Voyage au Chile et nouvelle société
Voyage au Chili. La curieuse traduction de Zenit.
Ce n'est pas la première fois que nous attirons l'attention sur les traductions de Zenit. N'importe qui peut faire toutes les vérifications à deux niveaux. L'un en comparant avec les autres traductions des mêmes articles dans d’autres langues ; l'autre en comparant avec les textes officiels fournis par le Saint-Siège.
Dans le cas qui nous occupe, à savoir l'intervention du pape à l'Université Pontificale de Santiago du Chili, les textes officiels sont en anglais, en espagnol et en italien ; il n'y en n'a pas en français. La traduction française de Zenit est faite à partir de l'espagnol.
La traduction française officielle interviendra plus tard après celle de Zenit le18/19 janvier.
Le texte officiel est le suivant :
« Je suis heureux de me retrouver avec vous dans cette Maison de formation qui, au cours de ses presque 130 années d’existence, a rendu un service inestimable au pays. Merci à Monsieur le Recteur de ses paroles de bienvenue au nom de toutes les personnes présentes, mais aussi merci à vous Monsieur le Recteur pour le bien que vous faites avec votre “esprit de sagesse” dans l’administration de l’Université et dans la défense avec courage de l’identité de l’Université Catholique. Merci beaucoup.
La seconde phrase du discours (en rouge) est amputée par Zenit. Or le compliment du pape au Recteur a une signification très précise dans le contexte des rapports entre le pape, l’Eglise et le cardinal de Santiago.
Cette Université a reçu le nom de « La Catolica ». Le pape remercie le Recteur, Ignacio Sanchez ; Le cardinal Ricardo Ezzati, archevêque de Santiago est présent ; il est le Grand Chancelier de cette Université.
Fondée en 1880 elle a été reconnue par le Pape Pie XI en 1930. Que signifie les paroles du pape, que veut-il dire avec un « esprit de sagesse » appliqué à « la défense avec courage de l’identité de l’Université catholique ». Contre qui fallait-il défendre l’Université catholique ? Nous ne sommes plus à l’époque où la dite Université était le fer de lance de la bataille pour le socialisme qui allait porter Allende au pouvoir.
L’affaire est très curieuse.
Le 26 mars 2015, le cardinal Ezzati a révoqué le mandat canonique qui autorisait le père jésuite Jorge Costdoat Carrasco à enseigner au motif qu’il avait publiquement déclaré que l’Encyclique Humanae Vitae devait être abrogée ! Ce même jésuite a été un défenseur de Jon Sobrino contre le cardinal Ratzinger. Dans le contexte de Amoris laetitia et de tout ce qui ressort de l’entourage pontifical on pouvait s’attendre au pire après cette courageuse décision. Le jésuite avait déclaré contre toute vérité qu’il était injustement renvoyé pour des raisons pédagogiques…
Selon notre interprétation le pape se situe au-delà de ces censures qui appartiennent à un temps complètement révolu. En fait, il a assigné à l’Université chilienne et à toutes les Universités en général, une nouvelle fonction qui n’a plus rien à voir avec une Eglise autoréférentielle celle que le pape ignore systématiquement.
Dans son discours, il décline en formules variées, qui lui sont propres, ce que doit être la forma mentis d’une Université catholique aujourd’hui.
«… faire de l’Université un lieu privilégié « pour pratiquer la grammaire du dialogue qui forme à la rencontre »
«… la vraie sagesse [est] le fruit de la réflexion, du dialogue et de la rencontre généreuse entre les personnes ».
«… générer une dynamique de convivialité…ce n’est pas tant une question de contenu que d’enseigner à penser et à raisonner de manière inclusive» (souligné par nous).
« …il faut développer ce que j’appellerais une alphabétisation globale qui sache moduler les processus de transformation en cours au sein de nos sociétés ».
« Il est urgent de créer des espaces où la fragmentation ne soit pas le schéma dominant, y compris de la pensée »
«… créer une interaction entre l’école et la sagesse des peuples »
«… cette synergie tellement enrichissante entre la rigueur scientifique et l’intuition populaire »
« Un tel dialogue ne peut se réaliser qu’à partir d’un épistème capable d’assumer une logique plurielle »
« Une ancienne tradition de la Kabbale raconte que l’origine du mal se trouve dans la scission produite par l’être humain quand il a mangé de l’arbre de la science du bien et du mal. De cette manière, le savoir a acquis une primauté sur la Création en la soumettant à ses schémas et à sa volonté ».
« …la mission qui vous revient, revêt un caractère prophétique. Vous êtes invités à créer des processus qui éclairent la culture actuelle en proposant un humanisme renouvelé qui évite de tomber dans tout genre de réductionnisme »
Ce discours établit d’une façon certaine que nous ne sommes plus dans l’ordre de la connaissance de la vérité naturelle ou surnaturelle. Les Universités sont sommées de se mettre à la « praxis » exclusive de l’inclusion. Une sorte de « melting-pot » universel.
De quoi s’agit-il ?
L’humanité se déchire parce qu’elle ne connaît pas les bienfaits de la rencontre, du dialogue et de l’humanisme renouvelé. A l’évangélisation, à la sanctification il faut substituer le chimérique « vivre ensemble ».
Pour ceux qui auraient encore des doutes sur la forma mentis du pape, il y a là un condensé de sa pensée synthétisée dans la figure du fameux polyèdre.
Cette vision du monde est à l’opposé de « El Hombre animal politico- Orden social, principios e ideologias » du professeur Juan Antonio Widow, membre de l’Académie des Sciences Pédagogiques de Santiago, spécialement la deuxième partie, El Orden Politico, pages 73 à 132.
Y a-t-il un professeur de l’Université Pontificale qui va répondre au pape ? L’article 4 des constitutions « reconnaît comme caractéristiques propres, l’apport orienteur et normatif de la foi catholique dans toutes ses activités ».
L’Université a un code d’honneur et son blason a reçu en 1930 la couronne du Sacré-Cœur. L’hymne de l’Université a pour refrain : « Nous portons dans notre âme le désir de triompher pour la patrie, Dieu et l’Université. » Comme on peut le constater cela n’a rien à voir avec la Kabbale !
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