Au pompier venant éteindre l’incendie, on ne demande pas ses opinions politiques ou religieuses et encore moins son acte de baptême. Démonstration par Michel Onfray, philosophe athée, se revendiquant d’une gauche proudhonienne et assez peu enclin à une France ayant vocation à être gouvernée par le sabre et le goupillon.

Et le même de s’alarmer sur LCI, ce samedi 19 juillet dernier, sur fond d’incendie de la cathédrale de Nantes, de la « destruction des racines chrétiennes à bas bruit ». Il est vrai qu’en la matière, l’actualité est plus que chaude. Rien que le mercredi précédant son intervention, on dérobait les reliques de saint Boniface dans une église d’Honfleur tandis que, quatre jours plus tard, un calvaire était détruit, Christ décroché de la croix et réduit en morceaux, sur l’île d’Arz, au large de la Bretagne. Pourquoi tant de haine ?

Certes,  n’est pas connu pour hanter les sacristies. Il n’empêche qu’il n’est pas besoin d’être croyant pour respecter tel ou tel lieu de culte, surtout celui l’ayant irrigué depuis sa plus tendre enfance. D’où sa revendication des racines « judéo-chrétiennes » de l’Europe en général et de la France en particulier. Pour aller plus loin, et que ce codicille nous soit permis, il n’est pas non plus besoin d’être de philosophie païenne pour admettre qu’avant, notre Vieux Continent fut d’essence gréco-latine – Colisée et Parthénon en témoignent.

Plus intéressant, Michel Onfray en finit avec une vieille lune de gauche voulant que la France soit née en 1789, tout en taquinant une autre antienne de droite considérant que cette même France, née avec Clovis, serait précisément morte en… 1789. Là, il convient d’en appeler aux mannes d’un autre homme de gauche au parcours singulier, Régis Debray. Ainsi, dans Le Code et le Glaive, affirme-t-il : « En termes simples, je suis français avant d’être républicain et républicain avant d’être socialiste. Ce n’est pas une profession de foi, mais un carnet de route ; l’ordre des temps l’a voulu ainsi. La France existait avant la République, et je parlais français avant de lorgner au fronton des mairies. » Mieux encore : « La République, pour sûr, peut exister sans la France et hors d’elle ; mais vu mes lieu et date de naissance, il me semble que si la France venait à disparaître comme nation, force serait de faire notre deuil du legs de 1789 et 1792. » La France d’abord, la République ensuite, en d’autres termes…

Et Régis Debray, toujours : « Si j’ai une leçon à tirer de quarante ans de vie adulte, c’est qu’en toutes choses, mieux vaut commencer par le commencement. » Et c’est ce commencement, ce trésor national, substrat catholique dont tous nos compatriotes sont les récipiendaires – qu’ils croient au Ciel ou non – qui se trouve aujourd’hui cerné de toutes parts, que ce soit en termes de détestation larvée ou de vandalisme avéré.

Pour s’en convaincre, il suffit de s’en remettre aux chiffres du ministère de l’Intérieur : en 2019, 1.052 actes antichrétiens, contre 687 forfaits antisémites et 154 méfaits antimusulmans. Certes, les chrétiens sont encore plus nombreux que les fidèles de ces deux autres religions abrahamiques. Il n’empêche que la caisse de résonance médiatique tonne de manière inversement proportionnelle selon la confession des offensés. Il est évident que les propos de la Commission consultative des droits de l’homme n’aident en rien à clarifier ce phénomène : « Le lien existant entre ces actes et les phénomènes de racisme est difficile à établir avec certitude, puisqu’il est extrêmement délicat de différencier les actes qui ont une réelle motivation raciste, des vols ou actes de pur vandalisme, ou encore des aces commis par de groupes se réclamant du satanisme. »

En effet, quelle macédoine, sachant qu’on ne voit pas très bien ce que ce « racisme » vient faire ici et qu’une confession est tout, hormis une race, surtout pour des religions à vocation universelle. On peut être breton et musulman, arabe et chrétien, juif et catholique, etc. Mais il se trouve, Michel Onfray dixit, qu’en France, majorité silencieuse oblige, on aurait plutôt tendance à se sentir plus français et chrétien qu’autre chose, n’en déplaise à des minorités de plus en plus agissantes et n’œuvrant pas toujours pour le bien commun, c’est le moins qu’on puisse prétendre