Le Terrorisme pastoral

« Le dialogue pour surmonter la crise »

Cet ouvrage est providentiel. Il éclaire les « crises » et justifie nos analyses !

Nous avons découvert et analysé le rapport universel entre les crises de l’Ancien et du Nouveau Testament et la crise actuelle de l’Eglise qui est celle de l’enfantement d’une nouvelle Eglise.

Le pape a inscrit dans les nouvelles tables de la loi la crise comme « saut qualitatif » devant permettre à l’Eglise millénaire d’entrer dans une ère nouvelle. Nous avons trouvé des confirmations de notre analyse non seulement dans des documents savants comme « El pensamiento filosofico latinoamericano del Caribe y « latino » (1300-200) », mis aussi dans des analyses de porte- paroles proches du pape. Evidemment, les informateurs pressés répètent inlassablement les mêmes commentaires quels que soient les faits qu’ils rapportent. Ce faisant ils masquent involontairement la volonté pontificale.

 Pour éclairer notre lanterne nous avons trouvé une interprète autorisée de cette volonté pontificale en la personne de Agnès Demazières (AG), théologienne et historienne, maîtresse de conférences au Centre jésuite de Sèvres à Paris. C’est elle qui a présenté le synode de 2022 pour l’agence Zenit à au moins deux reprises cette année.

Ce thème capital pour la transformation de l’Eglise voulue par le Christ, n’attire pas les journalistes patentés alors que, dès le 15 octobre 2015 pour le 50^ème anniversaire de l’institution du Synode des évêques, le pape Bergoglio a bien précisé qu’il s’agissait d’une « dimension constitutive de l’Eglise ». Et aussi : « le chemin de la synodalité est justement celui que Dieu attend de l’Eglise du troisième millénaire ».

AG rapporte ces précisions. Elle vit au contact des réalités ecclésiales et son  autorité est  indiscutable selon les doxas  pontificales et jésuites.

Elle a publié en 2019 un ouvrage au titre prometteur : « Le dialogue pour surmonter la crise », reprise d’une thèse défendue aux facultés jésuites de Paris, en septembre 2017.

Le livre est préfacé par le doyen de la faculté de théologie du Centre Sèvres le père Alain Thomasset. Cette préface est un condensé de toutes les formules magiques utilisées pape :

 « Quelle question en effet apparaît plus urgente que celle du dialogue dans l’Eglise » (page 7).

« A travers le dialogue, c’est aussi l’identité de l’Eglise qui est en jeu. (page 9).

« Confiance est à faire dans le travail de l’Esprit Saint, « véritable protagoniste » du dialogue et où Dieu se donne par surprise ». (page 10).  

La révélation du dialogue chez Agnès Desmazières

Pour AG, le débat fondateur est celui qui est né de la « nouvelle théologie ».

« En examinant de près ces controverses, il m’est apparu que souvent la clôture du débat théologique, sur intervention du magistère, n’est pas imputable seulement aux officiels romains. La responsabilité de théologiens, acteurs de ce débat, n’est pas rarement engagée ; leur incapacité à dialoguer entre eux appelle l’intervention du Vatican ».( page 23).

Madame Agnès ne supporte pas la mise à l’écart des de Lubac, Daniélou et autres von Balthazar. Humani generis est un coup d’arrêt insupportable.

Elle résume la situation par une formule «…la nouvelle théologie n’est pas seulement un conflit métaphysique, mais encore un conflit de génération et de tempérament. Le dogmatisme de  Garrigou-Lagrange est peu compatible avec une ouverture au dialogue ».(page 32)

En résumé, « il y a une prise de conscience de l’historicité du thomisme ». «  Les divergences se situent dès l’abord au niveau du choix d’une approche philosophique (blondélienne ou aristotélico-thomiste) et d’une tradition théologique (patristique versus thomiste par exemple), en fonction de leur aptitude à entrer en dialogue avec la modernité. Cette position ouverte à la diversité des interprétations et à une prise en compte de l’historicité d’une pensée n’est toutefois pas acceptable par les théologiens les plus raides à l’exemple de Garrigou-Lagrange.( page 35).

Quelles que soient les raideurs du père Garrigou-Lagrange, la cause est entendue le péché majeur c’est l’historicisme. La valeur d’une théologie est relative à l’histoire qui l’a vue naître ! Autre temps, autre théologie ! Karl Rahner écrit « L’Historicité de la théologie » : il sera l’un des jésuites référents au Concile, membre de la Commission Théologique Internationale. Le cardinal SIRI analyse cette situation dans son livre Gethsemani (pages 107 à 366).

Nous n’avons pas à écrire cette histoire en quelque lignes. Elle est connue.

Le Concile a officialisé ce pluralisme. Mais nous ne résistons pas à faire connaître au lecteur la synthèse de cette pensée par Agnès :

« Le pluralisme ne touche pas seulement la pensée séculière, mais progressivement la théologie…

« Le théologien allemand Karl Rahner peut nous aider à comprendre cette nouvelle réalité du pluralisme. Il y a pour lui un pluralisme qui est caractéristique de notre état de créature. Tout le monde créé est soumis à une condition pluraliste. Par notre expérience, nous saisissons le réel dans sa multiplicité. Nous sommes incapables de comprendre ici-bas toute l’unité du réel. Rahner nomme ce pluralisme fondamental » concupiscence. La concupiscence n’est pas coupable.

« C’est seulement dans un sens second que l’la concupiscence désigne l’ « impulsion à pécher. La concupiscence tant originelle que pécheresse, affecte notre connaissance en profondeur. Le travail théologique est conditionné par cette double concupiscence : il est entaché par nos erreurs et nos fautes.

« Par-delà ce pluralisme fondamental Rahner postule l’avènement d’un nouveau pluralisme qui est le produit d’une expansion inédite du savoir et de la fragmentation corrélative des connaissances depuis le XIXème siècle. Le changement opéré n’est pas seulement d’ordre « quantitatif », mais bien qualitatif ». Il ne s’agit pas simplement d’une accélération de la pluralisation mais de l’apparition de nouvelles formes de pluralisme ». (page 43-44)

D’où l’adoption du dialogue et d’une pastorale du dialogue. Etc…

Tous les théologiens latino-américains ont étudié en Europe et ont sucé le lait de cette théologie. Bergoglio est le fils spirituel du pluralisme qui a été distillé aux grandes réunions du CELAM de 1968 à 2007 et qui est devenu le fond de la pensée de la Compagnie de Jésus. En aucun cas il n’est l’inventeur de toutes les réformes qu’il déploie.  

Un jour peut-être on rassemblera tous les documents qui sont la matrice de cette nouvelle Eglise du troisième millénaire. Nous n’en donnerons, pour l’instant qu’un seul repère, de poids : la revue CONCILIUM N° 319 de février 2007 : Teologia del pluralismo Religioso. El Nuevo Paradigmo.

Voici quelques titres des articles de ce numéro :

 Introduction : Apparition et urgence d’un nouveau paradigme pluraliste

Le paradigme pluraliste : les devoirs pour la théologie. Vers une relecture pluraliste du Christianisme

Le Christ cosmique est-il plus grand que JESUS DE NAZARETH ? (Leonardo Boff)

Médiation et opacité des écritures et des dogmes.

La transformation de la mission selon le paradigme pluraliste.

Repenser le pluralisme de l’inculturation à la enreligionisation (ce terme désigne la possibilité d’appartenance à au moins deux religions. L’auteur cite en exemple Raimon Panikkar hindou-chrétien. (page 127)

Le pape Bergoglio baigne dans cette culture à laquelle, selon son habitude, il lui donne un nom pour se l’approprier : la culture de la rencontre et/ou du dialogue. Ses biographes se plaisent à rapporter son affabilité. Le personnage est beaucoup plus complexe qu’il peut paraître.

Agnès Desmazières est aussi historienne. Dommage qu’elle n’ait pas enquêté et se soit contentée  d’approximations hasardeuses sur la véritable genèse des quatre principes. Elle donne raison à Michel Onfray pour lequel le catholicisme pur est le catholicisme romain qui a disparu avec Vatican II, même s’ils restent des prêtres fidèles à la tradition ...

A suivre