Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Le Concile a été et est encore le catalyseur de toutes les erreurs modernistes

 

 

 

Mgr Viganò remonte aux causes conciliaires de la crise 

 

30 MAI, 2020

 

PROVENANCE: FSSPX.NEWS

Mgr Carlo Maria Viganò.

A l’occasion de la pandémie du coronavirus, Mgr Carlo Maria Viganò, ancien nonce apostolique aux Etats-Unis, a accordé plusieurs entretiens au cours desquels il n’hésite pas à remettre en cause les erreurs conciliaires, comme il le fait courageusement depuis plusieurs mois déjà. Loin de se contenter de constater des effets dramatiques, le prélat romain remonte aux causes et dénonce l’œcuménisme, la nouvelle liturgie, l’ouverture au monde et la collégialité épiscopale. 

L’œcuménisme ne plaît pas à Dieu 

Le 7 avril 2020, répondant aux questions du vaticaniste Aldo Maria Valli, Mgr Viganò s’en prend à l’œcuménisme  promu par Vatican II : «  Si cette irrévérence [du pape considérant le titre de Marie corédemptrice comme une “sottise”, le 12 décembre 2019] découle du désir de plaire aux hérétiques, il s’agit d’une circonstance aggravante, et non d’une excuse ; en effet, je dirais que si l’œcuménisme implique de déshonorer la Vierge et de taire les vérités catholiques pour plaire à ceux qui sont dans l’erreur, nous avons une preuve supplémentaire que l’œcuménisme ne plaît pas à Dieu.  

« Il y a un autre aspect que je voudrais souligner : la négation de dogmes et de vérités théologiques, même ceux qui ne sont pas définis solennellement, implique une conséquence extrêmement destructrice, car la Vérité – qui est Dieu lui-même – ne peut avoir de parties qu’on pourrait sacrifier Si l’on touche à un dogme apparemment marginal par rapport aux dogmes trinitaires ou christologiques, on touche à tout l’édifice doctrinal. Et permettez-moi de vous rappeler qu’en plus des horreurs du métissage marial [le 12 décembre, le pape avait également considéré la Vierge Marie comme une “métisse”], nous avons également entendu des idées fausses sur la divinité même du Christ, subrepticement insinuées par les entretiens accordés à un journal notoirement anticatholique [à Eugenio Scalfari, fondateur de La Repubblica].  

« Quant à la maudite Pachamama, il est évident qu’une substitution progressive de la Mère de Dieu par la Mère Terre est en cours, par respect pour la religion mondialiste et écologique. Qu’ils fassent très attention lorsqu’ils se moquent de la Vierge : les offenses que Notre Seigneur pardonne lorsqu’elles lui sont adressées, il ne les pardonne pas si elles ont pour objet sa Très Sainte Mère ». 

Dans le même entretien, Mgr Viganò dénonce la nouvelle liturgie et communion dans la main : « Et nous devons également comprendre que la privation des sacrements et de la messe dans le monde entier est une punition supplémentaire pour notre infidélité, pour les sacrilèges qui sont pratiqués quotidiennement dans nos églises par l’indifférence de tant de ministres de Dieu, pour la profanation résultant de la communion dans la main, pour le manque de soin dans les célébrations. La voix sereine et pure de la liturgie a été remplacée par la clameur vulgaire et profane : comment pouvons-nous espérer que notre prière sera agréable au Ciel ? » 

Le troisième secret de Fatima concerne l’apostasie des hommes d’Eglise 

Le 21 avril, Mgr Viganò accordait un entretien au site portugais Dies Iræ où il évoquait le 3e secret de Fatima et le mettait en rapport avec le concile Vatican II : « Ceux qui ont lu le troisième secret ont clairement déclaré que son contenu concerne l’apostasie des hommes d’Eglise, qui a commencé précisément au début des années soixante et qui a atteint un stade si évident aujourd’hui qu’il peut être reconnu par les observateurs laïcs. Cette insistance presque obsessionnelle sur des sujets que l’Eglise a toujours condamnés, telles que le relativisme et l’indifférentisme religieux, un faux œcuménisme, l’écologisme malthusien, l’homo-hérésie et l’immigration, a trouvé dans la Déclaration d’Abou Dabi [4 février 2019, voir DICI n°381, février 2019] l’accomplissement d’un plan conçu par les sectes secrètes il y a plus de deux siècles ». 

Interrogé sur la récente création d’une commission chargée d’étudier la question du diaconat féminin, Mgr Viganò répond : « L’Ordre sacré ne peut pas et ne pourra jamais être modifié dans son essence. Les attaques contre le sacerdoce ont toujours été au centre de l’action des hérétiques et de leur inspiration, et il est compréhensible qu’il en soit ainsi : atteindre le sacerdoce signifie détruire la sainte Messe et la sainte Eucharistie ainsi que tout l’édifice sacramentel. Parmi les ennemis jurés de l’Ordre sacré, les modernistes n’étaient pas en reste, évidemment, eux qui, depuis le XIXe siècle, ont théorisé une Eglise sans prêtres, ou avec des prêtres et des prêtresses. Ces illusions, anticipées par certains représentants du modernisme en France, ont surgi subtilement au Concile, avec la tentative d’insinuer qu’il existe une certaine équivalence entre le sacerdoce ministériel, issu de l’Ordre sacré, et le  sacerdoce commun des fidèles, issu du baptême. Il est significatif que, précisément en jouant sur ce malentendu recherché, la réforme de la liturgie ait également été affectée par l’erreur doctrinale de  Lumen Gentium, réduisant le ministre ordonné à n’être que le simple président d’une assemblée. Au contraire, le prêtre est un alter Christus, non pas par désignation populaire, mais par configuration ontologique au Souverain Prêtre, Jésus-Christ, qu’il doit imiter par la sainteté de sa vie et le dévouement absolu, également représenté par le célibat ». 

Et de pointer du doigt un opportunisme soi-disant pastoral : « cette approche [nouvelle] des dogmes de l’Eglise confirme un fait indéniable : le pape Bergoglio a adopté la théologie dite de situation, selon laquelle les  lieux théologiques sont des faits ou des matières accidentelles : le monde, la nature, la figure féminine, les jeunes… Cette théologie n’a pas pour fondement la vérité immuable et éternelle de Dieu, mais, au contraire, part de la prise de conscience d’une urgence contraignante des phénomènes [de société] pour proposer des réponses conformes aux attentes du monde contemporain ». 

De plus, l’ancien nonce apostolique dénonce l’alignement de l’Eglise sur le mondialisme contemporain, rendu possible par l’ouverture au monde moderne prônée par Vatican II. Il voit ainsi l’Eglise actuelle « se constituer en  bras spirituel  du nouvel Ordre mondial et en défenseur de la Religion universelle. En ce sens, la  révolution conciliaire a dû d’abord démolir l’héritage de l’Eglise, sa Tradition millénaire – dans laquelle elle puisait sa propre vitalité et son autorité en tant que Corps mystique du Christ –, pour se débarrasser ensuite des représentants de l’ancienne hiérarchie, et n’a commencé que récemment à se présenter, sans faux-semblant, telle qu’elle cherche à être ». 

A la question très directe : « Quels points de Vatican II remettriez-vous en question ? » Mgr Viganò répond en invitant à oublier purement et simplement le Concile : « Je pense que les personnalités éminentes qui ont montré les points problématiques du Concile mieux que moi, ne manquent pas. Certains pensent qu’il serait moins compliqué et certainement plus intelligent de suivre la pratique de l’Eglise et des papes telle qu’elle a été appliquée avec le synode de Pistoie : même là, il y avait quelque chose de bon, mais les erreurs qu’il affirmait étaient considérées comme suffisantes pour le laisser tomber dans l’oubli ». – Rappelons toutefois que le synode diocésain de Pistoie (1786) où furent développées les thèses jansénistes et joséphistes, fit l’objet d’une condamnation précise et argumentée de la part du pape Pie VI dans la bulle Auctorem Fidei du 28 août 1794. 

A la fin de l’entretien, le prélat romain donne les raisons et les moyens de garder l’espérance : « L’Eglise brillera à nouveau de la gloire de son Seigneur après ce terrible et très long Triduum de Pâques. Mais si la prière est certainement indispensable, nous ne devons pas nous abstenir de mener le bon combat, en nous faisant les témoins d’un militantisme courageux sous l’étendard de la Croix du Christ. (…) Ne nous laissons pas intimider ! Ne permettons pas qu’on mette le bâillon de la tolérance sur ceux qui veulent proclamer la Vérité ! Demandons à la Vierge Marie que notre langue proclame avec courage le Royaume de Dieu et sa justice ». 

La Conférence des évêques d’Italie.

 

La collégialité dissout l’autorité des évêques  

Le 29 avril, Mgr Viganò accordait un entretien au vaticaniste Marco Tosatti. Il y dénonçait la collégialité responsable du silence de beaucoup d’évêques dont l’autorité sur leurs diocèses respectifs se trouve dissoute au sein de la Conférence épiscopale italienne (CEI) : 

Question : De nombreux fidèles et de prêtres se sont sentis abandonnés et bien peu protégés par la Conférence épiscopale et les évêques [face à l’interdiction gouvernementale des messes publiques]. 

Réponse : « Il faut préciser, pour éviter tout malentendu, que la Conférence des évêques d’Italie n’a aucune autorité sur les évêques, qui ont pleine juridiction dans leur propre diocèse, en union avec le Siège apostolique. Et cela est d’autant plus important que nous avons compris à quel point la CEI est trop conciliante, voire inféodée vis-à-vis du gouvernement italien. 

« Les évêques ne doivent pas attendre qu’un organisme sans juridiction leur dise quoi faire : c’est à eux qu’il appartient de décider comment se comporter, avec prudence et sagesse, afin de garantir aux fidèles les sacrements et la célébration des messes. Et ils peuvent le faire sans avoir à demander l’autorisation de la CEI et encore moins de l’Etat, dont l’autorité va jusqu’à la porte de nos églises, mais qui doit s’arrêter là. 

« Il est inouï que la Conférence épiscopale italienne continue de tolérer de tels abus, qui portent atteinte au droit divin de l’Eglise, violent une loi de l’Etat et créent un précédent très grave. Je crois aussi que le communiqué publié dimanche dernier [26 avril] représente la preuve du consentement du sommet de l’épiscopat, non seulement aux moyens mais aussi aux fins que ce gouvernement propose. 

« Le silence servile de la CEI et de la quasi-totalité des Ordinaires, témoigne d’une situation de subordination à l’Etat qui est sans précédent ; elle a été perçue à juste titre par les fidèles et les prêtres comme une sorte d’abandon à eux-mêmes : elle se manifeste de manière emblématique à travers les cas d’incursions scandaleuses des forces de l’ordre dans les églises, pendant la célébration de la messe pour couronner le tout, avec une arrogance sacrilège qui aurait dû provoquer une protestation immédiate et très ferme de la part de la Secrétairerie d’Etat. L’ambassadeur d’Italie près le Saint-Siège aurait dû être convoqué, pour lui présenter une note de vive protestation en raison de la très grave violation du Concordat par le gouvernement, tout en se réservant de rappeler le nonce apostolique en Italie, au cas où la mesure illégitime ne serait pas retirée ». 

Et Mgr Viganò de s’adresser directement à ses confrères dans l’épiscopat : « Ne permettez pas que la liberté de l’Eglise soit entravée sous prétexte d’une supposée épidémie ! [L’affirmation d’une “supposée épidémie” n’engage que son auteur. NDLR] Ne le permettez ni de la part de l’Etat, ni de la part de la CEI ! Le Seigneur vous demandera de rendre compte des âmes qui sont mortes sans les sacrements, des pécheurs qui n’ont pas pu se réconcilier avec Lui, d’avoir interdit aux fidèles, pour la première fois dans l’histoire depuis l’édit de Constantin, de célébrer dignement la sainte fête de Pâques. Vos prêtres ne sont pas des timorés mais des témoins héroïques, et ils souffrent des ordres arbitraires que vous leur donnez. Vos fidèles vous implorent : ne restez pas sourds à leur cri ! » 

Question : Voilà des paroles qui semblent inviter à la désobéissance vis-à-vis de l’autorité ecclésiastique, avant même la désobéissance aux autorités civiles. 

Réponse : « L’obéissance est ordonnée à la Vérité et au Bien, sans quoi c’est de la servilité. Nous sommes arrivés à un tel affadissement des consciences que nous ne réalisons plus ce que signifie “témoigner de la Vérité” : croyez-vous que Notre Seigneur nous jugera pour avoir été obéissants à César, alors que cela signifie désobéir à Dieu ? Le chrétien n’est-il pas tenu à l’objection de conscience, même au travail, lorsque ce qui lui est demandé viole la loi divine ? Si notre foi n’était fondée que sur l’obéissance, les martyrs n’auraient même pas eu à affronter les tourments auxquels la loi civile les condamnait : il aurait suffi d’obéir et de brûler un grain d’encens devant la statue de l’empereur ». 

A l’accusation de « division », Mgr Viganò répond : « L’unité dans la foi et la charité se fonde sur le salut des âmes, et ne se fait pas à leur détriment : ni les “entretiens” de la CEI, ni les réunions papales souriantes avec le Premier ministre, à qui l’on a offert une collaboration indulgente, révélatrice de connivence, ne suffisent pas. Proclamer la vérité est nécessairement “diviseur”, car la vérité s’oppose à l’erreur, tout comme la lumière s’oppose à l’obscurité. Ainsi a dit le Seigneur : “Pensez-vous que je sois venu apporter la paix sur la terre ? Non, je vous le dis, mais la division” » (Lc 12, 51). 

 

(Sources : A.M. Valli/Dies Iræ/M. Tosatti/DICI – trad. à partir de benoitetmoi et de J. Smits – FSSPX.Actualités - 30/05/2020)

 

 



02/06/2020
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