Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes : ce que les évêques ne savent plus enseigner

 ENVOYE PAR UN LECTEUR

 

 

BONJOUR CHÈRE CHRISTINE, 

Permettez moi d'être en désaccord avec votre analyse et d'engager , le cas échéant le débat. 

La question de l'obéissance aux autorités légitimes est celle que l'Église eut à affronter et résoudre au cours de sa longue histoire et c'est vrai aussi pour les confessions Réformées. 

Elle fut tranchée TOUJOURS selon le principe de St Pierre lui même qui demeure vrai pour tous les temps et toutes les circonstances:

 

ACTES DES APÔTRES 5: 29 ⏩ Pierre et les apôtres répondirent: Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes..

 

 Cependant il y a la doctrine de St Paul qui semble contredire la parole catégorique de St Pierre: " « Que chacun - dit-il - se soumette aux autorités en charge. Car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent sont constituées par Dieu. Si bien que celui qui résiste à l’autorité se rebelle contre l’ordre établi par Dieu » (Rm 13, 1 s.)

Or la tradition de l'Église a toujours interprété cette doctrine de st Paul comme l'explique parfaitement le Père Cantalamessa franciscain « prédicateur de la Maison pontificale » que le Pape vient de faire Cardinal au dernier consistoire. Il écrit:

 

" L’obéissance à l’État n’est qu’une conséquence et un aspect d’une obéissance bien plus importante que l’Apôtre appelle « l’obéissance à l’Évangile » (cf. Rm 10, 16). «Il nous faut aller à la découverte de l’obéissance « essentielle », dont découle toute obéissance particulière y compris celle qui est due aux autorités civiles. Il y a en effet une obéissance qui nous concerne tous - supérieurs et sujets, religieux et laïcs -, la plus importante de toutes, et qui régit et vivifie toutes les autres ; et cette obéissance n’est pas l’obéissance « de l’homme à l’homme », mais l’obéissance de l’homme à Dieu.»

​R. Cantalamessa ofm  -"La Vie dans la Seigneurie du Christ" Ed. du Cerf, 1990.

 

De même le pape Léon XIII dans l’encyclique "Immortale Dei" du 1 novembre 1885 écrit:

"Si la nature et la raison imposent à chacun l'obligation d'honorer Dieu d'un culte saint et sacré,

parce que nous dépendons de sa puissance et que, issus de lui, nous devons retourner à lui, elles

astreignent à la même loi la société civile. Les hommes, en effet, unis par les liens d'une

société commune, ne dépendent pas moins de Dieu que pris isolément; autant au moins que

l'individu, la société doit rendre grâce à Dieu, dont elle tient l'existence, la conservation et la

multitude innombrable de ces biens. C'est pourquoi, de même qu'il n'est permis à personne de

négliger ses devoirs envers Dieu, et que le plus grand de tous les devoirs est d'embrasser

d'esprit et de coeur la religion, non pas celle que chacun préfère, mais celle que Dieu a

prescrite et que des preuves certaines et indubitables établissent comme la seule vraie entre

toutes, ainsi les sociétés politiques ne peuvent sans crime se conduire comme si Dieu n'existait

en aucune manière, ou se passer de la religion comme étrangère et inutile, ou en admettre une

indifféremment selon leur bon plaisir. En honorant la Divinité, elles doivent suivre strictement

les règles et le mode suivant lesquels Dieu lui-même a déclaré vouloir être honoré. Les chefs

d'Etat doivent donc tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux

devoirs celui de favoriser la religion, de la protéger de leur bienveillance, de la couvrir de

l'autorité tutélaire des lois, et ne rien statuer ou décider qui soit contraire à son intégrité. Et

cela ils le doivent aux citoyens dont ils sont les chefs." 

 

Enfin St Augustin, repris par St Thomas d'Aquin écrit lumineusement : 

" - Mais quoi ! Si le curial commande une chose défendue par le proconsul, est-ce qu’on doit lui obéir ? Si le proconsul à son tour commande une chose et l’empereur une autre, est-il permis d’hésiter un instant ? Ne doit-on pas mépriser le proconsul pour obéir à l’empereur ? Enfin, si l’empereur donne un ordre contraire au commandement de Dieu, il est évident que l’empereur est à mépriser, c’est à Dieu qu’il faut obéir ." 

 

En conclusion :  si les supérieurs sont hors de la justice on ne leur doit pas l’obéissance. Or, ils peuvent être hors de la justice en deux manières : s’ils ont une autorité usurpée ou s’ils commandent des choses injustes. . De là trois sortes d’obéissance : - les uns obéissent dans les choses obligatoires : cela suffit pour le salut ; - d’autres obéissent dans les choses mêmes qu’on n’a pas droit d’exiger d’eux, pourvu qu’elles ne soient pas en opposition à Dieu ni aux devoirs de leur état : c’est la perfection ; - enfin, d’autres vont jusqu’à obéir dans des choses illicites . Celle-là est criminelle. Telle est en abrégé la doctrine de saint Thomas d’Aquin sur l’obéissance, en sa Somme au Traité de la justice et des vertus qui en dépendent.

Vous qui avez eu une culture protestante vous n'ignorez pas que des Pasteurs comme des évêques Allemands ont refusé certains ordres de l'état nazi , à juste titre,bien qu'il fût légitime, élu démocratiquement,  comme tout le monde le reconnait. 

Un gouvernement peut être légitime mais certaines de ces lois,contraires à la morale chrétienne ou même aux Commandements,ne peuvent être approuvées et obéies, il en est ainsi des règles contre la Messe qui en limitent l'assistance arbitrairement alors que, en même temps, le gouvernement autorise les grandes manifestations , les ventes dans les hypermarchés, le métro ou la foule se bouscule etc... Donc limiter sans discernement de nombre les Messes partout à 30 personnes est inique, car il est possible d'accepter plus selon la surface des églises. Notre évêque a donc eu parfaitement raison, comme d'autres en même temps, de favoriser la désobéissance à une règle absurde et illégitime. 

Je ne vous apprendrai pas qu'une loi humaine peut être défaite par une loi ultérieure, meilleure ou pire. Aucune loi humaine n'a un caractère sacré, immuable et intangible; les adversaires de la loi contre l'avortement et contre le mariage légitime n'ont eu de cesse de critiquer et braver ces lois en désobéissant, ce sont les mêmes qui aujourd'hui  nous demandent de nous plier à de mauvaises lois ? de qui se moque-t-on ? 

 

Bien cordialement, 

Jacques 

 



29/11/2020
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