Une nouvelle accusation vient de frapper le pape François dans le dossier des hauts prélats « protégés » par sa volonté alors que des accusations sérieuses pèsent sur eux. Après l’ex-cardinal McCarrick, prédateur homosexuel soupçonné de nombreux abus à l’encontre de jeunes prêtres et séminaristes, si heureux de l’élection du pape François qui en cinq ans, allait transformer l’Eglise, séduisant les fidèles « tel le joueur de flûte de Hamelin », le cas du cardinal Cormac Murphy-O’Connor est sur le devant de la scène. Celui-ci est accusé d’avoir abusé d’une jeune fille alors qu’elle avait 13 ou 14 ans. Or il apparaît, au terme de recherches menées à la fois par le vaticaniste Marco Tosatti à Rome et par LifeSiteNews en Angleterre, que le pape François lui-même a ordonné en 2013 au cardinal Gerhard Müller, alors préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la foi, d’interrompre l’enquête en cours contre le prélat britannique. Celui-ci, faut-il le rappeler, faisait partie de la « mafia » auto-proclamée de Saint-Gall, aux côtés de Danneels, Martini, Silvestrini, Lehmann et quelques autres qui cherchaient la « modernisation » de l’Eglise et qui avaient vu leur plan contrecarré en 2005 par l’élection de Benoît XVI. Ce sont les survivants du groupe qui se sont tant réjouis huit ans plus tard du choix de Jorge Bergoglio.
Cormac Murphy O’Connor, membre de la mafia de Saint-Gall
Une source jugée très sérieuse par LifeSiteNews, notamment parce qu’elle connaît le dossier de l’intérieur, affirme que la victime britannique était au centre de l’enquête menée à l’époque par la Congrégation pour la Doctrine de la foi. Tosatti, de son côté, avait déjà rendu public ce qu’il avait appris en septembre 2013 d’une source très haut placée au Vatican : en juin, peu après l’élection de Bergoglio, le cardinal Müller avait été interrompu par le pape lui-même alors qu’il célébrait la messe à Santa Monica – à côté du palais du Saint-Office – devant un petit groupe d’étudiants allemands. Le secrétaire du pape, racontait alors Tosatti, avait exigé que Müller rejoigne le pape à la sacristie sur-le-champ ; celui-ci, « de très mauvaise humeur, lui communiqua quelques ordres à propos d’un dossier concernant un de ses amis, un cardinal ».
Tosatti vient donc de préciser l’affaire. Ce cardinal, affirme-t-il désormais, était le cardinal Murphy-O’Connor, ancien archevêque de Westminster et président de la conférence des évêques d’Angleterre et du Pays de Galles, mort en septembre 2017. Le dossier serait celui de cette femme qui avait insisté pendant des années afin qu’on l’écoutât et qui avait, au bout du compte, « déposé plainte enfin auprès de la Congrégation pour la Doctrine de la foi ». Marco Tosatti précise que sa source était « extrêmement étonnée » de cette information concernant le pape, à la fois en raison de la manière dont les ordres avaient été donnés et à cause de leur teneur, puisque le pape ne se contentait pas de demander que le dossier lui soit communiqué, mais imposait la manière de le résoudre.
Un faiseur de pape visé par un dossier d’abus sexuel
Le vaticaniste italien s’est efforcé de faire corroborer son histoire par les organismes compétents, sans succès. LifeSite a de son côté appelé le bureau du cardinal Müller, demandant simplement une confirmation ou un démenti, mais s’est vu opposer un refus de tout commentaire. Un « no-comment » que le site américain considère comme un » non-démenti ». La Salle de presse du Vatican, contactée, n’a pas réagi.
Pour ce qui est de la dame anglaise, elle n’a jamais donné de publicité à ces accusations, mais la source britannique contactée par LifeSite signale que cela fait 15 ans qu’elle cherche à obtenir justice auprès de l’Eglise sans parvenir jamais à ce que ses accusations fassent l’objet d’une enquête approfondie.
Elle avait certainement subi une agression sexuelle de la part d’un prêtre, le P. Michael Hill, lorsqu’elle avait 13 ou 14 ans, agression pour laquelle elle a reçu une compensation de la part de son diocèse. Ce prédateur sexuel a fait de la prison après avoir été convaincu de quelque 30 agressions sur des garçons entre la date de son ordination en 1960, et la fin des années 1980. Il avait bénéficié de postes en contact avec des garçons malgré les mises en garde du public, ayant été déplacé de paroisse en paroisse par le cardinal Cormac Murphy-O’Connor.
Cet autre cardinal protégé par le pape François…
Celui-ci l’avait notamment nommé aumônier de la chapelle de l’aéroport de Gatwick en 1985 : Hill en avait profité pour agresser un jeune homme ayant des difficultés cognitives qui s’était rendu à la chapelle après avoir raté son avion.
Ce n’est pas le seul cas d’indulgence et d’occultation reproché au cardinal, qui devait s’en excuser plus tard.
Celle qui aujourd’hui l’accuse d’avoir participé personnellement à l’agression dont elle a certainement été victime de la part de Hill, vers la fin des années 1960, dit la vérité… ou non. Le fait est que, victime reconnue des méfaits d’un clerc, elle n’a pas obtenu que cette accusation contre le cardinal soit prise en compte, examinée, et traitée selon les règles. Elle s’est pourtant plainte auprès des autorités diocésaines de son lieu de résidence, à Portsmouth, avant de s’adresser directement à l’archidiocèse de Westminster, et ce en 2009 ou 2010. A l’époque, le cardinal Vincent Nichols, successeur de Murphy-O’Connor, avait carrément refusé de donner suite.
Cormac Murphy O’Connor du groupe de Saint-Gall accusé d’avoir abusé d’une jeune fille de 13 ou 14 ans
Murphy-O’Connor venait pour sa part d’être invité à prendre la tête de la visite apostolique en Irlande pour s’occuper de la crise des agressions qui s’y était faite jour. Au diocèse de Portsmouth, on s’inquiétait de voir alors les accusations contre le cardinal portées au grand jour, avec les conséquences que l’on peut imaginer quant à la crédibilité de la visite apostolique. LifeSite a appris de la source britannique déjà citée que le diocèse de Portsmouth et celui de Northampton ont aussitôt pris contact avec la Congrégation pour la Doctrine de la foi, dont le préfet était à ce moment-là le cardinal William Levada, afin de demander qu’une enquête soit ouverte à Rome à propos des accusations de la victime mais aussi pour protester contre le refus de Westminster de respecter les protocoles de sauvegarde mis en place sur le plan national, valables pour tous les clercs, quel que soit leur rang. A ce moment-là, Mgr Charles Scicluna, devenu depuis archevêque de Malte, a demandé que l’ensemble du dossier lui soit remis directement, ce qui a été fait par une personne mandatée par le diocèse de Portsmouth. Une enquête a alors été ouverte, semble-t-il.
Dès 2012, Scicluna partait pour Malte où il venait d’être nommé évêque auxiliaire. Le dossier passait entre les mains de Mgr Robert Oliver qui en a discuté en 2013 avec un évêque anglais présent à Rome.
Le dossier contre le cardinal soupçonné d’avoir été clos à la demande du pape François
Dans le même temps, l’archidiocèse de Westminster avait enfin accepté de rencontrer la victime, mais bien qu’une rencontre eût lieu, l’ouverture d’une enquête fut refusée. Ceux qui aujourd’hui la soutiennent au sein de l’Eglise catholique en Angleterre estiment que, qu’elle dise vrai ou non, il n’y a pas de raison que l’Eglise ne suive pas les règles que celle-ci s’est imposées : le retrait de l’accusé de ses fonctions, accompagné d’une investigation officielle qui aboutit soit au retour en fonctions si l’accusation se révèle fausse, soit au retrait définitif, cette fois-ci sous forme de sanction. En l’occurrence, ces responsables estiment que le cardinal Murphy-O’Connor était traité comme s’il était « au-dessus de la loi ».
Le cardinal lui-même est connu pour avoir estimé qu’un candidat à la prêtrise ayant une tendance homosexuelle doit pouvoir être ordonné s’il ne la met pas en pratique. Il a également déclaré à une autre occasion : « Il semble établi que la question de l’abus à l’égard d’enfants n’a rien à voir, directement, avec l’homosexualité. »
L’étrange interruption d’une messe du cardinal Müller par le pape François
Murphy-O’Connor a par ailleurs approuvé un code d’éthique pour l’hôpital Saint John & Saint Elizabeth permettant d’orienter officiellement des patientes demandant un avortement ou un autre acte contraire à l’éthique médicale vers des praticiens prêts à les procurer.
Selon Austen Ivereigh, biographe enthousiaste du pape François et ancien assistant personnel du cardinal Murphy-O’Connor, ce dernier a été mandaté pendant les jours précédant le conclave ouvert le 12 mars 2013 par le groupe de Saint-Gall – « mafia » autoproclamée, rappelons-le – en vue d’avertir Jorge Bergoglio du plan visant à le faire élire. Le même cardinal était chargé de promouvoir ce candidat auprès des cardinaux nord-américains et de ceux du Commonwealth. Lors d’une audience suivant de peu son élection, le pape François l’avait montré du doigt en plaisantant : « Tout ça, c’est de ta faute. » De son côté, Murphy-O’Connor disait aussi volontiers de François que c’était « son homme ».
La question qui se pose est simple. Le pape François a-t-il « remercié » celui qui avait contribué à le faire élire, un ami, en ordonnant purement et simplement que l’enquête le visant soit stoppée ?
Mais c’est une impunité qui pourrait être remise en cause par une investigation publique lancée en Angleterre et qui vise toutes les agressions sexuelles sur mineur ayant eu lieu dans le pays – pas seulement celles enregistrées au sein de l’Eglise catholique – avec pouvoir de se faire remettre tous les éléments de preuve demandée. La source de LifeSite affirme que la victime centrale dans cette affaire a peut-être contacté les enquêteurs de « Truth Project ». Le fait est que, il y a quelques semaines, ceux-ci ont requis de l’archidiocèse de Westminster la remise de tous les éléments du dossier d’accusation à l’encontre du cardinal Murphy-O’Connor.
Une bombe à retardement ?
Jeanne Smits
Réinformation.tv