La vraie vie de Mgr Helder Camara
La vraie vie de Mgr HELDER CAMARA
Le 3 mai prochain Mgr Saburido, archevêque de Recife et Olinda, annoncera l'ouverture officielle de l'enquête canonique diocésaine pour l'héroïcité des vertus de l’un de ses prédécesseurs, Dom Helder Camara.
Ce que nous disions dans notre article précédent des insuffisances des journalistes français en charge des affaires du catholicisme, se renforce lorsque l'on lit la médiocrité des informations parues en France à l'occasion cet événement majeur.
On peut se reporter à deux biographies, l'une en italien et l'autre en anglais pour une approche plus sérieuse.
http://www.corrispondenzaromana.it/notizie-dalla-rete/chi-era-davvero-dom-helder-camara/
http://rorate-caeli.blogspot.com/2015/04/helder-camara-lifetime-of-working.html
Nous donnerons ici des éléments jamais cités y compris dans ces documents les plus complets.
Dom Helder Camara (DHC) après son passage à l’extrême droite a été toute sa vie un agent actif d’une transformation radicale de l’Eglise catholique.
Le 25 janvier 1959, Saint Jean XXIII, annonce l’ouverture d’un concile œcuménique.
A cette date, DHC est déjà en relation avec Ivan Illich et François Houtart (chanoine de l’Université de Louvain qui se présente comme chanoine marxiste) qui sont avec lui les réalisateurs et organisateurs (1958-1962), d’une somme de 43 volumes d’histoire et de sociologie du catholicisme en Amérique latine. Ce monument va servir de référence à toutes les études de la future théologie de la libération et de toutes les études subséquentes. C’est la matrice de tous les développements ultérieurs. (Voir l’article remarquable de Stéphane Wailliez, Louvain et l’Amérique latine, in SW. Catholica. Automne 2007)
Les connexions de DHC avec ces deux personnages ont déjà permis, à cette date, la mise en place d’un réseau efficace de diffusion des idées subversives dans l’Eglise brésilienne.
Création en 1952 de la Conférence nationale des évêques brésiliens (CNBB) dont DHC va être pendant 12 ans, jusqu’en1964 le Secrétaire ; en 1955 création de la Conférence Générale des évêques latino- américains (futur CELAM) sous la présidence du chilien, Mgr Larrain.
En 1958, création de la Confédération des religieux pour l’Amérique Latine. (CLAR)
Ces appareils mis en place sont contrôlés dans leur plus grande partie par le tandem Larrain-DHC.
Le 14 octobre 1952 DHC est nommé évêque auxiliaire de Rio Janeiro. IL le restera jusqu’en 1964 ; il restera le représentant de l’épiscopat brésilien auprès du CELAM jusqu’en 1992).
Il sera souvent consulté par le Président de l’époque, Kubischek.
On peut dire qu’à partir de cette date le basculement du Brésil dans ce qui ne s’appelle pas encore ‘la théologie de la libération’ est programmé.
1961, le plan d’intervention au concile nécessite une réunion entre les acteurs. Elle a lieu à Rio de Janeiro. Sont présents : Ivan Illich, François Houtart, le père Poblete, Mgr Larrain et DHC. D’autres se sont joints à eux ; nous n’avons pas encore trouvé leurs noms.
De l’aveu de François Houtart, DHC n’est pas un intellectuel ; mais c’est un manœuvrier remarquable avec suffisamment d’arrogance et de séduction. Il a une idée immédiatement mise en œuvre, la rédaction d’un résumé des 43 volumes de l’histoire du catholicisme en Amérique latine qui sera remis à tous les évêques en 1963.
Illich est le théologien de Mgr Suenens au concile et Houtart un des rédacteurs principaux de Gaudium et Spes !
1962 -1965. Leur agent principal dans le concile est l’archevêque de Bologne, Mgr Giacomo Lercaro.
Le 7 décembre 1962 il prononce un discours mémorable reprenant la formule de Jean XXIII « L’Eglise des pauvres » dans lequel il affirme la connexion ontologique et historique de l’Eglise avec les pauvres. Il reçoit la plus formidable ovation de toute l’histoire de Vatican II.
Le ton est donné. Tout le tiers monde conciliaire se rue sur la formule alors que les européens se focalisent sur la collégialité.
Dans les derniers jours du concile, le 16 novembre 1965, après une messe à la catacombe de sainte Domitille, DHC regroupe 40 évêques dans ce lieu sacré et leur fait signer le PACTE DES CATACOMBES.
C’est la déclaration des nouveaux droits dans l’Eglise des pauvres. Pas seulement un nouveau mode de vie de la hiérarchie mais surtout un nouveau mode de gouvernement de l’Eglise.
On dit que plus tard 500 évêques signeront le pacte. Nous n’avons trouvé aucune preuve de cela.
Alors que DHC va quitter Rio de Janeiro pour devenir archevêque de Olinda et Recife le 12 avril 1964, une réunion se tient en mars à Petropolis à une cinquantaines de kilomètres de Rio où opèrent les frères Clodovis et Leonardo Boff. Cette réunion a été demandée par Ivan Illich à laquelle participe entres autres Gustavo Gutierrez, Juan Luis Segundo, Lucio Gera. Et autres. Selon le théologien du Pape François, Juan Carlos Scannone, c’est là que tout a commencé, à savoir la théologie de la libération.
Les participants vont se partager les pays pour établir des postes avancés y compris à Cuba dont François Houtart est un spécialiste, ami de Fidel Castro.
1967 DHC lance un nouvel appel « Messages des Evêques du Tiers-Monde », signé par 17 évêques, qui décrète la mobilisation pour faire la révolution dans l’Eglise et la société. Il propose comme modèle de révolution bénéfique, la Révolution Française de 1789.
Cette déclaration est reçue en Argentine en français. Elle y est traduite en espagnol et va entraîner la création du plus important mouvement de prêtres révolutionnaires du continent, « Les prêtres pour le Tiers Monde ». Il va se répandre partout sous des noms divers et grâce à de multiples réunions, livres et brochures. Et en 1968 c’est lui et les évêques affidés qui contrôleront l’Assemblée du CELAM à Medellin.
1970 DHC fait une tournée en Europe spécialement en France. Depuis cette date la ménagerie progressiste ne cessera de lui tresser des couronnes et de chanter ses louanges. Parmi les chefs de chœur Mgr Riobé et le grand maître de l’ordre des encensements, José de Broucker.
Toute la presse officielle catholique est présente dans ce concert depuis Les informations catholiques internationales défuntes. C’est le saint préféré du CCFD !
1978 Leonardo Boff publie « La fe desde la periferia del mundo » ; il termine en s’adressant à la Sainte Vierge : « Montre-toi comme Mère Libératrice » et il cite un poème de DHC à la Vierge de la libération, (page 237).
« Tu as pensé à tous
Mais tu as adopté une claire option pour les pauvres,
Comme ton Fils le fera plus tard.
Qu’y a-t-il en Toi, dans tes paroles, dans ta voix ?
Tu annonces dans le Magnificat
La destitution des puissants et l’exaltation des humbles
Le rassasiement de ceux qui ont faim
Et le renvoi des riches.
Qu’y a-t-il en toi pour que personne n’ose t’appeler subversive
Ou te regarde avec méfiance ?
(Extraits traduits par nous)
DHC a été 32 fois docteur Honoris causa de Louvain, Paris, Chicago, Amsterdam, Uppsala….
Il a reçu 24 prix dont le prix Martin Luther King.
Une seule question se pose aujourd’hui.
Après Jean Paul II, Jean XXIII, le bienheureux Paul VI, Saint Romero, et le peut-être bienheureux Helder Camara, qui ?
Le cardinal Amato n’a pas donné le nihil obstat à l’archevêque de Olinda et Recife sans la permission du Pape François. Ces choix indiquent-ils la naissance d’un nouveau type de sainteté, la promotion d’un nouveau modèle d’Eglise, un nouveau gouvernement de l’Eglise catholique ?
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