Personnel de l'AIIC, 21 octobre 2020 / 06h35 MT ( CNA ) .-  

Dans un documentaire qui a été présenté mercredi à Rome, le pape François a appelé à l'adoption de lois sur l'union civile pour les couples de même sexe, s'écartant de la position du bureau doctrinal du Vatican et des prédécesseurs du pape sur la question.

Les remarques sont intervenues au milieu d'une partie du documentaire qui réfléchissait sur la pastorale pour ceux qui s'identifient comme LGBT. 

«Les homosexuels ont le droit de faire partie de la famille. Ce sont des enfants de Dieu et ont droit à une famille. Personne ne devrait être expulsé ou rendu misérable à cause de cela », a déclaré le pape François dans le film, à propos de son approche de la pastorale.

Après ces remarques, et dans des commentaires susceptibles de susciter la controverse parmi les catholiques, le pape François s'est prononcé directement sur la question des unions civiles pour les couples de même sexe.

«Ce que nous devons créer, c'est une loi sur l'union civile. De cette façon, ils sont légalement couverts », a déclaré le pape. «Je me suis levé pour ça.»

Les remarques viennent dans «Francesco», un documentaire sur la vie et le ministère du pape François qui a été créé le 21 octobre dans le cadre du Festival du film de Rome, et devrait faire sa première nord-américaine dimanche.

Le film raconte l'approche du pape François face aux problèmes sociaux urgents et au ministère pastoral parmi ceux qui vivent, selon les mots du pontife, «à la périphérie existentielle».

Mettant en vedette des entretiens avec des personnalités du Vatican, dont le cardinal Luis Tagle et d'autres collaborateurs du pape, «Francesco» se penche sur le plaidoyer du pape pour les migrants et les réfugiés, les pauvres, son travail sur la question des abus sexuels commis au bureau, le rôle des femmes dans la société, et la disposition des catholiques et autres envers ceux qui s'identifient comme LGBT.

Le film aborde la sensibilisation pastorale du pape François à ceux qui s'identifient comme LGBT, y compris une histoire du pontife encourageant deux hommes italiens dans une relation de même sexe à élever leurs enfants dans leur église paroissiale, ce qui, selon l'un des hommes, était très bénéfique à ses enfants.

«Il n'a pas mentionné quelle était son opinion sur ma famille. Il suit probablement la doctrine sur ce point », a déclaré l'homme, tout en louant le pape pour sa disposition et son attitude d'accueil et d'encouragement.

Les remarques du pape sur les unions civiles interviennent au milieu de cette partie du documentaire. Le cinéaste Evgeny Afineevsky a déclaré à l'AIIC que le pape avait lancé son appel à l'union civile lors d'un entretien que le documentariste avait mené avec le pape.

L'appel direct du pape à des lois sur l'union civile représente un changement du point de vue de ses prédécesseurs et de ses propres positions plus circonspectes sur les unions civiles dans le passé.

En 2010, alors qu'il était archevêque de Buenos Aires, le pape François s'est opposé aux efforts visant à légaliser le mariage homosexuel. Alors que Sergio Rubin, le futur biographe du pape, suggérait que François soutenait l'idée des unions civiles comme moyen d'empêcher l'adoption massive du mariage homosexuel en Argentine, Miguel Woites, directeur du média catholique argentin AICA, a rejeté en 2013 que prétendre comme faux .

Mais la mention du pape d'avoir précédemment «défendu» les unions civiles semble confirmer les rapports de Rubin et d'autres qui ont dit que le cardinal Bergoglio de l'époque soutenait en privé l'idée d'union civile comme compromis en Argentine.

Dans le livre de 2013 «On Heaven and Earth», le pape François n'a pas rejeté catégoriquement la possibilité d'unions civiles, mais a déclaré que les lois «assimilant» les relations homosexuelles au mariage sont «une régression anthropologique», et il s'est dit préoccupé par le fait que si la même - les couples sexuels «ont le droit d’adopter, il pourrait y avoir des enfants concernés. Chaque personne a besoin d'un père de sexe masculin et d'une mère de sexe féminin qui peuvent l'aider à façonner son identité. »

En 2014, le P. Thomas Rosica, qui travaillait alors au bureau de presse du Saint-Siège, a déclaré à l'AIIC que le pape François n'avait pas exprimé son soutien aux unions civiles de même sexe, après que certains journalistes ont rapporté l'avoir fait dans une interview cette année-là. Alors qu'une proposition d'unions civiles était débattue en Italie, Rosica a souligné que François ne peserait pas sur le débat, mais mettrait l'accent sur l'enseignement catholique sur le mariage.

En 2003, sous la direction du cardinal Joseph Ratzinger et sous la direction du pape Jean-Paul II, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican a enseigné que «le respect des personnes homosexuelles ne peut en aucun cas conduire à l'approbation d'un comportement homosexuel ou à une reconnaissance légale. des unions homosexuelles. Le bien commun exige que les lois reconnaissent, promeuvent et protègent le mariage en tant que fondement de la famille, l'unité principale de la société.

«La reconnaissance légale des unions homosexuelles ou leur mise au même niveau que le mariage signifierait non seulement l'approbation d'un comportement déviant, avec pour conséquence d'en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi obscurcirait les valeurs fondamentales qui appartiennent au commun héritage de l'humanité. L'Église ne peut manquer de défendre ces valeurs, pour le bien des hommes et des femmes et pour le bien de la société elle-même », a ajouté le CDF, appelant le soutien à de tels syndicats de la part des politiciens« gravement immoraux ».

«Les unions homosexuelles ne remplissent même pas dans un sens analogue et lointain l'objectif pour lequel le mariage et la famille méritent une reconnaissance catégorique spécifique. Au contraire, il y a de bonnes raisons de considérer que ces syndicats sont préjudiciables au bon développement de la société humaine, en particulier si leur impact sur la société devait augmenter », indique le document.

Le bureau de presse du Vatican n'a pas répondu aux questions de la CNA sur les remarques du pape dans le film.

Alors que les évêques de certains pays ne se sont pas opposés aux propositions d'unions civiles entre personnes de même sexe, et ont plutôt tenté de les distinguer du mariage civil, les opposants aux unions civiles ont longtemps averti qu'elles servent de pont législatif et culturel aux initiatives de marraige homosexuelles, donnent tacite l’approbation de l’immoralité et ne parvient pas à protéger le droit des enfants d’être parents par une mère et un père.

Afineevsky a déclaré à EWTN News ce mois-ci qu'il avait essayé dans «Francesco» de présenter le pape tel qu'il le voyait, et que le film pourrait ne pas plaire à tous les catholiques. Il a déclaré mercredi à CNA qu'à son avis, le film n'était pas «sur» l'appel du pape à l'union civile, mais «sur de nombreux autres problèmes mondiaux».

"Je ne le regarde pas comme le pape, je le regarde comme un être humain humble, un grand modèle pour la jeune génération, un leader pour la génération plus âgée, un leader pour beaucoup de gens pas dans le sens de l'Église catholique. , mais dans le sens d'un leadership pur, sur le terrain, dans la rue », a ajouté Afineevsky.

Le documentariste a déclaré qu'il avait commencé à travailler avec le Vatican pour produire un film sur le pape François en 2018 et qu'il avait eu un accès sans précédent au pape François jusqu'à la fin du tournage en juin, au milieu des verrouillages de coronavirus en Italie.

Afineevsky, un cinéaste d'origine russe vivant aux États-Unis, a été nominé en 2015 pour un Academy Award et un Emmy Award pour son travail «Winter on Fire», un documentaire retraçant les manifestations de l'Ukraine à l'Euromaidan en 2013 et 2014. Son film de 2017 «Cries from Syria» a été nominé pour quatre News and Documentary Emmy Awards et trois Critics 'Choice Awards.

Jeudi, Afineevsky recevra dans les jardins du Vatican le prestigieux prix Kineo Movie for Humanity, qui récompense les cinéastes qui présentent des problèmes sociaux et humanitaires à travers le cinéma. Le prix a été créé en 2002 par le ministère italien de la Culture.

Rosetta Sannelli, la créatrice des Kineo Awards, a noté que «chaque voyage du pape François dans diverses parties du monde est documenté dans le travail d'Afineevsky, dans des images et des séquences d'actualité, et se révèle comme un aperçu authentique des événements de notre temps, une œuvre historique à tous égards.