Benoît XVI censure son successeur - I
Benoît XVI avait compris ; il a censuré la théologie de son successeur
Voici ce qu’écrivait un prêtre argentin libérationniste, le 20 mars 2013 : « Le nouveau pape François reprend l’idée du Peuple de Dieu. Et, spécialement pour nous qui avons fait cette théologie en Argentine, je crois que c’est un motif pour faire la fête » (Eduardo de la Serna - Centro Terra Nueva.).
Il nous faut ouvrir une page peu connue de l’histoire du Concile pour comprendre pourquoi le pape Benoît XVI était le mieux placé pour répondre à cette aberration d’un Peuple de Dieu, sanctifié par l’injustice sociale et politique ; interprète infaillible des volontés divines, lecteur infaillible des signes des temps, avant-garde des temps eschatologiques, capable de s’enseigner lui-même. Ce sujet prend toute son acuité le jour où nous apprenons la disparition du titre de Vicaire du Christ ! Titre, en effet, peu convenable pour le leader du peuple de Dieu ! (rappelons qu’il a demandé au peuple de le bénir lors de sa première apparition au balcon de saint Pierre)
Il faudrait écrire l’histoire du Concile car il est bien une des origines des maux dont nous souffrons aujourd’hui.
Le père Ratzinger a été l’un des acteurs de ces dérives tragiques. Mais il faut établir la suite logique et raisonnée des événements pour bien comprendre ce qu’il s’est passé.
1 Au terme de plus de cinquante ans d’assauts répétés, s’annonce le Concile que mêmes les plus farouches modernistes n’avaient osé imaginer. Ils bénéficient d’une organisation très structurée car surtout depuis la fin de la guerre et la mort de Pie XII, ils se rencontrent surtout en Europe et en Amérique Latine. Tous les latino-américains font leur études en Europe occupée par les modernistes !
2 Le Concile confirme cette absolue domination qui permet à la fois de faire voter les thèses modernistes par une Assemblée amorphe et incompétente mais aussi d’en assurer la diffusion dans le monde entier.
3 C’est l’heure du prophétisme. A l’image des prophètes de l’Ancien Testament, les réformateurs s’auto-proclament les voix qui vont ramener le peuple (l’Eglise) dans les voies du salut. L’Eglise est devenue, selon eux, le lieu de toutes les compromissions… depuis Constantin et le Moyen-Age car elle a imité les structures politiques pour gouverner l’Eglise. Le Concile de Trente étant le sommet de cet appareil politico-religieux qui perdure encore avec Pie IX et saint Pie X.
4 Tout ce qui rappelle ces structures surannées doit disparaître. L’argument majeur c’est aggiornamento. Le monde ne comprend plus le message de la vieille Eglise. C’est l’ouverture au monde. Les deux principaux textes votés dans ce sens sont celui de Ecclesia Dei et Lumen Gentium. Tout le reste n’est que l’application de ces schémas à toute l’activité de l’Eglise
5 Ce Concile est appelé « pastoral » parce qu’il remplace à tous les niveaux l’évangélisation par l’inculcation de l’idéologie moderniste.
6 Pour cela le Concile a trouvé un « vecteur » - en modifiant la théologie du Corps Mystique de l’Eglise établie par Pie XII -, en « Peuple de Dieu » inspiré de l’Ancien Testament. Avec la collégialité, l’Eglise synodale qui va naître, le nouveau Peuple de Dieu, à l’instar du prolétariat ou de la classe ouvrière va devenir l’aile marchante de l’Eglise à venir. La nouvelle Eglise fonctionne hors de l’Institution pétrinienne et romaine, grâce au souffle direct de l’Esprit : « On n’étouffe pas l’Esprit ! ».
7 Dans cette perspective le Peuple de Dieu c’est d’abord « les pauvres » avec le serment des catacombes de Helder Camara. Très vite ce « vecteur » ne fait plus recette car il est à la fois trop « évangélique » et il ne correspond plus à la classe sociologique nécessaire pour imposer la libération des structures politiques et religieuses ; ces dernières étant liées aux appareils capitalistes et à l’Etat.
8 C’est l’Eglise argentine qui va devenir la championne avec la transformation de la théologie de la libération en théologie du peuple.
9 Le parti libérationniste, va faire croire au peuple, à force d’argument politique et religieux, qu’il est doué d’une double infaillibilité religieuse et politique. En matière politique un peuple qui lutte pour la justice contre l’oppression est toujours du bon côté (Che Guevarra ou Camillo Torrès). En matière religieuse, il discerne les signes des temps, c’est-à dire les événements actuels ou à venir qui vont déterminer l’ engagement historique du peuple de Dieu !
10 Les « gestionnaires » de ce peuple sont essentiellement des clercs engagés dans les luttes de soutien aux revendications temporelles et les manipulateurs des destinées spirituelles. Les cadres du « parti » donnent à croire que c’est le peuple qui est à l’origine de tout, qu’il a un pouvoir inné qu’il tient directement de l’Esprit, en particulier en ce qui concerne les structures ecclesiales et la foi : infaillibilité du peuple in credendum.
11 Cela peut paraître excessif mais il n’y a pas deux histoires une profane et une sacrée. Il y a l’histoire qui détermine les changements politiques et religieux. Et le peuple, à raison de sa pauvreté et de ses combats, les connaît mieux et avant les autres. L’Eglise institutionnelle incapable de suivre le mouvement de l’histoire est déclassée.
12 C’est ce que le père Bergoglio annoncera dès 1974 et qu’il renouvellera à de nombreuses reprises. Notamment au chapitre 3 de Evangelii Gaudium : « On peut dire que le peuple s’évangélise continuellement lui-même » §124.
« Les expressions de la piété populaire ont beaucoup à nous apprendre, et, pour qui sait les lire, elles sont un lieu théologique (souligné par nous) auquel nous devons prêter attention, en particulier au moment où nous pensons à la nouvelle évangélisation » § 126.
« La mystique populaire », accueille à sa manière l’Evangile tout entier, et l’incarne sous forme de prière, de fraternité, de justice, de lutte et de fête. » § 237.
Il faut être aveugle pour ne pas voir, ici, une pauvre tentative de remplacement du « Corps Mystique » enseigné par Pie XII.
La thèse du peuple (les pauvres) source de la nouvelle Eglise est défendue entre autres par Jon Sobrino en 1986 dans Les pauvres, lieu théologique de l’ecclésiologie. Censuré par le cardinal Ratzinger, Sobrino se permettra d’écrire que le cardinal ne comprend rien. (voir, Le terrorisme pastoral, page 114 ).
A suivre : Comment Benoît XVI a censuré la théologie de son successeur, deuxième partie.
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