Le Terrorisme pastoral

Le dialogue pour surmonter la crise  2

Pour conforter sa découverte du dialogue initié par Vatican II, Agnès Desmazières a découvert les « quatre principes » du pape. Nous sommes obligés de donner une longue citation car il s’agit d’un élément clé pour la compréhension de sa thèse. 

« Dans Evangelii Gaudium, le pape François évoque « quatre principes », qui sont quatre manières de regarder la réalité sociale et qui aident à construire le dialogue social : « le temps est supérieur à l’espace, « l’unité prévaut sur le conflit, « la réalité est plus importante que l’idée », « le tout est supérieur à la partie ».

« Ces quatre principes » sont en fait anciens. On en trouve déjà la trace dès 1974. Ils ne sont pas à cette époque, utilisés en vue d’apporter un éclairage sur la construction de la société civile. Bergoglio emploie alors les quatre principes » dans un contexte ecclésial, en particulier à propos de l’édification de la Compagnie de Jésus, de l’unité des Jésuites. Cela m’a donné l’idée de recourir aux « quatre principes » pour penser dans l’Eglise un dialogue théologique qui soit authentique et auquel participe l’ensemble du peuple de Dieu ».(pages16-17)

A.D. va confirmer son intuition géniale un peu plus loin : « Il y a aujourd’hui une urgence particulière du dialogue. Notre monde a soif de dialogue ». (page 17)

Au chapitre 8 elle ajoute : « L’idée d’employer les « quatre principes » pour éclairer le dialogue théologique dans l’Eglise m’est donc venu en lisant le cardinal Schönborn » (Le regard du bon Pasteur : entretien avec Antonio Spadaro, - op cit page 111).

Les chapitres 6, 7, et 8 du livre sont une investigation des ressources découvertes par A.S. dans les « quatre principes ».

Page 117 les « quatre principes » deviennent « Quatre axes de réconciliations ».

Sur cette même page elle aborde l’origine de ces « quatre principes » tels qu’ils sont présentés en 1980 (par celui qui va devenir évêque de Buenos Aires en 1992.)  Ce texte est paru dans le Boletin de Espiritualidad N°68 de décembre 1980  Compañia de Jesus - sous le titre « Formacion permanente y reconciliation »

« Les quatre principes » sont qualifiés de « chrétiens » car ils ont leur source dans « la foi de nos pères, la volonté fondatrice de nos fondateurs et la sagesse particulière du peuple de Dieu ». (page, 117)

Après cette citation qui semble donner une authenticité certaine aux quatre principes, , A.S. aborde  enfin le problème de l’origine .

« Ils auraient pour origine, selon Juan Carlos Scanonne, une lettre de Juan Manuel de Rosas à Juan Facundo Quiroga du 20 décembre 1830, véritable manifeste du fédéralisme argentin dans un contexte de guerre civile. Les quatre principes n’apparaissent pas comme tels dans cette lettre, mais ils semblent toutefois bien avoir la tradition fédéraliste argentine pour horizon. Ils sont également notablement influencés par la théologie argentine du peuple, qui articule d’une manière équilibrée, affirmation du « nous » du peuple et respect de la diversité des « je » qui ont chacun leur dignité ». (page 118-119).

Arrivé à ce stade on reste pantois ! Comment une historienne, sur un sujet aussi important peut-elle se satisfaire de ce conditionnel fumeux !

Qu’en est-il exactement ?

En 1974 il ne s’agit pas seulement d’une trace !

Il s’agit du discours d’ouverture de la XIVème Congrégation Provinciale d’Argentine du 18 février. C’est le premier discours du père Bergoglio qui a été nommé Provincial, le 31 juillet précédent.

Le général Péron est revenu au pouvoir le 20 juin 1973. Il est en très mauvaise santé et mourra le juillet 1974. La société argentine se déchire les péronistes aussi. Les uns rejoindront les montoneros partisans de la lutte armée, les autres le gouvernement qui installera la dictature militaire.

Pour l’heure une bonne partie de la Compagnie de Jésus en Argentine se range derrière le mouvement péroniste. Le nouveau provincial rassemble ses troupes sous la double casquette du peuple fidèle et des principes de l’organisation politique de Péron. Lors de la Congrégation il cite comme premier critère :

« Pour cela nos projets libérateurs les plus authentiques privilégieront l’unité au conflit parce que nous sommes avertis que l’ennemi divise pour régner. Parce que c’est un projet de la nation qui est en jeu et non l’arrangement d’une classe. (Meditaciones para religiosos, ed. 2014, page 47.

Dans sa conclusion page 48, le provincial cite trois critères/

 « Les grands critères pour conduire les processus : l’unité est supérieure au conflit, le tout est supérieur à la partie, le temps est supérieur à l’espaces, sont ceux qui doivent inspirer notre travail. C’est seulement ainsi que nous pourrons avoir une unité d’exécution »

Le père Bergoglio  ne pouvait manifester l’inspiration péroniste d’une manière plus éclatante car cette formule sur « l’unité d’exécution » est spécifique des documents destinés aux membres du parti péroniste.

Les critères ne sont pas encore devenus des principes !

Le bulletin de Spiritualité de la Compagnie d’avril 1978, N° 55, reprend exactement le texte de 1974, page 32.

Lors de la Congrégation du 8 février de 1978, le provincial donnera au critère « espace- temps » une saveur ignacienne. ( Meditaciones para religiosos , pages 52à 60)

L’origine péroniste des « critères » devenus « principes » est indiscutable. Une information des plus complètes sur la pénétration du péronisme dans la pastorale argentine face au catholicisme résolument révolutionnaire du Mouvement des prêtres pour le Tiers Monde MSTM (Movimiento de Sacerdotes para el Tercer Mundo), se trouve dans le livre de Sebastian Politi , Teologia del Pueblo ; Una propuesta argentina para Latina America.

Pour quelles raisons  les adulateurs ou les suiveurs innocents du pape Bergoglio, ne connaissent-ils pas cette relation initiale et essentielle entre le discours de Péron et le pape ?

Les raisons sont de deux ordres.

1 L’ignorance absolue de la personne du général Péron, de son action, de ses discours et de son oeuvre politique.

2 L’enfermement dans lequel le pontife est maintenu par ses affidés. Les fidèles ne savent rien, absolument rien, que cette religion sentimentale et politique qui est diffusée par des milliers de voix relayées elles-mêmes par d’innombrables papiers, radio, télévisions et films.

3 Les argentins eux-mêmes semblent anesthésiés alors qu’ils étaient les mieux placés pour qui était ce pape qui a toujours préféré la politique à la théologie de l’aveu de ses condisciple et de son propre aveu.

Il faudrait écrire plusieurs livres pour dévoiler cette filiation.

Le pape a appris de Péron que les lieux où l’on rencontre le peuple ce sont les périphéries que l’évêque et le cardinal Bergoglio va fréquenter avec force publicité. Ce sont les fameuses « périphéries », lieux investis à la fois par les militants péronistes et les prêtres des « villas » (bidonvilles) qui contrairement à ce qu’on dit ne sont pas des émules de la théologie de la libération mais des militants péronistes ! Ces périphéries sont appelées dans le langage péroniste, des « territoires ».  Juan Carlos Bardoneschi grand responsable de l’organisation du parti péroniste peut déclaré en 1971 que le concept majeur et central qui permet de mesurer la capacité de compréhension  politique d’un cadre réside dans « l’organisation sociale de l’espace et du temps où se manifestent les engagements de sa propre activité. »

TROIS ANS AVANT L’INTERVENTION DU PERE BERGOGLIO !  

Quant au dialogue que Agnès Desmazières va chercher dans la nouvelle théologie,  fait partie de la méthode de situacion dialogal recommandée aux cadres du parti…en 1971 !

Péron, pressé par les partisans de la lutte armée, répondit  « entre le sang et le temps , nous choissisons le temps » «  entre el tiempo y la sangre, elegimos el tiempo ».

A suivre - Le quatrième « principe » n’a rien à voir avec les trois premiers, Agnès Desmazières ne fait que répéter l’affabulation inventée par les jésuites !