Le Terrorisme pastoral

La géopolitique ne suffit pas .I

Le danger islamique extérieur est à nos portes celui de l'intérieur s'installe avec nos impôts. Dans le même temps la société française se décompose. Philippe de Villiers déclare de son côté que la politique n'existe plus et que seule la culture peut nous sauver.

Aymeric Chauprade a publié une longue réflexion : « La France face à la question islamique : les choix crédibles pour un avenir français ».

Il aurait pu s’en tenir à son sujet. Il était sous le coup de l’émotion des massacres de chrétiens par l’Etat Islamique et se félicitait de ce que la France se joignait aux Américains dans cette opération punitive nécessaire pour mettre fin à la barbarie la plus sanglante de ce début de siècle.

Au nom de la « solidarité civilisationnelle », la France devrait même éliminer sur place les Français engagés dans cette tuerie.

Cet élan passionnel est très troublant chez un géopoliticien qui fait habituellement preuve de raison dans ses études. Il n’ignore rien des manoeuvres américaines en Méditerranée et au Moyen-Orient et tout à coup… il méconnaît que ces mêmes Américains n’ont que faire des chrétiens massacrés !

Obama l’a répété, il intervient parce qu’on ne touche pas aux citoyens américains ! A. Chauprade ne dit rien non plus de ce qui constitue un retour formidable de la puissance américaine en Irak. Car il est impossible de gagner contre l’EI sans troupes au sol !

Enfin il ne dit pas un mot du bombardement envisagé de la Syrie et du réarmement des « démocrates » qui luttent sans succès pour éliminer Assad.

Un autre oubli du géopoliticien aurait pu éclairer le retour des Américains.

Selon les analystes russes  c’est la Chine, nouvel ennemi des Etats Unis, qui  bénéficie du pétrole irakien.

« Il semblait bien que ce serait le cas avec l'arrivée en Irak des géants occidentaux tels qu'Exxon, Shell et BP qui ont commencé à remporter les appels d'offres. Dix ans plus tard, un pays qui n'a jamais songé à participer à une guerre touche finalement le jackpot : la Chine.L'Irak produit aujourd'hui plus de 2 millions de barils de pétrole par jour, dont près de la moitié ne part pas aux Etats-Unis mais en Chine.
"La Chine négociait depuis longtemps avec Bagdad, bien avant la guerre en Irak. Elle avait passé de nombreux accords pour l'exploitation commune du pétrole et les livraisons. Aujourd'hui ils sont mis en application", explique Alexeï Maslov du Haut collège d'économie.
L'expert remarque que le règlement du problème pétrolier est la priorité numéro un de la Chine. "Les Chinois achètent beaucoup de pétrole en Russie et en Asie centrale mais ils ne veulent pas entrer dans une situation de dépendance. La Chine a donc deux méthodes de travail :

1) L'achat de gisements pétroliers, ce qu'on appelle la "solution centrasiatique" comme au Kazakhstan ;

2) La diversification maximale des fournisseurs de pétrole. C'est précisément le cas de l'Irak".
Selon Alexeï Maslov, avant la guerre, Pékin avait un puissant lobby pétrolier en Irak, qui a joué un rôle important dans l’évolution de la situation. De plus, les compagnies chinoises appartiennent à l’Etat ce qui est, aux yeux des autorités irakiennes, une garantie de stabilité contrairement aux sociétés commerciales occidentales.
"La Chine est un acheteur du pétrole plus fiable parce que le pays est très stable. De plus, les quantités livrées peuvent être pratiquement illimitées étant donné que toutes les livraisons ne couvrent pas même 70% des besoins", souligne Maslov. »

Les Etats Unis qui disposent à Bagdad d’une base de plus de 44 hectares, ont les moyens de changer la donne en Irak. Sans compter toute la flotte du Golfe et tout ce qui est prépositionné dans les Emirats et l’Arabie Saoudite. L’écrasement des villes et villages de l’Irak et de la Syrie est une « solidarité civilisationnelle » très douteuse. L’adage est sans ambiguité «  RULE AMERICA ». Le reste ne compte pas.

Mais d’autres « oublis » de A. Chauprade sont aussi inquiétants !

A suivre…