférence des évêques de France pour les relations avec l’Islam. La nouvelle pentecôte était entre de bonnes mains ! Sans oublier le père Antoine de Romanet, futur liquidateur de saint Jean de Passy !

Septembre 2012, S.G.  intervient aux Etats Généraux du christianisme ».

En septembre 2009 il a fondé COEXISTER. En 2011 le père Patrick Desbois le nomme membre de la délégation de l’Eglise catholique lors de la rencontre avec l’International Jewish Committee for Interreligious Consultation au sein de l’International Liaison Committee.

Août 2011 journées mondiales de la jeunesse avec un groupe de juifs et de musulmans.

2014 Interfaith Tour de Christian de Boisredon

2016 Création de l’entreprise sociale Convivencia.

ETC…

Pierre Larrouturou, député européen, 57 ans.

D’après le journal Le Point, ce rendez-vous à été rendu possible grâce à Jean-Claude Hollerich, archevêque du Grand Duché. « En janvier dernier Pierre Larrouturou a rendu visite à cet ardent défenseur du climat au Vatican lors d’un passage au Luxembourg durant lequel il devait rencontrer le ministre des finances. Jean Claude Hollerich, président de la commission des épiscopats de la communauté Européenne, a fait une demande d’audience auprès du souverain pontife ; à la suite de cette entrevue, à laquelle il a répondu favorablement ».

P.L. appartient au groupe de l’Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates.

Il a fondé son parti NOUVELLE DONNE en 2016 pour se faire élire sur la liste Glucksmann ENVIE D’EUROPE . De 1988 à 2012 il a changé 7 sept fois de parti politique !

Il n’était pas à Rome pour cause de Covid ;  il était représenté par son conseiller Michel Cermak. (Collectif Roosvelt).

Paroles du pape au cours du rendez-vous :

« la jeunesse est l’émergence du changement

«  Si vous ne le faites pas, personne ne le fera. Descendez dans la rue et mettez le désordre… C’est le moment de faire une révolution, le monde est sourd.

« Heureusement vous les jeunes, vous n’avez pas d’expérience, car vous aurez la créativité de dessiner une autre voie. Vous êtes les protagonistes de la transformation, il faut sortir de la démocratie idéologique. Car l’idéologie est une cuirasse qui renferme. Elle blinde, elle tue la spontanéité. Alors que la démocratie c’est le peuple. Quand les jeunes s’expriment, les gouvernements répondent par la répression. Il faut arrêter avec ça. Un bon gouvernement doit faire confiance au citoyen. 

« La finance est un brouillard qui empêche de réconcilier économie et humanisme. On est dans un cercle vicieux, on ne peut plus continuer à dialoguer de cette manière. Il faut renouveler le dialogue entre les deux. La finance est le brouillard qui empêche le changement, elle anesthésie, elle n’existe pas ».

Le Salon Beige rapporte les propos qui ont mis le feu aux poudres : « Au cours de la réunion, le pape s’est notamment inquiété des risques de voir le Rassemblement National remporter la prochaine élection présidentielle :

« Un ami m’a dit : “En France, si on continue comme ça, on aura Marine Le Pen présidente”. Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays ce qu’il doit faire. Mais c’est inquiétant. […] Je suis inquiet de la montée des populismes. Mais l’antidote, c’est un mouvement populaire. Et écouter ce mouvement. Il faut opposer au populisme, le “popularisme”. », a-t-il confié. Selon le souverain pontife, le parti de Marine le Pen présenterait des idéologies qui « enferment les peuples et limitent leur créativité spontanée (…)

Nous n’avons aucun texte officiel de cette rencontre. Mais nous avons là une joyeuse hypocrisie style « jésuite ».

1 « Un ami a donc informé le pape ! Et en toute charité, il sait dans quelle case ranger Marine Le Pen.

2 « la montée des populismes ». Cela lui rappelle Salvini ! Pas de références catholiques pour juger mais l’étiquetage : le marquage au fer rouge, le port de l’étoile infamante. Pour faire plus « vrai », le pape ajoute un mot de sa façon qui n’existe pas dans le vocabulaire académique, « popularismo ». Nous n’avons rencontré ce mot ni chez Juan Carlo Scannone, ni chez Lucio Gera, ni chez Sebastian Politi. En revanche ce retour au peuple (volver al pueblo), est la transcription de la formule révolutionnaire (volver a las bases), retourner à la base, qui appartient aussi bien à la théologie de la libération qu’au péronisme.

3 Le peuple sait par définition ce qui est bon pour lui et il faut le laisser s’organiser tout seul. Il découvre ainsi les valeurs humanistes et chrétiennes qui sont dans la conscience populaire.

Le pape rencontre ces intervenants qui sont, chacun à sa manière, des personnes à l’écoute du peuple. Ces interlocuteurs privilégiés spécialistes en matière d’écologie, d’économie sociale ou de réduction de la dette publique, prennent part à la vie politique et à l’orientation des choix de la nouvelle Eglise.

Cela peut paraître bizarre pour le lecteur qui ignore les pratiques révolutionnaires qui se sont multipliées dans les églises depuis le concile.

Voici deux exemples :

Afrique du Sud : lancement des ‘Petites Communautés Chrétiennes’ : phase 8, Le rêve des communautés se sentir responsable du monde. Phase 9, l’Eglise universelle. ( Lumko Institute 1985).

Argentine : « La théologie du peuple se base sur la sagesse populaire. On peut la concevoir selon ce que disent les prêtres comme une herméneutique du peuple pauvre, sans richesse mais riche de savoir ». Curés des bidonvilles : prédicateurs de la théologie du peuple ( La Nacion, 9 mai 2010).

On a donné un nom à cette théologie pour bien en souligner l’origine : la théologie inculturée ( teologia inculturada).

C’est « l’historisisation » ou « pensée progressiste ». Elle s’adapte au cours de l’histoire. Elle constitue une remise en cause permanente grâce à laquelle le pape veut transformer l’Eglise.

Nous avons déjà eu l’occasion de développer cette forma mentis (forme d’esprit) du pape qu’il applique à toute l’humanité quelle que soit la religion ou la culture. Cela a été largement décrit par Gérard O’Connel dans « L’élection du pape François ( pages 511-577)» «… la première apparition du nouveau pontife romain au balcon de saint Pierre annonce d’emblée une façon très nouvelle d’exercer le ministère pétrinien ».

« Le curé du monde » (page 545) s’exprime comme le cardinal archevêque de Buenos Aires avec les cartoneros, et les habitants des « villas » (bidonvilles et ramasseurs de carton). Son langage est plus populacier que populaire. L’appel aux manifestations de rue et à la révolution fait partie des codes péronistes.

Marine Le Pen, malgré son européisme, n’entre pas dans le schéma pontifical. Elle n’avait pas à répondre par une boutade à l’exercice pastorale du pape mais, selon nous, à contester sa vision politico-religieuse. Elle s’est contentée d’une pirouette journalistique.

Comme toute la classe politique, elle fait du journalisme et n’atteint jamais la hauteur d’un véritable commentaire politique ; ce qui aurait été facile car c’est une première : un pape appel à faire la révolution !

Macron vient de parler une heure avec le pape. Est-ce pour le remercier de son intervention en vue des prochaines élections ?