Monseigneur Oscar Romero
MGR. OSCAR ROMERO
Aujourd'hui on canonise facilement et les règles séculaires s'effacent au profit de l'émotion et du contexte historique porteur.
La théologie de la libération a ses martyrs. Au moment où j'écris, j'ai devant les yeux une pochette qui contient quatre-vingt-dix fiches cartonnées et glacées de martyrs, éditées par les éditions Paulines du Brésil en 1984.
A Aperida, il y avait la tente des martyrs…etc. La nouvelle église a ses propres martyrs.
J’appartiens au Peuple de Dieu et bien que mon modeste avis n’ait pas été sollicité il me semble utile de le partager avec mes frères et les autres…
Le 24 mars 1980, Mgr Oscar Romero, archevêque de San Salvador, est assassiné au moment de l’offertoire de la messe qu’il célèbre dans la chapelle de l’hôpital de la Divine Providence dans la capitale. La chapelle est d’accès facile car elle a une porte qui donne sur la rue.
Nous sommes en pleine guerre civile. Meurtres et assassinats se succèdent. Cette guerre est alimentée par les différents mouvements de guérillas qui trouvent un appui direct au Nicaragua.
Les partisans de la théologie de la libération sont des agents actifs de la guérilla, religieuses comprises. Nous avons raconté une partie de ces actions dans « Terrorisme Pastoral ».
Mgr Oscar Romero est un conciliateur né après avoir été un homme de caractère contre la montée de l’église révolutionnaire. Au moment où il est assassiné, l’Eglise du Salvador est contrôlée par les jésuites de la UCA, (Université Centre Amérique). Les noms célèbres sont connus, Ignacio EllaCuria et Jon Sobrino. Ils sont les piliers de la guérilla grâce à leur rayonnement idéologique et leurs relations universelles.
Les gouvernements salvadoriens qui n’ont pas eu besoin de les appeler à l’aide, reçoivent toutes les aides militaires et autres des Etats-Unis. Les E.U ne veulent pas voir s’établir un deuxième Nicaragua. Les militaires américains se comportent en pays conquis.
La guérilla est aidées par un grand nombre d’humanitaires catholiques ou non qui assurent notamment la survie alimentaire et sanitaire. L’arment et la logistique viennent du Nicaragua.
La guérilla traîne en longueur aucune décision n’est en vue et les massacres se prolongent, les disparitions sont imputées aux escadrons de la mort. Le peuple salvadorien ne se range pas derrière la guérilla. Les paysans ne quittent pas en masse leurs villages. Cette stagnation est mal vue de Cuba et des sandinistes.
A ce jour malgré l’absence totale de preuves, l’assassinat est toujours mis sur le compte du Major d’Aubuisson qui deviendra plus tard Président de la république.
N’ayant pas plus de preuves que les autres, voici selon moi les causes de ce meurtre.
Les Sandinistes, d’Ortega sont arrivés au pouvoir après le meurtre de Pedro Chamorro, directeur de La Prensa, journal d’opposition au dictateur Somoza, tué le 10 juin 1978. Chamorro était très apprécié dans sa lutte quotidienne et il était très connu. L’opinion publique a eu vite fait d’accuser Somoza qui s’enfuit au Paraguay où il sera assassiné quelques années plus tard. Le parti sandiniste a ramassé le pouvoir au Nicaragua et les cubains et les russes ont colonisé le pays.
Mgr Romero se défend comme il peut devant la montée de la révolution armée de la théologie de la libération. Mais il ne fait pas le poids.
Deux ans avant sa mort, la UCA publie un livre intitulé, Iglesia de los Pobres y Organizaciones Populares. (Eglises des pauvres et organisations populaires). Cet ouvrage très curieux est significatif.
La première partie donne la parole à Mgr Romero qui défend la position catholique avec des concessions à la théologie de la libération et un rappel des principes d’engagement de l’Eglise et des laïcs pour la justice sociale et contre la pauvreté en s’élevant contre la violence d’où qu’elle vienne.
La deuxième partie signée par les jésuites révolutionnaires, Ignacio Ellacuria, Jon Sobrino et Thomas Campos, est une réfutation en règle de la lettre aux fidèles de Mgr Romero !
Le titre de l’un des chapitres devrait retenir l’attention des historiens : Réflexions et problèmes de l’Eglise qui naît du Peuple.
Il est clair que les jésuites et leur bras armé, la guérilla où l’on trouve des prêtres, n’ont pas l’intention de voir la victoire leur échapper.
Pauvre Mgr Romero ! Il avait pourtant affirmé qu’il faisait des efforts pour créer et développer des « Communauté ecclésiales de base » CeB, en précisant (page 23 opus cit.) ce qu’elles devaient être…. Ce qu’elles ne pouvaient pas être dans le contexte jésuitico-salvadorien. Il ne savait sans doute pas qu’en appelant les CeB à célébrer l’Eucharistie… elles célébraient avec les mêmes mots une autre Pâque, celle de Moïse qui libère les juifs de l’esclavage ! Et cette libération est annoncée prophétiquement par l’Eucharistie qui n’est pas une obligation comme le déclare la brochure : « L’Eucharistie dans les communautés ecclésiales de base. », à l’usage des ‘fidèles’.
Un mois avant sa mort Mgr. Romero était créé Docteur Honoris causa de l’Université Catholique de Louvain, un des centres européens de formation des prêtres de la théologie de la libération.
Alors martyr Mgr Romero ? Oui, des jésuites salvadoriens !
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