L’affaire de l’Union Catholique Internationale de Presse (UCIP).
Avant de reprendre et d’achever l’histoire de Développement et Paix (Canada), l’actualité de ces vacances nous oblige à faire un détour.
Trois événements se sont produits qui n’ont apparemment aucun lien entre eux. Ils sont totalement étrangers l’un à l’autre et nous sommes quasiment certain que les acteurs ne se connaissent pas et n’ont aucune conscience d’être reliés de quelque manière que ce soit.
Le travail du journaliste ne consiste pas seulement à enregistrer les faits mais à mettre en lumière ce qui les lie l’un à l’autre pour en découvrir la signification dans un ensemble plus vaste.
Nous avons déjà souligné dans différents articles de ce blog les connections en réseau, d’agents caritatifs ou autres qui concourent à véhiculer sous couvert de l’étiquette « catholique » une idéologie qui non seulement ne l’est pas mais au contraire se situe aux antipodes de la doctrine et de la morale catholique.
L’affaire de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), n’est pas nouvelle bien qu’elle ait peu retenu l’attention des médias catholiques.
Cette Union avait reçu le 15 décembre 2004 la reconnaissance d’ « Association privée de fidèles » lui permettant d’utiliser la référence « catholique » dans son titre avec l’autorisation canonique adéquate. A l’époque, le président en exercice est le brésilien Ismar de Oliveira Soares et le Secrétaire Général, Joseph Chittilapilly.
Le 8 juin 2007, une première crise éclate. Lors du congrès de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) à Sherbrooke au Canada, une nouvelle présidente est élue, la sud–africaine, Else Marie José Strivens. Cet événement est célébré par la presse sud-africaine et Madame Strivens déclare le 11 juin pour la presse de son pays qu’elle espère que sa présidence sera aussi couronnée de succès que celle de son prédécesseur un expert en édu-communication de l’Université de Sao Paulo.
Cette élection ne semble pas très claire et en automne de la même année, le Conseil Pontifical pour les laïcs invalide l’élection de Madame Strivens. Ismar de Oliveira revient à la présidence. Suite à cette décision l’Association catholique de Presse des Etats Unis, la CPA démissionne de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP).
En 2008, L’Association de presse catholique du Canada (ACPC) se retire de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) pour une durée indéterminée. Bob Zyskowski du « Catholic Spirit » de Minneapolis explique que cette mesure durera jusqu’à ce que des dispositions organisationnelles soient prises en conformité « avec les principes catholiques de la dignité humaine ». L’ACPC rejoint la CPA.
L’Assemblée Générale de l’ACIP en 2008 à Rome est pareillement invalidée.
« La CPA tout en se disant fière de la contribution de ses membres durant des décennies, regrette que depuis un certains nombres d’années, les ressources de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) vont en premier lieu « à des non membres »pour des séminaires de courte durée sur les cultures et des visites à travers le monde. Certes, admet l’organisation, les professionnels de la presse catholique en Amérique du Nord ont besoin de connaître les réalités dans diverses parties du monde, mais « nous avons également besoin de programmes pour élargir notre vision en ce qui concerne les nouveaux médias en raison de l’impact global qu’ont ces nouvelles technologies » (FlashPress-Infocatho, 05/ 08/ 2009).
Quelques mois auparavant le groupe Bayard se retirait également.
« Bayard se retire de l'UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) pour une période indéterminée. Dans une lettre adressée hier à Ismar de Oliveira Soares, président de l'UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), le président du Directoire du groupe Bayard, Bruno Frappat, rappelle que les représentants de cette maison ont signalé, de «manière unanime et régulière des dysfonctionnements de l’organisation de nature à rompre la confiance indispensable à ce type d’engagement, dysfonctionnements auxquels il n’a jamais été remédié malgré leurs mises en garde». Aussi les lettres de démission de Didier Robiliard, vice-président de l'UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), de Michel Kubler, membre du Bureau, et de Vincent Fauvel, président de la région Europe, sont-elles ajoutées à cette missive. » (27 mars 2008 ACPC).
A cette époque également la branche espagnole, UCIP-E quitte l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP).
Le congrès de 2009 élit enfin un nouveau président, l’Autrichien Bernhard Sassmann, fils de l’éditeur Hanns Sassmann (président de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) de 1980 à 1986, magnat de la presse autrichienne à la tête du groupe Styria Media qui s’étend en Slovaquie, Slovénie et même en Macédoine. Libéral, « open minded », européiste, genre Figaro).
Peu après cette élection, le 15 décembre le cardinal Rylko, Président du Conseil Pontifical pour les Laïcs, dans une lettre adressée au nouveau président, exige que la tête de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) soit changée. Il est très précis. Il s’agit des vice-présidents, du secrétaire général, et de l’assistant ecclésiastique. Le cardinal demande en outre que sa lettre soit envoyée « immédiatement et dans son intégralité à tous les membres ».
On peut difficilement être plus clair !
Le secrétaire général conteste alors la lettre du cardinal qui contiendrait selon lui des informations erronées. Une entrevue avec le cardinal en mai 2010 n’a pas de suite.
C’est au mois de septembre suivant que se produit l’événement central qui va révéler le vrai visage de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP).
La 23ème Assemblée Générale de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) se tient à Ouagadougou du 12 au 19 septembre 2010.
La participation est considérable : 455 journalistes, venus de 48 pays, représentants 5 continents. Le Secrétaire Général exulte « C’est l’un des meilleurs congrès jamais organisé par l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) ! Il doit servir de modèle pour les autres pays organisateurs ! ». Le président de la république Blaise Compaoré intervient en personne ; l’ancien président du Ghana, Rawlings est présent. Et, il est important de le souligner, le pape est représenté par Mgr. Claudio Maria Celli président du Conseil Pontifical pour les Communications Sociales. Cette présence absolument capitale pour comprendre la suite des événements est complètement occultée dans les articles qui vont relater les faits ultérieurs, alors qu’il est le témoin N° 1.
En l’absence du président de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), on procède à l’élection d’un nouveau bureau. Le secrétaire général garde son poste, la vice-présidente est Joyce Kazembe du Zimbabwe, le vice-président Andres Canizares du Venezuela (Il reçoit le prix, Titus Brandsma), l’allemande Elisabeth Moest, trésorière. Le nouvel assistant ecclésiastique est le père jésuite suisse, Albert Longchamp.
La carrière de ce dernier mérite d’être racontée brièvement si l’on veut comprendre l’orientation idéologique de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP). A notre connaissance aucun média n’a abordé cette question qui jette une lumière décisive sur ce qu’a été et reste la nouvelle UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP).
Ce jésuite a été correspondant de Témoignage Chrétien, a participé aux activités de ATD Quart Monde du père Wrezinski. Directeur de la revue Choisir, il a été interdit de s’exprimer de 1981 à 2003 sur l’Opus Dei, après la parution d’un article scandaleux dans cette revue.
Se décrivant lui-même comme un hyper-actif, provincial de la compagnie en 2005, il est profondément bouleversé par le suicide de sa soeur en 2007. Il a déjà à cette époque une sérieuse tendance à l’alcoolisme. En 2009, son état est si dramatique qu’il est envoyé en cure de désintoxication au Canada. Le dimanche de Pâques 2011, il raconte à la radio suisse RSR, d’une façon très émouvante ses sept semaines d’internement dans un institut spécialisé. « Je ne suis pas guéri, elle (son addiction) peut se réveiller ». Aujourd’hui il a repris la direction de Choisir.
S’il a guéri de sa galère de l’alcool, il n’en est pas de même de sa galère intellectuelle. Le 5 mars 2011, l’Association Suisse des Journalistes Catholiques dont il fait partie, recevait deux nouveaux membres ? C’est lui qui est chargé des compliments de bienvenue : « Tu vas pourchasser, dit-il à l’un d’eux, « la vérité-perroquet », l’agenouillement devant le monstre obséquieux dénommé « Autorité ». S’adressant à André Kolly il signale une qualité de l’impétrant qui a la volonté de « briser la méfiance congénitale entre l’Eglise et les Médias ». Ce genre de maladie intellectuelle est aux dires de Saint-Vincent de Paul, la pire : « Mais ce que vous devez appréhender, ce sont les péchés de l’intelligence, je veux dire les péchés de l’entendement, parce que l’on n’en revient que très rarement et quasi jamais ; ce sont là les fautes les plus dangereuses ;… » (Entretiens Spirituels, page 361).
Ce curieux fils de Saint-Ignace depuis 50 ans n’a pas eu le temps de méditer la lettre sur l’obéissance ; assistant ecclésiastique de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), on comprend que cela pose problème !
Mais pour bien saisir ce que c’est que l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) il faut encore savoir que cet organisme encourage, distingue et aide les jeunes journalistes. Or, l’un des nominés est Pierre Bélanger, jésuite, canadien… et directeur du service de la communication des jésuites canadiens… les mêmes qui ont soutenu les mensonges de Développement et Paix, D&P. Il est également directeur de la revue d’information BRIGAND, sur les engagements missionnaires des jésuites au Canada et à Haïti.
L’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) est présente dans les instances de l’UNESCO ; son représentant est un journaliste du journal « La Croix », Frédéric Mounier. Il ne semble pas s’être retiré après que les Français ont quitté l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP).
Le congrès terminé, le Secrétaire Général, Joseph Chattilappilly, envoie un courrier au cardinal Rylko le 23 septembre 2010 dans lequel il l’informe de la modification des statuts et de la composition du nouveau bureau de l’association.
Le 23 mars 2011, une lettre en anglais (qu’un commentateur américain qualifiera de « robusty worded letter »), est adressée au président Sassmann pour lui annoncer la révocation de la reconnaissance d’association privée de fidèles selon les canons en usage dans l’Eglise. La lettre est signée du cardinal Rylko président du Conseil Pontifical pour les laïcs mais aussi de celle du Secrétaire de ce même Conseil, Mgr Joseph Clemens. Cette double signature a un sens obvie : c’est une affaire qui a été traitée au plus haut niveau. Il faut se rappeler que Mgr Clemens a été le secrétaire particulier du cardinal Ratzinger lorsqu’il était à la doctrine de la Foi. La Secrétairerie d’Etat a donné son accord et le Conseil pontifical pour les Communications Sociales de Mgr Celli a été consulté. C’est sa présence à Ouagadougou et son témoignage qui ont été un facteur déclanchant. Nul doute que ce qu’il a ajouté au dossier déjà chargé du Conseil pontifical pour les laïcs a été déterminant.
La révocation est simple et sans appel : l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) ne peut plus utiliser le mot « catholique » dans son sigle.
Celui qui était encore le sous secrétaire du Conseil pour les Laîcs, Guzman Carriquiry, (aujourd’hui à la Commission Pontificale pour l’Amérique latine), déclare : « Depuis trop longtemps l’association ne fonctionnait plus et beaucoup trop de journalistes catholiques et d’associations l’avaient abandonnée pour cette raison ».
Les motivations qui justifient cette révocation sont nombreuses et peu honorables pour le secrétaire général. On pourra se reporter aux sites www.cath.ch ou www.kipa-apic.ch, qui reprennent le communiqué très complet de l’agence APIC. Comme les faits allaient le montrer il s’agissait bien d’un coup de force mené par J. Chattilappily.
Le 5 mai le président Berhnard Sassmann donne sa démission, « lassé par les intrigues ». Et sans doute aussi pour des raisons très autrichiennes. On voit mal le nom de Sassmann présider une association en rébellion ouverte contre le Saint Siège ! En bon libéral il s’en va mais approuve le changement de nom et y voit une « chance pour un nouveau départ ».
L’Organisation catholique internationale des médias (ICOM) succède à l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP). Elle tiendra une Assemblée Générale en novembre prochain.
Zénit 18/07/2011, précise la forfaiture : « Cette décision a été fortement désapprouvée par le Conseil Pontifical pour les Laïcs et par le Conseil Pontifical pour les Communications Sociales, qui désavouent cette organisation qui continue à utiliser le titre de catholique. Par ailleurs, la soi-disant ICOM s’est indûment approprié le patrimoine intellectuel, économique et historique de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP), en plus de son logo et de son site Internet ».
Pourquoi avons-nous tenu à vous raconter cette longue histoire ?
- L’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) est une association très ancienne. Elle existait avant de recevoir son nom en 1936. DEVELOPPEMENT & PAIX est aussi une association très ancienne. Elle existe depuis les années 60.
- L’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) était catholique. DEVELOPPEMENT & PAIX est toujours catholique.
- L’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) et DEVELOPPEMENT & PAIX ont, chacune à sa façon, manqué, par leur pratique, au plus élémentaire respect des règles catholiques de fonctionnement ce qui a été masqué aux fidèles.
- Les responsables de ces organisations rejettent toute critique et toute vérification de leurs activités de la part de ceux dont ils détiennent leur légitimité.
- Lorsque l’épiscopat canadien prend les bonnes mesures en 2010 et lorsque les Conseils Pontificaux interviennent, ils sont moqués et bafoués.
- Précisons que depuis très longtemps on n’avait pas assisté à une telle volonté, notamment à Rome (depuis l’affaire de Caritas Internationalis), de clarification qui est un retour à la simple honnêteté face à l’abus de confiance.
- On constate que ces puissances, ces lobbies fonctionnent en réseaux et ce n’est pas un hasard si le jésuite Bélanger pro DEVELOPPEMENT & PAIX, est nominé par l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP). Et si un autre jésuite devient comme par enchantement l’assistant ecclésiastique de l’UNION CATHOLIQUE INTERNATIONALE DE PRESSE (UCIP) alors qu’il rejette par principe l’Autorité. Tous les deux sont des aficionados d’une l’Eglise nouvelle qui s’interpose entre les fidèles et l’Eglise véritable.
- On doit alors admettre que les premières victimes de ces officines ce sont les fidèles à qui ces puissances installées mentent en permanence. Il est impossible à un chrétien de base de savoir se qui se passe derrière le rideau d’honorabilité attestée par des autorités complices.
- Notre devoir est donc d’informer sans relâche tous les fidèles et d’assister dans leur travail de redressement tous les pasteurs – ils n’ont jamais été si nombreux à Rome- qui sont à la barre ! (à suivre)
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