Le Terrorisme pastoral

Le Terrorisme pastoral

Réflexions sur les cinquante ans ans du Concile vatican II

Réflexions sur les cinquante ans du Concile Vatican II.

 

Nous avons tous lu beaucoup de choses sur cet anniversaire, spécialement sur l’interprétation des textes et les questionnements multiples. Sont apparus les herméneutiques du changement, de la continuité, de la tradition et sans doute bien d’autres que j’ignore. Laquelle est la bonne ? Je me règle sur le catéchisme de mon enfance et sur ce que j’ai appris ultérieurement. Mais cela ne me satisfait pas.

On oppose le Concile, le vrai, à l’esprit du Concile. Celui-ci serait une mauvaise interprétation, une distorsion, un obstacle à la vérité du Concile, une rupture plus ou moins radicale avec l’enseignement d’avant le Concile. Ainsi, il y aurait un authentique Concile qui aurait été masqué, tronqué, falsifié, détourné au bénéfice d’un esprit du Concile qui  serait né de la volonté du peuple de Dieu et de quelques évêques. Ceux-ci auraient semé dans le Concile les germes des révolutions à venir. Soit.

Cet esprit du Concile serait même allé jusqu’à faire dire au Concile le contraire de ce qu’il aurait proclamé !

Cependant, déclarant cela on ne résout rien. Et je m’en tiendrai à deux considérations

1 Le Concile déclare, à propos de la langue latine

« L’usage de la langue latine, sauf droit particulier, sera conservé dans les rites latins » ; « On (…) veillera à ce que les fidèles puissent dire ou chanter ensemble en langue latine aussi les parties de l’ordinaire de la messe qui leur reviennent » ; « Ils (les séminaristes), acquerront la connaissance de la langue latine qui leur permettra de comprendre et d’utiliser les sources de tant de sciences et le documents de l’Eglise » ;  « On considérera comme nécessaire (dans les séminaires) l’étude de la langue liturgique propre à chaque rite et on recommandera vivement la connaissance suffisante des langues de la Saint Ecriture et de la Tradition ».

Inutile de multiplier les citations. Si des concessions sont envisagées pour les clercs et les fidèles se sont précisément des concessions pour les fidèles pour qui l’apprentissage du latin serait par trop difficile ou pour les clercs ignorants qui ne pourraient réciter en latin le bréviaire avec profit,  (aux clercs chez qui l’emploi de la langue latine est un empêchement grave à acquitter l’office divin comme il faut).

Interrogez autour de vous la très grande majorité vous dira que le Concile a supprimé le latin. Certains clercs l’ont même écrit...

Or le 7 mars 1965, (le Concile n’est pas terminé), le pape Paul VI déclare aux fidèles rassemblés sur la place Saint Pierre «  C’est un sacrifice que l’Eglise accomplit en renonçant au latin, langue sacrée, belle, expressive, élégante. Elle a sacrifié des siècles de tradition et d’unité de la langue pour une aspiration toujours plus grande à l’universalité ».

Cela a été confirmé par l’Instruction Tres abhinc annos du 4 mai 1967. Le 26 novembre 1969, en présentant le nouveau rite de la messe, nous retrouvons la même affirmation de Paul VI : «  Ce n’est plus le latin, mais la langue courante, qui sera la langue principale de la messe. Pour quiconque connaît la beauté, la puissance du latin, son aptitude à exprimer les choses sacrées, ce sera certainement un grand sacrifice de la voir remplacé par une langue courante. Nous perdons la langue des siècles chrétiens, nous devenons comme des intrus et des profanes dans le domaine littéraire de l’expression sacrée. Nous perdons ainsi en grande partie cette admirable et incomparable richesse artistique et spirituelle qu’est le chant grégorien. Nous avons, certes, raison d’en éprouver des regrets et presque des désarrois ».

En lisant les textes de Benoît XVI qui rétablissent l’usage des livres de 1962 du bienheureux Jean XXIII, notamment les motu proprio Summorum Pontificum de juillet 2007 et Universae Ecclesiae du 30 avril 2011, on voit à l’œil nu qu’il y a eu un problème. Nous ne pouvons apporter que notre témoignage fort limité en la matière.

Nous avons il y a quelques décennies, donné des conférences aux membres d’une association sacerdotale. Parmi ceux-ci, il y avait deux éminents professeurs de latin et de grec enseignant à l’Université. Ils avaient fait un remarquable travail sur les traductions françaises des textes liturgiques -qui laissaient et laissent encore fort à désirer-, et l’avaient envoyé à l’archevêché de Paris. Ils n’ont jamais reçu le moindre accusé de réception !

Aujourd’hui le lent rétablissement de la liturgie latine n’a pas encore eu d’effet sur l’atomisation de la liturgie « dite » du Concile. Cette atomisation nous l’avons vérifiée dans plus de trente pays d’Europe, d’Asie, d’Afrique et d’Amérique du Nord et du Sud. Le désir de Paul VI d’atteindre à l’universalité par la suppression du latin a conduit à une myriade de formes liturgiques souvent délirantes ; en tous les cas toujours « arrangées » par le célébrant !

Quarante-deux ans de bannissement ce n’est pas rien ! Mais l’esprit du Concile frappe encore ! Il nous semble qu’il serait charitable de n’être pas anathématisé par l’esprit du Concile qui se traduit pour nous, fidèles du rang, par le matraquage idéologique et  l’ignorance recuite des évêques, des clercs et de leurs suppôts !

 

A suivre

 

 



28/08/2012
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